L’étude de l’Apur vise à dresser un état
des lieux du système post-collecte sur le périmètre
de la métropole du Grand Paris, c’est-à-dire du
transit des flux collectés, de leurs sites de regroupements (plateformes
de transfert), des conditions de stockage et des expéditions vers
les usines de recyclage du verre. Elle vise ainsi à identifier
d’éventuelles pistes d’optimisation de ce système
(aspects fonciers, contractuels, logistiques notamment) dans la double
optique de rationalisation des organisations (coûts et qualité
du verre trié) et de la baisse des émissions
de gaz à effet de serre (GES). Cette étude documente un
process mal renseigné jusqu’alors et identifie des pistes
d’optimisation du recyclage
du verre sur le territoire, notamment sur une gestion des plateformes
post-collecte plus coordonnée.
Quantification
des flux du verre |
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Performance
de collecte
La
majorité du verre collecté dans les communes de
la métropole du Grand Paris provient de Paris, du fait
du nombre important d’habitants, de la densité
du maillage en points d’apport volontaire, de la fréquence
de la collecte en porte-à-porte, et de l’importance
des activités de restauration.
On observe une importante différence des performances
de collecte entre les communes de l’est et de l’ouest
de la métropole. Voici quelques hypothèses pouvant
expliquer ces disparités :
•
Captage de verre important dans les arrondissements centraux de
Paris du fait de la présence de gros producteurs de verre
: cafés, hôtels, restaurants ;
• Une
consommation variable de verre des ménages selon leur typologie
: catégorie socio-professionnelle…
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Performance
de collecte du verre dans la Métropole du Grand Paris
Note
: certaines données communales sont des estimations, issues
de données calculées, pour plusieurs raisons : les
collectes qui sont réalisées sur plusieurs communes
ne permettent pas d'avoir un tonnage communal réel, les
données transmises par les EPT le sont à l’échelle
territoriale : Vallée Sud Grand Paris - T2, ou d’appartenance
syndicale : SIVOM, SIREDOM.
Sources
: EPT, Verallia - Traitement Apur |
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En
dehors de Paris, dont le verre collecté a excédé
les 75 000 tonnes en 2022 - soit 35 kg/hab, le ratio le plus élevé
des territoires composant la métropole du Grand Paris -,
les EPT où l’on capte les volumes le plus importants
de verre - tous syndicats confondus -, sont Paris Ouest La Défense
(T4), Paris Est Marne & Bois (T10) et Grand-Orly Seine Bièvre
(T12). Cependant, lorsqu’on rapporte ces tonnages à
la population, ce sont les 3 territoires des Hauts-de-Seine ainsi
que le T10 qui sont les plus performants. À l’inverse,
les territoires de Seine-Saint-Denis captent moins de verre que
la moyenne métropolitaine, en particulier les communes
de Plaine Commune et de Paris Terres d’Envol.
Dans l’ensemble, près de 150 000 tonnes de verre
ont été collectées dans la métropole
du Grand Paris en 2022, soit une moyenne de 21 kg par habitant.
Le territoire des communes du Syctom, porté par les performances
de collectes parisiennes, est légèrement plus élevé,
puisque l’on arriverait à environ 22,5 kg par habitant
pour un total de plus de 125 000 tonnes, soit 92 % du verre capté
dans la métropole du Grand Paris. |
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Regroupement
du verre
Le
verre collecté est déposé aux centres de
regroupement prévus dans les contrats de collecte et
de regroupement. La répartition du verre par centre de
regroupement suit les tonnages de verre collecté à
la commune : les exutoires du verre parisien sont donc les centres
par lesquels le volume le plus important de verre transite.
Il s’agit des plateformes d’Alfortville, Ivry-sur-Seine
et Gennevilliers, respectivement exploitées par Sepur,
Derichebourg et Veolia.
Le site de Mineris à Villeparisis est l’exutoire
de très nombreuses communes de Seine-Saint-Denis, mais
il ne reçoit pas des volumes aussi importants que les
3 centres de regroupement des arrondissements parisiens. Il
est cependant le site par lequel le volume le plus important
de verre transite en dehors des sites parisiens, suivi par les
sites de Veolia à Châtillon et de Suez à
Gennevilliers. La raison pour laquelle un volume plus important
de verre transite par ces sites est qu’ils sont les exutoires
de communes plus nombreuses, en provenance de différents
EPT, et plus peuplées par rapport aux sites de Nicollin
à Buc, de Suez à Limeil-Brévannes, de Véolia
à Bonneuil-sur-Marne et de Paprec à Noisy-le-Sec.
En dehors du périmètre du Syctom, les emballages
en verre en provenance des communes du Val-de-Marne adhérentes
à la RIVED sont transférés au centre de
la RIVED à Rungis (94), ceux en provenance des communes
adhérents au SMITDUVM sont transférés au
site Suez de Limeil-Brévannes (94), ceux en provenance
des communes adhérentes au SIVOM sont transférés
au site du SIVOM à Varennes-Jarcy (77) tandis que le
verre de Rueil-Malmaison est transféré au site
du SITRU à Carrières-sur-Seine (78). À
l’exception du site de la RIVED à Rungis, le verre
d’autres collectivités hors métropole transite
par ces différents centres de regroupement. Il est donc
raisonnable de penser que les flux de verre transitant par ces
centres sont en réalité plus importants que ceux
renseignés dans le graphe ci-contre puisque les données
renseignées ne le sont que pour les communes de la métropole
du Grand Paris.
Il existe un important enjeu de qualité du verre lié
à l’exploitation des plateformes de regroupement.
Les audits réalisés par les collectivités
territoriales témoignent de la qualité du verre,
tandis que les analyses de Verralia montrent que la qualité
du verre collecté n’évolue pas. Malgré
ces constats, peu d’actions concrètes sont menées
à ce jour.
Tonnes
de verre par site de regroupement : 131 communes de la Métropole
du Grand Paris
La
présence d’indésirables dans le verre collecté
peut être multifactorielle et provenir de différentes
phases de la gestion du verre :
-
Pré-collecte : les bacs à verre peuvent
être pollués par d’autres flux. Si le verre
en provenance des points d’apport volontaire est conforme
à plus de 90 % aux prescriptions de qualité,
ce n’est pas le cas du verre collecté en porte-à-porte
: les bacs roulants ne sont pas toujours fermés.
-
Pendant la collecte
: les bennes utilisées pour la collecte du verre sont
parfois non-vidées d’un autre flux - présence
de sacs d’ordures ménagères ou restes
d’encombrants dans la benne -, et les cahiers des charges
des collectivités ne prévoient pas tous à
ce jour d’obligation de contrôle de l’état
de propreté des bennes.
-
Post-collecte (regroupement) : dans le cas de plateformes
multi-déchets, il
existe des risques de débordement des alvéoles
qui peuvent entraîner une pollution du flux verre par
d’autres flux. De plus, l’absence de revêtement
au sol dans l’alvéole de stockage du verre peut
entraîner un mélange du verre avec du sable lors
du chargement. Pour
finir, certaines plateformes mélangent dans la même
alvéole le verre en provenance de différents
EPT, ce qui engendre un double problème de traçabilité
et de qualité, dans le cas où l’un des
flux a été pollué en amont.
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Regroupement
de bouteilles en verre
©
Apur - Hugo Parsons
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Regroupement de flacons en verre
©
Apur - Hugo Parsons
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Source : EPT
- Traitement Apur
Pesée
d’un camion de collecte sur le pont-bascule à l’entrée
du centre de regroupement de Mineris à Villeparisis ©
Apur - Hugo Parsons
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Traitement
du verre
Après
avoir été collectés et massifiés,
les emballages en verre sont envoyés vers ces centres
de traitement où le verre est trié puis broyé
sous forme de calcin. Le tri est une étape nécessaire
- car il demeure à ce stade encore des objets indésirables
: couvercles, capsules, verres non-conformes comme la céramique
ou la porcelaine 7… - qui est réalisée manuellement
et automatiquement : tri magnétique, tri optique…
Le verre est trié par couleur - blanc d’un côté,
coloré de l’autre - puis broyé pour former
du calcin, qui sert de matière première dans la
fabrication de nouveaux emballages en verre. Celui-ci est obtenu
grâce à l’ajout de sable et de bicarbonate
de soude.
Par la suite, le calcin est envoyé dans un centre de
production du verre, où il est fondu dans un four à
plus de 1 400 °C et transformé en pâte à
verre. Celle-ci est ensuite moulée et refroidie pour
réaliser de nouveaux emballages.
à
gauche : Calcin
coloré - Site Everglass à Rozet-Saint-Albin (02)
© Apur - Hugo Parsons
à
droite : Calcin
blanc - Site Everglass à Rozet-Saint-Albin (02)
©
Apur - Hugo Parsons
Il demeure à ce jour impossible de retracer le cheminement
du verre du bassin de collecte au centre de traitement dans
son intégralité, car il existe des inconnues sur
les liens entre les données de collecte et les données
transmises par Verallia.
À partir du moment où Verallia récupère
le verre en plateforme de regroupement, les collectivités
et les gestionnaires des plateformes de regroupement ne savent
pas toujours où le verre issu de leur territoire est
envoyé. Ce phénomène limite également
la remontée d’informations relative aux défauts
du verre collecté, et empêche en ce sens l’amélioration
des phases de pré-collecte et de collecte sur ce point.
Pour l’ensemble des 82 communes du Syctom, Verallia a
traité 125 087 tonnes de verre en 2022, tandis que les
données de collecte transmises par ces mêmes collectivités
font état de 126 514 tonnes collectées, soit un
écart de 1 % équivalent à 1 500 tonnes.
Cet écart peut cependant être expliqué par
certains ajustements techniques, comme le fait que des tonnages
de verre déposés au centre de traitement à
la fin d’un mois de décembre d’une année
n n’y sont récoltés par Verallia au début
du mois de janvier d’une année n + 1.
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Camion
benne Sepur au départ du dépôt de Villeparisis
(77) ©
Apur - Hugo Parsons |

Camion
benne Derichebourg
(Paris XIIIe) ©
Apur - Chloé Hinnekint |
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Freins,
leviers et pistes d’optimisation |
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Objets
indésirables avant le tri - Site Mineris à Villeparisis
(77)

Objets indésirables après le tri - Site Everglass
à Rozet-Saint-Albin (02)
22,5
kg de verre par habitant ont été collectés
en 2022
dans les 82 communes adhérentes au Syctom.
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La
gouvernance
Il
existe à ce jour une multiplicité de types de contrats
de collecte, de syndicats de traitement, de prestataires de collecte,
et de regroupement, dans la métropole du Grand Paris. Le
cumul des situations particulières, héritage des
pratiques en place depuis 50 ans, rend le système difficilement
lisible, et peut probablement freiner des logiques d’optimisation
du système.
La rationalisation et l’harmonisation des contrats de collecte
sont une piste à explorer. Le territoire de Boucle Nord
de Seine (T5) a, par exemple, d’ores et déjà
prévu de mettre fin aux contrats communaux en 2026. Ce
n’est pas le cas des communes de Paris Ouest La Défense
(T4).
Le deuxième frein identifié, en lien avec cette
gouvernance morcelée, est celui de la dilution de la responsabilité,
conséquence de l’enchevêtrement d’acteurs
et d’intermédiaires. Cette dilution de la responsabilité
fait office de frein à la remontée d’information,
et de ce fait limite également la mise en place d’actions
correctives par rapport à des défauts ou des mauvaises
pratiques.
La
logistique
Dans
l’ensemble, l’implantation de l’immobilier logistique
de la filière du verre répond à une cohérence
géographique. Cependant, certains trajets du garage à
bennes au secteur de collecte, ou du secteur de collecte au centre
de regroupement, sont très longs, et pourraient être
optimisés. Par ailleurs, le cas de figure où centre
de regroupement et garage à bennes sont sur le même
site constitue une situation optimale du point de vue des distances
parcourues.
Les cahiers des charges des contrats de collecte pourraient exiger
du prestataire qu’il utilise ses sites logistiques les plus
proches du secteur de collecte. Ils pourraient également
exiger que la plateforme soit conforme aux attendus de la fiche
Aire de stockage et de transfert du verre brut ménage
réalisée par Verre Avenir : verre-avenir.fr.
L’optimisation des circuits logistiques, en ayant recours
à des modes moins émissifs - transport fluvial,
ferroviaire -, semble en revanche une fausse piste, dans la mesure
où cela génère des ruptures de charge supplémentaires
dans la chaîne logistique, susceptible d’entraîner
une dégradation de la qualité du verre collecté.
En effet, les critères d’acceptabilité du
verre pour qu’il puisse être traité sont stricts
et quantifiés - densité, taux d’impuretés,
teneur en infusibles -, et les tonnages collectés qui ne
répondent pas à ces critères ne sont pas
payés aux territoires.
Le
suivi et la traçabilité du verre
Pour
les collectivités, la traçabilité du verre
est perdue après la collecte, c’est-à- dire
lors de la phase de regroupement : les territoires n’ont
pas d’autre choix que celui de faire confiance aux tonnages
déclarés. Des écarts sont parfois constatés
entre les données du verre collecté et du verre
traité par Verallia, et les collectivités sont en
incapacité de vérifier de manière objective
l’information transmise. Ces écarts peuvent s’expliquer
en partie par des raisons techniques liées aux stocks.
Elles n’ont pas non plus de visibilité sur le verre
qui est déclassé en centre de traitement. Or, ce
type d’information pourrait être un levier pour optimiser
la phase pré-collecte et agir sur les comportements.
Une amélioration de la communication entre les différentes
parties prenantes de l’écosystème de la collecte
du verre - collectivités, syndicats de collecte et traitement,
prestataires de collecte et/ou de regroupement, et Verallia -
est une piste. Elle pourrait prendre la forme d’un groupe
de travail, pour aboutir à la mise en place d’une
plateforme de suivi partagée, à partir de la mise
en commun des données de chacun. Ce lieu de partage et
d’échange pourrait favoriser la mise en place de
pistes concrètes d’optimisation du système
post-collecte du verre : remontées d’information,
transparence de la donnée, partage d’expérience
à travers des actions à mettre en œuvre…
La
qualité du verre
L’amélioration
de la qualité du verre collecté demeure un enjeu
primordial. Les audits réalisés dans les centres
de regroupement témoignent d’une qualité moyenne
du verre pour plusieurs raisons : pollution des alvéoles
de verre par d’autres flux, absence de revêtement
au sol, partage des alvéoles entre plusieurs EPT…
L’une des pistes d’amélioration serait de rendre
obligatoire dans le cahier de charges le contrôle qualité
systématique à la réception des bennes, et
de prévoir des pénalités à appliquer
au gestionnaire de plateforme en cas de non-respect de ce contrôle.
L’augmentation
du taux de captage
Au
regard des objectifs européens de tri, de 70 % en 2025
et de 75 % en 2030, les sites de regroupement et de traitement
du verre sont en mesure d’absorber un tonnage supérieur
à ceux constatés, en raison d’une forte demande.
En effet, Verallia collecte le verre auprès des plateformes
de regroupement à mesure que celui-ci arrive, et peut accompagner
une montée en charge des tonnages avec des rotations plus
fréquentes. L’enjeu pour augmenter le tonnage de
verre capté semble principalement lié au système
pré-collecte et au déroulement des collectes, plutôt
qu’à une adaptation du système post-collecte.
Il conviendrait de questionner davantage :
•
Le
système pré-collecte : maillage en points d’apport
volontaire, fréquence des collectes en porte-à-porte,
dispositifs de sensibilisation et communication des collectivités
auprès des ménages et professionnels.
•
Le
déroulement des collectes, en réalisant des entretiens
avec les salariés en charge des collectes, qui connaissent
leurs secteurs de collecte, ainsi que leurs points faibles,
et auraient des pistes opérationnelles à proposer,
y compris sur l’adaptation des collectes d’autres
flux, qui peuvent dégrader la qualité du verre
collecté.
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.....
.Étude
La filière du verre : acteurs, flux et
enjeux
État des lieux et perspectives
du système post-collecte dans la Métropole
du Grand Paris
..............
Le
verre est trié depuis 50 ans en France, ce
qui en fait un flux historique en matière de
recyclage. Malgré cette ancienneté,
les syndicats en charge de la collecte et du traitement
du verre peinent à augmenter leur taux de captage
du verre. En effet, seuls 50 % du flux de verre est
capté sur le territoire des 82 communes adhérentes
au Syctom, le reste étant retrouvé dans
les ordures ménagères résiduelles
(OMR).
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......

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....
Face à ce constat, et aux objectifs européens
de valorisation du verre, il s’agit d’analyser
le système actuel de post-collecte et de traitement
du verre afin d’en identifier les pistes d’optimisation.
Cette étude a vocation à dresser un état
des lieux du système post-collecte du verre -
acteurs et logistique -, d’identifier d’éventuelles
pistes d’amélioration au regard des flux
du verre dans les communes adhérentes au Syctom
et plus largement celles de la métropole du Grand
Paris.
Directeur
et directrice de la publication : Alexandre LABASSE,
Patricia PELLOUX
Étude réalisée par : Hugo PARSONS
Sous la direction de : Olivier RICHARD
Cartographie et traitement statistique : Hugo PARSONS
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