L'édition 2022 du rapport d'activité Biodiversité
de la direction territoriale Seine-Nord - Île-de-France, Hauts-de-France
et Normandie - de
l'ONF met en lumière quelques-unes des réalisations entreprises.
Les 16 actions qui y sont présentées, réparties en
quatre types de missions
- connaître, protéger, gérer et valoriser - témoignent
du travail réalisé par les équipes en faveur de la
diversité biologique des forêts, permettent de mieux faire
connaître la richesse en matière de biodiversité des
forêts gérées par l'ONF, et les missions menées
pour la suivre,
la préserver, la favoriser. Les forêts jouent un rôle
essentiel dans le maintien de la biodiversité, et les forestiers
un rôle
non moins essentiel dans la protection, voire l'amélioration de
cette biodiversité. Focus sur l'Île-de-France.
La
sécurisation des réserves biologiques dirigées
en forêt de Rambouillet |
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Située
à 40 km de Paris en bordure sud-ouest de l’Île-de-France,
la forêt domaniale de Rambouillet s’étend sur
près de 14 000 hectares. Elle est exceptionnelle pour la
diversité de ses écosystèmes notamment humides
tels que les mares, étangs, ruisseaux, tourbières,
bas-marais, bois tourbeux… complétés par des
milieux ouverts comme les pelouses et les landes sèches,
au sein d’une matrice forestière dont certains boisements
à forte valeur
patrimoniale.
La
richesse exceptionnelle du massif forestier de Rambouillet a joué
en faveur de la création de réserves biologiques
dirigées dès 1988 : à l’époque,
576 hectares répartis sur 20 sites. La montée en
puissance du réseau des réserves est apparue nécessaire,
en lien avec de nouveaux enjeux et objectifs relevés par
les équipes de l’ONF et le comité scientifique
des réserves.
À l’issue d’une longue période de réflexion
et de procédures, l’extension du réseau ainsi
que l’approbation de son plan de gestion ont été
officialisés par arrêté ministériel
en mars 2021.
La réserve biologique dirigée de la forêt
de Rambouillet compte ainsi aujourd’hui 1 152 hectares,
répartis sur 19 sites de surface très variable (de
1 à 400 hectares).
Une
forte fréquentation à canaliser et protéger
Du
fait de la situation de la RBD en forêt périurbaine,
l’enjeu de sécurisation des itinéraires balisés,
zones d’accueil voire routes ouvertes à la circulation
prend une ampleur particulière.
En
effet, le massif est traversé de routes publiques dont
certaines bordent ou traversent des parcelles en RBD (11 km linéaires
au total de bordures de routes en RBD). De plus, la forêt
de Rambouillet est fortement fréquentée par le public.
Des itinéraires balisés, sentiers de randonnée,
pistes cyclables ou cavalières peuvent concerner des sites
de la réserve.
Enfin,
certains sites attractifs et accessibles pour le public (plans
d’eau) doivent de fait supporter une fréquentation
importante malgré les enjeux écologiques. La diminution
de la pression de fréquentation a pu être réalisée
avec succès sur certaines zones, par la fermeture de routes
forestières, mais n’est pas toujours possible.
Des
règles de gestion précisées
La
réserve biologique dirigée reste fortement boisée,
les habitats forestiers représentent environ 60 % de la
surface. Le plan de gestion de la réserve prévoit
que les peuplements de feuillus soient destinés à
être laissés en libre évolution, sans éclaircie
ni autre intervention sylvicole. Au regard de la forte fréquentation
de certains secteurs, des règles de gestion ont été
précisées.
Il
s’agit notamment de la mise en place de bandes de sécurité/zones
tampons où les arbres dangereux sont coupés ou élagués.
La règle est de laisser les arbres abattus à l’intérieur
de la réserve biologique, mais non billonnés.
Les
bandes de sécurité représentent un enjeu
important compte tenu du linéaire de routes et de chemins
bordant ou traversant les sites de la RBD.
Une
sécurisation en plusieurs étapes
L’approbation
du plan de gestion en 2021, concomitante de l’éligibilité
nouvelle des travaux de sécurisation à la mission
d’intérêt général Biodiversité,
a permis d’envisager dès 2022 une sécurisation
ciblée sur les chemins à fort enjeu d’accueil
bordant ou traversant les RBD.
La nécessité de laisser les arbres sur place au
sein de la réserve, en effet, ne permet pas d’envisager
de compenser les coûts de l’opération par la
vente des produits.
Les
étapes de sécurisation :
-
1re
étape : recensement, par l’unité
territoriale Sud-Yvelines-Rambouillet, des linéaires
concernés (routes publiques ou forestières ouvertes
à la circulation et sentiers balisés ou très
fréquentés bordant ou traversant les RBD). En
2022, ces linéaires représentaient 32 km.
-
2e étape
: recensement précis des arbres à abattre ou
à élaguer sur ces linéaires, par le technicien
forestier en charge des réserves au sein de l’unité
territoriale.
-
3e étape : actions d’abattage menées
dès la fin d’hiver et le début du printemps
2022, avant la période de sensibilité maximale
pour la faune, par les équipes de bûcherons de
l’unité d’exploitation forestière.
-
4e étape
: actions complémentaires d’élagage menées
à l’automne 2022 par des entreprises extérieures
et les équipes d’ouvriers de l’ONF.
Une partie des élagages prévus n’ayant
pas pu être réalisée en 2022, les opérations
seront reportées sur 2023.
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La
sécurisation en chiffres |
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Coût
des travaux : 23 179 €
Prise en charge : ministère de l’écologie
(100 %) |
Linéaire
sécurisé : 32 km au droit de sept RBD
Abattage : 211 tiges - Élagage : 13 tiges |
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La
réhabilitation des mares en forêt de Marly |
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Située
à une vingtaine de kilomètres à l’ouest
de Paris, la forêt de Marly est une forêt domaniale
de 1 750 hectares insérée dans un paysage urbain
entre Saint-Germain-en-Laye et Versailles. Elle représente
un lieu facilement accessible où promeneurs et sportifs
aiment à se ressourcer face à une pression urbaine
de plus en plus forte.
Entaillée dans toute sa longueur par l’autoroute
de Normandie, la forêt de Marly constitue aujourd’hui
un corridor biologique abritant des espèces emarquables
et des habitats qui bénéficient d’attentions
particulières. Plus de 50 mares y ont été
dénombrées.
En
2012, l’ONF a réalisé une étude exhaustive
des mares qui a débouché sur un plan de gestion
écologique présentant un diagnostic écologique
et des recommandations de gestion. Au total ce sont 35 mares qui
ont été inventoriées, dont certaines présentent
un intérêt floristique et faunistique fort à
très fort.
Le
plan de gestion a également mis en évidence le mauvais
état de conservation de certaines mares, pour lesquelles
la dynamique de comblement et de végétalisation
était avancée, entraînant la prescription
d’interventions de génie écologique telles
que des curages ou des mises en lumière par recépage
des ligneux, débroussaillage de berges.
Le
plan de relance agit pour les amphibiens
En
2021 et 2022, l’ONF a pu mettre en œuvre les travaux
sur 11 mares, grâce au financement de l’État,
dans le cadre du plan de relance lancé par le gouvernement
en 2020.
L’opération de réhabilitation des mares -
opération de curage, encadrement des travaux et évaluation
environnementale -, d’un montant global de 60 000 €
HT, a été financée par le plan de relance
à hauteur de 80 %. L’ONF a pris à sa charge
les 20 % restant. Le service Environnement et accueil du public
de l’agence Île-de-France-Ouest s’est mobilisé
pour :
-
l’analyse
du projet et élaboration du cahier des charges des
travaux ;
-
la consultation des entreprises ;
-
le choix du prestataire ;
-
la
réunion de chantier avec l’entreprise ;
-
les visites sur site avant travaux ; le suivi et réception
des travaux.
L’objectif
des travaux est d’améliorer leur capacité
d’accueil pour la faune.
Déroulement
des travaux et communication
En
décembre 2021, 11 mares ont été mises en
lumière, par coupe raisonnée des arbres sur une
bande de cinq mètres de large, et débroussaillage
des berges avec mise en tas des rémanents en lisière.
En octobre 2022, huit mares ont été curées.
Cette action consiste à enlever la matière organique
qui s’est accumulée au fond, provocant un comblement.
Les produits de curage ont été régalés
en sous-bois.
Pour expliquer les interventions aux usagers, une signalétique
a été déployée, permettant de comprendre
les interventions. |
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Des
enjeux forts pour les amphibiens
En
plus des espèces les plus communes, certaines mares hébergent
aussi des taxons plus rares, dont les populations sont plus fragiles
: salamandre tachetée, triton alpestre, triton crêté…
Il est important de veiller à ce que ces espèces
trouvent de bonnes conditions
de reproduction. |
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Prélèvement
de larves d'amphibiens grâce à une épuisette
d'alevinage ©
Justine Parmentier / ONF
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Pâturage
inédit en forêt
Au
XVIIe siècle, plus de 15 000 bêtes pâturaient
en forêt de Fontainebleau. Jusqu’à la fin du
XIXe siècle, plus du tiers de la surface du massif était
maintenu ouvert par les activités humaines, dont le pâturage.
Au XXe siècle, l’abandon de cette activité
agropastorale a favorisé le développement d’une
végétation ligneuse refermant progressivement les
landes, pelouses et chaos rocheux, et entraînant une perte
de biodiversité : fermeture du milieu par les fourrés,
enrésinement, banalisation de la flore, évolution
vers des végétations quasi mono-spécifiques
; ex : fougères, graminées sociales.
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Aujourd’hui,
le massif est composé d’environ 1 000 hectares de
milieux ouverts, landes et pelouses principalement. Classés
en réserves biologiques dirigées (RBD), ces milieux
appartiennent au réseau européen de conservation
de la nature (Natura 2000).
Retour
des moutons en forêt de Fontainebleau
Pour
restaurer les landes, les pelouses, l’ONF et ses partenaires
conduisent régulièrement des travaux d’entretien
manuels et mécaniques : fauchage, broyage, arrachage…
Et pour les zones qui le permettent, l’agence Île-de-France
Est a renoué avec l’éco-pâturage, qui
figure parmi les actions fortes du réseau Natura 2000.
Un contrat Natura 2000 a donc été établi
entre un berger - Alexandre Faucher, soutenu par la couveuse de
projets agricoles « les champs des possibles -,
et l’ONF. Depuis sept ans maintenant, un troupeau d’environ
300 moutons pâture en forêt domaniale de Fontainebleau
chaque année entre avril et septembre. L’itinérance
de parcelle en parcelle couvre 200 hectares de landes et de pelouses
sèches. Chaque début d’année un calendrier
est établi afin de définir les dates de passages
sur les parcelles, en prenant en compte les dates de passage des
années précédentes : une rotation est nécessaire
pour ne pas pâturer les mêmes parcelles à la
même période.
Un
pâturage qui fait de l’effet
Outre
le spectacle inédit de redécouvrir des moutons en
forêt, depuis la mise en œuvre du pâturage, les
pelouses et les landes retrouvent des couleurs. En effet, certaines
plantes qui étaient en moins grand nombre se sont multipliées,
occupant des espaces plus importants. Grâce au dosage approprié
du nombre de brebis à l’hectare, les effets positifs
du pâturage ont pu être mesurés par le Conservatoire
botanique national du Bassin parisien, qui est chargé par
l’ONF de mesurer les effets du pâturage. Il est noté
qu’un pâturage intense sur un instant court est plus
efficace sur la flore qu’un pâturage modéré
sur un temps long. Un suivi est mis en place afin d’évaluer
l’action du pâturage :
-
le protocole se base sur la réalisation de 23 placettes
phytosociologiques : suivi de la végétation estimé
par % de recouvrement, abondance-dominance des espèces
végétales ;
-
les placettes sont complétées par la relève
d’indicateurs choisis pour caractériser les effets
du pâturage et l’évolution paysagère
du milieu, avec un suivi photographique.
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Objectifs
du contrat Natura 2000 |
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• Freiner la dynamique de fermeture
: pelouses > ourlets > fourrés > ....boisements
•
Favoriser des conditions pour le maintien des espèces
patrimoniales |
• Favoriser les milieux secs ouverts,
enjeux les plus forts du DOCOB :
.....pelouses.en
particulier
•
Favoriser la mosaïque des milieux |
|
.....
.......Rapport
Biodiversité
.................Connaître,
protéger, gérer et valoriser le
territoire Seine-Nord
..............
.................L’Île-de-France
compte 50 forêts domaniales, soit 72 500 hectares
de forêt qui abritent .................148
sites culturels et historiques.
Connues
pour la richesse de ce patrimoine, elles abritent .................aussi
une biodiversité insoupçonnée
dans une région très urbanisée.
.................
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.....
....
Le
développement de la filière bois francilienne
est par ailleurs redevenu une priorité régionale,
tandis que les flux importants de population mobilisent
au quotidien l’ONF. Objectif : concilier production
de bois et préservation de l’environnement.
...
L’ONF en région
Île-de-France
...
L’ONF
rassemble dans cette région près de 300
personnes mobilisées au service de la filière
forêt bois et du développement des territoires.
Rattachées à une direction territoriale,
les équipes sont réparties au sein de
deux agences, 9 unités territoriales, une agence
travaux et une agence études.
..
Contributeurs
du rapport
....
AMON-MOREAU Dominique - BUTIN Alexandre - COLAS Sarah
- DELAGE Valérie - DUCROUX Sylvain - ÉTIENNE
Sébastien - FONTAINE Nicolas
FRANGEUIL Manon - GODFREY Oonagh - LARRIERE Guillaume
- LIRON Marie - ROSE Olivier - ROUET Severine - SALVI
Magalie - SEVIN Claire
SIMON Julien SOUCHE Morgane - VALENTIN Julien
onf.fr
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