Une
grande monographie consacrée à l’artiste français
Edi Dubien. À travers plus de 200 œuvres inédites -
dessins, peintures, sculptures, installations -, l’artiste explore
les thèmes de l’identité, de l’enfance et des
liens sensibles entre l’humain et la nature. Ses portraits poignants,
ses figures androgynes - autoportraits de l'artiste - et ses animaux poétiques
célèbrent la liberté d’être soi-même.
Une rétrospective émouvante, en dialogue avec les collections
permanentes du musée, où l’artiste nous invite à
s’éclairer sans fin : un appel à ne jamais renoncer
à l’espoir,
à l’entraide, à la beauté du monde… à
la lumière ! Dans ses œuvres, enfants au regard mélancolique,
animaux souvent fardés, et végétaux, développent
des relations d’échange, de coopération, de métamorphose
et, certainement, de consolation.
Parcours
de l’exposition
La
majorité des œuvres sont des productions inédites
réalisées spécialement pour cette exposition.
Elles sont réparties dans tout le musée :
salle d’exposition et parcours permanent. Plus de 200 dessins
+ 12 peintures + 16 installations / sculptures |
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Salle
d’exposition temporaire
Un
papier peint dessiné par l’artiste orne les murs
de la salle d’exposition temporaire. Sur un fond végétal,
un motif de crânes surmonté d’un petit point
rouge - une coccinelle - se répète à l’infini.
On entre ici dans le décor intime d’Edi Dubien, une
invitation dans ses rêves et réflexions.
Ex-voto symbolisant à la fois protection et pouvoir, douceur
et innocence, ce papier peint entremêle dans sa trame la
vie et la mort, le début et la fin.
200
dessins originaux sont exposés sur ce mur. Ils sont autant
de memento pour l’artiste qui témoignent de son besoin
vital de lien, de réconciliation, entre l’humain
et le monde sauvage. Ces dessins, aux traits fluides presque liquides,
deviennent rêverie, s’évaporent dans une atmosphère
onirique, frôlant le surnaturel. Pourtant c’est vers
la science que se tourne cet accrochage dont la densité
évoque les cabinets de curiosités des grands naturalistes,
qui croquaient ces instants de nature, compilant leurs découvertes
en anthologies. Des espèces familières côtoient
des animaux extraordinaires, certains exotiques, lointains, ou
présentant des allures facétieusement anthropomorphiques.
Certains animaux d’Edi Dubien semblent si réels que
des visiteurs jurent les avoir vus se promener dans les salles
du musée, hors de leur feuille de papier.
Au
centre de la pièce flotte une barque, symbole de préservation
et de protection des espèces, mais aussi refuge face aux
dangers. Si l’œuvre d’Edi Dubien prend source
dans son histoire personnelle, cela ne l’empêche nullement
d’être profondément ouverte sur le monde, tournée
vers l’extérieur. La barque refuge nous interpelle
également sur les enjeux écologiques actuels, sur
notre avenir commun - interespèces - face au réchauffement
climatique et à l’élévation du niveau
des mers.
Sculptée par l’artiste, cette barque rassemble une
quinzaine d’espèces animales différentes,
symbolisant l’union et la coexistence de diverses formes
de vie, et rappelant l’harmonie et le respect que doit nous
inspirer la diversité du vivant. On est tous dans la
même barque s’amuse l’artiste. Un jeune
homme est assis à bord de la barque. Il tient dans ses
mains un petit diplodocus, jouet sauvé de l’enfance.
Une vague de nostalgie fait tanguer la frêle embarcation.
Des larmes coulent des yeux du jeune homme et de ces larmes naissent
des animaux. Recouverte d‘une résine blanche, translucide
par endroits, cette installation est une apparition, celle d’un
vaisseau fantôme, une barque qui nous achemine entre deux
états, entre deux mondes… C’est ici que le
voyage d’Edi Dubien débute pour le visiteur, invité
à poursuivre son exploration dans les salles du musée. |

Sans
titre, 2024, 65×50 cm, Aquarelle et crayon sur papier
©
Edi Dubien, adagp, Paris, 2024 Photo : © Aurélien
Mole
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Salle
du sanglier
Le visiteur est accueilli dans le parcours permanent par une drôle
de créature : un sanglier naturalisé arborant un
tutu de ballet. Perçu comme un redoutable prédateur,
le sanglier, lui qui n’a pour seul ennemi naturel que le
loup gris, est métamorphosé par le simple ajout
d’un frêle jupon rose. Tout se renverse : la bête
sauvage et brutale adopte la grâce et la fragilité
de la danseuse. À la fois humoristique et absurde, cette
scène propose une critique amusée des stéréotypes.
L’enfilade
des salons
Le
parcours des salons de peinture classique du musée est
émaillé de figures de jeunes hommes sculptés.
Ces portraits - autoportraits fictionnels de l’artiste -
illustrent les transformations qui jalonnent le parcours d’une
vie. Ils racontent aussi la rencontre libératrice et fusionnelle
avec le monde sauvage.
Sans
titre, 2024, 75×110 cm, Aquarelle et crayon sur papier
©
Edi Dubien, adagp, Paris, 2024 Photo : © Aurélien
Mole
Salon
bleu
Un
renard émerge du corps de l’un de ces personnages
représentant la ruse et l’instinct, il incarne l’éveil
d’une partie cachée de la personnalité - notre
propre animalité - et marque le passage de l’adolescence
à l’âge adulte. C’est à une métamorphose
que nous assistons ici.
Salon
de compagnie
Au
centre de la pièce, un jeune homme agenouillé tient
des lapereaux dans ses mains. Figures d’innocence et de
douceur, ils soulignent la bienveillance de ce personnage protecteur
de la pureté. Edi Dubien capture un moment de sérénité
où l’humain se connecte à la nature de façon
apaisée et respectueuse. Sur une commode du XVIIIe siècle,
le visiteur découvre un ours de céramique hurlant,
gueule puissante et grande ouverte. La force de l’œuvre
cherche à provoquer une réaction du visiteur, et
l’oblige à une réponse : affronter la bête
en criant plus fort qu’elle, ou faire silence et fuir en
baissant la tête. On se doute que la réponse n’est
pas dans cette opposition binaire, car il y a plus de nuance chez
Edi Dubien et dans nos vies - comme autant de facettes à
nos identités. L’artiste invite simplement à
prendre langue, à dialoguer, à construire des liens
avec l’animal. Et surtout à l’écouter…
à
gauche : Sans titre, 2024, 29,7×21 cm, Aquarelle et
crayon sur papier
©
Edi Dubien, adagp, Paris, 2024 Photo : © Aurélien
Mole
à
droite : Sans titre, 2024, 42×30 cm, Aquarelle et crayon
sur papier
©
Edi Dubien, adagp, Paris, 2024 Photo : © Aurélien
Mole
Antichambre
Edi
Dubien peint, dessine et sculpte la tendresse qui enveloppe le
vivant lorsqu’il est protégé, compris et aimé.
Deux baisers de céramique, l’un liant un homme et
un chevreuil, l’autre unissant un homme et un renard, incarnent
cette relation fusionnelle. Ces baisers protecteurs symbolisent
un flux vital qui fertilise la terre, ouvrant la voie à
de nouvelles relations entre les êtres vivants. Le baiser
est un souffle de vie entre les deux sujets, rappelant que nous
faisons partie de la même communauté vivante, vulnérable,
interdépendante et en perpétuel mouvement.
à
gauche : Sans titre, 2024, 42×30
cm, Aquarelle et crayon sur papier
©
Edi Dubien, adagp, Paris, 2024 Photo : © Aurélien
Mole
à
droite :
Sans titre, 2024, 29,7×21 cm, Aquarelle et crayon sur papier
©
Edi Dubien, adagp, Paris, 2024 Photo : © Aurélien
Mole
Salle
du cerf et du loup
Un
dessin de très grand format réunit les deux animaux
totémiques de la forêt, le cerf et le loup, traditionnellement
considérés comme ennemis. S’affrontent-ils
? S’embrassent-ils ? Le trait d’Edi Dubien semble
avoir apaisé les rivalités. L’harmonie est
(re)trouvée. Dans cette même salle, de petites maisons
de résine transparente sont disposées au travers
des bois du cerf naturalisé appartenant aux collections
du musée. Inspirée d’un dessin de 2020, intitulé
Dans nos maisons transpercées, cette œuvre
explore la tension entre la nature et l’urbanisation. Ces
maisons illustrent l’impact destructeur de l’humanité
sur le monde naturel. Presque surréaliste - nature et architecture
s’entremêlent -, cette scène est une critique
écologique de l’impact de l’urbanisation sur
les habitats naturels des animaux. Toutefois, jamais de manichéisme
ou de leçon de morale chez Edi Dubien, les matériaux
légers et transparents des maisons suggèrent la
possibilité d’une coexistence.
à
gauche : Sans
titre, 2024, Aquarelle et crayon sur papier
©
Edi Dubien, adagp, Paris, 2024 Photo : © Aurélien
Mole
à
droite : Sans
titre, 2024, Aquarelle et crayon sur papier
©
Edi Dubien, adagp, Paris, 2024 Photo : © Aurélien
Mole
Salon
des Chiens
Un
dessin du chien de l’artiste capte l’intimité
et le lien affectif entre l’homme et son fidèle compagnon.
Entre les chiens de chasse de Louis XIV de Desportes et la chienne
allaitante de Louis XV peinte par Oudry, celui d’Edi Dubien
raconte l’évolution culturelle du lien unissant l’humain
et le chien, l’histoire de celui qui de simple auxiliaire
devient un véritable ami. En contrepoint, un baiser de
céramique stylisé suggère la connexion entre
homme et chien, et nous invite à dépasser la question
du domestique et du sauvage. Une autre œuvre prend place
dans le salon : une paire de pattes de chien en céramique
glissées dans des chaussures de drag-queen à plateforme
en résine. Le contraste avec les pattes animales participe
à cette interrogation constante chez l’artiste, de
la frontière entre nature et culture, entre sauvagerie
et domestication, entre inné et acquis. Cette critique
sociale, à travers l’objet de mode, offre une méditation
visuelle sur l’identité et la métamorphose.
Salle
des oiseaux
Edi
Dubien devait apprivoiser l’emblématique ours blanc
du musée. En glissant un bouquet de roses entre ses griffes,
il transforme la créature sauvage en un monstre de douceur…
Mais une menace subtile plane, le cœur de ces roses est fait
de crânes d’or. Que cache cette offrande ?
Salle
des trophées
Sur
la gauche, un très grand format représente un jeune
homme de dos. L’œil du visiteur convoque spontanément
en référence l’emblématique Voyageur
contemplant une mer de nuages (1818) de Caspar David Friedrich.
Dans le même mouvement d’introspection que le personnage
du tableau, le jeune homme d’Edi Dubien est lui aussi un
solitaire faisant face à l’immensité de la
nature. Intitulée Le Jardin suspendu, cette œuvre
est une méditation sur l’infini, sur les forces qui
nous dépassent. Elle répond aux couleurs du plafond
peint par Bernard Lorjou, et aux trophées qui ornent la
galerie. Comme les cailloux du Petit Poucet, Edi Dubien a semé
tout au long du parcours de délicats trésors pour
ne jamais se perdre - ou plus justement, toujours se retrouver.
Il pare un couple de léopards d’Afrique de couronnes
et de colliers en terre cuite. Plus loin, sur le palier du 1er
étage, il maquille un chevreuil naturalisé, soulignant
ses yeux d’un trait d’eyeliner de fausse fourrure.
Littéralement, un regard de biche.
Edi
Dubien dans son atelier, au premier plan une œuvre en cours
de réalisation
présentée dans l’exposition. ©
Lara Al-Gubory
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Salle
de la forêt
Le
parcours s’achève par la salle des portraits de famille,
où un renard, un chevreuil, un écureuil, une marmotte,
un blaireau, un lièvre, un sanglier et un raton-laveur
se retrouvent pour former un codex de la faune sauvage, représentant
les animaux de prédilection de l’artiste, les membres
de sa communauté, de son clan. Si la fidélité
de la représentation évoque celle des grands naturalistes,
l’aspect personnel et intime de chaque animal rappelle les
premiers portraits de la Renaissance, où les sujets étaient
souvent représentés avec un décor ou un objet
personnel illustrant leur caractère ou leur statut social.
Les portraits animaliers d’Edi Dubien se nourrissent de
la peinture, mais aussi de la photographie du XIXe et du début
du XXe siècle. Cet art, grâce aux avancées
techniques, a su capturer les traits distinctifs des sujets, et
refléter leur personnalité à travers des
poses de face. Aujourd’hui encore, cette tradition perdure
avec nos animaux de compagnie, que nous tentons de saisir dans
des moments où ils semblent prendre la pose comme de véritables
membres de la famille, méritant, eux aussi, leur place
sur la commode du vestibule, et surtout leur propre compte sur
les réseaux sociaux !
Salle
de la tique
Cette
salle présente un baiser entre un jeune homme et un chevreuil,
une œuvre conservée dans les collections du Musée
de la Chasse et de la Nature depuis sa réouverture en 2021.
Elle marque le point de rencontre entre Edi Dubien et le Musée.
Inspirée par Donna Haraway, philosophe et biologiste qui
engage une coexistence harmonieuse et interconnectée entre
les espèces, cette scène poétique et intime
invite à repenser notre relation au vivant.
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Sans
titre, 2024, 21×29,7 cm, Aquarelle et crayon sur papier
©
Edi Dubien, adagp, Paris, 2024 Photo : © Aurélien
Mole
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Toutes les œuvres : courtesy
de l’artiste, et de la Galerie Alain Gutharc, à l’exception
du dessin Dans nos maisons transpercées, prêté
par de Philippe Gautier.
Papier peint et tissus de la salle d’exposition temporaire
édités par Pierre Frey, en exclusivité pour
l’exposition, d’après un dessin d’Edi
Dubien..
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.Exposition
S'éclairer sans fin - Edi Dubien
..............
Le
Musée de la Chasse et de la Nature consacre
une grande exposition monographique à Edi Dubien.
Réunissant plus de 200 dessins, ainsi que des
peintures, des sculptures et des installations, œuvres
pour la plupart inédites, l’exposition
se déploiera dans tout le musée, dans
un dialogue intime avec la collection permanente,
les animaux naturalisés et le grand décor
de l’hôtel particulier du XVIIIe siècle
qui abrite l’institution parisienne.
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La
programmation culturelle
Née du souhait de fidéliser et de faire
se croiser les publics, la programmation culturelle
du Musée est protéiforme : visites, ateliers,
conférences, cycle des nocturnes du mercredi
soir, colloques… Le Musée mène en
outre une active politique de partenariats scientifiques,
à travers des commissariats d'exposition, des
prêts d'œuvres, des publications et des colloques..
Informations
pratiques
Jusqu'au 4 mai 2025, Musée
de la Chasse et de la Nature, 62 rue des Archives, Paris
(IIIe)
Horaires : Ouvert du mardi au dimanche de 11h
à 18h - Nocturnes le mercredi jusqu'à
21h30 sauf juillet et août
Fermé le lundi et les jours fériés
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