Étude Espaces publics à végétaliser à Paris
(2) Les enjeux écologiques et de biodiversité

Des continuités de biodiversité en pas japonais à favoriser



L’étude porte sur une identification de sites qu’il conviendrait de végétaliser au regard de critères : morphologiques et historiques ; liés
au développement des corridors écologiques, de réduction de l’effet de l’îlot de chaleur et de réduction des zones de carence en végétation ; urbains de centralités et des équipements ; d’opportunité : projets engagés sur les portes de Paris, le Boulevard périphérique et la Ceinture verte, les bords de Seine, les axes vélo et les infrastructures en sous-sol. Ces évolutions vont transformer durablement les pratiques et
les aménagements de l’espace public parisien, et cette étude pourra être un socle commun pour nourrir les échanges et choix à venir.
La Ville de Paris s’est fixée, à travers ses différents plans, les objectifs d’atteindre 40 % de son territoire
perméables et végétalisés d’ici 2040, et d’augmenter de 2 % l’indice de canopée d’ici 2030.

Des continuités de biodiversité en pas japonais à favoriser  

Les continuités en pas japonais, qui sont une succession d’espaces végétalisés, de surface réduite, distants les uns des autres, permettent à certaines espèces de se déplacer d’un réservoir de biodiversité à un autre…


Source : Apur, DEVE


380 km de voies à proximité des parcs, jardins et cimetières publics

 

… en l’absence de corridors de biodiversité fonctionnels. Il est important de souligner que plus les réservoirs de biodiversité sont connectés, plus le nombre et la diversité des espèces susceptibles de se déplacer sera important. D’autre part, plus il y a d’espèces et plus le milieu est stable face aux accidents sanitaires ou climatiques, et plus les services écosystémiques seront importants.

À Paris, les voies situées à proximité des parcs et jardins publics, des jardins de coeur d’îlot des grandes institutions, des bailleurs et des copropriétés, ainsi que des cours oasis des écoles, peuvent jouer un rôle essentiel à la constitution de continuités en pas japonais.
L’analyse faite ci-après se base sur l’usage actuel de ces voies. Une réflexion sur la réduction du stationnement, ou des files de circulation, voire la piétonnisation de certaines de ces voies permettrait d’augmenter d’autant le potentiel de végétalisation et ainsi les continuités des différentes strates végétales sur ces voies.

Renforcer la connectivité des parcs, jardins et cimetières

Les 2 bois, les 490 parcs et jardins publics, et les 14 cimetières intra-muros, sont bordés et desservis par près de 380 km de voies qui, dans leur très grande majorité, sont stationnées de part et d’autre, et plantées d’arbres sur 44 % de leur linéaire seulement. Les trottoirs sont majoritairement imperméables et la présence de végétation basse - arbustive et herbacée -, y est rare.

La plantation de ces voies par des arbres, arbustes et herbacées, sur les trottoirs et/ou sur la chaussée en substitution d’une part du stationnement, permettrait d’augmenter la biodiversité et la connectivité écologique de ces espaces, et d’étendre leur effet rafraîchissant aux rues avoisinantes.

Ainsi transformées, ces voies offriraient de plus l’intérêt d’être des espaces frais ouverts 24h sur 24, et d’être des lieux pour des activités de quartier : jardins partagés, rues aux enfants…

La moitié de ces voies ont plus de 19 m de large (198 km) et sont plantées sur 23 % de leur linéaire (44 km).
Ces voies, identifiées pour le renforcement des corridors de biodiversité, pourraient être prioritaires. Les 153 km non plantés aujourd’hui devraient pouvoir devenir des corridors écologiques fonctionnels, intégrant des alignements d’arbres de grand développement, ainsi que l’ensemble des strates végétales sur des surfaces larges et continues, dans des dispositifs adaptés au contexte urbain : portes cochères, arrêts de bus, collecte des déchets ménagers…

Les voies de 11 à 19 m de largeur et inférieures à 19 m représentent un linéaire de 181 km, planté à 67 %. La qualité et la continuité écologique de ces linéaires sont à confirmer et à renforcer le cas échéant. Les 59 km non plantés sont à étudier, pour renforcer efficacement le maillage des continuités écologiques dans Paris. Deux types de voies se distinguent :

  • Les voies bordant les parcs et jardins. Ces voies représentent une extension naturelle du domaine de ces parcs et jardins. La végétalisation de ces voies, côté parc et/ou côté bâtiment devra pouvoir être mise en œuvre sur trottoir ou sur une partie du stationnement. Cette végétalisation pourra, selon les quartiers, s’accompagner d’une réduction de la chaussée et de la circulation, ou d’une fermeture totale, partielle ou temporaire de la voie au profit des piétons et vélos.
 

Rue de Vacquerie (XIe), square de la Roquette
© Apur

Rue des Mathurins (VIIIe), square Louis XVI
© Apur
 

Cour perméable et plantée (IVe)
© Apur

Congrégation de la Misssion Lazariste (VIe)
© Apur
 

Cour privée plantée (XXe) © Apur

Cour privée rue des Chaufourniers (XIXe) © Apur
 
  • Les voies en radiale depuis ces parcs et jardins. Ces voies permettent d’étendre le rayonnement écologique et microclimatique de ces espaces.


290 km de voies à proximité d'un espace vert privé Source : Apur, DEVE
La végétalisation et la désimperméabilisation des trottoirs est un enjeu majeur qui pourrait s’accompagner localement d’une réduction de la chaussée et d’une suppression partielle du stationnement.

Permettre la connectivité des espaces verts privés

À Paris, environ 600 ha d’espaces végétalisés privés, identifiés majoritairement sur les arrondissements périphériques du sud, de l’ouest et de l’est, offrent un potentiel de connexion en pas japonais avec les bois, les cours d’eau, les parcs et jardins, les cimetières et les grands terrains de sport végétalisés.
On identifie plus de 3 800 tronçons de voies situés à moins de 10 m d’un espace vert privé de plus de 200 m². Ces tronçons, présentant le plus grand intérêt pour la mise en réseau écologique de ces cœurs d’îlots, totalisent un linéaire de 292 km. Ce linéaire est planté à 26 % seulement, soit environ 76 km.
Il se décompose en 66 km de voies de plus de 19 m de large, plantées à 66 %, et 225 km de voies de moins de 19 m de large, plantées à 15 %.
Les 66 km de voies de plus de 19 m, déjà identifiées pour le renforcement des corridors de biodiversité, présentent un enjeu majeur de renforcement du végétal. Comme pour les voies situées à proximité des parcs et jardins publics, la qualité et la fonctionnalité écologique des 66 % aujourd’hui plantés seront à confirmer et à renforcer le cas échéant. Les voies non plantées devraient pouvoir devenir à court terme des corridors écologiques fonctionnels.
Les 225 km de voies de moins de 19 m de large, plantés sur 15 % de leur linéaire, devraient pouvoir être plantées d’arbres de grand développement, sur au moins une de leur rive, dans des fosses continues, perméables et végétalisées.

Améliorer la qualité du cadre de vie à proximité des équipements scolaires

L’action 10 de la Stratégie de Résilience de Paris porte sur la transformation des cours des établissements scolaires en oasis. La rénovation de ces cours devra leur apporter plus d’eau, d’ombre, de végétation, une meilleure gestion des eaux de pluie, et de nouveaux usages, pour leur permettre de devenir des îlots de fraîcheur de proximité. Cette action a été expérimentée sur 3 sites en 2018, étendus à 30 en 2019, et a pour vocation à s’étendre à l’ensemble des cours parisiennes à l’horizon 2040.
Pour accompagner ce changement, inscrire ces cours végétalisées dans le maillage écologique parisien et offrir un meilleur confort aux écoliers sur leurs parcours quotidiens, l’ensemble des voies situées à proximité des écoles maternelles, écoles élémentaires, collèges, mais aussi des crèches, jardins d’enfants et haltes-garderies sont potentiellement à végétaliser.
On dénombre à Paris 374 écoles maternelles, 364 écoles élémentaires, 114 collèges et 154 crèches, jardins d’enfants et haltes-garderies. Ces 1 006 établissements sont desservis par 4 300 tronçons de voies situées à moins de 25 m de leurs enceintes. Ces voies représentent un linéaire cumulé de 290 km dont 1/3 est planté d’arbres (99 km). Elles sont majoritairement d’une largeur inférieure à 19 m (214 km, dont 38 km plantés).
Comme pour les voies de moins de 19 m de large situées à proximité des parcs et jardins publics et des espaces verts privés, la végétalisation et la désimperméabilisation des trottoirs donnant accès aux établissements est un enjeu fort, qui pourra s’accompagner localement d’une réduction de la chaussée, et d’une suppression partielle du stationnement, pour élargir les trottoirs et sécuriser les traversées. La végétalisation continue des pieds d’arbres pourra intégrer le stationnement des vélos et trottinettes. Localement, ces bandes pourraient être jardinées par les établissements qui le souhaitent.

Certaines de ces voies pourraient voir leur circulation fortement réduite, ou être piétonnisées, pour améliorer la qualité du cadre de vie à proximité des écoles. C’est le cas de 12 km déjà piétonnisés et 6 km en zone de rencontre. Ces 17 km de voies, dont la circulation est réduite, bénéficient déjà à 54 crèches et haltes garderies, 43 écoles maternelles, 30 élémentaires et 37 collèges et autres écoles spécialisées, Segpa notamment.
Dans le cas de nouveaux projets de piétonnisation, ces voies pourraient recevoir un projet paysager important accompagnant ce changement d’usage, et renforçant la qualité écologique et urbaine à proximité des écoles et crèches.

Végétaliser les voies desservant simultanément des parcs et jardins publics et privés et les établissements scolaires

Cet ensemble de 195 km de voies constitue une base théorique cohérente, en lien avec les continuités écologiques, présentant un potentiel pour constituer des quartiers perméables à la biodiversité. Ces quartiers pourraient, par ailleurs, faire l’objet d’une intensification de leur taux de végétation, au sol et / ou sur le bâti, via des dispositifs réglementaires ou incitatifs, et voir leur circulation apaisée par la mise en place de zones de rencontre et de rues piétonnes.

290 km de voies, plantées à 34 %, à proximité des écoles et des crèches
Source : Apur, DEVE

 

Villa Marcès (XIe) © Apur

rue Henri Noguères (XIXe) © Apur
 

Rue Chaptal (IXe) © Apur

Rue Dautancourt (XVIIe) © Apur
 

Rue des Récollets (Xe) © Apur

Rue de Monceau (VIIIe) © Apur
 
 

Cet ensemble de 195 km de voies constitue une base théorique cohérente présentant un potentiel pour constituer des quartiers perméables à la biodiversité.

 

195 km de voies reliant espaces verts publics et privés et cours oasis,
en complément des corridors
de biodiversité

Source : Apur, DEVE

Rue des Arbustes (XIVe) © Apur

Rue Édouard Pailleron (XIXe) © Apur
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Étude Espaces publics à végétaliser à Paris

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L’Apur, Atelier parisien d’urbanisme, est une association loi 1901 qui réunit, autour de ses membres .................fondateurs, la Ville de Paris et l’État, les acteurs de la Métropole du Grand Paris..
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Directrice de la publication : Dominique ALBA
.................Étude réalisée par : Yann-Fanch VAULEON
.................Sous la direction de : Patricia PELLOUX
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Avec le concours de : Luisa COPPOLINO
Cartographie et traitement statistique : Yann-Fanch VAULEON
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Cette étude a été réalisée en collaboration avec :

  • les services de la Direction des Espaces Verts et de l’Environnement (DEVE), et en particulier l’agence d’écologie urbaine, le service du paysage et de l’aménagement, le service de l’arbre et des bois, le service d’exploitation
    des jardins et le service des sciences et techniques du végétal et de l’agriculture urbaine ;
  • les services de la Direction de la Voirie et des Déplacements (DVD) et en particulier le service de l’aménagement
    et des grands projets et l’agence de la mobilité ;
  • les services de la Direction de la Propreté et de l’Eau (DPE) et en particulier le service technique de l’eau et de l’assainissement ;
  • et les services de l’État (DRAC, DRIEE).