Les inondations représentent un des principaux risques naturels
auxquels est confronté Paris. Que ce soit lorsque le niveau de
la Seine monte ou que les pluies se font trop intenses, les inondations
causent déjà des dommages sur la ville : ses habitants,
ses activités, ses bâtiments et ses infrastructures. Et alors
que le changement climatique modifie le cycle de l’eau, ce risque
pourrait s’accroître. À quels types d’inondation
Paris fait face ? Quelles en sont les causes et les conséquences
? Quel lien avec le changement climatique ? Que faire pour s’en
prémunir ? Dans le cadre de sa mission d'information, l'Agence
Parisienne du Climat vous propose ce document pédagogique qui a
vocation
à vous éclairer sur ces phénomènes, les impacts
et les mesures prises à différentes échelles pour
réduire les risques associés.
Cette publication s'appuie sur l'expertise de nos partenaires - Météo-France,
la Ville de Paris, l’EPTB Seine Grands Lacs et la DRIEAT -,
que nous remercions vivement pour leur soutien et contribution.
Inondations
par débordement de la Seine |
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De
quoi parle-t-on ?
Pour
les grands cours d’eau comme la Seine, la montée, le
temps de submersion et la décrue sont lents : on parle donc
de crue lente. À l’inverse, les petits cours
d’eau sont eux sujets à des crues rapides.
On
parle souvent de crue centennale ou de crue décennale,
en référence à leur temps de retour, de
100 ou 10 ans. Contrairement à ce que l’on peut penser,
une crue centennale ne signifie pas qu’elle se produit tous
les 100 ans, mais qu’elle a une chance sur 100 de se produire
chaque année ! Sur une période de 20 ans, elle a 18
% de chance de se produire.
Les
crues de la Seine sont principalement causées par des pluies
ou chutes de neige abondantes et continues sur son bassin versant,
c’est-à-dire la surface, grande de 44 000 km²,
recevant les précipitations qui alimentent le fleuve, qui
comprend ses affluents : les cours d’eau qui s’y
jettent. Pour Paris, on va s’intéresser à son
bassin amont : entre la source de la Seine et la capitale.
Les
crues interviennent principalement en hiver et au printemps, quand
les précipitations efficaces, auxquelles on retranche
l’eau qui s’évapore avant de rejoindre le fleuve,
sont les plus importantes, et plus rarement en été.
Crues
& inondations : une histoire de lits |
En
été et à l'automne, quand il ne pleut pas
pendant plusieurs semaines, le
niveau du cours d’eau est au plus bas : il est à
l’étiage.
Source
: EPISEINE
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Lors
de pluies importantes et continues sur tout le bassin versant, le
niveau du cours d’eau augmente : c’est la crue.
Source : EPISEINE |
Puis,
quand l’eau continue de monter, la rivière déborde
de son lit mineur vers son lit majeur. C’est à ce moment
là que l’on parle d’inondation !
Source : EPISEINE |
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Comment
se mesure une crue ?
En
Île-de-France, le niveau de l’eau est mesuré
par 80 stations de mesure automatisées permettant de suivre
les variations des hauteurs d’eau sur la Seine et sur ses
affluents. À Paris, la station de référence
du réseau de vigilance national Vigicrues est située
au niveau du pont d’Austerlitz.
Les hauteurs d’eau communiquées sur Vigicrues correspondent
à celles associées aux échelles relatives
de chaque station. On parle de hauteur d’eau relative :
le niveau 0 ne se trouve pas au fond du cours d’eau. À
la station de Paris Austerlitz, la profondeur maximale relative
est à environ - 4 m, et en temps normal, le niveau de la
Seine y varie entre 1 et 2 mètres.
La
vigilance crue
Le
service de prévision des crues (SPC) Seine moyenne - Yonne-Loing
est en charge de produire la vigilance crue sur le tronçon
de la Seine à Paris à minima deux fois par jour
pour 10h et 16h, publiée sur le site Vigicrues, et repris
sur le site de la vigilance de Météo-France. La
couleur de vigilance équivaut au risque maximal prévu
par le SPC dans les 24h suivant la parution du bulletin.
Inspiration
: EPISEINE
Pour déterminer la couleur de vigilance sur le tronçon
de la Seine à Paris, le SPC se base sur :
-
les mesures de hauteurs et/ou débit en rivière
sur les stations de Paris et de Chatou ;
-
les prévisions météorologiques de Météo-France
pour les jours à venir ;
-
les prévisions faites par le SPC avec ses outils.
En
cas de crue, la Préfecture de Police se met en alerte et
adapte les actions des services de gestion de crise et les consignes
auprès de la population, en fonction de l’ampleur
des impacts.
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Les
conséquences d'une crue
Les crues de la Seine sont des phénomènes relativement
longs, avec un temps de montée qui peut généralement
prendre plusieurs jours. Il est donc possible la plupart du temps
de les anticiper entre un et trois jours à l’avance
et d’évacuer les zones à risque. Si le risque
pour la vie humaine est réduit, le temps de submersion est
beaucoup plus long - 2 mois en 1910 - et le retour à la normale
prend lui aussi plus de temps pour remettre en état les bâtiments,
infrastructures et réseaux inondées, avec des effets
potentiellement systémiques.
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Les
différents niveaux de vigileance
Niveau
Rouge
: risque de crue majeure, constituant alors une menace directe généralisée
pour la sécurité des personnes et la protection des
biens. Nombreuses mesures dont l’arrêt, par la RATP,
des RER A et B, ainsi que des tronçons centraux de 12 lignes
de métro.
Niveau Orange : risque de crue importante,
génératrice de débordements conséquents
pouvant avoir des impacts significatifs. Fermeture complète
des voies sur berges.
Niveau Jaune : risque de montée
des eaux n’entraînant pas de dommages significatifs.
Fermeture de voies de circulation sur berges. À partir d’un
certain niveau, interdiction de naviguer sur les voies fluviales
de Paris.
Niveau Vert : pas de vigilance particulière. |
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: Inondées, les stations de traitement des eaux usées
et usines de potabilisation peuvent introduire des eaux parasites
polluées dans les réseaux d’eau, faisant peser
le risque d’une rupture d’approvisionnement. Le réseau
d'eau potable est bien adapté, mais des dysfonctionnements
localisés restent possibles en cas de crue majeure.
: Une crue importante entraînerait des répercussions
en chaîne sur l’intégralité du réseau
de transports. Des tronçons complets d’infrastructures
sont impactés dès les premiers niveaux de crue, dont
l’échangeur de l’autoroute A4 ou le RER C. La
RATP fermera de manière préventive ses stations inondables.
En cas de crue majeure, 140 des 250 kilomètres de lignes
de métro seraient inutilisables, il ne serait plus possible
de traverser la Seine par les ponts, et un retour à la normale
pourrait prendre cinq ans sans mesures préventives. Le réseau
de métro pourrait aussi propager la crue dans des quartiers
qui n’auraient pas été inondés. C'est
pourquoi la RATP installe des protections spécifiques, qui
n'étaient pas là en 1910.
: Le gypse antéludien étant soluble dans l’eau,
une inondation pourrait provoquer l’effondrement des anciennes
carrières de gypse, dans le Nord de Paris, et endommager
les bâtiments.
: Les commerces, industries et entreprises submergées ou
sans apport énergétique devront cesser ou ralentir
leur activité, et le tourisme sera impacté.
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Les
zones inondables |
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14
arrondissements
sur 20 en zone inondable |
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110
000
parisiens et 150 000 salariés en zone inondable |
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280
000
parisiens en zone non inondée mais fortement impactée |
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Les
inondations par ruissellement sont généralement provoquées
par des pluies intenses, qui apportent une importante quantité
d’eau sur une courte durée, surtout en été.*
*Étude
de l’OCDE sur la gestion des risques d’inondation : la
Seine en Île-de-France 2014
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Cartographie
des zones inondables par une crue type 1910 à Paris Source
: EPISEINE
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Comment
prévenir les crues et limiter leurs impacts
Réglementer
l'occupation du sol avec le plan de préventions des risques
d'inondation (PPRI)
Les
PPRI sont des documents rédigés par l’État
qui permettent d’identifier les zones à risque pour
règlementer l’urbanisation. Ils distinguent différentes
zones d’aléas et réglementent l’occupation
du sol dans les zones exposées aux risques. Celui de Paris,
révisé en 2007 et annexé au plan local d’urbanisme,
impose aussi aux établissements ayant une mission de service
public et situés en zone inondable de réaliser un
plan de protection contre les inondations.
Empêcher
l'intrusion de l'eau dans la ville
Les
protections fixes
Les
murettes anti-crues sont des solutions de protections locales afin
de limiter ou retarder la submersion des zones inondables. L’objectif
est de protéger les riverains jusqu’à une certaine
hauteur d’eau : pour Paris, il s’agit de la cote atteinte
par l’eau en 1910, soit 8,62 mètres.
Les
protections amovibles
Lorsque
le niveau de la Seine atteint 5 mètres à l’échelle
d’Austerlitz avec un risque de crue majeure, des protections
amovibles telles que des batardeaux - le premier dès 3,70
m -, des barrières anti-crue et des rehausses de parapet
sont mis en place le long des quais. En plus des protections fixes,
elles permettent de protéger la voirie parisienne contre
une crue de type 1910.
Les
protections sur les bâtiments et équipements
Les
bâtiments, équipements et réseaux vulnérables
aux crues peuvent mettre en œuvre des mesures pour limiter
les dommages : déplacement du matériel sensible, travaux
de réduction de vulnérabilité en clapets anti-retour
sur le réseau d’assainissement, réseaux électriques
mis hors tension, équipements pour limiter les entrées
d’eau si pertinent, notamment quand la hauteur d’eau
est inférieure à 1m et que la durée de submersion
ne dépasse pas 24h.
Agir
en amont pour limiter la montée des eaux
Les
zones d'expansion des crues
Lorsque
cela est possible, dans des espaces pas ou peu urbanisées,
il s’agit de redonner à la rivière de la place
pour permettre l’expansion de ses crues. En stockant une partie
des eaux de crue en amont de la Seine, ces espaces peuvent contribuer
à réduire de plusieurs centimètres la hauteur
d’eau en aval, et notamment à Paris. Ces zones présentent
aussi l’intérêt d’héberger une biodiversité
riche, d’améliorer la fertilité des sols, et
contribuent à l’épuration naturelle de l’eau.
Les
lacs-réservoir
L’Établissement public territorial de bassin Seine
Grands Lacs gère quatre lacs-réservoirs - un cinquième
ouvrage est en construction -, chacun relié à la Seine
ou à un affluent : l’Aube, la Marne ou l’Yonne.
Avec leur capacité de stockage cumulée maximale de
807 millions de m³, ils permettent d’atténuer
- écrêter - les crues en période hivernale.
Ils ont ainsi permis de réduire de 65 cm le niveau d’eau
à Paris lors de la crue de janvier 2018. Leur rôle
est inversé en été et à l’automne,
lorsqu’ils restituent l’eau stockée pour assurer
un débit minimal des cours d’eau.
Le
lac de Pannecière-Chaumard, dit lac-réservoir Yonne
©
D. Grandemange / Seine Grands Lacs
Se
préparer avec des exercices de simulation
La
Ville de Paris, la Préfecture de Police et leurs partenaires
publics et privés organisent régulièrement
des exercices de simulation d’une crue majeure de la Seine
pour optimiser la gestion de crise. En 2016, l’exercice EU
Sequana 2016 a rassemblé plus de 80 acteurs du secteur
public et privé. Des exercices sont aussi à réaliser
en interne pour les acteurs socio-économiques, pour tester
le bon fonctionnement des plans de gestion de crise. |
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Des
batardeaux amovibles viennent compléter les murettes en cas
de crue importante ©
Ville de Paris
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La
Ville de Paris favorise la gestion alternative de ses eaux pluviales
via son Plan Paris Pluie, qui vise à rendre la pluie
100 % utile. Il s’appuie sur le zonage pluvial, intégré
au Plan local d’urbanisme et assorti d’un guide d’accompagnement,
qui oblige chaque nouveau projet à intégrer des solutions
alternatives au rejet dans le réseau d’assainissement.
Les particuliers peuvent y contribuer, et la Ville de Paris accompagne
les projets de végétalisation et de désimperméabilisation
des copropriétés. Pour en bénéficier,
vous pouvez contacter l’Agence Parisienne du Climat.
L’Agence de l’Eau Seine-Normandie finance aussi les
projets de désimperméabilisation. |
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.....
.Comprendre
les risques d'inondations à Paris
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L’Agence
Parisienne du Climat a pour vocation d’accompagner
la mise en œuvre
des Plans Climat de la Ville de Paris et de la Métropole
du Grand Paris. Experte des politiques climat, elle
a pour rôle d’informer et d’accompagner
au quotidien les Parisien·nes et les acteurs
économiques dans leurs démarches en faveur
de la transition énergétique et écologique.
Dans le cadre de son partenariat avec Météo-France,
elle met à disposition les connaissances climatiques
locales.
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Directrice de la publication
: Cécile Gruber (Agence Parisienne du Climat)
Rédacteur en chef : Marin Pugnat (Agence
Parisienne du Climat)
Suivi de production : Alice Pigeon (Agence Parisienne
du Climat) •
llustration : Chloé Heinis
Contributeurs et relecteurs : •
Julien Tanguy, Pierre-Jakez Le Dirach (DRIEAT)
•
Laure Fass, Julie Roussel, Loic Baietto (Ville de Paris)
• Elise Alévêque, Yann
Raguénès (EPTB Seine Grands Lacs)
•
Alexane Lovat, Frédéric Long , Aurélie
Poyet (Météo-France)
Date
de publication : juillet 2024
apc-paris.com
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