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Note Les espèces du bâti de Notre-Dame..
Trois oiseaux - Quatre chiroptères
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(3) Les Chiroptères

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De nombreuses espèces animales ont évoluées à nos côtés. Depuis le Moyen-Age, certaines espèces de chauve-souris se sont installées dans les constructions, les martinets noirs également ont délaissé les falaises pour nicher dans l’habitat humain. L’étymologie des noms d’espèce en témoigne : moineau domestique (
Passer domesticus), effraie des clochers, lézard des murailles (Podarcis muralis). La réouverture officielle
de la cathédrale permet d’espérer le retour de certaines espèces protégées qui y logeaient depuis des siècles, dont le Faucon crécerelle.
Bien plus qu’une cathédrale, Notre-Dame de Paris est un écosystème. La taille imposante de cette falaise urbaine et ses innombrables
cachettes sont une bénédiction pour certaines espèces qui ont su s’adapter à l’environnement de nos villes. Préserver
l’incroyable diversité de cavités qu’offre la cathédrale Notre-Dame est important pour la biodiversité parisienne.

Les Chiroptères

État des lieux

22 espèces de chauves-souris peuvent être observées en Île-de-France, selon la dernière liste rouge régionale.
À Paris, les chauves-souris constituent un groupe d’espèces cibles, lié à la trame noire. Depuis 1990, 12 espèces ont été observées qui, en se nourrissant d’insectes - notamment moustiques, mouches et guêpes -, participent à leur régulation. Les premiers inventaires dans la capitale sont récents. Ils datent de 1997, et même 2002-2006 pour les bois de Boulogne et de Vincennes. L’une des dernières espèces à être découverte a été le Petit Rhinolophe, contacté en 2016 et 2017 dans le Bois de Vincennes.
Les parcs et sites visités en été servent de territoire de chasse aux chiroptères, mais certaines structures peuvent accueillir des gites, avec parfois des effectifs importants. Ainsi, la plus grande colonie d’hibernation de Pipistrelles communes de France se situe sous le tunnel de la Petite Ceinture ferroviaire du XIVe arrondissement, avec une moyenne de 500 individus. Cette colonie est suivie depuis 1991.

Certaines chauves-souris préfèrent néanmoins le secteur de la cathédrale Notre-Dame. Les chercheurs du Muséum les ont localisées grâce à un détecteur de sons disposé entre juillet 2009 et septembre 2010 dans le square Jean XXIII. 4 espèces ont ainsi pu être identifiées avec certitude autour de la cathédrale :

  • La Pipistrelles Commune,
  • La Pipistrelle de Kuhl,
  • La Pipistrelle de Nathusius,
  • La Pipistrelle pygmée.

Ce suivi a aussi montré que la Pipistrelle de Kuhl, autrefois inconnue de la capitale, y est désormais régulière.

Préconisations

Pour les aider, il est possible de préserver leurs gîtes - d’hiver ou d’été - en conservant les interstices dans les pierres de la cathédrale, ainsi que les branches possédant des cavités dans le square Jean XXIII. À défaut, des gîtes artificiels peuvent être posés, sur la cathédrale comme sur les arbres du square. On pourrait aussi mettre en place des prairies fleuries de plantes indigènes dans le square ou à proximité, afin d’augmenter l’entomofaune et, partant, la ressource en nourriture des chauves-souris. Certaines espèces étant lucifuge, il serait aussi souhaitable de revoir la période d’éclairage nocturne et/ou (au moins) de remplacer les lumières blanche (au mercure) par des lumières orange (au sodium). Ces dernières attirent moins les insectes et donc les insectivores, obligeant ainsi les chauves-souris à revenir à un comportement de chasse plus naturel. Anecdote amusante : en haut de la tour de gauche de la cathédrale - lorsqu’on la regarde depuis le square Jean XXIII -, une chauve-souris a été peinte au pochoir, preuve de leur présence sur la cathédrale

Où sont les chauves-souris ?

Les chauves-souris pourraient bénéficier de la forêt de la charpente de la cathédrale. Les espèces détectées sur le secteur de la cathédrale pourraient investir la charpente de Notre-Dame si de très petites fentes sont prévues.

La pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus)
La plus petite espèce européenne. La pipistrelle commune est une espèce qui habite les fentes étroites. On la trouve rarement au repos en dehors de ce milieu. Elle est fréquente dans les toitures, entre les ardoises ou tuiles et le lambrissage, les chevrons ou l’isolation, entre les murs porteurs et les toitures... Elle accède souvent à la toiture par les planches, les ardoises ou tuiles de rives. Elle peut se glisser dans toute les fentes d’un à deux centimètres. Les colonies peuvent compter plusieurs centaines d’individus. Le soir, elles quittent le gîte lorsque le soleil passe sous l’horizon, il fait alors encore clair, ce qui permet de les compter assez facilement.

La pipistrelle pygmée (Pipistrellus pygmaeus)
Elle est indiscernable de la pipistrelle commune par sa morphologie externe. Seule l’étude des émissions ultrasonores ou des gênes peut les distinguer.

La pipistrelle de Nathusius (Pipistrellus nathusii)
On peut l‘observer en France surtout en automne et en hiver, mais son statut est encore très mal connu. Surtout sylvestre, elle est quelquefois observée dans des bâtiments, éventuellement en compagnie de la pipistrelle commune.

Pipistrelle de Kuhl (Pipistrellus kuhlii)
Elle entre en rampant par un petit trou, elle est fissuricole. Elle se gîte sous les toitures, entre les éléments de la couverture, linteaux et fissures des murs.

Les chauves-souris et l’architecture

Les accès aux gîtes
Accès directs aux combles permettant l’entrée en vol : par des fenêtres, œils-de-bœuf, lucarnes, abat-sons et ouvertures diverses d’au moins 30 cm de largeur sur une hauteur optimale de 7 cm ; 6 cm en cas de présence de pigeons.
Accès indirects aux combles nécessitant l’interruption du vol :

  • par les espaces sous planches, ardoises ou tuiles de rives ; par les tuiles, ardoises ou zingages de faîte ;
  • par les espaces sous toiture au niveau des murs portants ;
  • par les espaces entre tuiles ou ardoises ;
  • par les chatières de ventilation ;
  • par les trous de boulin.

Accès aux zones interstitielles des structures
maçonnées :

  • par les joints de maçonnerie restés ouverts, ouvertures de ventilation, joints de dilatation, fentes diverses…

Préconisations - Façade

Intégrer des gîtes en extérieur
Placer à une hauteur de 4 m minimum. Comme les chauves-souris aiment la chaleur, il faut orienter le gîte vers le sud, et parce qu’elles changent souvent de gîtes, il est judicieux d’en installer plusieurs pour augmenter le succès d’occupation. Le nichoir en béton de bois ne nécessite ni entretien ni nettoyage.
Caractéristiques techniques du gîte en béton
de bois :

  • Matériau : Béton de bois
  • Dimensions (H x l x P) cm : 20 x 47 x 11
  • Dimensions de la chambre : (H x l x P) cm : 17 x 30 x 8
  • Poids : 10 kg

Préconisations - Charpente et couverture

Les chauves-souris pourraient bénéficier de la forêt de la charpente de la cathédrale. Les espèces détectées sur le secteur de la cathédrale pourraient investir la charpente de Notre-Dame si de petites chiroptières sont aménagées. Pour les pipistrelles localisées au abords de la cathédrale, des fentes de 2 cm suffisent pour qu’elles se glissent sous la toiture.

  • Aménagement de fentes, chiroptières, dans la toiture.

La cloison de séparation sera étanche et bien isolée. Une porte permettra d’y accéder pour un entretien annuel ; en hiver, en l’absence des animaux. Sa hauteur de 2 cm permettra d’éviter la présence de pigeons.

  • Orientation sud-est, dans un endroit non éclairé la nuit.

Un résultat n’est probablement pas à espérer la première année. La colonisation de nouveaux gîtes est assez lente.




Détails des microgîtes habituels


Avant aménagement

Après aménagement

Phasage du chantier en fonction du rythme biologique

Préconisations - Charpente

  • Placer des abris préfabriqués assez haut dans la poutraison. Ils peuvent être changés de support.

Utiliser des planches aussi épaisses que possible - en bois rugueux non traité -, rainurées ou languettées intérieurement pour en faciliter l'accès pour les chauves-souris.

Références

Gîte à chauves-souris
Cathédrale de Bourges, classé par l’UNESCO
C’est le premier site d’hibernation pour les Pipistrelles communes du Cher, avec 200 individus.
Situation des chauves-souris dans le bâtiment : derrière les grandes portes de la cathédrale.
Description des accès avant aménagement : accès potentiel par la porte toujours ouverte au rez-de-chaussée.

Action
Début du suivi : hiver 2019-2020
Gîte sécurisé sur le très long terme pour une colonie de pipistrelles communes.
Projet suivi par Laurent Arthur, Muséum d’Histoire Naturelle de Bourges

Aménagement réalisé

Pose d’un demi-cercle en chêne massif au-dessus des ventaux des portes, pour que s’y logent les pipistrelles.
Dimensions : 6 m de long, jusqu’à 1,20 m de haut - point le plus haut de la voûte -, avec un espace 20 mm entre les planches de bois et le mur. Le nichoir n’est pas accolé à la voûte sur sa partie supérieure,un espace de 3 cm est conservé pour que les chauves-souris puissent continuer à accéder à l’intérieur de la cathédrale.
Date de réalisation : novembre 2019
Durée des travaux : une semaine
Matériaux utilisés : chêne
Coût de l’aménagement : 3 800€
Intervenants dans la réalisation de cet aménagement : artisan menuisier

Synthèse des préconisations

  • Conserver les interstices dans les pierres de la cathédrale
  • Aménager des minis chiroptières dans la couverture pour l’accès des chauves-souris à la charpente
  • Préserver les branches possédant des cavités dans le square Jean XXIII.
  • Implanter des gîtes artificiels dans la cathédrale comme sur les arbres du square.

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Note Les espèces du bâti de Notre-Dame Trois oiseaux - Quatre chiroptères

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Depuis 2022, la LPO accompagne l’Établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris dans une démarche visant à intégrer la biodiversité dans les travaux de restauration. Dans le cadre de ce partenariat, des visites techniques ont permis d’identifier et d’évaluer les emplacements potentiels pour l’accueil des nids et de proposer des mesures d’amélioration. Les compagnons et entreprises du chantier pourront être formés à repérer et préserver la faune tandis que les naturalistes de la LPO Île-de-France effectuent un inventaire régulier des espèces présentes sur le site. La mairie de Paris a de son côté émis le souhait que les squares entourant Notre-Dame rejoignent les Refuges LPO, premier réseau de jardins écologiques en France.

 
 

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lpo.fr

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Les animaux sauvages ont logiquement déserté les alentours à la suite de l’incendie du 15 avril 2019. Leur réinstallation sera sans doute progressive car le dérangement demeure important en raison des travaux qui se poursuivent. En 2022, un premier couple de faucons a toutefois pu se reproduire dans un pinacle derrière la tour Nord, mais a en revanche échoué l’an dernier. Pourtant, en 1986, l’édifice a accueilli jusqu’à 5 familles de faucons crécerelles, dont les effectifs de la capitale s’élèvent aujourd’hui à moins de 30 couples. Des moineaux domestiques, dont la population parisienne a décliné de 75% en à peine 20 ans, et des chauves-souris de la famille des pipistrelles gravitent également à proximité.

La LPO est très fière de contribuer à la prise en compte de la biodiversité dans la rénovation de Notre-Dame.
La culture et la nature sont deux éléments inestimables et fragiles de notre patrimoine commun,
que nous devons impérativement protéger de concert afin de les transmettre aux générations futures.
Allain Bougrain Dubourg, Président de la LPO

LPO Île-de-France : Parc Montsouris, 26 boulevard Jourdan, Paris (XIVe) e-mail