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Les fermes de Terre de Liens en Île-de-France
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(2) Ferme de Toussacq (77) : Nourrir les animaux en préservant la biodiversité
en préservant la biodiversit


Présente en Île-de-France depuis 2005 sous forme d’une antenne régionale, l’association Terre de Liens Île-de-France a été créée le 3 novembre 2011. Forte de son action de terrain, de son expertise et de son maillage territorial, notre association souhaite s’imposer dans le jeu d’acteurs pour porter un changement radical du modèle agricole francilien, vers une agriculture biologique et paysanne. L’accès aux terres agricoles
est un enjeu crucial pour notre sécurité alimentaire, et notre société au sens large. Sans terre agricole, pas de paysan·nes ni d’agriculture
de proximité respectueuse de l’environnement et créatrice de liens. Pour Terre de Liens, l’effritement de notre richesse agricole,
la perte de biodiversité et le déclin des campagnes n’ont rien d’une fatalité : l’avenir peut offrir bien d’autres perspectives
aux terres et à l’agriculture paysanne. Si l’on s’en donne les moyens…

Ferme de Toussacq (77) : Nourrir les animaux en préservant la biodiversité  

La ferme


Prairie permanente à la ferme de Toussacq en 2024 © Stefania Molinari, Margaux Sauvage, Sandrine Mulas

Production de fourrage et agroforesterie

Des plantations d’arbres au sein de la prairie permanente, ou agro-sylvo-pastoralisme

Au sein de la parcelle de prairie permanente, des arbres ont également été plantés. Les arbres sont une ressource fourragère intéressante pour diversifier la ration alimentaire des animaux d’élevage, et pallier les baisses de rendement en prairie lors de périodes de sécheresse. Concrètement, une partie de ces arbres sera conduite en têtard : taillés d’une manière spécifique tous les dix à quinze ans afin de fournir du bois et du fourrage. Ce mode d’exploitation permet aussi la création d’une cavité au sein du tronc des arbres, qui forme un habitat pour de nombreux insectes et oiseaux, comme par exemple la chouette Chevêche d’Athéna. Au sein de la prairie, d’autres arbres seront conduits en haut-jet - arbres de hauteur importante et non taillés - afin de protéger les animaux du vent, du soleil et des fortes chaleurs.

La mécanisation, un frein aux plantations de haies intraparcellaires en grande culture

L’espacement des plantations a été calculé de façon à permettre le passage du tracteur sur les parcelles en grandes cultures, qui servent notamment à produire du fourrage en luzerne, pois, féveroles pour les chèvres.

Les cochons bouclent la boucle

En plus des chèvres, Isabelle et Abdenour élèvent quelques cochons en plein air intégral. Ces derniers ont toute leur place sur la ferme, car ils permettent de valoriser le petit lait issu de la transformation du lait des chèvres en fromages, ou encore les légumes abîmés du maraîchage.

Le contexte

La ferme de Toussacq accueille la coopérative Les Champs des Possibles, qui accompagne et forme de futur·es paysan·nes en test, et qui pérennisent leur activité après le test. Au sein du collectif, il y a notamment Isabelle et Abdenour, éleveuse et éleveur de chèvres alpines et de cochons. Ils ont fait le choix de nourrir leurs animaux avec 100 % d’aliments produits sur la ferme, en lien étroit avec la biodiversité.

Implantation d’une prairie permanente

À proximité de la chèvrerie, Isabelle et Abdenour ont implanté une prairie permanente. Contrairement aux prairies temporaires - de trois à cinq ans -, les prairies permanentes se caractérisent par l’absence de travail du sol, et une grande richesse d’espèces végétales spontanées. Elles sont aujourd’hui menacées, notamment par les changements d’usage des terres et les modifications des pratiques agricoles : abandon, retournement, intensification.

Les prairies permanentes rendent de nombreux services :

  • accueil de la biodiversité : les prairies sont un habitat important pour de nombreuses espèces végétales, mais aussi pour toute la faune qui s’en nourrit - consommation du nectar et du pollen, des racines, des tiges ou des feuilles - et ses prédateurs ;
  • résilience face aux perturbations climatiques : à Toussacq, les neuf espèces fourragères sélectionnées pour le démarrage de la prairie permanente ont été choisies pour leur typicité, leur rusticité et leur résistance aux canicules ;
  • lutte contre l’érosion des sols, puisqu’ elles demeurent couvertes en permanence par la végétation herbacée ;
  • diminution du lessivage de l’azote par les pluies et du ruissellement des produits phytosanitaires dans les espaces non cultivés ;
  • stockage du carbone (source : Agence régionale de la biodiversité Île-de-France).

L’enjeu autour du galéga

Une plante, le galéga, a été introduite de manière involontaire dans les prairies de Toussacq, via les roues des engins agricoles. Cette plante est toxique pour les chèvres. Ainsi, chaque année, des chantiers participatifs d’arrachage du galéga sont organisés afin de lutter contre sa propagation.

L’alternance fauche et pâturage

Alterner fauche et pâturage présente un intérêt agronomique et favorise la biodiversité. Cela permet aux éleveurs d'entretenir les prairies, sans utilisation de désherbants, tout en produisant du fourrage pour nourrir les chèvres. Le pâturage permet de maintenir une diversité plus importante en termes d’espèces végétales par rapport à la fauche qui, trop répétitive, aurait tendance à homogénéiser la végétation de la prairie. Les déjections des troupeaux alimentent également les insectes se nourrissant de matières fécales - scarabées bousiers, mouches stercoraires… - et autres décomposeurs de la matière organique.

Pâturage tournant

Isabelle et Abdenour ont fait le choix d’un système de pâturage tournant, qui consiste à changer régulièrement les animaux de parcelles. Cela permet de limiter les risques d’infestation par des parasites et de prévenir l’utilisation de traitements anti-parasitaires néfastes à la biodiversité. Les fermier·es laissent également aux plantes le temps de terminer leur cycle complet et de monter à graines, ce qui leur permet de reconstituer leurs réserves et de se ressemer pour l’année d’après. Cela profite également à tout un écosystème autour, les graines étant par exemple une source de nourriture pour les oiseaux.


Agroforesterie à la ferme de Toussacq , 2024 © Stefania Molinari, Margaux Sauvage, Sandrine Mulas


Ferme de Toussacq, 2024 © Stefania Molinari, Margaux Sauvage, Sandrine Mulas

 
Terre de Liens Île-de-France : 5 rue Perrée, Paris (IIIe) - Représentant légal : Jean-Marc Frohard - Responsable de rédaction : Stefania Molinari
Date de parution des fiches de présentation des fermes : 30 novembre 2024
 

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Les fermes de Terre de Liens en Île-de-France

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Aujourd’hui, un·e paysan·ne sur quatre a plus de 60 ans, et cessera son activité dans les prochaines années. Ce sont plus de 5 millions d’hectares qui vont changer de main. Une formidable opportunité d’engager l’agriculture française sur la voie de la transition agroécologique. Or, aujourd’hui, un·e paysan·ne sur trois qui cesse son activité n’est pas remplacé·e. Sans une intervention volontariste des pouvoirs publics pour former et installer une nouvelle génération paysanne, les terres libérées continueront d’agrandir les fermes et de vider les campagnes. Installer des paysan·nes est un enjeu de taille pour maintenir des territoires vivants.

 

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La Fédération Terre de Liens

Base historique de Terre de Liens, l’association nationale - devenue Fédération - a été créée en 2003 pour concrétiser les idées de ses fondateurs : libérer la terre de la spéculation foncière, favoriser l’accès des paysans à la terre, promouvoir des projets citoyens pour dynamiser les territoires ruraux, et appuyer une agriculture respectueuse de l’environnement. Elle a également porté et accompagné le déploiement des structures qui composent aujourd’hui le mouvement : la Foncière, la Fondation, et les associations dans l'ensemble des régions de France. Les 19 associations territoriales qui constituent la Fédération mettent en œuvre le projet de Terre de Liens :
accompagnement des candidat·es à l’installation, des agriculteurs cédants et des propriétaires de foncier agricole
conseil aux collectivités territoriales sensibilisation du grand public et des institutions mise en réseau de partenaires.