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Exposition La Grande expédition.
Tara, l’art et la science pour révéler l’Océan
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(2) Les paysages - Le sensible
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À travers le regard d’artistes, la Fondation Tara Océan et le Centquatre-Paris explorent les enjeux environnementaux, sociétaux et poétiques
liés à l’Océan, au coeur d’une exposition où les oeuvres présentées dévoilent la richesse et la fragilité du plus vaste écosystème sur Terre.
Cette exposition rétrospective des artistes embarqués à bord de la goélette Tara depuis 20 ans est une occasion unique de mettre en lumière l’Océan, sa biodiversité encore méconnue, son rôle dans la machine climatique et les pollutions qui l’impactent aujourd’hui, par le prisme de l’art. Déclinée autour de quatre grandes thématiques : le vivant, les pollutions, les paysages et le sensible, cette exposition accorde également
une place particulière à la découverte des
carnets de voyage dans toutes leurs formes, précieux témoignages des expéditions Tara.

Les paysages    

Yann Bagot
Flots, mer Baltique #15, #16, #18
Horizon, mer Baltique #30
Encre de Chine, eau de la mer Baltique et sel sur papier, 2023

   

En résidence sur la goélette au cours de l’expédition Tara Europa, Yann Bagot réalise des séries de dessins inspirés des paysages traversés et des recherches scientifiques à bord. Il utilise l’encre de Chine avec l’eau de mer, prélevée chaque jour, pour relier chaque dessin à son lieu de création. La série Flots et horizon, mer Baltique a été réalisée au cours des navigations le long des côtes suédoises, sur le pont de la goélette, face aux flots en mouvement, au gré des lumières, des pluies ou des variations de température. Jeux d’observation et d’immersion, ces dessins sont des tentatives de se …

 
Sur le pont de Tara © Yann Bagot

… relier aux espaces océaniques traversés, de mieux connaître ce qui a été aperçu. Ils explorent les réactions de l’encre de Chine, qui au contact de l’eau de mer se multiplie en divisions infimes, semblant révéler une vie invisible et microscopique, contenue dans l’encre, en écho aux protocoles scientifiques d’analyse de la composition de l’eau de mer, indices de l’équilibre entre le microbiome et les molécules polluantes.

Biographie
Diplômé de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris en 2008, Yann Bagot développe un travail de dessin autour du paysage et du rythme d’existence des éléments naturels, en utilisant principalement l’encre de Chine et le sel. Régulièrement invité en résidence artistique, il travaille à l’exterieur, où l’instabilité des éléments l’oblige à faire corps avec le paysage. Il est sélectionné à plusieurs reprises pour le Prix de dessin Pierre David Weill de l’Académie des Beaux-Arts, dont il reçoit une mention en 2023.

   

Nicolas Floc’h
La Couleur de l’eau, La Seine
: 144 tirages pigmentaires, collage aluminium, 2024
Structures productives, récif artificiel, Kikaijima, Japon : Photographie, 2017
Structures productives, récifs artificiels : Sculptures en béton fibré, 2013-2014


Vue d’exposition, FRAC Sud, Couleur de l’Océan, de l’Île de Riou à la Calanque de Cortiou (5 km) -5 à -30 m, 2019 © Laurent Lecat
 
En 2008, Nicolas Floc’h embarque sur la goélette Tara entre Tokyo et Keelung (Tara Pacific). À bord, il accompagne les scientifiques lors des plongées et travaille à son inventaire sur les récifs artificiels. Il poursuit également sa série photographique Paysages productifs, commencée en 2015, qui regroupe un ensemble de projets sur la représentation des paysages sous-marins, et leur rôle en tant qu’écosystèmes productifs. Cette résidence lui permet de traiter des concepts globaux comme l’acidification des océans et le réchauffement climatique. Depuis 2016, l'artiste poursuit notamment un travail exploratoire de ...

… La Couleur de l’Eau, des fleuves à l’Océan. Suivre l’eau, son parcours, son cycle, sa participation à la formation et transformation des territoires. La couleur, les couleurs, nous raconte ces temps passés, présents et futurs.

Biographie
Nicolas Floc’h vit et travaille entre Paris et la Bretagne. Marin, plongeur, il expose son travail dans des lieux comme le SMAK à Gand, le Centre Georges Pompidou ou le Palais de Tokyo, la triennale de Setouchi au Japon… Les installations, photographies, films, sculptures ou encore performances de Nicolas Floc’h questionnent une époque de transition où les flux, la disparition et la régénération tiennent une place essentielle. Depuis une dizaine d’années, son travail centré sur la représentation des habitats et du milieu sous-marin donne lieu à une production photographique documentaire liée aux changements globaux et à la définition de la notion de paysage sous-marin. À partir de projets au long cours, nourris d’expériences, de recherches scientifiques et de rencontres, naissent des œuvres ouvertes, ancrées dans le réel, où les processus évolutifs tiennent la première place.

Pierre Huyghe
A Journey That Wasn’t
Vidéo (21 min 43), 2005

   

Pierre Huyghe entreprend une expédition à bord de la goélette Tara en Antarctique, où la fonte de la banquise a laissé apparaître de nouvelles îles, et fait accélérer la mutation de la faune. Une fois débarqué, il convertit la forme de l’île en amplitudes sonores et lumineuses, qui donneront ensuite naissance à une partition. Les pulsations analogues à sa topographie créent un langage émis aux abords d’une colonie de pingouins, parmi laquelle vit un albinos. À ce fascinant voyage … dans l’immensité du cercle polaire succède un événement qui……

 
© A Journey That Wasn’t (2005), a film by Pierre Huyghe

… se déroule sur la patinoire de Central Park (New York) : un orchestre symphonique y interprète la composition musicale. Film documentaire de science-fiction, A Journey That Wasn’t plonge le spectateur dans une odyssée aussi bien visuelle que sonore.

Biographie
Né à Paris en 1962, Pierre Huyghe étudie à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de 1982 à 1985. Son travail a été exposé dans de nombreux musées, et à l’occasion d’événements internationaux comme la Biennale de Venise et la Documenta de Kassel. Depuis le début des années 1990, l’artiste réinvente les moyens de création et interroge les liens multiples entre œuvre, spectateur et réalité. Par-delà leur grand éclectisme formel - vidéos, performances, objets ou photographies -, les œuvres de Pierre Huyghe partagent de mêmes questionnements. La relation au temps et à la mémoire collective sont parfois explorées au travers d’expositions, véritables modes d’expression, qui dévoilent les dessous de la création. Les œuvres de l’artiste sont conçues comme des initiateurs d’événements : il s’agit d’exposer quelqu’un à quelque chose, plutôt que quelque chose à quelqu’un.

Maki Ohkojima
Titre en cours

Fresque, création in situ, 2024

   


L’oeil de la baleine © Maki Ohkojima, 2018-2019

 
Selon Maki Ohkojima, dessiner l’océan, c’est dessiner la vie. Elle embarque à bord de la goélette scientifique Tara lors de son passage dans les eaux nippones durant l’expédition Tara Pacific 2014-2016. L’oeuvre de Maki Ohkojima est centrée sur le cycle de vie et l’interconnexion entre les humains, l’environnement, les animaux et l’énergie spirituelle – tout ce qui nous relie d’un point de vue physique et énergétique. Cette artiste engage son public à travers la peinture, des fresques murales et des vidéos, illustrant sa vision de la nature …

… et du monde au travers de son propre monde intérieur. Pour La Grande expédition, elle crée in situ une œuvre sous la halle du CENTQUATRE-PARIS. n jouant sur un contraste entre la beauté artificielle et la réalité repoussante, Manon Lanjouère cherche à éveiller la conscience du spectateur face à la menace écologique.

Biographie
Née en 1987, Maki Ohkojima a grandi à Higashikurume (Tokyo) au Japon. Elle a obtenu une maîtrise au Département de peinture de l’université des arts et du design de Joshibi en 2011, et a exposé au Japon, en Chine, en Pologne, au Mexique et en Inde. Elle débute sa carrière comme décoratrice murale pour les particuliers. Mais avec le temps, son art s’est transformé en ce qu’elle nomme la peinture murale au-delà du cadre. En étendant sa toile sur le mur, elle crée une histoire qui imprègne l’espace d’une habitation ou d’un lieu. Ses fresques comportent souvent des images relatives à la terre et aux animaux.

Emmanuel Régent
Îles (Tara Grèce) #1, #2, #3
Pendant qu’il fait encore jour (Tara Beirut, le carrefour des hôtels) - Pendant qu’il fait encore jour (Tara Beirut 1, Tara Beirut 2)

Encre de Chine au feutre sur papier, 76x56cm, 2014
Tara : Encre de Chine au feutre sur papier, 110x130cm, 2015
Les zones de l’oubli (mer) : Encre de Chine au feutre sur papier, 110x130cm, 2018

Emmanuel Régent réalise ses dessins au feutre à l’encre noire. À la fois figuratifs, minimalistes et volontairement lacunaires, ils évoquent l’éloge de la lenteur, tout en questionnant l’influence des nouvelles technologies dans la pratique classique du dessin contemporain. Pour son séjour sur Tara, Emmanuel Régent s’est concentré sur la représentation d’îles en Grèce, ainsi que de certains sites d’architecture historique et contemporaine en ruine à Beyrouth. Explorer un lieu par voie maritime est pour lui une approche très différente de ce que l’on peut découvrir par les voies terriennes et aériennes. En évoluant en mer, à la surface de l’Océan, Emmanuel Régent

 


Îles 3 (Tara, Grèce), 2024, 76x56cm encre de Chine au feutre sur papier © Emmanuel Régent

a eu la sensation d’être un peu au bord du monde, pas vraiment dedans et pas vraiment dehors. Après son temps de résidence, il a poursuivi les dessins et le voyage à l’atelier, là où les souvenirs se transforment entre l’imaginaire et la nostalgie.

Biographie
Artiste pluridisciplinaire, Emmanuel Régent pratique le dessin, la peinture et la sculpture. Son œuvre développe une réflexion sur le temps et la chronophagie contemporaine, en faisant de la lenteur un instrument de résistance au flux d’images instantanées qui caractérise notre époque. Diplômé des Beaux-Arts de Paris en 2001, il est lauréat 2009 du Prix Découverte des Amis du Palais de Tokyo, où sera présentée son exposition personnelle en 2010. En 2012, le musée d’art contemporain de Nice lui consacre une exposition individuelle. En 2015, il est lauréat de la commande publique pour le Mémorial du camp de Rivesaltes, puis en 2018 il bénéficie d’une résidence de la Fondation Hermès à la cristallerie Saint-Louis. La même année, le consulat de France à New-York expose son dessin Palmyre durant un an. Son travail est régulièrement présenté au sein de galeries et institutions.

Carly Steinbrunn
Liquid Nitrogen - Jellyfish
: Épreuves gélatino-argentique sur papier baryté Ilford, 2014
Mica specimens : Tirage argentique N&B sur papier baryté Ilford, 2017
Pendants - Great Barrier Reef : Tirages argentiques N&B sur papier baryté Ilford, 2018


Great Barrier Reef 2018 © Carly Steinbrunn
 
À bord de Tara, Carly Steinbrunn navigue de Cala Gonone, en Italie, à Athènes, et découvre le monde de la navigation et des expéditions. Son projet, composé de plusieurs parties, prend la forme d’un livre et d’une installation de tirages photographiques. Chaque partie présente une typologie ou une étude de phénomènes physiques et de paysages, ainsi que diverses espèces marines. Son travail reconstitue de façon imaginaire le voyage de l’astronome français Jules Janssen,

parti en 1874 au Japon, pour obtenir le meilleur point de visée afin de photographier le passage de la planète Vénus devant le Soleil.

Biographie
Carly Steinbrunn est une artiste française, qui vit et travaille à Londres. Après des études à l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles, elle assiste l’artiste Éric Baudelaire. En 2010, elle crée Le Garage, une structure qui réunit des artistes et commissaires d’exposition s’impliquant dans les champs du livre d’artiste et de la photographie contemporaine. En puisant dans l’histoire de la photographie moderne et contemporaine ainsi que dans les domaines des sciences humaines et naturelles, en mélangeant des images archétypales de natures et de provenances différentes, son œuvre interroge la cohérence du réel et la validité de ses représentations.

   
Le sensible

Antoine Bertin
Conversation Métabolite
: Installation pour haut parleur ultra-directionnel, flaque de verre et métabolites sonifiés, 2022
Phytoplanktonic Conversations : Écoute méditative de composition musicale

À bord de Tara, Antoine Bertin utilise les données collectées pendant la Mission Microbiomes comme matière première pour la composition de méditations sonores sur les micro-organismes marins. Ce processus de traduction d’informations numériques en son s’appelle la sonification. Elle lui permet de révéler à nos oreilles les variations, les rythmes et les conversations du phytoplancton. En croisant ainsi recherche scientifique, coding créatif et composition musicale, l’objectif d’Antoine Bertin est de créer une série d’œuvres

 

Conservation Métabolite © Antoine Bertin

explorant l’intelligence du bloom de phytoplancton.

Biographie
Antoine Bertin est diplômé de l’ENS Louis Lumière et du London College of Communication. Son travail recoupe science et immersion sensorielle, field recording - prise de son en extérieur - et narration sonore, données et composition musicale. Il écoute les frottements, les hiatus et les curiosités du monde : ses créations prennent la forme d’expériences d’écoutes, de sculptures sonores et de méditations audio sur le sujet du monde vivant. Son travail a notamment été présenté à la Tate Britain, au Palais de Tokyo, à la Serpentine Gallery, ou encore dans des festivals. Depuis 2015, il produit une émission trimestrielle intitulée The edge of the forest pour la radio web NTS, où il donne à écouter le son d’un monde invisible. Il fonde en 2018, à Paris, Sound Anything, un studio de création d’expériences d’écoute.

Elsa Guillaume
Fins & Slices, installation
: Céramique, néoprène, rivets, 2016-2022


Amphibie, Duo show Elsa Guillaume x Hortense Le Calvez, Galerie © Catherine Bastide, Marseille, 2018

Elsa Guillaume aime aller au contact du réel : elle utilise régulièrement l’objet du carnet de voyage pour capter paysages, rencontres et anecdotes. Cette pratique quotidienne, adaptable à tout terrain lui permet de s’imprégner de son environnement, de se faire éponge. Ces récoltes dessinées sont fondamentales dans sa pratique d’atelier. L’installation Fins & Slices se compose de palmesnageoires, de sacs à dos-branchies, ou encore de lunettes yeux de poissons, invitant le visiteur à la métamorphose pour enfin accéder librement à l’espace marin… Mais ces accessoires poétiques sont aussi abats, le restant d’une pêche peu miraculeuse : on y voit ailerons et chair morcelée, la découpe est précise.

C’est le glissement de l’émerveillement vers la réalité.

Biographie
Diplômée des Beaux-Arts de Paris en 2013 et plongeuse depuis 2010, Elsa Guillaume mêle sa passion pour la mer, le dessin et la céramique dans ses créations. Avec un regard scientifique et une attention particulière portée aux questions environnementales, elle explore les univers maritimes par le biais de diverses formes artistiques, allant du dessin à la sculpture, en passant par l’installation et la vidéo. Elle établit sa pratique artistique en alliant voyages de recherche, au cours desquels elle ausculte, par le dessin et la photographie, les fonds marins et activités humaines en mer, et travail dans son atelier, où elle modèle la terre. Elle a ainsi participé à différentes expéditions scientifiques en mer, à bord de la goélette Tara, dans la station biologique de Roscoff, le long de la côte norvégienne, ou dernièrement à bord de la goélette Persévérance, navire ravitailleur du Polar Pod, le navire océanographique de Jean-Louis Étienne. Depuis 2019, Elsa Guillaume a établi son atelier à Bruxelles, où elle réalise ses œuvres dessinées, sculptées et installatives. Régulièrement exposées en France et à l’international lors d’expositions collectives et personnelles, certaines ont été récompensées, notamment par le prix COAL pour l’art et l’environnement.

Malik Nejmi
Une Odyssée
: Vidéo (17 min 12), 2015

À bord de la goélette Tara pour une traversée du Détroit de Gibraltar (Tara Méditerranée), Malik Nejmi filme tout simplement la mer. Mais ensuite, dans l’intimité à bord, l’artiste cherche à se faire raconter les rêves et l’aspect merveilleux du voyage en mer. Dans sa cabine, il installe un petit studio avec un fond noir, et demande aux Taranautes de fermer les yeux pendant une minute pour laisser émerger des images mentales. Il tourne des vidéos muettes qu’il associera à des images de la mer, en fonction des ressentis de chacun. Il intègre également des sons capturés à bord. L’installation vidéo …
 
Une Odyssée (17 ’ – 2015) © Malik Nejmi

… triptyque Une Odyssée fonctionne au rythme de la musique de Laurent Durupt - piano, percussions -, le poème écrit et lu par Touda Bouanani, et la performance des artistes invités.

Biographie
Né d’un père marocain et d’une mère française, Malik Nejmi est autodidacte. Après un premier reportage photographique au Bénin en 1999, il découvre et forge ce qui deviendra, au sein d’une extrême variété de formes et de techniques, l’axe de son travail. Celui-ci se compose de deux parties : l’une engagée, prend la forme de petits récits photographiques où l’investigation documentaire et les questions anthropologiques - en Afrique principalement - lui permettent d’élargir le creuset artistique et la reconquête d’un territoire lié à l’enfance et au rituel. L’autre, plus vaste, s’attache à renouer avec le Maroc, pays que son père a quitté pour rejoindre la France. Exposées dans le monde entier, des Rencontres d’Arles au Phnom Penh Photo Festival, ses œuvres ont intégré les collections de la BnF, de la fondation HSBC, du CNAP, ou encore de l’Agence Française de Développement.

Renata Padovan
Série Orbital (la mémoire des vagues)
: Tirage d’art sur papier coton, 2024
Série Deriva (chroniques spatio-temporelles) : Tirage d’art sur papier coton, 2024 - Gravure sur verre

Orbital series, #004 © Renata Padovan
 
À bord de Tara, Renata Padovan a développé plusieurs séries d’œuvres motivées par un sentiment de suspension. En pleine mer, elle s’est sentie comme au milieu d’une forêt, ressentant une forte connexion avec l’imprévisible. Les aléas du vent, de la houle, pouvaient déclencher des altérations inattendues sur son corps et son environnement. Cette sensation, ce mouvement perpétuel l’a convaincue qu’elle faisait elle-même partie de cet environnement, de la nature. Anticipant le tangage du bateau, elle a amené à bord un pendule, fixé à un trépied, avec à l’intérieur un stylo à encre. Au fil des vagues, les mouvements …

… s’inscrivaient sur le papier calque. Parfois des répétitions rythmiques qui finissaient par déchirer les fibres, parfois des changements de direction abrupts. Cette énergie des vagues traduite en dessins est à l’origine de la série Orbital. Une autre série, Deriva, est née de l’observation des tracés GPS alors que Tara dérivait pour collecter l’eau. Dans cette série, la surface de la mer et les tracés GPS sont reconnectés, à travers la photographie et les verres gravés.

Biographie
Renata Padovan est une artiste brésilienne qui vit et travaille à São Paulo. Elle se forme au Chelsea College of Art de Londres. Ses travaux s’inspirent des recherches sur la dégradation de l’environnement et de ses effets socioculturels. Depuis 2012, elle voyage régulièrement en Amazonie pour apprendre des populations locales et mener des recherches sur l’occupation des terres, la déforestation et l’épuisement des rivières locales. Elle utilise une variété de techniques et choisit ses supports en fonction du concept de chaque projet. Son travail a été exposé au Brésil et dans diverses institutions, galeries et festivals à travers le monde.

Noémie Sauve
Dans le cadre de l’expédition Tara Pacific dédiée à l’étude des récifs coralliens, Noémie Sauve s’est trouvée confrontée aux hypothèses sur le déclin des coraux, et aux tentatives d’ingénierie écologique pour les sauver. Au cours des huit semaines en mer, ses échanges avec les scientifiques l’ont amenée à formuler des énigmes sur la vie, la fragilité, mais aussi la résilience des récifs coralliens, qui ont guidé sa recherche plastique en atelier. Inspirée par la manière dont les coraux fabriquent leurs exosquelettes, l’artiste a réalisé une série de dessins - qu’elle nomme dessins en exosquelettes - en adaptant la technique de la galvanoplastie pour réaliser des précipités de cuivre par …
 
Eau paralysée par le venin des cnidocytes, 2018 © Noémie Sauve

… électrolyse, traçant strictement des formes organiques sur le papier. Ce langage plastique puise dans le fantasme de voir l’invisible pour restituer l’émerveillement d’une rencontre avec l’altérité radicale des coraux. Les œuvres issues de cette enquête reposent sur une expérience fondatrice vécue en plongée sur le récif corallien de Heron Island (Australie) : celle de faire partie d’un milieu vivant, foisonnant et autonome.

Biographie
Noémie Sauve vit et travaille à Paris. Elle est artiste et professeure à l’école supérieure d’art et de design TALM Le Mans et aux Ateliers Paul Flury à Montreuil. Sa pratique artistique explore diverses formes plastiques - sculpture, dessins, peinture -, et son travail figuratif, où territoires et formes animales sont des motifs récurrents, est centré sur les enjeux de liberté, de pouvoir et de domination. Toujours située sur des terrains d’enquête, elle mène des collaborations fréquentes avec des scientifiques. Dans ses œuvres - qui jouent sur des effets hypnotiques et de fascination liés aux fantasmes que nous projetons sur le monde naturel - elle explore des manières renouvelées de restituer et traduire les enjeux politiques de nos relations aux autres vivants.

Lara Tabet
Série Regnum Marine : atlas des espèces marines invisibles
: Tirages sur papier salé
 

Regnum Marine est un répertoire d’images collectées sur de nombreux sites à travers l’Atlantique au cours de la Mission Microbiomes, de Pointe-à-Pitre jusqu’au Sénégal. Basés sur les nombreuses données accumulées par le FlowCam, les visuels sont imprimés au papier salé pour créer des cartographies d’espèces planctoniques qui explorent l’eau en tant que matériau, métaphore et archive qui modifie continuellement ce qu’elle contient à travers les forces physico-chimiques qui l’habitent.

Regnum Marine, Sample 79 - épreuve sur papier salé © Lara Tabet

Biographie
Lara Tabet est médecin biologiste et artiste plasticienne. Son travail, à la croisée de la photographie, de la biologie et de l’environnement, est fondé sur la recherche et l’expérimentation. Ses travaux récents mêlent la recherche scientifique avec la fiction et l’autobiographie en relation avec l’eau, la toxicité et les intrications multiscalaires entre les échanges microscopiques et les flux globaux. Elle s’intéresse particulièrement à l’interaction entre la matière photographique et l’élément biologique, tout en questionnant les frontières poreuses entre la grammaire numérique et son contrepoint argentique. En mettant en œuvre des techniques photographiques anciennes ainsi que les nouvelles technologies de l’image et de la biologie synthétique, Lara Tabet aborde la question de la classification du vivant et la tension entre le bio-politique et le bio-poétique.
 

La Fondation Tara Océan

La Fondation Tara Océan est la première fondation reconnue d’utilité publique consacrée à l’Océan en France. Depuis 21 ans, elle mène une révolution pour préserver le vivant, convaincue que l’Océan est essentiel à l’équilibre de notre planète. Explorer l’Océan et partager les découvertes scientifiques pour susciter une prise de conscience collective est au cœur de la mission de la fondation.
La fondation mène des expéditions scientifiques, en partenariat avec des laboratoires de recherche d’excellence, pour étudier la biodiversité marine ainsi qu’observer et anticiper les impacts du changement climatique et des pollutions. Elle sensibilise les citoyens, des jeunes générations aux décideurs politiques. Grâce à son statut d’Observateur Spécial à l’ONU, la fondation participe activement à la gouvernance internationale de l’Océan.
La Fondation Tara Océan c’est aussi un lieu de résidence artistique et d’aventures en mer. À bord de la goélette Tara, des artistes observent et réécrivent, selon leur sensibilité et leur imagination, la richesse de l’Océan, source inépuisable d’inspiration. Ce sont 700 scientifiques du monde entier, 100 marins, 50 artistes et 30 correspondants de bord qui ont parcouru l’Océan à bord du laboratoire flottant.

   

© Quentin Chevrier

© Quentin Chevrier
 

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Exposition La Grande expédition Tara, l’art et la science pour révéler l’Océan

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La Grande expédition invite au voyage et à la prise de conscience, en mettant en avant les créations - peintures, sculptures, photographies, installations audiovisuelles et sonores… - réalisées dans le cadre de ces résidences. En contrepoint de ces propositions artistiques, des éléments d’éclairage scientifique viennent prolonger la perception des œuvres, faisant dialoguer la rigueur scientifique de ces expéditions marines à l’imaginaire des artistes.

 

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Informations pratiques
Exposition ouverte jusqu'au dimanche 2 mars 2025, du mercredi au dimanche de 14h à 19h
Ouvertures exceptionnelles : les mardis des vacances scolaires - Fermetures exceptionnelles : le 25-12-24 et le 01-01-25
Tarifs : de 3€ à 8€ - Centquatre-Paris 5 rue Curial - Paris (XIXe)
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