La présence de zones d’anciennes carrières souterraines
est liée à la richesse en matériaux de construction
du sous-sol francilien. C’est l’une des raisons historiques
de son développement. Dès l’époque gallo-romaine,
le calcaire grossier, employé comme pierre à bâtir,
le gypse, utilisé dans la fabrication du plâtre, et la craie,
utilisée dans la fabrication de la chaux et du ciment, furent exploités
à ciel ouvert, puis surtout en souterrain. Cette intense exploitation,
qui dura plusieurs siècles, nous a légué des vides
très importants. Plus de la moitié des communes de Paris
et de la petite couronne est concernée par des zones sous-minées
- 2 613 hectares -, sur des surfaces très variables, de quelques
centaines de mètres carrés à plusieurs dizaines d’hectares,
comme dans le Sud parisien : anciennes exploitations de
calcaire. Plus de 1 400 hectares sont également recensés
dans les départements de la grande couronne.
La
Butte Pinson. Montmagny (95) |
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La
butte Pinson est une butte témoin du Bassin parisien.
Le site a été exploité pendant plus de
200 ans. Dès le XVIIIe siècle, le sable du sommet
est extrait. L’extraction se poursuit ensuite avec le
gypse. Ce sont les exploitations à ciel ouvert qui ont
éventré la Butte à plusieurs endroits,
faisant progressivement disparaître le relief naturel.
L’exploitation
s’est ensuite étendue au sous-sol, dans la deuxième
masse de gypse, créant des galeries souterraines. Au
milieu du XXe siècle, les carrières à ciel
ouvert ont partiellement été remblayées
avec des ordures ménagères et des matériaux
inertes. La végétation, installée après
abandon des carrières, témoigne des époques
d’exploitation : chênes dans le bois de Richebourg
- ancienne carrière de sable -, mélange d’érables
et de robiniers sur les pentes, et robiniers sur les sols pauvres
constitués de remblais mélangés.
La
Butte Pinson ©
Île-de-France Nature / Altivolus
Après
des années d’abandon, le site accumule plusieurs
freins à sa reconversion totale : occupation illégale
- processus d’expulsion de gens du voyage -, décharge
- ordures ménagères, amiante… -, sans parler
du risque de fontis liés aux carrières.
En
1980, le parc départemental est créé, au
niveau de l’ancienne carrière Vieujot, après
avoir été remblayée. Mais plusieurs secteurs
ont été fermés au public, et la réhabilitation
progresse doucement.
Le
site présente des fronts de taille remarquables et des
espaces naturels à préserver. Il est identifié
en espaces verts d’intérêt régional
à créer au SDRIF-E.
122
ha sont gérés par IDFN. IDFN engage actuellement
un travail d’études - 10 000 euros - avec le Cerema
afin de mener des investigations complémentaires - avec
par exemple des photographies et cartes anciennes - pour comprendre
le territoire et les enjeux à risque.
Le
sujet de valorisation du patrimoine historique et de la mémoire
des lieux est certain sur ces deux sites, tout comme l’intérêt
biodiversité. Cependant, IDFN n’est pas outillé
sur le risque - études, travaux à réaliser
pour mise en sécurité - pour pouvoir mettre en
valeur ce patrimoine historique ou scientifique, ce qui conduit
souvent à la fermeture des sites.
Les
carrières de gypse de Montmagny au début du XXe
siècle
Sources
: iledefrance-nature.fr
- villedemontmagny.fr
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La
Butte des Châtaigniers (95) |
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Le
site s’inscrit sur une ancienne carrière de gypse,
qui a fait l’objet d’une décharge à
ciel ouvert pendant plusieurs années. Le parc de la Butte
des Châtaigniers est ouvert en 2012 après de lourds
travaux : 6 millions d’euros de travaux de terrassement.
C’est un espace de promenade et de détente qui offre
un belvédère sur Paris, très prisé
et fréquenté par la population d’Argenteuil.
Vue
depuis la Butte des Châtaigniers
©
Pierre-Yves Brunaud / L'Institut Paris Region
Après
des effondrements observés sur le cimetière de Sannois
proche du site, IDFN requestionne les enjeux d’ouverture
au public de ce site face au risque pour la population. De grosses
lacunes sont remontées sur l’identification et la
localisation précise de certaines zones sous-minées
et leur niveau de comblement. Une étude - historique du
site, investigations complémentaires des zones de cavités
- menée par le Cerema, est en cours, afin d’accompagner
IDFN dans un protocole de sécurisation du site. |
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Les
interventions d’Île-de-France Nature
Île-de-France
Nature - IDFN, ex-AEV Agence des espaces verts - intervient sur
plusieurs sites d’anciennes carrières souterraines
par le prisme des Périmètres d’intervention
foncière régionale (PRIF) créés en
1985. IDFN a pour rôle de mettre en œuvre des actions
de préservation et de mise en valeur des paysages et des
espaces ouverts sur ces périmètres. Parmi les sites
d’anciennes carrières souterraines situées
sur des PRIF sont recensés : le site de la carrière
du Mont Guichet, le massif de l’Hautil, la butte Pinson,
ou encore la butte des Châtaigniers, sur les buttes du Parisis.
La
plupart de ces sites ont souvent subi une longue période
d’abandon - friche - après l’exploitation,
menant à un réinvestissement de la nature, avec
de gros enjeux de biodiversité, conduisant parfois à
devenir des réserves régionales, parfois aboutissant
à des mésusages, comme des décharges ou des
occupations illégales.
IDFN
travaille en lien avec les Inspections générales
des Carrières (IGC) pour la surveillance, la reconnaissance,
le suivi de ces zones sous minées. L’IGC a notamment
fourni des prescriptions pour pousser l’investigation de
plusieurs sites. Elle a également entrepris une collaboration
avec le Cerema sur deux sites : la butte des Châtaigniers
sur les Buttes du Parisis à Argenteuil et la Butte Pinson.
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Source
: Interview
Valentine Arreguy (IDFN) |
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Les
carrières de Meudon (92) |
Carrières de craie de Meudon ©
Nicolas Dudot
Sources
: •
Revue
de presse de la ville de Meudon • BAP
•
Revue
Ar’site - Sécuriser et valoriser : quels projets
pour les carrières et la colline ? Juillet 2021
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Pendant
80 millions d’années, une mer chaude et peu profonde
a recouvert le Bassin parisien, déposant une épaisse
couche de craie - 300 à 700 m - sur 400 km d’étendue.
Recouverte par les couches tertiaires en Île-de-France,
la craie affleure tout autour, de la Champagne à la Normandie,
du Nord à la Touraine. Mais la région-capitale,
déjà favorisée par la géologie qui
lui a offert la pierre à bâtir et le plâtre,
l’est aussi grâce à l’anticlinal -
plissement convexe - de Meudon, faisant affleurer la craie le
long des coteaux de la Seine au sud-ouest de Paris. Ce matériau,
trop tendre pour fournir de la pierre de construction, a été
abondamment employé pour faire de la chaux et, réduit
en poudre fine, du blanc de Meudon.
A
Meudon, plusieurs vastes carrières sont présentes
comme la carrière des Montalets ou encore la carrière
Arnaudet.
L’une
des plus grandes carrières de craie d’Île-de-France
se situe rue Arnaudet à Meudon, au pied du musée
Rodin. Site classé depuis 1986 pour son intérêt
artistique et scientifique - géologique -, c’est
un véritable livre d’histoire naturelle et humaine
: elle montre un aperçu de l’énorme masse
de craie sous-jacente, mais aussi des lits de silex qui y sont
déposés, des failles qui la fracturent, des cavités
karstiques, du niveau de la nappe souterraine, de nombreux fossiles
et du contact Crétacé-tertiaire, époque
de la fin des dinosaures. La carrière Arnaudet témoigne
aussi d’une exploitation sur plus d’un siècle,
d’abord comme site d’extraction (1870-1923), creusé
avec soin sur les conseils de l’Inspection générale
des carrières pour produire le blanc de Meudon, puis
comme champignonnière (1923-1974), et enfin avec un début
d’aménagement en usine souterraine pendant la Seconde
Guerre mondiale. Cette carrière constitue une grande
architecture en creux, avec 8 km de galeries voûtées
en plein cintre, des voûtes d’arêtes à
leurs croisements, des voûtes élégamment
peignées, et des espaces à double niveau plus
complexes et plus théâtraux.
En
2017, l’INERIS relève un risque d’effondrement
généralisé des carrières lié
à la fragilité des piliers. Ayant en tête
la catastrophe de Clamart en 1961, la mairie de Meudon engage
des procédures et obtient en 2019 une autorisation spéciale
de travaux en site classé par le Ministère de
la transition écologique, pour raisons de sécurité
publique et de préservation de la carrière souterraine.
Un mouvement d’opposition se met en place porté
par des habitant.es et associations locales par crainte que
le site devienne une opportunité pour un projet immobilier,
et ainsi venir imperméabiliser la surface. La mairie
obtient finalement en 2022 la validation par le conseil d’État
de son projet de sécurisation, et entame en 2022 - 2023
des travaux de comblement. 45 % de la carrière sont comblés
avec des terres inertes - provenant de chantiers situés
à environ 25 km, dont des Sables de Fontainebleau - et
55 % sont préservés.
L’objectif pour la ville a été de préserver
plusieurs points d’intérêts pour leur valeur
historique - usages successifs de la carrière : exploitation
de la craie, champignonnière -, géologique et
architecturale : voûtes. Le budget des travaux est estimé
à 6 millions d’euros dont 50 % issus du Fond Barnier
- au titre de la sécurisation d’un secteur de logements
exposés dans la zone d’influence d’un risque
d’effondrement -, 30 % issus du Fond Friche de la région
Île-de-France, et 20 % issus de la ville de Meudon et
des propriétaires.
Le
projet reste critiqué par l’opposition locale,
qui dénonce l’aspect invasif du procédé
de comblement avec des terres inertes. Pour cette opposition,
ce type de travaux va à l’encontre de la préservation
des carrières, qui auraient pu bénéficier
d’un renforcement structurel des piliers existants - de
type cerclage - et ainsi préserver la totalité
des galeries souterraines. Du côté de la ville
de Meudon - maîtrise d’ouvrage -, des réflexions
sont engagées pour rendre la carrière jusqu’ici
interdite au public accessible, et imaginer un aménagement
scénographique de manière à en faire un
ERP. À noter que pour les publics experts, l’accessibilité
souterraine est déjà possible. En surface, un
projet d’aménagement d’un parc végétalisé
de 2 hectares en prolongement du musée Rodin est en réflexion.
Les intentions du projet sont les suivantes : valoriser les
entrées de la carrière et l’accès
au musée Rodin, mettre en valeur la situation de belvédère,
et inscrire cet espace dans un réseau de parcs à
l’échelle régionale, et de la Vallée
de la Seine.
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.....
.Étude
Les anciennes carrières souterraines en
Île-de-France
Entre risques et opportunités
d’aménagement -
Septembre 2024
..............
Cette
étude a été réalisée
à la demande du Conseil régional d’Île-de-France
dans le cadre de la délibération CP
2022-198 du 20 mai 2022 :
dispositifs reconquérir les friches franciliennes,
réhabiliter plutôt que construire, 100
quartiers innovants et écologiques, soutien
à l'urbanisme transitoire.
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L’Institut Paris
Region
15, rue Falguière Paris (XVe)
Directeur général : Nicolas Bauquet
Directeur général adjoint, coordination
des études : Sébastien Alavoine
Département environnement urbain et rural
– DEUR : Christian Thibault, directeur de
département
Département urbanisme, aménagement
et territoire – DUAT : Cécile Diguet,
directrice de département
Étude réalisée par Ludovic
Faytre, DEUR et Lisa Gaucher, DUAT, avec le concours
de Marine Dore et Simon Carrage, DEUR
Cartographie réalisée par Gianluca
Marzilli (DUAT) et Laetitia Pigato (DEUR)
Recherche iconographique : Julie Sarris, Perrine
Drapier
N° d’ordonnancement : 08.22.021
institutparisregion.fr
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