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Comprendre les risques d'inondations à Paris

(1) Introduction
Inondations par ruissellement

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Les inondations représentent un des principaux risques naturels auxquels est confronté Paris. Que ce soit lorsque le niveau de la Seine monte ou que les pluies se font trop intenses, les inondations causent déjà des dommages sur la ville : ses habitants, ses activités, ses bâtiments et ses infrastructures. Et alors que le changement climatique modifie le cycle de l’eau, ce risque pourrait s’accroître. À quels types d’inondation Paris fait face ? Quelles en sont les causes et les conséquences ? Quel lien avec le changement climatique ? Que faire pour s’en prémunir ? Dans le cadre de sa mission d'information, l'Agence Parisienne du Climat vous propose ce document pédagogique qui a vocation
à vous éclairer sur ces phénomènes, les impacts et les mesures prises à différentes échelles pour réduire les risques associés.
Cette publication s'appuie sur l'expertise de nos partenaires - Météo-France, la Ville de Paris, l’EPTB Seine Grands Lacs
et la DRIEAT - que nous remercions vivement pour leur soutien et contribution.

Introduction  

Risque et inondation, de quoi parle-t-on ?

Une inondation est une submersion, qui peut être rapide ou lente, d’une zone habituellement hors de l’eau. À Paris, on en trouve trois types,le quatrième étant la submersion marine :

  • les inondations par ruissellement pluvial, consécutives à de fortes pluies sur des surfaces peu perméables,
  • les inondations par débordement des cours d’eau, consécutives à une crue : l’élévation du niveau des cours d’eau,
  • les inondations par remontée de nappe phréatique, consécutives à la saturation en eau de la nappe souterraine.

Ce document reviendra sur ces trois types, qui ont des origines, des manifestations et des conséquences différentes.

Un risque naturel est généralement défini comme la rencontre :

  • d’un aléa : un évènement naturel potentiellement dangereux, ici une inondation d’un certain type,
  • et d’un enjeu : tout ce qui peut être impacté par un aléa : personnes, biens, infrastructures, environnement, activités économiques…
    L’ampleur de ce risque dépend de la vulnérabilité des enjeux affectés, autrement dit la manière dont ils sont touchés et leur capacité à faire face à l’aléa.

Ainsi, plus l’aléa est fort et plus les enjeux sont élevés, plus le risque l’est également. Pour réduire le risque inondation, on va donc chercher d’une part à réduire l’ampleur des inondations - aléa -, à limiter la concentration des personnes et infrastructures dans les zones à risque - enjeux -, et à protéger ce qui sera touché par l’inondation, tout en se préparant à faire face à la crise : vulnérabilité.

Inondations et changement climatique

L’évolution du climat peut influer sur les risques d’inondation en modifiant les précipitations, que ce soit :

  • Les précipitations intenses, observées principalement en été, à l’origine des inondations par ruissellement,
  • Le cumul de précipitations hivernales qui peuvent entraîner à Paris des inondations par débordement de la Seine.

Bien que les tendances soient plus difficiles à dégager que pour l’évolution des températures, que ce soient pour les observations ou pour les projections, les données de Météo-France soulignent que le changement climatique pourrait renforcer les risques d’inondation à Paris.

Une aggravation des épisodes pluvieux intenses

Le changement climatique, en intensifiant le cycle de l’eau, peut accentuer les risques d’inondation. Ainsi, comme indiqué dans le dernier cycle d’évaluation du GIEC, le réchauffement global aggrave l’intensité des phénomènes extrêmes de fortes précipitations, ainsi que leur fréquence.
En effet, le réchauffement accélère l’évaporation, un volume d’air plus chaud peut contenir davantage de vapeur d’eau, et les fortes chaleurs sont propices à la formation de gros nuages, voire de nuages d’orage - cumulonimbus -, provoquant de fortes averses.
Les données récoltées par Météo-France pour Paris depuis 1901 corroborent les affirmations du GIEC : on observe par exemple une hausse significative du cumul de précipitations de la journée annuelle la plus pluvieuse. Une tendance qui devrait s’intensifier à mesure que le climat continuera de se réchauffer.

Une augmentation des cumuls de pluie hivernaux

En Europe de l’Ouest, la pluviométrie augmente au Nord et diminue au Sud avec le changement climatique. Pour Paris, située entre ces deux zones, l’évolution est moins nette. On observe une légère augmentation du cumul annuel depuis 1961, avec de fortes variations d’une année à l’autre. S’il est difficile de dégager une tendance claire pour ce qui est du cumul annuel, le changement climatique renforce la saisonnalité : ainsi, le cumul des précipitations hivernales devrait bien augmenter d’ici la fin du siècle, particulièrement dans des scénarios d’émissions de gaz à effet de serre élevées. Avec pour effet de renforcer le risque de crue.


Source : EPISEINE

Source : Météo-France

Cumul hivernal de précipitations : rapport à la référence 1961-1990 Paris-Montsouris

Source : ClimatHD par Météo-France

 

Inondations par ruissellement

 

Comprendre les inondations par ruissellement

Dans les villes comme Paris, les sols sont majoritairement imperméables. Au lieu de s’infiltrer dans les sols, une grande partie de l’eau de pluie s’écoule en surface : on parle de ruissellement pluvial.

: Lorsque les eaux de ruissellement deviennent trop importantes pour être maîtrisées, et s’accumulent dans des endroits non souhaités, elles entraînent des inondations localisées et imprévisibles.
: À Paris, les eaux usées et les eaux pluviales sont gérées par un même réseau, dit unitaire. En cas de fortes pluies, le réseau d’égout peut être saturé, l’excédent déborde alors en surface ou se déverse dans la Seine.
: Ces inondations peuvent couper la circulation et emporter des véhicules.

Inspiration : EPISEINE
: En ville, les inondations par ruissellement sont provoquées par des pluies torrentielles ou des orages violents, surtout en été.
: Le ruissellement peut entraîner des dysfonctionnements des réseaux souterrains : électriques, chauffage urbain, communication et transports.

: Les sous-sols et rez-de-chaussée des bâtiments peuvent être inondés.
Les inondations par ruissellement sont généralement provoquées par des pluies intenses, qui apportent une importante quantité d’eau sur une courte durée, surtout en été.
Afin d'informer les citoyens et les pouvoirs publics en cas de phénomène météorologique dangereux, dont le phénomène pluie/inondation lié notamment au ruissellement pluvial, les prévisionnistes de Météo-France élaborent chaque jour la vigilance pluie/inondation pour chaque département. Ce dispositif de référence sur les dangers météorologiques couvre la journée en cours et le lendemain jusqu'à minuit. Cette information complète les prévisions météorologiques. Météo-France propose aussi un suivi en temps réel des précipitations intenses exceptionnelles sur sa commune.
 
Retour sur trois épisodes marquants L’origine des orages  

Source : Météo-France
9 juillet 2017
Le record de cumul de pluie enregistré en une heure à Paris - Montsouris - avec 49 millimètres, soit l’équivalent de quatre semaines de précipitations moyennes ! Ces pluies intenses en soirée provoquent des inondations très localisées dans les rues, particulièrement dans le XVe arrondissement et dans le Nord-Est. Plusieurs stations de métro rendues impraticables sont fermées jusqu’au lendemain matin, l’A6 est bouchée sur deux kilomètres en raison de l’accumulation de l’eau sur la voie, et de nombreuses caves sont inondées.

Les orages sont souvent à l’origine des inondations par ruissellement. Mais comment se forment-ils, et pourquoi surtout en été ? Qui dit orage, dit nuage d’orage : le cumulonimbus. Celui-ci a besoin de trois ingrédients pour se former : une atmosphère instable : un air chaud près du sol et froid en altitude ; un air humide ; un déclencheur qui va faire s’élever l’air chaud et humide.
En été, l’échauffement de l’air en sous couche par le soleil peut servir de déclencheur. Cet air se dilate, devient plus léger et s'élève. S’il est suffisamment humide, sa vapeur d’eau se condense en altitude, où il fait plus froid, pour former des gouttelettes d’eau. Un cumulus apparaît. Lorsque l’atmosphère est particulièrement instable le cumulus peut grossir et s’élever. À très haute altitude, les gouttelettes deviennent des cristaux de glace : le cumulus devient alors un cumulonimbus. À l’intérieur du nuage, des mouvements verticaux très intenses font s’entrechoquer les particules d’eau et de glace, ce qui électrifie le nuage. Enfin, lorsque des gouttes de pluie suffisamment lourdes apparaissent, elles tombent au sol en entraînant l’air froid, provoquant de fortes précipitations. L’orage est généralement un phénomène de courte durée : de quelques dizaines de minutes à quelques heures. Dans certaines conditions, des zones orageuses peuvent se régénérer sans cesse au même endroit ou bien s’y succéder. Les orages provoquent ainsi durant plusieurs heures de fortes précipitations pouvant conduire à des inondations. Ce processus dépend de nombreux facteurs, que ce soient les caractéristiques précises de l’atmosphère ou de conditions locales très variables. Et les orages sont très localisés et évoluent rapidement. C’est pour cela qu’ils sont si difficiles à prévoir. Il est néanmoins possible d’anticiper des conditions favorables à leur formation, ce qui permet à Météo-France de produire la Vigilance orages.

 

Source : Météo-France
Nuit du 6 au 7 juillet 2001
Un orage de très forte intensité éclate sur le sud-ouest parisien, et établit le record de cumul de pluie en 24 heures pour un mois de juillet enregistré à la station de Paris-Montsouris avec 110 mm. Il entraîne d’importantes inondations dans le métro, des bâtiments communaux et quelques espaces verts, et le réseau d’assainissement sature. Dans certains secteurs pavillonnaires proches de Paris, les pompiers doivent procéder à des évacuations d’urgence. Quelques quartiers sont privés d’électricité, ce qui interrompt les pompes de refoulement.
 

Source : Météo-France
Nuit du 31 mai au 1er juin 1992
Un orage exceptionnel se produit sur le nord : 192 mm dans le parc des Batignolles, en 6 heures ! Le ruissellement vers les zones urbaines est aggravé par la sécheresse des sols, saturés en surface, imperméables. Les réseaux d’assainissement et ouvrages de stockage des eaux pluviales sont saturés, des automobilistes secourus. Les transports en commun fonctionnent partiellement le lendemain, l’autoroute A1 est coupée au nord de Paris, les coupures d’électricité dans le quartier des Champs-Élysées touchent le Palais de l’Élysée.
 
La formation du nuage d'orage : le cumulonimbus
 
Un gros cumulonimbus peut renvoyer 4 000 tonnes d’eau à la surface.
 

Inspiration : EPISEINE

Comment réduire le risque d'inondation par ruissellement

Il est possible de réduire ce risque d’inondation par ruissellement en favorisant l’infiltration ou le stockage de l’eau de pluie, au plus près de là où elle tombe. Là où cela est possible, on peut mettre en oeuvre des solutions fondées sur la nature qui s’appuient sur des écosystèmes. Ensemble, ces actions sont censées éviter tout risque d’inondation pour les pluies courantes et intermédiaires. Elles ne suffiront néanmoins pas à supprimer le risque inondation pendant des pluies exceptionnelles : il faut donc rester vigilant et protéger les bâtiments à risque, limiter l‘urbanisation dans les zones les plus sensibles ou encore développer le concept de rues rivières, conçues pour devenir des lits temporaires et guider l’eau de ruissellement.

 
: Végétaliser les toitures pour jouer un rôle de tampons pendant les pluies.
: Végétaliser et désimperméabiliser les cours d’immeuble.
: Renaturer les sols pour y infiltrer l’eau.
: Créer des noues, jardins et arbres de pluie vers quoi vont ruisseler les eaux pluviales.
: Utiliser des revêtements perméables.
: Récupérer l’eau de pluie pour la réutiliser.
: Créer des espaces publiques inondables.
: Protéger les bâtiments : étanchéifier les entrées d’eau, surélever les objets précieux et sensibles…
: Faire renaître des rivières enfouies, comme la Bièvre.
 
La Ville de Paris favorise la gestion alternative de ses eaux pluviales via son Plan Paris Pluie, qui vise à rendre la pluie 100 % utile. Il s’appuie sur le zonage pluvial, intégré au Plan local d’urbanisme et assorti d’un guide d’accompagnement, qui oblige chaque nouveau projet à intégrer des solutions alternatives
au rejet dans le réseau d’assainissement. Les particuliers peuvent y contribuer, et la Ville de Paris accompagne les projets de végétalisation et de désimperméabilisation des copropriétés. Pour en bénéficier, vous pouvez contacter l’Agence Parisienne du Climat.
L’Agence de l’Eau Seine-Normandie finance aussi les projets de désimperméabilisation.
 

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Comprendre les risques d'inondations à Paris

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L’Agence Parisienne du Climat a pour vocation d’accompagner la mise en œuvre des Plans Climat de la Ville de Paris et de la Métropole du Grand Paris. Experte des politiques climat, elle a pour rôle d’informer et d’accompagner au quotidien les Parisien·nes et les acteurs économiques dans leurs démarches en faveur de la transition énergétique et écologique. Dans le cadre de son partenariat avec Météo-France, elle met à disposition les connaissances climatiques locales.

 

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Directrice de la publication : Cécile Gruber (Agence Parisienne du Climat)
Rédacteur en chef : Marin Pugnat (Agence Parisienne du Climat)
Suivi de production : Alice Pigeon (Agence Parisienne du Climat)
llustration : Chloé Heinis.
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Contributeurs et relecteurs : • Julien Tanguy, Pierre-Jakez Le Dirach (DRIEAT) • Laure Fass, Julie Roussel, Loic Baietto (Ville de Paris)
• Elise Alévêque, Yann Raguénès (EPTB Seine Grands Lacs)
• Alexane Lovat, Frédéric Long , Aurélie Poyet (Météo-France)

Date de publication : juillet 2024
apc-paris.com