L'édition 2022 du rapport d'activité Biodiversité
de la direction territoriale Seine-Nord - Île-de-France, Hauts-de-France
et Normandie - de
l'ONF met en lumière quelques-unes des réalisations entreprises.
Les 16 actions qui y sont présentées, réparties en
quatre types de missions
- connaître, protéger, gérer et valoriser - témoignent
du travail réalisé par les équipes en faveur de la
diversité biologique des forêts, permettent
de mieux faire connaître la richesse en matière de biodiversité
des forêts gérées par l'ONF, et les missions menées
pour la suivre,
la préserver, la favoriser. Les forêts jouent un rôle
essentiel dans le maintien de la biodiversité, et les forestiers
un rôle
non moins essentiel dans la protection, voire l'amélioration de
cette biodiversité. Focus sur l'Île-de-France.
Connaître
: Les coléoptères, sentinelles de l’état
écologique des forêts |
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Parler
de biodiversité en forêt ne peut s’envisager
sans faire référence aux coléoptères
saproxyliques. Les organismes saproxyliques se définissent
comme des espèces qui dépendent, au moins durant
une partie de leur cycle de vie, du bois mort, d’arbres
moribonds, d’arbres morts debout ou à terre, de champignons
lignicoles, voire de la présence d’autres organismes
saproxyliques.
Ces
organismes saproxyliques occupent une place très importante
au sein des écosystèmes forestiers européens,
représentant entre 20 et 25 % des espèces forestières.
Les Coléoptères saproxyliques constituent à
eux seuls près de 20 % de cette diversité et, avec
2 663 espèces en France, ils se positionnent comme le deuxième
groupe le plus diversifié après les champignons
lignicoles.
Évaluer
la fonctionnalité de la trame de vieux bois
La
forêt de Fontainebleau est dotée d’un réseau
de réserves biologiques et d’îlots de sénescence
et de vieillissement dont nous ne connaissons que peu la contribution
à la conservation de la biodiversité des organismes
saproxyliques. Depuis avril 2018, dans le cadre de ses actions
pour la connaissance et la conservation de la biodiversité,
l’ONF a mené plusieurs échantillonnages des
coléoptères saproxyliques sur le massif de Fontainebleau,
en particulier dans la forêt domaniale de Fontainebleau
et celle des Trois pignons. Il s’agit d’un suivi scientifique
destiné à recenser les communautés présentes
par îlot de vieillissement ou de sénescence, et les
comparer à celles des réserves biologiques.
Un
protocole éprouvé
Depuis
de nombreuses années, toutes les études sur les
coléoptères saproxyliques sont réalisées
à l’aide de piège à interception Polytrap
amorcés à l’éthanol à 20 %,
conformément aux préconisations en vigueur. Il s’agit
d’un matériel peu couteux et facile à mettre
en œuvre, d’une surface d’interception de 1m²,
qui permet la capture de l’entomofaune volante circulante,
en particulier les coléoptères, dont la particularité
est de fermer les élytres lorsqu’ils rencontrent
un obstacle, donc de tomber dans le collecteur du piège
prévu à cet effet.
Les
résultats préliminaires de cette année 2022
concernent au total 17 740 individus, de 286 espèces de
coléoptères, appartenant à 55 familles déjà
identifiées. Parmi elles, 229 sont saproxyliques, dont
10 possèdent une forte valeur patrimoniale au niveau national,
et deux espèces sont protégées au niveau
régional :
- le
Bupreste du hêtre, Dicerca berolinensis (Herbst,
1779) ;
- la
Grande cétoine verte, Cetonischema speciosissima
(Scopoli, 1786).
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.Parmi les organismes saproxyliques, les champignons jouent
un rôle essentiel dans la décomposition du bois mort
et le fonctionnement de l’écosystème. Ils
permettent de restituer au sol une partie des éléments
nutritifs contenus dans le bois. Ils possèdent des enzymes
leur permettant de briser les liaisons chimiques constitutives
de la cellulose et des hémicelluloses en les restituant
sous forme d’éléments simples - sucres, éléments
minéraux - assimilables. 33 % des champignons forestiers
sont des espèces saproxyliques.
La
trame de vieux bois, un dispositif essentiel pour la biodiversité
forestière
La
trame de vieux bois est constituée en forêt par :
-
Des arbres isolés dans les parcelles présentant
un intérêt pour la faune, la flore et la fonge,
matérialisés par des triangles bistres. Ils
sont au nombre de 3 arbres par hectares : un arbre mort et
deux arbres habitat.
-
Des parcelles où le bois est laissé au-delà
de sa maturité au sens économique, les îlots
de vieillissement. Les îlots de vieillissement (ILV)
doivent représenter 2 % de la superficie forestière.
En direction territoriale Seine-Nord, 4 677 hectares de bois
sont en ILV soit 2,89% de la surface gérée.
-
Des parcelles où le peuplement est laissé en
libre évolution, les îlots de sénescence.
Les îlots de sénescence (ILS) doivent représenter
1 % de la superficie forestière. En direction territoriale
Seine-Nord, 1 260 hectares sont en ILS soit 1,8 % de la superficie
gérée.
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Suivre
les arbres sous toutes les coutures : le PSDRF |
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Derrière
ce sigle se cache le Protocole de Suivi Dendrométrique
des Réserves Forestières, mis au point par des organismes
de recherche dans le domaine de l’écologie et la
foresterie : ENGREF, IRSTEA. Il a pour but d’évaluer
l’état de la forêt à partir de la description
de placettes où sont mesurés un ensemble de paramètres.
Il
permet d’appréhender de façon simultanée
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Un
écosystème en constante évolution malgré
une non-intervention
Le
protocole PSDRF appliqué à la réserve biologique
intégrale de la Tillaie nous a renseignés sur
:
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Le volume de bois mort a été estimé à
130 m³/ha. Cette valeur est exceptionnelle. Elle est
à rattacher au statut de protection de ce site depuis
1853. Depuis plus de 170 ans, aucune intervention forestière
ne s’est exercée, en raison de son classement
en réserve biologique intégrale ou artistique.
À titre de comparaison, une forêt exploitée
possède un volume de bois mort proche de 5 m³
/ha.
-
Le volume de gros bois - arbres ayant un diamètre supérieur
à 67,5 cm - tend à diminuer, les gros arbres
vieillissent et finissent par mourir. Mais les semis ont pris
la relève. En effet, au profil des coups de vent, des
trouées s’opèrent et les jeunes plants
avides de lumière se déploient. Le fonctionnement
naturel permet d’avoir des densités de semis
suffisantes pour assurer la pérennité de la
forêt ou le renouvellement des peuplements.
Grâce
au relevé précis de ces informations sur une placette
située dans un massif d’une superficie supérieure
à cinq hectares, on peut apprécier l’état
de la forêt et comparer son évolution au fil du
temps ; tous les 10 ans en moyenne. Par le biais de ce protocole,
on peut répondre à des questions telles que :
à quelle vitesse poussent les arbres ? ; quelle est la
part de résineux et de feuillus dans la forêt ?
; quelles espèces sont en déclin ? ; quelle est
la vitesse de dégradation du bois mort ? ; combien y
a-t-il d’arbres morts ou d’arbres porteurs de micro-habitats
?
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Les très gros bois constituent un élément
essentiel pour l’accueil d’une partie de la biodiversité
- entomofaune, avifaune, mammifères, bryophytes, lichens,
champignons - et notamment à travers la présence
d’une grande diversité de micro-habitats.
Les
très gros bois sont des arbres ayant un diamètre
supérieur à 67,5 cm. Dans les forêts de basse
altitude, il est estimé que des quantités de bois
mort allant de 30 à 50 m³/ha sont nécessaires
au maintien de la plupart des espèces vivant dans le bois
mort.
Le
monde vivant du bois mort
25
% des mammifères forestiers et 17 % des oiseaux nicheurs
utilisent les cavités d’arbres vivants ou morts.
Le bois mort doit être divers : sur pied, au sol, de gros
diamètre, à l’ombre, au soleil… Plus
la diversité de bois mort est grande, plus le nombre d’espèces
est susceptible d’être important.
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Protéger |
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Pour
gérer durablement, l’ONF déploie des aires
de protection fortes. La direction territoriale Seine-Nord a une
responsabilité importante en matière de conservation
d’espèces ou d’habitats patrimoniaux.
Elle
veille notamment sur :
-
Les plus vieilles réserves biologiques intégrales
de France - anciennes réserves artistiques de Fontainebleau
- qui sont en libre évolution depuis 150 ans.
-
Les dernières stations d’espèces végétales
où seuls quelques individus demeurent dans des habitats
menacés : mares, landes, pelouse. Ces plantes sont notamment
: Elatine major, Arenaria grandiflora, Ranunculus nodiflorus,
Nitella opaca, Sphagnum compactum…
-
Des populations d’insectes,
notamment des insectes saproxyliques, dont les rares pique-prune,
grand capricorne ou lucane cerf-volant.
Ces
habitats et espèces sont protégés grâce
au réseau des 56 réserves en place, réparties
sur tout le territoire de la direction territoriale Seine-Nord.
La superficie protégée en réserve couvre
plus de 8 000 hectares.
En
2022, une nouvelle réserve biologique dirigée a
été entérinée : la réserve
biologique des Beaux-Monts, en forêt de Compiègne
(60) ; une réserve biologique intégrale, propriété
de la Région Île-de-France, est en cours de finalisation
: la réserve biologique intégrale des Buronnières
(77) ; une nouvelle réserve biologique intégrale
est à l’étude en Normandie dans le massif
de Saint-Sever (14).
En
2022, la rédaction des plans de gestion des réserves
a été financée à hauteur de 154 674
€, par les crédits du ministère de la transition
écologique et de la cohésion des territoires accordés
à l’ONF dans le cadre de la mission d’intérêt
général Biodiversité.
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Type
de réserve
Réserve biologique mixte
Réserve biologique intégrale
Réserve biologique dirigée
Réserve naturelle nationale
Réserve naturelle régionale |
Superficie
286,6
1 642,32
3 505
2 130
780
8 343,92 |
Nombre
2
15
37
1
1
56 |
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Protéger
: La forêt de Ferrières, première réserve
biologique intégrale en forêt régionale |
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Poumon
boisé de l’Est parisien
La
forêt de Ferrières constitue, avec la forêt
domaniale d’Armainvilliers contiguë, un maillon essentiel
de la ceinture verte de l’agglomération parisienne.
La forêt de Ferrière était jadis propriété
de communautés religieuses. Elle a aussi appartenu à
la célèbre famille de Rothschild jusqu’en
1973, date à laquelle la forêt a été
rachetée par la Région Île-de-France. Elle
forme, avec la forêt domaniale d’Armainvilliers attenante,
le plus vaste espace boisé de l’Est parisien. Ses
3 157 hectares d’espaces boisés sont situés
à 24 km de la capitale, sur le rebord nord-ouest du plateau
de la Brie, en Seine-et-Marne, au sud de la ville nouvelle de
Marne-la-Vallée. Le nom Ferrières rappelle
les nombreuses forges de fer qui y existaient au Moyen-Âge.
Au
cœur du massif, un espace laissé en libre évolution
Du
fait de l’historique particulier de gestion de la forêt
de Ferrières - forêt utilisée pour les forges
puis comme territoire de chasse -, les peuplements forestiers
de la réserve se présentent principalement sous
la forme de taillis sous futaie, vieilli à gros ou très
gros bois de chênes, accompagnés de feuillus divers.
Du fait de la présence de ces très gros bois et
de l’intérêt qu’ils représentent
pour la biodiversité, la Région Île-de-France
a souhaité mettre en place un espace sans intervention
forestière, où le milieu évoluerait sans
intervention humaine. Ainsi, par délibération du
28 mai 2014, la Région Île-de-France a validé
le principe de la mise en place d’une réserve biologique
intégrale (RBI) de 83 hectares.
Une
procédure de classement en cours
Depuis
la décision de la région, la procédure de
classement de ce site chemine. Dans un premier temps, des études
complémentaires ont été conduites pour souligner
l’intérêt écologique du site. Des investigations
ont été menées pour appréhender la
richesse de la faune liée aux vieux peuplements. Le site
est riche de plus de 180 espèces de coléoptères
saproxyliques, dont 46 considérées comme remarquables
à divers titres, ce qui lui confère un niveau d’intérêt
au minimum régional, voire national. Le site héberge
également de nombreux oiseaux cavicoles, parmi lesquelles
trois espèces de pics - dont le Pic mar et le Pic noir
-, le Rouge-queue à front blanc, le Gobemouche gris, et
le Pigeon colombin. Dans un second temps, est venu l’écriture
d’un plan de gestion qui détaille l’intérêt
du site, précise les enjeux de conservation, pour déterminer
les objectifs de gestion pour une période de 20 ans. Sur
la base de ce document, et après validation par le conseil
national de protection de la nature, la réserve biologique
intégrale sera effectivement entérinée. |
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Sur les 12 réserves biologiques intégrales
que compte la direction territoriale Seine-Nord, 10 d’entre
elles sont situées en Île-de-France :
• Sept en forêt de Fontainebleau
; •
Une dans l’Essonne ; •
Deux en forêt de Rambouillet
Elles
couvrent une superficie de 1 600 hectares. Les réserves
biologiques intégrales de Fontainebleau sont les plus anciennes
de France. Elles sont exemptes de toute exploitation forestière
et sont laissées en libre évolution. La RBI des
Buronnières est la première réserve biologique
intégrale en forêt régionale.
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.......Rapport
Biodiversité
.................Connaître,
protéger, gérer et valoriser le
territoire Seine-Nord
..............
.................L’Île-de-France
compte 50 forêts domaniales, soit 72 500 hectares
de forêt qui abritent .................148
sites culturels et historiques.
Connues
pour la richesse de ce patrimoine, elles abritent .................aussi
une biodiversité insoupçonnée
dans une région très urbanisée.
.................
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Le
développement de la filière bois francilienne
est par ailleurs redevenu une priorité régionale,
tandis que les flux importants de population mobilisent
au quotidien l’ONF. Objectif : concilier production
de bois et préservation de l’environnement.
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L’ONF en région
Île-de-France
...
L’ONF
rassemble dans cette région près de 300
personnes mobilisées au service de la filière
forêt bois et du développement des territoires.
Rattachées à une direction territoriale,
les équipes sont réparties au sein de
deux agences, 9 unités territoriales, une agence
travaux et une agence études.
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Contributeurs
du rapport
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AMON-MOREAU Dominique - BUTIN Alexandre - COLAS Sarah
- DELAGE Valérie - DUCROUX Sylvain - ÉTIENNE
Sébastien - FONTAINE Nicolas
FRANGEUIL Manon - GODFREY Oonagh - LARRIERE Guillaume
- LIRON Marie - ROSE Olivier - ROUET Severine - SALVI
Magalie - SEVIN Claire
SIMON Julien SOUCHE Morgane - VALENTIN Julien
onf.fr
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