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Guide de conception et de gestion écologique des cimetières

(4) Communication : Mieux communiquer, élément clé de la gestion écologique
Les supports de communication - Règlement intérieur et charte d’engagement
Valoriser ses pratiques : le label Ecojardin - - Retour d'expérience :
La démarche de labellisation Ecojardin du cimetière de l'Est, à Rennes

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L’usage des pesticides dans les cimetières, identifiés comme espaces à contraintes par les gestionnaires, participe à la pollution urbaine. L’interdiction de ces produits, imposée par l’extension de la loi Labbé, conduit les collectivités à trouver des alternatives qui demandent souvent des investissements supplémentaires, et sont pour la plupart chronophages. Le passage à une gestion écologique et différenciée est la seule voie possible pour ne pas augmenter le coût et le temps d’entretien, tout en respectant la loi. Ce guide, réalisé par l’ARB îdF,
a pour objectif d’accompagner les gestionnaires dans une meilleure conception et gestion de leurs cimetières.
Il apporte des solutions concrètes pour faire du cimetière un espace de nature à part entière.

Mieux communiquer, élément clé de la gestion écologique

 

Plus qu’ailleurs, la communication est un outil indispensable pour accompagner les changements de pratiques dans les cimetières.
L’application d’une gestion écologique nécessite une très bonne communication, non seulement auprès des élus, des agents, des professionnels du funéraire, mais aussi des habitants et des familles. Pour être compris et désiré par ces usagers, l’arrêt de l’usage des pesticides passe obligatoirement par une meilleure perception et acceptation de la flore spontanée.

La communication doit utiliser l’ensemble des outils et des supports à disposition de la collectivité. Ainsi selon le public visé, les actions suivantes peuvent être mises en place :

  • Les élus : journée d’information et de présentation des pratiques en insistant sur la santé des agents, le coût, l’amélioration du cadre pour les usagers…
  • Les agents techniques : journées d’information et de formation aux pratiques de gestion écologique et à l’arrêt de l’usage des pesticides. Visites de collectivités appliquant déjà la démarche dans leurs cimetières, et démonstration du matériel. Implication dans la mise en œuvre et le choix des techniques à utiliser.
  • Les professionnels du funéraire : sensibilisation sur la démarche et les techniques de gestion mises en place, via une journée d’information et de présentation. Définir avec eux les conditions d’inhumation des défunts : matériaux utilisés, signature d’une charte… (cf. : règlement intérieur et charte d’engagement, p. 87 du guide)
  • Les usagers : communication via les journaux locaux, le site Internet de la collectivité, affiches et panneaux dans le cimetière, et journées d’information afin de présenter les pratiques de gestion écologique mises en place, réponse systématique aux courriers, courriels, appels téléphoniques…

Les agents d’entretien peuvent être également des vecteurs d’information pour les visiteurs sur les techniques employées, l’évolution du cimetière, et le zéro pesticide.

Des panneaux installés à des emplacements stratégiques expliquant les techniques de gestion adoptées ainsi que les objectifs visés permettront de sensibiliser les familles sur les changements dans le paysage que la gestion écologique peut apporter. Un affichage de la réglementation à l’entrée du cimetière permettra de rappeler ce qui est autorisé ou non dans l’entretien des concessions et de faire des préconisations sur le fleurissement par exemple.


Cimetière de Mons en Belgique Jonathan Flandin

Les supports de communication


Panneau - cimetière communal de Fontainebleau (77) Arp-Astrance / EcoJardin


Panneau : les espaces sans pesticides - cimetière de l’Est à Rennes (35) Jonathan Flandin

Pour communiquer, de nombreux vecteurs et supports peuvent être utilisés pour toucher un maximum de personnes :

  • les articles dans les journaux et bulletins communaux ainsi que les prospectus : ils ont l'avantage d'être lus par la population et diffusés dans toutes les boîtes aux lettres ;
  • les panneaux en ville : ils doivent être installés sur les lieux où les actions sont les plus marquantes, en les expliquant afin de permettre aux citoyens de se les approprier ;
  • les évènements de sensibilisation : il peut s’agir d’animations autour des pratiques, de stands lors d’évènements - fête de la nature par exemple -, de conférences, d’expositions… ;
  • les agents : leurs vêtements ou les véhicules permettent de passer des messages. Les agents peuvent également échanger directement avec les usagers sur les nouvelles pratiques ;
  • l'entretien : les pratiques de gestion peuvent être mises en scène pour faciliter l’acceptation ;
  • la labellisation des pratiques : les labels permettent de valider une démarche, et permettent une reconnaissance de la qualité des modes de gestion appliqués : Eco-Jardin, Terre Saine…

à gauche : Panneau : un chantier d'enherbement - cimetière de Pessac (33) Oréade-Brèche / EcoJardin
à droite :
Affiche sur la démarche de gestion écologique - cimetière à Niort (79) Ville de Niort

Règlement intérieur et charte d’engagement

 

Panneau sur l’arrêt de l’utilisation des pesticides dans les cimetières de Caen (14) Ville de Caen
Visite du cimetière des Gonards à Versailles (78) dans le cadre d’une journée technique sur le zéro pesticide dans les cimetières Jonathan Flandin

Le règlement intérieur est un document écrit qui précise les conditions et les règles d’usage dans le cimetière. Il va permettre notamment de fixer les conditions d’inhumation des défunts ou de gestion des concessions. Dans le cadre d’une démarche de conception d’un cimetière naturel ou d’un réaménagement, le règlement pourra fixer les éléments suivants :

  • les conditions d’inhumation des cercueils : en pleine terre uniquement, proscription des caveaux ;
  • les limites des soins du corps au strict minimum ;
  • l’usage de vêtements en fibres naturelles pour habiller le défunt ;
  • le choix de cercueils en bois non traité issu d'une forêt française - avec des vernis certifiés sans solvant - ou en matériaux recyclés et biodégradables ainsi que des accessoires - cuvette, housse, garniture et poignées - en matériaux biodégradables ;
  • le choix des matériaux locaux - pierre locale par exemple - pour le pupitre d’identification de la sépulture ;
  • seulement des fleurs naturelles coupées, pas de fleurs artificielles ;
  • une végétalisation de la sépulture parmi la liste de plantations indiquées par la municipalité ;
  • l’interdiction de l’usage de produits phytosanitaires ou biocides - eau de javel par exemple - pour entretenir les sépultures.

La sensibilisation à l'entretien des sépultures est un point important dans la gestion d’un cimetière. Cette partie étant à la charge des particuliers, un mauvais entretien peut entraîner une présence d’herbe importante.

Le règlement du cimetière peut permettre d’étendre les bonnes pratiques aux particuliers en les obligeant, ainsi qu’aux entreprises intervenant en leur nom, à entretenir les concessions sans produits phytosanitaires, à procéder à la maintenance générale du monument, au nettoyage et au balayage, ainsi qu'à veiller au bon état des joints cimentés des entre-tombes pour limiter la présence d’herbe. Le concessionnaire est réputé responsable du joint bordant la concession sur la gauche, ainsi que sur les parties haute et basse. L’utilisation de produits phytosanitaires étant interdite, le désherbage manuel constitue de fait la règle.

Afin de faciliter l’application de ce règlement, la collectivité peut faire signer une charte d’engagement aux familles des défunts, ainsi qu’une attestation de suivi de ces règles aux entreprises des pompes funèbres.

Certaines communes se sont déjà engagées dans cette démarche de sensibilisation des familles aux enjeux environnementaux dans les cimetières. C’est le cas de la ville de Niort, qui dans le cadre de la création du cimetière naturel du Souché a mis en place un règlement intérieur intégrant l’ensemble de ces éléments.

Valoriser ses pratiques : le label Ecojardin

Le label EcoJardin, référence de gestion écologique des espacs verts, est un outil de communication et de reconnaissance à destination du public, des équipes d'entretien et des élus.

à gauche : Cimetière des Gonards à Versailles (78), 1er cimetière labellisé EcoJardin en 2012 Jonathan Flandin
à droite :
Cimetière de la Chartreuse à Bordeaux (33), labellisé EcoJardin en 2017
Oréade-Brèche / EcoJardin

Les principes de base du label sont les suivants :

  • un label par site, qui s’assure toutefois que le gestionnaire est bien engagé dans une démarche globale de gestion écologique ;
  • des audits réalisés par des organismes externes compétents et indépendants, et basés sur des grilles d’évaluation communes ;
  • l’engagement dans une démarche d’amélioration continue.

Un site peut être présenté à la labellisation à partir du moment où il accueille un public : grand public, salariés d’une entreprise, élèves, résidents… Ainsi, un parc, un jardin, un espace naturel aménagé, mais aussi un cimetière, peuvent être labellisés dans le but de voir validée leur gestion respectueuse de l’environnement. En 2012, la ville de Versailles a été la première à obtenir la labellisation de deux de ses cimetières : le cimetière des Gonards et celui de Notre-Dame. Depuis, ce sont 21 cimetières répartis dans toute la France métropolitaine qui se sont vu décerner le label.


Cimetière Saint-Roch à Grenoble (38) labellisé EcoJardin en 2015 Agrostis / EcoJardin
Cimetière de l’Est à Rennes (35) labellisé EcoJardin en 2013 Ville de Rennes

Retour d'expérience : La démarche de labellisation Ecojardin du cimetière de l'Est, à Rennes (35)

Si la ville de Rennes a mis en place dès 1981 une gestion différenciée de ses espaces verts communaux, l’abandon progressif des traitements chimiques a lui débuté au début des années 1990. Puis, en 2001, une expérience a été menée sur un quartier, consistant à supprimer le désherbage chimique, et à expérimenter des techniques alternatives au désherbage sur l’ensemble du domaine public. Il s’agissait aussi de faire prendre conscience aux habitants de leur rôle dans la protection de l’eau et de l’environnement. Ainsi, depuis 2005, la ville de Rennes a supprimé l’utilisation des désherbants sur son territoire, aussi bien par ses jardiniers que ses agents de la voirie, à l’exception des cimetières.

En 2011, les cimetières rennais ont été sélectionnés comme zones tests. Cela a conduit en 2012 à un arrêt total de l’usage des pesticides. Au-delà de l’entretien des sites, le travail de la direction des jardins et de la biodiversité a également consisté, en lien avec le service funéraire, à assurer une présence et une écoute en continu auprès des visiteurs des cimetières pour expliquer les objectifs de cette gestion écologique.
La communication a été un élément essentiel dans la démarche pour atteindre l’objectif zéro pesticide dans les cimetières rennais d’une part, au moyen d’une communication externe vers les usagers - in situ, accueil comités d’habitants, commissions cadre de vie, presse… - ainsi que les autres collectivités, les professionnels… et, d’autre part, grâce à une communication interne à destination des agents de la direction des jardins et de la biodiversité - formation, participation à des colloques, visites d’autres collectivités, partage d’expériences, présentation de leurs actions… - et des agents des autres directions : service funéraire, direction de quartier…
Fin 2013, le label EcoJardin (voir Le label EcoJardin, p. 88 du guide) a été attribué à la ville de Rennes pour le site du cimetière de l’Est, à la suite d’un audit portant sur huit domaines d’action : les sols, l’eau, la faune et la flore, les équipements et les matériaux, les engins et les matériels, la formation des agents, l’accueil et la sensibilisation du public, et l’intégration du site dans son environnement.
La ville de Rennes a souhaité labelliser le cimetière de l’Est pour :

  • réaffirmer son engagement sur la politique du zéro pesticide ;
  • bénéficier d’un audit externe sur un cimetière comme derniers sites passés
    au zéro pesticide ;
  • avoir une reconnaissance du travail des jardiniers et agents d’accueil ;
  • affirmer sa volonté de communication vis-à-vis des habitants ;
  • avoir une traçabilité écrite du travail effectué ;

Cette labellisation s’est faite sous la forme d’une démarche projet sur quasiment une année, et a nécessité un travail d’équipe important avec une mobilisation et une implication de chacun des participants pour :

  • des recherches sur le terrain, des recherches documentaires ;
  • des sollicitations d’autres acteurs de la collectivité ;
  • la création de documents nécessitant de traduire par écrit des actions jusque-là non formalisées ;
  • une bonne coordination générale ;
  • le respect des délais et des échéances annoncés.

Ce site a reçu le label EcoJardin en 2013, renouvelé en 2017, après un nouvel audit qui a permis de mettre en avant les évolutions du site depuis l'obtention initiale (voir Le label EcoJardin, p. 88 du guide) :

  • développement de nouvelles offres funéraires en intégrant dès la conception le végétal et le non-désherbage : archipels cinéraires, rivière de dispersion… ;
  • renforcement des zones de fauche et prairies fleuries ;
  • poursuite de la végétalisation à l'intérieur des sections ;
  • mise en place de composteurs ;
  • gestion de développement de la strate herbacée au moyen de débroussailleuses et coupe-bordures, en abandonnant progressivement les actions de désherbage ;
  • renforcement de la communication : usagers, scolaires, autres collectivités… ;
  • installation de ruches et hôtels à insectes ;
  • éco-pâturage dans le cimetière, avec l'installation de moutons d’Ouessant sur des parcelles identifiées.

Cimetière de l’Est Rennes Métropole
Désherbage alternatif des inter-tombes Rennes Métropole

Éco-pâturage par des moutons de Ouessant Rennes Métropole

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Guide de conception et de gestion écologique des cimetières

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................L'Agence régionale de la biodiversité en Île-de-France (ARB îdF) a voulu, dès sa création, sensibiliser sur les dangers des pesticides, et................ ................accompagner les collectivités dans la mise en œuvre d’une gestion écologique et différenciée de leurs espaces. C’est un axe essentiel de son................ ................action, car les pollutions aux nitrates et aux pesticides comptent parmi les deux principales causes de perte de la biodiversité en Île-de-France,
................la seconde étant la disparition et la fragmentation des habitats naturels dues à l’urbanisation et aux infrastructures.
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Les cimetières sont souvent la dernière difficulté dans la mise en place de pratiques sans intrants chimiques et plus respectueuses de l’environnement. Une conception très minérale et une perception des herbes folles liées au sentiment d’abandon en sont la cause. La diversité des personnes qui interviennent dans la gestion - collectivité, entreprises de pompes funèbres, familles des défunts - complexifie encore plus la démarche de transition écologique.
L’objectif de ce guide est de donner aux collectivités et aux professionnels les clés essentielles pour concevoir et gérer différemment leurs cimetières, tout en respectant la règlementation actuelle, encore trop souvent méconnue. De la conception à la gestion, en passant par la communication, tous les éléments présentés ici sont le fruit de la synthèse de nombreux ouvrages, fiches techniques, expériences, et rencontres en France et en Europe.
arb-idf.fr