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Espèces Susceptibles d’Occasionner des Dégâts
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Corneilles, geais des chênes… Ces ESOD sensibles, utiles et intelligentes !
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(1) La circulaire
ESOD, qu'est-ce que c'est ?
Corbeau et corneille - Étourneau sansonnet
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Chasse, collisions routières, destruction des habitats naturels… Les animaux sauvages doivent lutter au quotidien pour leur survie dans un monde où la place de l’humain est omniprésente. Même les animaux d’espèces protégées peuvent être tués, en vertu de dérogations dont les régimes ne cessent de s’assouplir. Mais les pires victimes de l’Homme sont les animaux dont l’espèce a été classée susceptible d’occasionner des dégâts ! Au total, 9 espèces indigènes peuvent être piégées toute l’année et tirées hors période de chasse… Pourtant, tous ces animaux
sont des êtres vivants, sensibles et indispensables dans la nature ! Certains ont même des capacités cognitives extraordinaires.

La circulaire ESOD, qu'est-ce que c'est ?  

Tous les trois ans, le sort d’une partie des Espèces Susceptibles d’Occasionner des Dégâts - ESOD -, nouvelle expression politiquement correcte utilisée pour remplacer les nuisibles, est décidé dans chaque département français après la publication d’un arrêté ministériel. Les espèces considérées comme ESOD, dont font partie, entre autres, le renard, la martre, le geai des chênes, la belette, la fouine ou le putois, pourront ainsi être détruites presque toute l’année.
Une circulaire rédigée en 2012 précise les modalités de mise en œuvre de la procédure de classement des ESOD : la liste par département est fixée après consultation d’une formation spécialisée des Commissions Départementales de la Chasse et la Faune Sauvage (CDCFS) et l’inscription d’une espèce comme ESOD doit être justifiée par des atteintes significatives à la santé, à la flore ou la faune, aux activités agricoles, forestières et aquacoles ou aux formes de propriété.

Mais comment cette circulaire est-elle réellement appliquée sur le terrain ?

C’est sur cette question que se sont penchés deux collectifs créés au sein des régions Grand Est et Auvergne-Rhône Alpes, qui rassemblent les membres d’Association de Protection de la Nature (APN) qui siègent au sein des commissions CDCFS. Les observations, fondées sur les retours d’expérience des différents membres, sont très loin du cadre de travail fixé par les textes de lois, et les critiques soulevées sont très souvent observées sur l’ensemble des départements :

  • Absence de prise en compte des services écosystémiques rendus par les espèces considérées comme nuisibles et ce, bien que démontrés par de nombreuses études scientifiques,
  • Absence d’évaluation de l’impact de la destruction, chaque année, de plus d’un million d’animaux appartenant à ces espèces considérées ESOD depuis la mise en place de la réglementation en vigueur en 2012,
  • Les règles de composition des commissions CDCFS, qui fixent les listes d’espèces ESOD, favorisent les consommateurs de la nature, en particulier les différents types de chasseurs et piégeurs, au détriment des représentants de l’intérêt général que sont les représentants d’APN : bénévoles et sans conflit d’intérêt avec les décisions,
  • Inscription d’espèces sur la liste des ESOD malgré l’absence de dégâts significatifs - avec perte économique - et avérés,
  • Absence de prise en compte de méthodes alternatives à la mise à mort de ces animaux, pourtant exigée par la réglementation européenne pour certaines espèces - oiseaux, martres, putois -, tels que les moyens de protection dont l’utilité a été prouvée via des études de terrain.source : animal-cross.org
Chasse aux corvidés - La première sortie de l'année ! (vidéo, 9:41) Chasseurs Par Nature
Chasse des Corvidés - De Belles Sorties ! - Marius Chasse (vidéo, 13:43) revesdechasse.com
 
Corbeau et corneille  

Les corvidés, ces auxiliaires de la nature qu’on ignore

En France, le corbeau freux est surtout présent au nord d’une ligne Bordeaux-Lyon, alors que la corneille noire est une espèce ubiquitaire qui fréquente les terrains dégagés parsemés d’arbres, les pâturages, les cultures, les marais et les prairies, mais aussi le littoral, les parcs urbains et les villages.
Une ancestrale réputation d’oiseaux de malheur leur colle aux ailes. Ils ont même donné leur nom aux dénonciateurs anonymes.
Classés susceptibles d’occasionner des dégâts dans 86 départements pour la corneille noire et dans 61 départements pour le corbeau freux, ils sont chassés et piégés presque toute l’année.

Que leur reproche-t-on au juste ?

Les corvidés peuvent occasionner des dégâts sur les grandes cultures au stade de semis, principalement sur le maïs au printemps. Des nuisances sonores leur sont aussi reprochées.
Les corneilles noires sont très consommatrices d’œufs de grives, de faisans et de perdrix, de petits mammifères sauvages - jeunes lièvres - et d’animaux de basse-cour ; elles peuvent tuer des bécasseaux en vol. Autant de raisons qui en font l’ennemi juré des chasseurs, qui voient en elles des concurrentes directes à leur chasse loisir.
Et pourtant, le classement de ces deux espèces comme ESOD dans une majorité des départements est injustifié !
Tout d’abord, on peut noter l’aberration du classement du corbeau freux dans des départements où il est classé quasi menacé par l’UICN : ex. du Nord Pas de Calais. La présence de Willy Schraen, Président de la Fédération nationale des chasseurs dans ce département, n’est sûrement pas étrangère à cette aberration. Le programme STOC de 2020 a également montré un déclin significatif du corbeau freux de -36,7 % entre 2001 et 2019, posant la question de l’impact des prélèvements sur le maintien des populations. Concernant la corneille noire, le programme STOC a enregistré une baisse des effectifs de 34 % entre 2002 et 2016. Ainsi, on classe comme ESOD en France des espèces sans vérifier l’impact que peut avoir ce classement sur l’évolution des populations !
De plus, la limitation de l’effectif des groupes de corneilles noires ou corbeaux freux par le tir de nombreux individus ne donne pas de résultats durables : la dynamique de procréation dépend de la densité de la population.
Par ailleurs, des solutions non létales existent pour diminuer les dégâts engendrés par les corvidés. Les dégâts sont plus souvent signalés sur maïs assolés, isolés ou en semis décalés. Il est en premier lieu indispensable de tout mettre en œuvre pour ne pas attirer les corvidés :

  • éviter si possible un semis décalé.
  • caler la date de semis avec celle des parcelles voisines.
  • ne pas semer tout de suite après le travail du sol : offre de nourriture attirant les oiseaux.
  • bien enfouir les semences.

Les groupes de corvidés préfèrent un territoire dégagé. Les bosquets et les haies bordant des surfaces cultivées abritent leurs ennemis naturels, les rapaces. Les corvidés y perçoivent un risque accru et ils s’attardent moins sur les champs. Lorsque ces structures boisées manquent, on peut mettre en place des perchoirs destinés aux rapaces.
L’effarouchement visuel, reposant sur l’emploi de cerfs-volants en forme de rapaces, ou de ballons accrochés à un mât et qui bougent sous l’effet du vent en émettant un bruit de toile froissée, a donné des résultats satisfaisants sur le corbeau freux.
L’effarouchement sonore a aussi prouvé son efficacité malgré une pression très importante en corbeaux freux.
En avril 2013, le maire de Rochefort, convaincu par la LPO, a annulé une battue aux corbeaux freux en y substituant une nouvelle campagne d’effarouchement - diffusion de sons stridents sur un CD - et un élagage des arbres après la période de nidification. La ville a également consenti à favoriser l’installation des dits oiseaux sur d’autres secteurs, pour que les corbeaux freux puissent y trouver un site de nidification de substitution. En avril 2015, la ville de Saintes a annulé ses travaux d’élagage qui devaient avoir lieu en période de reproduction des corvidés. Le maire a opté pour des méthodes alternatives.
Ces exemples montrent qu’il est possible de mettre fin aux nuisances provoquées par les corvidés sans les tuer.
Enfin ces deux espèces jouent un rôle clef au sein des écosystèmes qui doit être pris en compte :

  • Des auxiliaires de culture
    En se nourrissant de limaces, d’insectes et de petits mammifères, les corvidés sont d’excellents auxiliaires de l’agriculture.
  • Des nettoyeurs charognards
    La présence de la corneille noire sur le territoire est d’une grande importance, celle-ci jouant d’abord un rôle de nettoyeur grâce à son régime charognard. Les corneilles noires sont nos vautours à nous. Elles nettoient aussi nos routes et autoroutes des milliers de victimes du trafic routier : oiseaux, mammifères, insectes, batraciens… Au Puy du Fou, mis en confiance par leurs partenaires humains, 6 corbeaux freux assurent tous les jours le ramassage des mégots et des déchets du parc.
  • Des facilitateurs pour d’autres espèces
    La présence de la corneille noire est vitale pour une espèce de rapace d’importance patrimoniale en particulier, le hibou moyen-duc. En effet, celui-ci ne construit pas de nid, mais utilise les nids abandonnés des corneilles. Il a été observé que ce hibou est absent dans de nombreuses communes, par manque de nids disponibles. C’est d’autant plus dommageable que ce hibou, comme tous les rapaces, joue un rôle très important dans la régulation des nuisibles, des cultures notamment. Détruire la corneille noire, c’est limiter d’autant plus la présence des hiboux qui ne se reproduisent pas autrement, et favoriser la prolifération des micro-mammifères.
  • Des planteurs d’arbres
    Les corvidés sont également des espèces qui jouent un rôle de disperseur de graines, et participent ainsi au repeuplement naturel des espèces végétales.

Les corvidés : des oiseaux géniaux !

Dans un article de Trends in Cognitive Sciences, les compétences les plus singulières qui sont repérées chez les corvidés, sont celles dont nous pensons à tort qu’elles sont réservées aux humains :

la permanence de l’objet : un objet qui est retiré de la vue continue d’exister,
la patience : parvenir à différer une récompense pour qu’elle soit plus importante, contrôle inhibiteur de l’impulsion,
le voyage mental dans le temps : la possibilité de se déplacer dans le passé ou l’avenir pour anticiper ou retrouver des événements, formes de mémoire du futur,
le raisonnement : la capacité d’inférer une solution à partir d’éléments partiels isolés et disjoints,
la métacognition : savoir que l’on sait,
la reconnaissance dans le miroir : l’identification du soi dans l’image que renvoie le miroir,
la théorie de l’esprit : l’attribution à autrui d’un point de vue ou de connaissances spécifiques,
l’apprentissage vocal : apprendre des vocalisations en provenance de sa propre espèce ou d’autres espèces.

 

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Notre demande

  • Faire sortir les corvidés de la liste des animaux susceptibles d’occasionner des dégâts.
  • Utiliser des mesures d’effarouchement non létales en cas de dégâts avérés.
 

Étourneau sansonnet

 





© Fabrice Cahez

L’étourneau sansonnet, indispensable et fascinant

L’étourneau sansonnet vit dans des habitats très variés, prairies pâturées, pelouses rases, zones boisées ouvertes, lisières de forêt, parcs, jardins, vergers, villes et cultures.
Classé susceptible d’occasionner des dégâts dans 35 départements, l’étourneau sansonnet peut être chassé et piégé presque toute l’année.

Que lui reproche-t-on au juste ?

Durant la migration et l’hivernage, les étourneaux sansonnets s’associent pour former de grands groupes, pouvant compter plusieurs dizaines de milliers d’individus. Lorsqu’ils sont en grand nombre, les étourneaux peuvent causer des dommages aux arbres fruitiers et aux vignes, ainsi qu’à l’ensilage. En ville, les bandes d’étourneaux peuvent provoquer des nuisances sonores. Les fientes peuvent endommager les voitures et les monuments placés sous les dortoirs, mais les déjections ont seulement un impact esthétique et ne représentent pas de danger épidémiologique.

Le classement de l’étourneau sansonnet comme ESOD profondément injustifié

La plupart des étourneaux sansonnets nicheurs en France sont sédentaires, mais notre pays accueille également des individus migrateurs venus de l’est et du nord. L’effectif de la population nicheuse en France est estimé entre 2 et 3 millions de couples, alors qu’en hiver, les effectifs en France atteindraient les 70 millions d’individus. Les populations reproductrices sont en diminution dans la plupart des pays d’Europe du Nord et Occidentale, France incluse. Aussi, cette espèce est jugée en diminution en Europe. Les données STOC 2020 confirment ces observations en présentant un déclin de -12 % des populations sur les 20 dernières années. Ainsi, on classe comme ESOD en France des espèces en déclin !
Le travail récent réalisé par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité indique aussi qu’aucune étude n’a analysé l’effet du prélèvement des étourneaux sansonnets sur les dégâts occasionnés, donc les mesures létales mises en place par l’État sont appliquées sans aucune évaluation de leur efficacité.
Par ailleurs, des techniques d’effarouchement non létales efficaces, qui consistent à effrayer les étourneaux regroupés en dortoir afin de les faire fuir et de supprimer les nuisances, existent.
Enfin, cette espèce joue un rôle clef au sein des écosystèmes, qui doit être pris en compte.

Un auxiliaire des jardins

Malgré sa réputation, l’étourneau sansonnet est fort utile à l’homme, tout particulièrement dans les jardins, où il engloutit un nombre important d’insectes et d’invertébrés durant le printemps.

La Roche-sur Yon en Vendée, un exemple à suivre
Par Loïc Tissot - Ouest France, le 29/09/2013

La Roche accueille une population d’un millier d’étourneaux à l’année. (…)
Dans la période de migration, des centaines de milliers d’étourneaux descendent du nord de l’Europe pour rejoindre le sud clément de l’Espagne. Ces dernières années, une forte densité d’oiseaux a pris l’habitude de faire escale à La Roche, principalement sur les boulevards du Pentagone.
Tout le but, c’est d’éviter la sédentarisation massive des oiseaux et qu’ils reprennent leur vol vers l’Espagne le plus rapidement. C’est en étudiant le biotope des oiseaux que ce constat a induit l’action à mener pour effaroucher cette population d’étourneaux sansonnets pour la huitième année.

Un protocole rodé

Pendant trois jours, dix agents de la Fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles, missionnés par la municipalité, ont mené à bien la campagne d’effarouchement. Ils ont quadrillé la ville et ont suivi à la lettre un protocole de l’Institut national de la recherche agronomique, qui a fait ses preuves : (…). Le premier jour, l’effarouchement a été tardif, en nuit, question de réveiller les endormis. Il ne s’agit pas de les faire partir, ils ne font pas de longs vols la nuit. Le lendemain, dès potron-minet, les agents ont effrayé les étourneaux pour qu’ils fuient les dortoirs. Le soir, ils les ont empêchés de revenir s’installer. Rebelote le lendemain avec les derniers récalcitrants. Cela a semblé fonctionner. Et, rappelons-le, nous ne faisons aucun mal aux oiseaux. Cela a duré trois jours dans la ville. Fusées détonantes, sifflantes, crépitantes ont fait fuir une population de 22 000 migrateurs, pour qu’ils reprennent leur vol vers le sud de l’Espagne.

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Notre demande

  • Retirer l’étourneau sansonnet de la liste des ESOD.
  • Utiliser des mesures d’effarouchement non létales en cas de dégâts avérés.

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Espèces Susceptibles d’Occasionner des Dégâts
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Corneilles, geais des chênes… Ces ESOD sensibles, utiles et intelligentes !

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Des associations ont demandé la mise en place d’un audit de la réglementation relative aux ESOD et la façon dont celle-ci s’applique sur le terrain dans un courrier adressé au Ministère de la Transition Écologique (MTE). Des membres bénévoles d’Associations de Protection de la Nature de 21 départements qui siègent en CDCFS, ont tour à tour interpellé le MTE au travers de l’envoi du courrier mentionné ci-dessus, directement ou via leurs députés. En parallèle, deux députés de la région Grand Est ont envoyé fin 2019 des questions écrites au MTE, qui, malgré ces multiples sollicitations, est resté à ce jour muet sur cette question. Animal Cross, qui coordonne le collectif Auvergne-Rhône-Alpes, a donc décidé de passer à la vitesse supérieure et de rédiger une pétition adressée au Ministère de la Transition Écologique, afin que le grand public ait connaissance de ce qui se trame au sein de ces commissions CDCFS, et pousse le gouvernement à mettre en place l’audit souhaité.

 
 
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L’esprit d’Animal Cross
   

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Animal Cross est une association française, libre de tout lien politique, confessionnel ou doctrinal.
Elle réunit des militants qui souhaitent mettre leur énergie, leur temps ou leur argent au service de tous les animaux, et a pour objet :

  • la protection et la défense de tous les animaux,
  • la diminution de la souffrance animale causée par l’homme,
  • la promotion de méthodes alternatives pour alléger et/ou supprimer la souffrance animale,
  • la promotion d’une meilleure prise en compte des intérêts des animaux,
  • la protection de l’environnement.

Et ce par tous les moyens appropriés et légaux.
animal-cross.org