Le Muséum national d’Histoire naturelle invite à un
voyage inédit au cœur des milieux désertiques de notre
planète, de l’emblématique Sahara aux déserts
polaires, en passant par les déserts de Sonora, d’Atacama,
de Gobi… Le point commun à ces milieux : des conditions hors
norme,
a priori hostiles à la vie. Et pourtant, animaux et végétaux
y ont développé d’ingénieuses stratégies
d’adaptation, que le public découvre
à travers les spécimens d’une biodiversité
surprenante, issus de différentes régions du monde. L’exposition
présente également les
méthodes déployées par les humains pour vivre dans
ces environnements contraignants, mais aussi les menaces qu’ils
font peser
sur ces milieux fragiles. L’occasion par ailleurs de faire découvrir
l’expérience du désert comme terrain privilégié
de recherche.
À travers près de 200 spécimens et objets de natures
variées, pour la plupart issus des riches collections du Muséum,
ainsi que des dispositifs mécaniques et multimédias et des
grandes projections, l’exposition offre une approche
scientifique, ludique et esthétique de ces milieux fascinants.
Partie
2 : Il y a de la vie dans les déserts ! |
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Les
déserts sont des milieux a priori peu propices à
la vie. Ils abritent pourtant une surprenante variété
de plantes et d’animaux qui, au cours de l’évolution,
se sont adaptés à ces conditions. D’un désert
à l’autre, face aux mêmes contraintes, des
espèces très diverses ont adopté des stratégies
similaires. La deuxième partie de l’exposition propose
de partir à leur rencontre à travers les principales
zones arides de la planète.
L’eau,
une denrée rare
Dans
tous les déserts, l’accès à l’eau
est la contrainte majeure pour les plantes et les animaux. Les
déserts polaires ne dérogent pas à la règle
: l’eau, piégée sous forme de neige et de
glace une grande partie de l’année, est inexploitable
par les êtres vivants.
Faune et flore ont par conséquent développé
des capacités exceptionnelles pour s’approvisionner
en eau et en limiter les pertes. Pour beaucoup d’animaux,
la nourriture constitue la principale source d’eau.
Mais quand cela n’est pas suffisant, certaines espèces,
telle la gerbille du Sahara, assurent leur propre production d’eau.
Cette eau se forme grâce à des réactions chimiques
à partir de graisses, de sucres et de protéines
issus de la nourriture ingérée. Les espèces
ont développé des stratégies pour retenir
l’eau.
Le ténébrion du désert du Namib grimpe en
haut des dunes au petit matin et y fait « le poirier »
pour récolter la brume venue de l’océan. Il
capte les gouttelettes d’eau qui se forment sur sa carapace
bosselée et les fait glisser le long de son dos jusqu’à
sa bouche ! Le moloch, reptile d’Australie, quant à
lui, aspire l’eau par capillarité grâce à
un réseau de minuscules canaux situés sous ses écailles.
Les plantes désertiques, elles, disposent pour survivre
d’un système racinaire développé capable
d’aller puiser l’eau à distance, très
profondément ou au contraire à l’horizontale
près de la surface du sol, pour capter sur un large périmètre
la moindre goutte de pluie ou de condensation.
Les plantes dites succulentes, à l’instar du cactus
saguaro, disposent d’une morphologie en accordéon
qui permet de constituer des réserves d’eau en changeant
de taille au gré des périodes de pluies et de sécheresse.
Et quand les conditions deviennent trop contraignantes, certaines
espèces sont capables de se mettre en vie ralentie.
Le spermophile, petit rongeur arctique, se met ainsi en «
pause » dans un terrier durant les longs mois d’hiver.
Sa température corporelle peut alors descendre jusqu’à
-2,9 °C ! Dans les déserts chauds, le triops, sorte
de petit crustacé, résiste à plusieurs années
de sécheresse à l’état embryonnaire
et sort de sa léthargie avec la pluie, pour se développer
et pondre des oeufs en un temps record.
Et au moment du dégel dans le désert polaire ou
après une « bonne » pluie dans les déserts
chauds, c’est une explosion de vie et de couleurs ! Le sol
se couvre de fleurs, des nuées d’insectes butinent
et les oiseaux s’empressent de faire leurs nids.
Gecko
Palmato : Aux heures chaudes de la journée, les pieds
palmés du gecko palmato
lui servent aussi de pelles pour se creuser rapidement un abri
dans les dunes.
Gecko
Palmato © Simonsimages - CC BY-SA |

© Du&Ma scénographes

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Chaud-froid,
le défi des températures extrêmes |
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Supporter
des températures hors norme est un défi quotidien
pour les habitants du désert.
Dans les déserts chauds, en pleine journée, ces
températures peuvent atteindre des records ; elles contrastent
avec celles beaucoup plus fraîches de la nuit. Dans les
déserts polaires, au contraire, le froid et le blizzard
glacé s’imposent une grande partie de l’année.
Les
espèces des déserts continentaux doivent, quant
à elles, composer avec des amplitudes thermiques saisonnières
particulièrement marquées : des étés
très chauds succèdent à des hivers rigoureux.
La plupart des petits animaux des déserts chauds sont nocturnes
et certaines plantes attendent, elles aussi la nuit pour fleurir.
Le reste du temps, reptiles, amphibiens, insectes et petits mammifères
se réfugient dans leurs terriers pour gagner à la
fois fraîcheur et humidité.
La teinte claire des pelages ou des plumages limite l’échauffement
en réfléchissant les rayons du soleil ; les oreilles
exceptionnellement développées de nombreux animaux
présentent une grande surface de dissipation de la chaleur.
Ces mécanismes permettent d’abaisser la température
du corps et offrent une bonne alternative à la transpiration,
plus coûteuse en eau. Chez un « dur à cuire
» comme l’oryx, la température corporelle peut
atteindre 45°, ce qui évite à l’animal
de perdre trop d’eau par sudation. La fourmi argentée
est la plus thermorésistante : grâce à ses
adaptations, elle s’aventure hors de son terrier même
aux heures les plus chaudes !
Les animaux des déserts polaires peuvent quant à
eux résister à des froids extrêmes grâce
à leur fourrure ou leur plumage dense qui renferme plusieurs
couches isolantes. De plus, ils bénéficient d’une
morphologie qui réduit sensiblement les surfaces d’échange
thermique avec l’extérieur. Les manchots empereurs
optent également pour une stratégie collective :
ils se serrent par centaines les uns contre les autres et se déplacent
par roulement, de la périphérie vers le centre,
pour assurer à chacun un accès équitable
à des températures plus clémentes. Sous les
hautes latitudes, la flore est privée d’eau une grande
partie de l’année et doit lutter contre le gel et
les vents desséchants. De plus, l’alternance d’obscurité
prolongée et de jour continu affecte la photosynthèse.
Pour survivre dans ces conditions difficiles, les plantes ont
recours à une combinaison de stratégies : elles
poussent au ras du sol, serrées en coussins ou en tapis,
se couvrent de poils et profitent au maximum de la chaleur du
soleil. |
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Renard
arctique : Durant l’hiver, la fourrure blanche et épaisse
du renard arctique constitue un véritable manteau protecteur
contre le froid polaire. L’animal se distingue également
par ses pattes, ses oreilles et son museau très courts. Un
physique qui contraste avec celui des renards des déserts
chauds. Renard polaire, Islande - Domaine public |
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S’adapter
aux
contraintes des milieux ouverts |
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Les
déserts sont de vastes milieux ouverts balayés
par le vent. Avares en végétation, ils offrent
peu de possibilités de se cacher. Mais les espèces
désertiques sont des as du camouflage !
Dans les déserts chauds, leur couleur claire leur permet
de se dissimuler dans les paysages de roches et de sable, tout
en réfléchissant la chaleur. Des adaptations spécifiques,
comme des pattes en forme de pelles favorisant l’enfouissement
ou des narines capables de se fermer pour empêcher le
sable de rentrer, permettent également de se cacher et
de se déplacer sur sol meuble. Dans le désert
arctique, les renards, lièvres, hermines ou lagopèdes
adaptent leur parure à leur environnement au gré
des saisons : blancs comme neige en hiver, ils se vêtent
de brun, de roux ou de gris pour se confondre avec la toundra
ou les rochers en été.
Le passage de pelage d’été à pelage
d’hiver se met en place sous l’influence d’une
hormone, la mélatonine, quand la durée de jour
diminue dès la fin de l’automne.
Pour chasser ou échapper aux prédateurs, certaines
espèces désertiques sont capables de se déplacer
très rapidement, y compris sur un sol sableux brûlant
qui se dérobe sous les pieds. Dans les déserts
polaires, des adaptations comparables favorisent les déplacements
sur la neige et le sol gelé. Et quand les ressources
alimentaires sont rares et les individus dispersés, pouvoir
communiquer à distance est un avantage. À l’instar
du suricate ou du rat-kangourou, certaines espèces produisent
des signaux spécifiques – vocalisations ou vibrations
– qui leur permettent d’envoyer un message à
des congénères éloignés.
Du côté des végétaux, dans les vastes
étendues désertiques, les cactus disposent de
nombreux atouts pour attirer de loin les pollinisateurs. Leurs
fleurs, souvent parfumées, sont de différentes
formes, tailles et couleurs, avec de nombreux pétales
et étamines. Elles séduisent les abeilles, mais
aussi des coléoptères, des oiseaux-mouches, des
papillons de nuit, des chauves-souris…
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Rat-kangourou,
désert de Sonora (sud-ouest des États-Unis)
: Comme d’autres rongeurs désertiques, le ratkangourou
se distingue par sa capacité à communiquer à
distance : en tambourinant sur le sol, il émet des vibrations
perceptibles à plusieurs dizaines de mètres. Ce
comportement va de pair avec une ouïe développée
et une bulle tympanique hypertrophiée qui lui offre une
sensibilité accrue aux basses fréquences.
Rat-kangourou
© MNHN - J.-C. Domenech |
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Vulnérabilité
des animaux face au réchauffement climatique
Contrairement
à ce que l’on pourrait croire, les animaux des déserts
chauds sont particulièrement vulnérables au réchauffement
climatique. Déjà soumis à des températures
extrêmes, ils sont à la limite de leurs possibilités
physiologiques. Si le thermomètre devait continuer à
monter, leur organisme ne serait donc pas en mesure de s’adapter.
En effet, au-delà d’une température critique,
les fonctions biologiques ne peuvent plus être assurées
correctement : les enzymes nécessaires au bon fonctionnement
des cellules s’altèrent et l’ensemble de la
machinerie se grippe. La seule option serait de fuir vers des
régions plus clémentes mais la plupart des petits
animaux du désert n’en ont pas la capacité. |
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.Exposition
Déserts
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Aujourd’hui, la communauté
scientifique étudie le désert dans toutes
ses dimensions, et ce sont les fruits de ces recherches
qui vous sont présentées dans cette
exposition, qui a pris ses quartiers dans la Grande
Galerie de l’Évolution. Quels sont les
caractéristiques d’un désert ?
Quelle biodiversité abritent-ils ? Comment
les hommes s’y sont adaptés ? Derrière
la notion de désert viennent se nicher autant
de métaphores de l’immensité comme
de la vulnérabilité de notre environnement.
En proposant cette réflexion sur le temps long,
le Muséum est au cœur de sa mission de
service public : celle de susciter l’émerveillement
et la curiosité pour ces écosystèmes
complexes, mais également de transmettre des
connaissances fiables pour défendre une véritable
éthique pour la planète. Gilles
Bloch, Président du Muséum national
d’Histoire naturelle
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Commissariat scientifique : Aude Lalis,
chercheuse en biologie de l’évolution de la
biodiversité au Muséum.
Anthony Herrel, directeur de recherche CNRS, spécialiste
en anatomie comparée, morphologie fonctionnelle et
biologie de l’évolution au Muséum.
Denis Larpin, responsable scientifique des collections végétales
tropicales des jardins botaniques du Muséum.
Vincent Battesti, chercheur CNRS en anthropologie sociale,
ethnoécologue au Muséum.
Maël Crépy, chercheur en géoarchéologie
au CNRS (HiSoMA).
Quelques chiffres : 850 m²
d’exposition - 191 spécimens et objets dont
: 75 naturalisations, spécimens secs ou en fluide,
81 objets d’anthropologie, 30 échantillons
de géologie. Des collections essentiellement issues
du MnHn.
Jusqu'au 30 novembre 2025 - Grande Galerie de l’Évolution
- Jardin des Plantes - 36, rue Geoffroy Saint-Hilaire, Paris
(Ve)
Tarifs : 16 € / 13 € - À partir de 5 ans
- Bilingue français-anglais - Ouvert de 10h à
18h tous les jours, sauf le mardi.
jardindesplantesdeparis.fr |
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