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Étude Espaces publics à végétaliser à Paris.
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(4) Les enjeux spécifiques des quartiers carencés en végétation :
Les voies de plus de 19 m de large, une trame verte essentielle pour les quartiers carencés
Le maillage des grandes voies plantées à renforcer en mobilisant les rues de 11 à 19 m de large
Les places et retraits d’alignement, un potentiel en secteurs carencés

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L’étude porte sur une identification de sites qu’il conviendrait de végétaliser au regard de critères : morphologiques et historiques ; liés
au développement des corridors écologiques, de réduction de l’effet de l’îlot de chaleur et de réduction des zones de carence en végétation ; urbains de centralités et des équipements ; d’opportunité : projets engagés sur les portes de Paris, le Boulevard périphérique et la Ceinture verte, les bords de Seine, les axes vélo et les infrastructures en sous-sol. Ces évolutions vont transformer durablement les pratiques et
les aménagements de l’espace public parisien, et cette étude pourra être un socle commun pour nourrir les échanges et choix à venir.
La Ville de Paris s’est fixée, à travers ses différents plans, les objectifs d’atteindre 40 % de son territoire
perméables et végétalisés d’ici 2040, et d’augmenter de 2 % l’indice de canopée d’ici 2030.

Les enjeux spécifiques des quartiers carencés en végétation  
Paris bénéficie d’une couverture végétale moyenne de 21 % - hors bois - calculée à l’îlot par traitement de la photographie aérienne de 2015. La couverture végétale varie beaucoup selon les quartiers et les types d’espaces. Les quartiers qui présentent la couverture végétale la plus faible sont les quartiers centraux de la rive droite.

 
Taux de végétation à l'îlot et plantations d'alignement Source : Apur, DEVE

La zone de carence* en végétation
couvre 60 % de la surface des îlots parisiens, hors bois

* : la zone de carence est définie comme étant l’ensemble des îlots dont le taux
de couverture végétale est inférieur à 20 % de la surface totale

 

En raison de leur haute densité bâtie, les Ier, IIe, IIIe, IVe, IXe et Xe arrondissements offrent une couverture végétale inférieure à 15 %, et même 3,3 % dans le IIe arrondissement. En s’éloignant du centre de Paris, la couverture végétale augmente. Les arrondissements les mieux dotés en végétation sont à la périphérie. Ce sont les XIVe, XVIe, IXe et XXe arrondissements, avec une couverture végétale supérieure à 25 %.

Par ailleurs, le taux de végétalisation varie en fonction des types d’espaces. Les bois ont un couvert végétal moyen de 70 % de leur surface ; les parcs et jardins 68 % ; les cimetières 50 % ; les terrains de sport de plein air 34 % ; les espaces publics de voirie 20 % ; les autres équipements publics - écoles hôpitaux… -, 18 % ; les espaces d’habitation et d’activité économique 15 % en moyenne. À partir de l’ensemble de ces éléments, nous avons défini le seuil de carence en végétation à 20 % du taux de végétation. Ce seuil, légèrement inférieur à la moyenne parisienne (21 %), permet d’englober la diversité des situations liées à la forme de la ville et à ses occupations.


Ainsi définie, la zone de carence* en végétation couvre 60 % de la surface des îlots parisiens, hors bois. La ville dense et minérale est une part de l’histoire de l’urbanisme parisien, et notamment du tissu de faubourg et aussi du tissu Haussmannien constitué de cours assez petites dans les îlots. Ces quartiers ne bénéficient pas des multiples bénéfices, liés à la présence de la nature en ville, comme l’ombrage, les microbrises thermiques, l’absorption des eaux de pluie, l’augmentation de l’humidité de l’air, la fixation des poussières, du CO2 et de certains polluants atmosphériques, ainsi que l’embellissement de la ville, la création de zones de repos et, parfois, de production alimentaire. La présence d’arbres et de petits espaces végétalisés est aussi un facteur atténuant de la carence en espaces verts accessibles, comme le souligne le Plan Vert d’Île-de-France. Pour améliorer la qualité du cadre de vie de ces quartiers carencés en végétation, plusieurs actions peuvent être menées dans les îlots privés comme sur l’espace public.

 


Quartier de l’Odéon (VIe)
© ph.guignard@air-images.net


Quartier des Buttes-Chaumont - Mouzaïa (XXe)
© ph.guignard@air-images.net


Quartier Saint-Lazare (VIIIe)
© ph.guignard@air-images.net
Ceinture verte à la Porte Dorée (XIIe)
© ph.guignard@air-images.net

 
Les voies de plus de 19 m de large, une trame verte essentielle pour les quartiers carencés  

Rue Lafayette (IXe) © Apur


Rue Étienne Marcel (Ier)
© Apur

Comme vu aux chapitres précédents, les 723 km de voies de plus de 19 m de large sont les plus propices à la double plantation d’arbres d’alignement de grand développement.
Ces voies sont plantées d’arbres sur 70 % de leur linéaire. Ces plantations ne sont pas toujours continues, et pourraient dans certains cas voir leurs alignements doublés. L’état des plantations des strates arbustives et herbacées n’est documenté que sur les corridors de biodiversité, qui indiquent une faible présence de la végétation base en pied d’arbre, et une forte discontinuité de ces strates végétales.
Ainsi, les 95 km de voies non plantées de 19 m de large, situées dans les secteurs carencés, représentent un potentiel important à mobiliser, en particulier sur les 42 km situés dans les secteurs de centralités urbaines. Ces voies devraient être analysées au regard du potentiel de liaison écologique qu’elles pourraient offrir. Les 56 % des voies situées hors centralité (53 km), devraient pouvoir devenir à court terme des corridors fonctionnels et des lieux de grande qualité paysagère et urbaine.

D’autre part, le renforcement de la végétation des 176 km de voies plantées de plus de 19 m de large dans les secteurs carencés en végétation, qu’elles soient corridors de biodiversité ou non, est à entreprendre avec un soin particulier, afin d’apporter une plus-value écologique, mais également urbaine et paysagère à ces quartiers.
Ces voies devraient pouvoir retrouver toutes les qualités des promenades urbaines historiques, adaptées aux usages contemporains, tant sur les 93 km de voies situées dans des secteurs de centralités urbaines, que sur les 83 km situés hors centralités. Ceci impliquera localement d’élargir les trottoirs, de renforcer l’ombre portée des grands arbres, ou encore de compléter l’offre de mobilier de confort.


Boulevard de l’Hôpital (XIIIe) © Apur

Boulevard Saint-Germain (VIIe) © Apur
Renforcer la végétation des 176 km de voies plantées de plus de 19 m de large dans les secteurs carencés en végétation

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Le maillage des grandes voies plantées à renforcer en mobilisant les rues de 11 à 19 m de large

On dénombre 340 km de voies de largeur moyenne (entre 11 et 19 m) dans les quartiers carencés en végétation. Ces voies sont plantées ou partiellement plantées sur seulement 16 % de ce linéaire.
Parmi les 255 km de voies non plantées, 97 km sont compris dans ces centralités urbaines, et 188 sont hors centralité.
La plantation unilatérale de ces voies, même ponctuellement, pourrait représenter une plus-value importante pour ces quartiers, tant du point de vue paysager, que pour limiter les îlots de chaleurs et participer au maillage écologique dans le tissu urbain dense.
Le choix des voies pourrait se porter soit sur les plus grands linéaires favorisant la création de parcours frais et de continuités écologiques cohérentes, en s’appuyant sur les voies de faubourg notamment, soit sur des secteurs stratégiques à définir localement.
Une part de ces voies est déjà identifiée comme porteuse de forts enjeux de végétalisation du fait de leur proximité avec des espaces verts publics ou privés. Ces voies sont parfois en limite des secteurs carencés, et leur végétalisation est essentielle pour étendre les services rendus par la nature en ville dans les tissus aujourd’hui privés de ces derniers par manque de couvert végétal.

On dénombre également 164 écoles - 27 maternelles, 32 élémentaires, 79 collèges et 26 autres établissements d’enseignement secondaire - et 94 crèches et jardins d’enfants dans les secteurs carencés en végétation.
La végétalisation des 66 km de voies les bordant et leur donnant accès apparaît comme un enjeu majeur pour améliorer significativement la qualité de l’air, le microclimat et le confort à proximité de ces établissements. Actuellement seuls 20 % de ces voies sont plantées ou partiellement plantées d’arbres.

Rue Blanche (IXe) © Apur
Rue du Commerce (XVe) © Apur
Rue Perrée (IIIe), square du Temple © Apur
Rue Duranti (XIe) © Apur
 

Les places et retraits d’alignement, un potentiel en secteurs carencés


Aménagement place Fréhel (XXe) : plantations, marelle… © Apur - David Boureau

Afin de compléter le maillage des voies larges - plus de 19 m -, des voies intermédiaires - de 11 à 19 m de large - et des voies à proximité des écoles et espaces verts publics et privés, qui ne permettent pas d’agir sur l’ensemble des tissus urbains compris dans la zone de carence en végétation, il est proposé de s’intéresser aux lieux singuliers de l’espace public que sont les places, placettes, parvis, esplanades et retraits d’alignement.
Les catégories retenues ont été définies à partir des travaux menés en 2017 avec l’étude Les lieux singuliers de l’espace public à Paris, une stratégie de la petite échelle (Apur, mars 2017).

Sur cette base, on dénombre, en secteur carencé en végétation :

  • 289 places et placettes, représentant une surface cumulée de près de 29 ha ;
  • 42 esplanades et parvis totalisant plus de 18 ha ;
  • 376 retraits d’alignement, dont 109 de plus de 4 m de profondeur, totalisant
    plus de 10 ha cumulés.

Chacun de ces espaces offre un potentiel de petite échelle à apprécier localement pour conforter la place et le rôle de la nature dans ces quartiers.


Place Adolphe Max (IXe) © Apur

Rue Montmartre (IIe) © Apur

Place Madeleine Braun, gare de l’Est (Xe) © Apur

Rue de la Mare (XXe) © Apur

Retrait planté, rue de la Grange aux Belles (Xe)
© Apur

Retrait d’alignement végétalisé, rue Pradier (IXe)
© Apur
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Étude Espaces publics à végétaliser à Paris

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L’Apur, Atelier parisien d’urbanisme, est une association loi 1901 qui réunit, autour de ses membres .................fondateurs, la Ville de Paris et l’État, les acteurs de la Métropole du Grand Paris..
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Directrice de la publication : Dominique ALBA
.................Étude réalisée par : Yann-Fanch VAULEON
.................Sous la direction de : Patricia PELLOUX
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Avec le concours de : Luisa COPPOLINO
Cartographie et traitement statistique : Yann-Fanch VAULEON
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Cette étude a été réalisée en collaboration avec :

  • les services de la Direction des Espaces Verts et de l’Environnement (DEVE), et en particulier l’agence d’écologie urbaine, le service du paysage et de l’aménagement, le service de l’arbre et des bois, le service d’exploitation
    des jardins et le service des sciences et techniques du végétal et de l’agriculture urbaine ;
  • les services de la Direction de la Voirie et des Déplacements (DVD) et en particulier le service de l’aménagement
    et des grands projets et l’agence de la mobilité ;
  • les services de la Direction de la Propreté et de l’Eau (DPE) et en particulier le service technique de l’eau et de l’assainissement ;
  • et les services de l’État (DRAC, DRIEE).