L'édition 2022 du rapport d'activité Biodiversité
de la direction territoriale Seine-Nord - Île-de-France, Hauts-de-France
et Normandie - de
l'ONF met en lumière quelques-unes des réalisations entreprises.
Les 16 actions qui y sont présentées, réparties en
quatre types de missions
- connaître, protéger, gérer et valoriser - témoignent
du travail réalisé par les équipes en faveur de la
diversité biologique des forêts, permettent de mieux faire
connaître la richesse en matière de biodiversité des
forêts gérées par l'ONF, et les missions menées
pour la suivre,
la préserver, la favoriser. Les forêts jouent un rôle
essentiel dans le maintien de la biodiversité, et les forestiers
un rôle
non moins essentiel dans la protection, voire l'amélioration de
cette biodiversité. Focus sur l'Île-de-France.
Introduction
La
diversité biologique est vitale pour la santé des
forêts dont nous avons la responsabilité. Son niveau
conditionne leurs capacités de résilience face aux
évolutions du climat et ses conséquences, ou pour
contrer la multiplication des attaques qu’elles subissent
de la part d’agents pathogènes ou de ravageurs. Des
forêts riches en biodiversité sont des forêts
résistantes ; de facto, ce sont aussi des forêts
productives. Loin de s’opposer, les notions de biodiversité
et de productivité sont ainsi associées. De plus
en plus, dans un contexte d’incertitudes croissantes, notamment
liées à au changement climatique, la connaissance
fine de l’état du vivant dans les espaces naturels
dont il a la charge sera pour le gestionnaire forestier un des
guides de son action. La richesse de la biodiversité
forestière n’est pas toujours assez connue, et nous
ne valorisons que trop timidement les actions que nous menons
en sa faveur, que ce soit pour en faire l’inventaire, la
préserver, voire l’améliorer. Je suis donc
particulièrement heureux de voir la première édition
de ce rapport annuel Biodiversité. (…)
J’espère qu’il contribuera, auprès de
l’ensemble des personnels de la direction territoriale,
comme vis-à-vis de nos partenaires, à mieux faire
connaître la richesse en matière de biodiversité
des forêts que nous gérons, et les missions que nous
y menons pour la suivre, la préserver, la favoriser.
Éric Goulouzelle, Directeur territorial Seine-Nord de l'ONF |
|
Connaître |
|
Pour
protéger, il faut connaître, c’est pourquoi
la direction territoriale Seine-Nord est à l’initiative
de nombreuses études pour :
-
connaître
les enjeux écologiques qui pèsent sur les
massifs avant la rédaction du plan d’aménagement
;
-
apprécier
l’évolution des milieux après travaux
de génie écologique ;
-
améliorer
la connaissance d’espaces biologiques remarquables.
En
2022 ce sont ainsi 23 études qui ont été
engagées sur tout le territoire. Les grandes thématiques
citées ci-dessus sont abordées dans les études
détaillées présentées dans ce
rapport :
-
l’étude
des chiroptères en forêt de Sénart :
enjeux environnementaux/ massif de Sénart ;
-
l’évaluation
environnementale des travaux de génie écologique
sur les mares de la forêt de Fontainebleau ;
-
l’évolution
de la forêt en réserve biologique intégrale
: évaluation
environnementale ;
-
le
suivi des communautés de coléoptères
saproxyliques.
|
|
|
Inventorier
les chauves-souris, composantes essentielles des forêts |
|
Depuis fin avril 2022, dans le cadre de ses actions pour
la conservation de la biodiversité, l’ONF a mené
un inventaire complet des chauves-souris - chiroptères
- dans la forêt domaniale de Sénart.
Connaître
les chauves-souris pour bien les protéger
Cette
étude pluriannuelle s’inscrit dans le plan régional
d’action pour les chiroptères, avec différents
gestionnaires de forêts publiques comme privées.
De fin avril à fin août 2022, trois campagnes hebdomadaires
de suivi ont été réalisées de nuit
sur Sénart. Suivant un mode opératoire précis
- points et durées d’écoute, créneaux
horaires… -, quatre experts, membres du réseau
mammifères de l’ONF, scrutent leurs déplacements
en écoutant avec un détecteur sonore précis
les cris qu’elles émettent.
Les missions d’écoutes ont permis d’associer
des bénévoles d’associations, telle ceux
de AZIMUT 230 et des professionnels du CNPF Île-de-France.
Pipistrelle
commune
© ONF
Reconnaissance
aux ultrasons
La
forêt de Sénart dispose de peu d’informations
scientifiques sur les chauves-souris. L’inventaire consiste
à mieux connaître les espèces présentes
leur répartition en fonction de leurs activités
- chasse, reproduction, prospection… -, puis à
identifier les habitats qu’elles privilégient :
pelouses, vieux bois, futaies, mares.
Les résultats aideront l’ONF à mettre en
place les mesures conservatoires indispensables à leur
survie dans cette forêt fragilisée par le voisinage
urbain.
Détecter la fréquence sonore pour identifier les
différentes espèces : le choix de la saison n’est
pas anodin. L’été offre les conditions propices
car les femelles et les mâles se séparent. Pour
mettre au monde leurs petits, les femelles se regroupent en
colonies, alors que les mâles, plus solitaires, vivent
à l’écart des groupes. À cette période,
les déplacements plus nombreux facilitent les écoutes.
Lorsqu’une chauve-souris se déplace, elle propage
des ultrasons non perceptibles par l’oreille humaine.
Chaque espèce dispose d’une fréquence et
d’un rythme qui lui est propre, ce qui permet de les différencier.
La semaine d’inventaire s’est terminée avec
une animation grand public dans le cadre des Estivales de
la forêt de Sénart et des nuits de la chauve-souris.
35 personnes, riverains où habitants dans le secteur,
ont participés à cette sortie.
Des
résultats d’écoute à analyser
Les
premiers enregistrements ont permis d’identifier, dans
l’immédiat, les principaux genres de chauves-souris
en présence. Il s’agit de murins, de noctules,
de sérotine, de pipistrelles et d’oreillards.
La détermination à l’espèce se fera
plus tard… après une analyse plus poussée
des enregistrements. Les contacts, les plus nombreux concernent
les pipisterelles et les sérotules : noctules et sérotines.
Les contacts les moins nombreux sont les oreillards. Toutes
ces chauves-souris se logent dans les fissures créées
par le gel, et les cavités dans les arbres, voire derrière
les écorces qui se détachent.
|
©
F. Schwaab / DR |
|
...
À chaque période du cycle de vie, un
arbre particulier…
Certains
arbres seront sélectionnés pour mettre bas, d’autres
pour être habités.
Une chose est sûre, il vaut mieux diversifier les gîtes
pour avoir un abri satisfaisant. Des études ont montré
que certaines chauves-souris n’hésitent pas à
fréquenter plus de 100 gîtes différents. Ce
papillonnage leur permet d’être moins vulnérable
à la disparition de leur gîte. Toutefois, certaines
espèces comme la noctule commune, la grande noctule, ou
encore la sérotine commune, sont très fidèles
à leur bouquet d’arbres. L’effort de conservation
de ces arbres identifiés est donc primordial.
... |
..
.36 espèces sont recensées au niveau national
; celles-ci sont toutes protégées. La région
Île-de-France compte 21 espèces. Les Chiroptères
constituent un groupe complexe dont la taxonomie reste encore
à affiner, comme en témoigne la découverte
de six nouvelles espèces en France ces dix dernières
années.
Les forêts apparaissent comme zones refuges pour les chauves-souris
: elles fournissent des gîtes pour beaucoup d’espèces,
voire la plupart, et sont une source d’alimentation pour
toutes les espèces.
Une colonie de Murins de Bechstein, par exemple, utilise environ
300 gîtes dans l’année (TILLON,
2015), et lors de pullulations, ils se nourrissent de chenilles
tordeuses : plusieurs centaines par nuit et par individu.
... |
|
....
Évaluer
la gestion des mares |
|
|
Du
fait de la nature géologique des terrains qui le constituent
- sables, grès -, le massif de Fontainebleau est caractérisé
par la rareté des eaux stagnantes de surface. Les mares
sont des micro-zones humides présentant une très
forte hétérogénéité spatiale,
une grande variabilité temporelle et une riche biodiversité.
Elles se localisent, à l’exception de quelques mares
isolées, dans 3 secteurs de la forêt de Fontainebleau
:
- Secteur
I : sur les platières, Franchard et autres
-
Secteur II : en plaine, une trentaine à la Boissière
entre Bois le Roi et Samois sur Seine
-
Secteur III : en plaine, une trentaine vers la mare aux Evées,
à Chailly en Bière
L’effectif
total de mares, répondant à la définition
réglementaire de zones humides en forêt
domaniale de Fontainebleau est estimé à 250 (Inventaire
typologique MN. Liron, 2015). Leur taille fluctue de quelques
mètres carrés à plus de 300 m².
Un
réseau de mares au fonctionnement complexe
La
typologie du réseau des mares a été construite,
à partir des trois facteurs écologiques qui influent
sur leur fonctionnement : alimentation en eau, régime hydrique
et substrat géologique. Le diagnostic initial des mares
de la forêt de Fontainebleau, réalisé en 2003,
a permis d’identifier six types fonctionnels de mares. Un
échantillon représentatif de la diversité
typologique des mares de la forêt de Fontainebleau, constitué
de 49 mares, a été défini. Cet échantillon
référentiel constitue un outil de connaissance de
suivi et de gestion.
Les mares de platière se développent sur des dalles
de grès imperméables. Leur profondeur est variable
selon la saison, elles sont uniquement alimentées par l’eau
de pluie.
Les mares de plaines sont installées sur des assises marneuses
ou sur des calcaires. Leur profondeur est plus stable. Elles sont
alimentées par la nappe, de rares sources, et par le ruissellement.
Ce sont des mares permanentes, parfois temporaires.
À
l’heure actuelle, un peu plus de la moitié des mares
du référentiel ont fait l’objet d’un
diagnostic flore/habitats. Il comporte :
-
un inventaire botanique précis des espèces présentes
et de leur degré de rareté ;
-
une identification des habitats communautaires inscrits à
la directive Habitats ;
-
une évaluation de l’état de conservation
de la mare.
L’inventaire
de la végétation et la cartographie des habitats
constituent l’état zéro du référentiel
des mares. Au regard de ce diagnostic et de la disparition de
certaines espèces ou certains habitats, des opérations
de gestions ont été programmées.
Un
essai de gestion parcimonieux sur 10 mares
En
raison de la responsabilité que porte l’ONF pour
la conservation de ces joyaux de nature, les mesures de gestion
déployées devaient être mesurées au
sens propre comme au sens figuré. En 2015, ce sont 10 mares
qui ont fait l’objet de travaux de gestion et l’évaluation
scientifique de ces travaux a été réalisée
en 2022.
Les mesures de gestion ont consisté en des opérations
de curage, de mise en lumière, d’étrépage…
Dans ce contexte il s’agit :
- en
premier lieu, d’évaluer l’impact des opérations
de gestion, pour en tirer des enseignements pour les autres
mares de même typologie, et ainsi optimiser les protocoles
et modes opératoires des interventions à venir
;
- de
poursuivre l’objectif de connaissance des mares du référentiel
initié en 2013, avec un suivi scientifique protocolé,
reproductible ;
-
d’enrichir les données - qualitatives, quantitatives
- acquises depuis 2006, relatives au fonctionnement des zones
humides de la forêt de Fontainebleau, en vue de la préservation
de l’exceptionnel patrimoine biologique et culturel qu’elles
représentent.
Ainsi,
un outil de transmission de l’information des acquis relatifs
à ces milieux pourra être construit.
Mesurer
rigoureusement les effets de la gestion
L’appréciation
des effets de la gestion ont été mesurés
selon deux critères et six sous-critères.
L’état de la flore est évalué quantitativement
de -3 à +3 par l’évolution des trois indicateurs
- gain ou perte - que sont :
- la
richesse floristique : liste des espèces de plantes ;
-
la richesse en espèces patrimoniales {nombre d’espèces
très très rare (RRR), très rare (RR), rare
(R), assez rare (AR)…} ;
-
la dynamique des espèces patrimoniales : nombre de pied
ou superficie.
L’état
des habitats, évalué quantitativement de -3 à
+3 par l’évolution des trois indicateurs - gain ou
perte -que sont :
-
la structure de la végétation :habitats naturels
;
-
le maintien des habitats remarquables : habitat communautaire
;
-
l’apparition de nouveaux habitats.
L’évaluation
finale est obtenue par un coefficient de - 6 à +6 du bénéfice
global des opérations post-gestion.
Les opérations de gestion de décapage de la dalle
gréseuse, de coupe de pins, d’exportation de la végétation
envahissante - joncs, molinie - ont permis d’obtenir des
résultats très satisfaisants avec une note de cinq
pour la Mare au houx.
Cette mare a vu une augmentation de la richesse spécifique
- 13 espèces en 2022 au lieu de cinq en 2013 -, une augmentation
de la richesse en espèces patrimoniales - deux nouvelles
espèces -, une augmentation de la population de la renoncule
tripartite - augmentation de recouvrement de 100 m²
-, un accroissement de la diversité structurelle de la
végétation, un maintien voire une amélioration
de l’habitat remarquable. L’évaluation globale
du bénéfice des opérations de gestion est
de + 5 !
Des
résultats très encourageants, de nouvelles perspectives
d’actions
Ce
sont les mares temporaires de platière où les bénéfices
des interventions ont été les plus importants. Ceci
nous autorise à étendre ces interventions aux quelques
autres mares de type platière du massif qui présentent
les mêmes enjeux de conservation.
Il existe donc à présent une connaissance approfondie
de la biodiversité, de la dynamique, du fonctionnement
hydrologique et de l’état de conservation de 53 %
des mares du référentiel défini en en 2003
pour la forêt domaniale de Fontainebleau. C’est là
un acquis de portée considérable en ce qu’il
constitue une information récente, opérationnelle
pour la gestion à long terme des zones humides du massif.
En raison des très forts enjeux de conservation qui repose
sur ces mares, le massif de Fontainebleau constituant un très
important bastion pour des espèces très vulnérables,
ces acquis éclairent la gestion future des mares temporaire
de platière. Ce rapport met en évidence qu’il
est possible de réussir leur restauration, de renforcer
les populations les plus menacées et de conserver leurs
habitats.
Cela permet d’espérer pouvoir freiner l’érosion
de la biodiversité des mares temporaires de platière
dont la perte serait inestimable. |
|
.....
.......Rapport
Biodiversité
.................Connaître,
protéger, gérer et valoriser le
territoire Seine-Nord
..............
.................L’Île-de-France
compte 50 forêts domaniales, soit 72 500 hectares
de forêt qui abritent .................148
sites culturels et historiques.
Connues
pour la richesse de ce patrimoine, elles abritent .................aussi
une biodiversité insoupçonnée
dans une région très urbanisée.
.................
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
.....
....
Le développement de la
filière bois francilienne est par ailleurs redevenu
une priorité régionale, tandis que les
flux importants de population mobilisent au quotidien
l’ONF. Objectif : concilier production de bois
et préservation de l’environnement.
...
L’ONF en région
Île-de-France
...
L’ONF
rassemble dans cette région près de 300
personnes mobilisées au service de la filière
forêt bois et du développement des territoires.
Rattachées à une direction territoriale,
les équipes sont réparties au sein de
deux agences, 9 unités territoriales, une agence
travaux et une agence études.
..
Contributeurs
du rapport
....
AMON-MOREAU Dominique - BUTIN Alexandre - COLAS Sarah
- DELAGE Valérie - DUCROUX Sylvain - ÉTIENNE
Sébastien - FONTAINE Nicolas
FRANGEUIL Manon - GODFREY Oonagh - LARRIERE Guillaume
- LIRON Marie - ROSE Olivier - ROUET Severine - SALVI
Magalie - SEVIN Claire
SIMON Julien SOUCHE Morgane - VALENTIN Julien
onf.fr
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|