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Exposition Déserts

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(2) Partie 2 : Il y a de la vie dans les déserts !

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Le Muséum national d’Histoire naturelle invite à un voyage inédit au cœur des milieux désertiques de notre planète, de l’emblématique Sahara aux déserts polaires, en passant par les déserts de Sonora, d’Atacama, de Gobi… Le point commun à ces milieux : des conditions hors norme,
a priori hostiles à la vie. Et pourtant, animaux et végétaux y ont développé d’ingénieuses stratégies d’adaptation, que le public découvre
à travers les spécimens d’une biodiversité surprenante, issus de différentes régions du monde. L’exposition présente également les
méthodes déployées par les humains pour vivre dans ces environnements contraignants, mais aussi les menaces qu’ils font peser
sur ces milieux fragiles. L’occasion par ailleurs de faire découvrir l’expérience du désert comme terrain privilégié de recherche.
À travers près de 200 spécimens et objets de natures variées, pour la plupart issus des riches collections du Muséum,
ainsi que des dispositifs mécaniques et multimédias et des grandes projections, l’exposition offre une approche
scientifique, ludique et esthétique de ces milieux fascinants.

Partie 2 : Il y a de la vie dans les déserts !

 

Les déserts sont des milieux a priori peu propices à la vie. Ils abritent pourtant une surprenante variété de plantes et d’animaux qui, au cours de l’évolution, se sont adaptés à ces conditions. D’un désert à l’autre, face aux mêmes contraintes, des espèces très diverses ont adopté des stratégies similaires. La deuxième partie de l’exposition propose de partir à leur rencontre à travers les principales zones arides de la planète.

L’eau, une denrée rare

Dans tous les déserts, l’accès à l’eau est la contrainte majeure pour les plantes et les animaux. Les déserts polaires ne dérogent pas à la règle : l’eau, piégée sous forme de neige et de glace une grande partie de l’année, est inexploitable par les êtres vivants.
Faune et flore ont par conséquent développé des capacités exceptionnelles pour s’approvisionner en eau et en limiter les pertes. Pour beaucoup d’animaux, la nourriture constitue la principale source d’eau.
Mais quand cela n’est pas suffisant, certaines espèces, telle la gerbille du Sahara, assurent leur propre production d’eau. Cette eau se forme grâce à des réactions chimiques à partir de graisses, de sucres et de protéines issus de la nourriture ingérée. Les espèces ont développé des stratégies pour retenir l’eau.
Le ténébrion du désert du Namib grimpe en haut des dunes au petit matin et y fait « le poirier » pour récolter la brume venue de l’océan. Il capte les gouttelettes d’eau qui se forment sur sa carapace bosselée et les fait glisser le long de son dos jusqu’à sa bouche ! Le moloch, reptile d’Australie, quant à lui, aspire l’eau par capillarité grâce à un réseau de minuscules canaux situés sous ses écailles. Les plantes désertiques, elles, disposent pour survivre d’un système racinaire développé capable d’aller puiser l’eau à distance, très profondément ou au contraire à l’horizontale près de la surface du sol, pour capter sur un large périmètre la moindre goutte de pluie ou de condensation.
Les plantes dites succulentes, à l’instar du cactus saguaro, disposent d’une morphologie en accordéon qui permet de constituer des réserves d’eau en changeant de taille au gré des périodes de pluies et de sécheresse. Et quand les conditions deviennent trop contraignantes, certaines espèces sont capables de se mettre en vie ralentie.
Le spermophile, petit rongeur arctique, se met ainsi en « pause » dans un terrier durant les longs mois d’hiver. Sa température corporelle peut alors descendre jusqu’à -2,9 °C ! Dans les déserts chauds, le triops, sorte de petit crustacé, résiste à plusieurs années de sécheresse à l’état embryonnaire et sort de sa léthargie avec la pluie, pour se développer et pondre des oeufs en un temps record.
Et au moment du dégel dans le désert polaire ou après une « bonne » pluie dans les déserts chauds, c’est une explosion de vie et de couleurs ! Le sol se couvre de fleurs, des nuées d’insectes butinent et les oiseaux s’empressent de faire leurs nids.

Gecko Palmato : Aux heures chaudes de la journée, les pieds palmés du gecko palmato
lui servent aussi de pelles pour se creuser rapidement un abri dans les dunes.
Gecko Palmato © Simonsimages - CC BY-SA


© Du&Ma scénographes

 

Chaud-froid, le défi des températures extrêmes  

Supporter des températures hors norme est un défi quotidien pour les habitants du désert.
Dans les déserts chauds, en pleine journée, ces températures peuvent atteindre des records ; elles contrastent avec celles beaucoup plus fraîches de la nuit. Dans les déserts polaires, au contraire, le froid et le blizzard glacé s’imposent une grande partie de l’année.
Les espèces des déserts continentaux doivent, quant à elles, composer avec des amplitudes thermiques saisonnières particulièrement marquées : des étés très chauds succèdent à des hivers rigoureux. La plupart des petits animaux des déserts chauds sont nocturnes et certaines plantes attendent, elles aussi la nuit pour fleurir. Le reste du temps, reptiles, amphibiens, insectes et petits mammifères se réfugient dans leurs terriers pour gagner à la fois fraîcheur et humidité.
La teinte claire des pelages ou des plumages limite l’échauffement en réfléchissant les rayons du soleil ; les oreilles exceptionnellement développées de nombreux animaux présentent une grande surface de dissipation de la chaleur. Ces mécanismes permettent d’abaisser la température du corps et offrent une bonne alternative à la transpiration, plus coûteuse en eau. Chez un « dur à cuire » comme l’oryx, la température corporelle peut atteindre 45°, ce qui évite à l’animal de perdre trop d’eau par sudation. La fourmi argentée est la plus thermorésistante : grâce à ses adaptations, elle s’aventure hors de son terrier même aux heures les plus chaudes !
Les animaux des déserts polaires peuvent quant à eux résister à des froids extrêmes grâce à leur fourrure ou leur plumage dense qui renferme plusieurs couches isolantes. De plus, ils bénéficient d’une morphologie qui réduit sensiblement les surfaces d’échange thermique avec l’extérieur. Les manchots empereurs optent également pour une stratégie collective : ils se serrent par centaines les uns contre les autres et se déplacent par roulement, de la périphérie vers le centre, pour assurer à chacun un accès équitable à des températures plus clémentes. Sous les hautes latitudes, la flore est privée d’eau une grande partie de l’année et doit lutter contre le gel et les vents desséchants. De plus, l’alternance d’obscurité prolongée et de jour continu affecte la photosynthèse. Pour survivre dans ces conditions difficiles, les plantes ont recours à une combinaison de stratégies : elles poussent au ras du sol, serrées en coussins ou en tapis, se couvrent de poils et profitent au maximum de la chaleur du soleil.

Renard arctique : Durant l’hiver, la fourrure blanche et épaisse du renard arctique constitue un véritable manteau protecteur contre le froid polaire. L’animal se distingue également par ses pattes, ses oreilles et son museau très courts. Un physique qui contraste avec celui des renards des déserts chauds. Renard polaire, Islande - Domaine public

S’adapter aux contraintes des milieux ouverts

Les déserts sont de vastes milieux ouverts balayés par le vent. Avares en végétation, ils offrent peu de possibilités de se cacher. Mais les espèces désertiques sont des as du camouflage !
Dans les déserts chauds, leur couleur claire leur permet de se dissimuler dans les paysages de roches et de sable, tout en réfléchissant la chaleur. Des adaptations spécifiques, comme des pattes en forme de pelles favorisant l’enfouissement ou des narines capables de se fermer pour empêcher le sable de rentrer, permettent également de se cacher et de se déplacer sur sol meuble. Dans le désert arctique, les renards, lièvres, hermines ou lagopèdes adaptent leur parure à leur environnement au gré des saisons : blancs comme neige en hiver, ils se vêtent de brun, de roux ou de gris pour se confondre avec la toundra ou les rochers en été.
Le passage de pelage d’été à pelage d’hiver se met en place sous l’influence d’une hormone, la mélatonine, quand la durée de jour diminue dès la fin de l’automne.
Pour chasser ou échapper aux prédateurs, certaines espèces désertiques sont capables de se déplacer très rapidement, y compris sur un sol sableux brûlant qui se dérobe sous les pieds. Dans les déserts polaires, des adaptations comparables favorisent les déplacements sur la neige et le sol gelé. Et quand les ressources alimentaires sont rares et les individus dispersés, pouvoir communiquer à distance est un avantage. À l’instar du suricate ou du rat-kangourou, certaines espèces produisent des signaux spécifiques – vocalisations ou vibrations – qui leur permettent d’envoyer un message à des congénères éloignés.
Du côté des végétaux, dans les vastes étendues désertiques, les cactus disposent de nombreux atouts pour attirer de loin les pollinisateurs. Leurs fleurs, souvent parfumées, sont de différentes formes, tailles et couleurs, avec de nombreux pétales et étamines. Elles séduisent les abeilles, mais aussi des coléoptères, des oiseaux-mouches, des papillons de nuit, des chauves-souris…


Rat-kangourou, désert de Sonora (sud-ouest des États-Unis) : Comme d’autres rongeurs désertiques, le ratkangourou se distingue par sa capacité à communiquer à distance : en tambourinant sur le sol, il émet des vibrations perceptibles à plusieurs dizaines de mètres. Ce
comportement va de pair avec une ouïe développée et une bulle tympanique hypertrophiée qui lui offre une sensibilité accrue aux basses fréquences.
Rat-kangourou © MNHN - J.-C. Domenech

Vulnérabilité des animaux face au réchauffement climatique

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les animaux des déserts chauds sont particulièrement vulnérables au réchauffement climatique. Déjà soumis à des températures extrêmes, ils sont à la limite de leurs possibilités physiologiques. Si le thermomètre devait continuer à monter, leur organisme ne serait donc pas en mesure de s’adapter. En effet, au-delà d’une température critique, les fonctions biologiques ne peuvent plus être assurées correctement : les enzymes nécessaires au bon fonctionnement des cellules s’altèrent et l’ensemble de la machinerie se grippe. La seule option serait de fuir vers des régions plus clémentes mais la plupart des petits animaux du désert n’en ont pas la capacité.

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Exposition Déserts

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Aujourd’hui, la communauté scientifique étudie le désert dans toutes ses dimensions, et ce sont les fruits de ces recherches qui vous sont présentées dans cette exposition, qui a pris ses quartiers dans la Grande Galerie de l’Évolution. Quels sont les caractéristiques d’un désert ? Quelle biodiversité abritent-ils ? Comment les hommes s’y sont adaptés ? Derrière la notion de désert viennent se nicher autant de métaphores de l’immensité comme de la vulnérabilité de notre environnement. En proposant cette réflexion sur le temps long, le Muséum est au cœur de sa mission de service public : celle de susciter l’émerveillement et la curiosité pour ces écosystèmes complexes, mais également de transmettre des connaissances fiables pour défendre une véritable éthique pour la planète. Gilles Bloch, Président du Muséum national d’Histoire naturelle

 

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Commissariat scientifique : Aude Lalis, chercheuse en biologie de l’évolution de la biodiversité au Muséum.
Anthony Herrel, directeur de recherche CNRS, spécialiste en anatomie comparée, morphologie fonctionnelle et biologie de l’évolution au Muséum.
Denis Larpin, responsable scientifique des collections végétales tropicales des jardins botaniques du Muséum.
Vincent Battesti, chercheur CNRS en anthropologie sociale, ethnoécologue au Muséum.
Maël Crépy, chercheur en géoarchéologie au CNRS (HiSoMA).
Quelques chiffres : 850
d’exposition - 191 spécimens et objets dont : 75 naturalisations, spécimens secs ou en fluide, 81 objets d’anthropologie, 30 échantillons de géologie. Des collections essentiellement issues du MnHn.

Jusqu'au 30 novembre 2025 - Grande Galerie de l’Évolution - Jardin des Plantes - 36, rue Geoffroy Saint-Hilaire, Paris (Ve)
Tarifs : 16 € / 13 € - À partir de 5 ans - Bilingue français-anglais - Ouvert de 10h à 18h tous les jours, sauf le mardi.
jardindesplantesdeparis.fr