La présence de zones d’anciennes carrières souterraines
est liée à la richesse en matériaux de construction
du sous-sol francilien. C’est l’une des raisons historiques
de son développement. Dès l’époque gallo-romaine,
le calcaire grossier, employé comme pierre à bâtir,
le gypse, utilisé dans la fabrication du plâtre, et la craie,
utilisée dans la fabrication de la chaux et du ciment, furent exploités
à ciel ouvert, puis surtout en souterrain. Cette intense exploitation,
qui dura plusieurs siècles, nous a légué des vides
très importants. Plus de la moitié des communes de Paris
et de la petite couronne est concernée par des zones sous-minées
- 2 613 hectares -, sur des surfaces très variables, de quelques
centaines de mètres carrés à plusieurs dizaines d’hectares,
comme dans le Sud parisien : anciennes exploitations de
calcaire. Plus de 1 400 hectares sont également recensés
dans les départements de la grande couronne.
La
colline du Sempin et la Montagne de Chelles (77), Montfermeil (93) |
|
|
Au
début du XXe siècle, le site du Sempin, situé
sur les communes de Chelles et Montfermeil, fut exploité
pour son gypse. Les tonnes de déblais rejetés
par les carrières ont notamment servi à la mise
en place des remblais de la voie de chemin de fer qui traversait
Chelles.
Dans
les années 1990, le site du Sempin a été
en parti remblayé et fermé au public. Il est resté
près de 15 ans à l’abandon, devenant progressivement
un lieu de décharge. Quelques plans de localisation des
zones sous-minées réalisés par BRGM ont
permis de déterminer les zones de remblaiement partiel.
Dans les années 2000, le Parc Jousseaume ouvre ses portes
sur la commune de Montfermeil, mais en 2002 des zones de fontis
apparaissent et le parc est fermé au public.
Le
projet du parc du Sempin émerge face à des enjeux
de sécurisation du parc Jousseaume et des volontés
d’aménager la globalité du site. Ce projet
est porté par la SAFER, maître d’ouvrage
du projet, qui en a confié la réalisation à
l’entreprise ECT. L’objectif du projet est la sécurisation
du site et la réalisation du parc public, autofinancés
par l’apport de terres excavées inertes du BTP,
dans un principe d’économie circulaire. Le projet
est conçu et concerté avec les parties prenantes,
à savoir la CA Vallée de la Marne - futur gestionnaire
-, la ville de Chelles et la ville de Montfermeil. Le projet
permet également la valorisation des marins de tunneliers
- déblais de creusement du métro - de la ligne
19 du Grand Paris Express, dans le cadre d’un partenariat
avec la SGP.
Sur
le parc Jousseaume, la commune de Montfermeil fait réaliser
des études géotechniques - sous convention avec
IGC - pour état du sous-sol et contrôle. ECT réalisera
les études comblement. Des injections, financées
par ECT, ont été mises en oeuvre dans le parc
Jousseaume dans le cadre du projet de création du parc
du Sempin. Sur la partie en projet du parc du Sempin, il n’y
a pas eu d’enjeux de sécurisation selon les études.
En
2019, les travaux de défrichement et de nettoyage du
site du Sempin commencent, suivi en 2022 par les travaux de
remblaiement et de remodelage. 1 300 000 m³
de terres sont apportés dont 600 000 m³
issues du puits 603 à Chelles, correspondant
aux travaux du tunnelier 7 de la ligne 16 du Grand Paris Express.
Une bande transporteuse a été installée
pour apporter les terres jusqu’au site. Des travaux de
végétalisation et l’installation des dispositifs
d’aménagement étaient prévus en 2024
pour une ouverture début 2025.
Le
nord du parc Jean-Pierre Jousseaume est classé en ZNIEFF
pour ses pelouses marneuses. Elles sont entretenues par l’association
ANCA.
Pendant
plus d’un siècle, la Montagne de Chelles est exploitée
pour son gypse en carrière à ciel ouvert, ainsi
qu’en cavages souterrains de seconde et troisième
masse. Au XIXe siècle, cinq exploitants se partagent
la Montagne, dont les établissements Parquin, qui emploient
jusqu'à une cinquantaine d'ouvriers. L’exploitation
de gypse cesse en 1880, à la suite des expropriations
et autres servitudes réalisées par l'armée
- présence du fort -, et à d'importants éboulements.
A la fin de 1878, des glissements de terrain causés par
de très fortes précipitations entraînent
l’enterrement d’une carrière exploitée
par les établissements Parquin. En effet, les galeries
qui ne sont plus exploitées, sont le plus souvent abandonnées,
sans être sécurisées, ni remblayées
avant de tomber dans l’oubli. Entre 1876 et 1878, le Fort
de Chelles est construit sur la Montagne. Le génie militaire
français tente alors de cartographier les galeries pour
estimer les risques d’effondrement. Entre 1904 et 1909,
des travaux de confortation des galeries de seconde masse, situées
aux abords directs de l’emprise du fort, sont entrepris
à la suite des travaux de 1891 et aux éboulements
incessants, presque journaliers. Pour des raisons économiques,
les galeries ne sont pas remblayées, mais confortées
par des piliers et des arceaux en maçonnerie.
Le
Fort et la Montagne sont progressivement acquis par la ville
de Chelles à partir de 1974. En 1999, le BRGM réalise
une étude des aléas mouvements de terrain à
Chelles, qui classe la Montagne majoritairement en aléa
très élevé.
Au
début des années 2000, la municipalité
de Chelles cherche à reprendre ses droits sur la Montagne
de Chelles. Ces 46 hectares d’espace naturel sont totalement
fermés au public en raison de l’ancien fort militaire,
de son passé de dépôt de produits polluants
par l’entreprise Kodak dans les années 1960, et
des vestiges d’une ancienne exploitation de gypse.
En
2007, le Fort fait l’objet d’une réhabilitation,
dans le cadre du réaménagement de la Montagne
de Chelles, en un parc destiné aux promenades et activités
municipales. Cependant, selon les plans du génie militaire,
l’étude du BRGM et des visites techniques d’associations
locales, il apparaît que les aménagements de 2007
sont partiellement sous-minés, et peuvent présenter
des risques de fontis, d’éboulements, voire de
glissements de terrain. La présence de galeries souterraines
pose donc un problème de sécurité, et leur
comblement représenterait une somme évaluée
à plusieurs millions d’euros.
Le
site présente un intérêt naturaliste par
la présence de chiroptères.
|
|
Sources
:
|
|
Massif
de l’Hautil (78, 95) |
|
Le
massif de l’Hautil, situé sur deux départements
- Yvelines et Val d’Oise -, aux portes du Parc Naturel Régional
du Vexin français, est l’un des maillons de la ceinture
verte d’Île-de-France. En continuité des espaces
ouverts de la vallée de la Seine, il dispose de nombreux
belvédères. Le massif se compose de la forêt
domaniale de l’Hautil, de bois départementaux, de
terrains privés, et du bois régional de la Barbannerie,
géré par Île-de-France Nature. Deux Périmètres
régionaux d’intervention foncière (PRIF) sont
situés sur le massif : le PRIF Boucle de l’Oise -
Franges du Vexin, et le PRIF Hautil et Oise, dans lequel se situe
le bois de la Barbannerie.
Fontis
causé par un effondrement de carrières souterraine
à Triel-sur-Seine (78)
©
Philippe
Montillet, L’Institut Paris Region
Au
Moyen-Age, le massif accueillait des vignes pour la production
du vin, puis son sous-sol a été exploité
pour le gypse et la production de plâtre. Le soubassement
gypseux sous la butte de l’Hautil a été exploité
dès le XVIIIe siècle, et de façon intensive
entre le XIXe siècle, jusqu’à la fin des année
1970. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, certaines galeries ont
servi d’abris. Au total, près de 670 hectares ont
été exploités par la méthode par chambres
et piliers, créant des galeries souterraines, sur lesquels
sont recensés environ 480 hectares de cavités. Les
autres galeries ayant été comblées, foudroyées
ou s’étant simplement écroulées, réduisant
le risque.
À
la suite de l’activité de carrières, malgré
la fermeture et l’interdiction des carrières par
arrêté préfectoral, de nombreux fontis se
sont formés sur le massif de l’Hautil, provoquant
plusieurs accidents - dont une victime -, recensés en 1957,
1990 et 1991. Ce risque d’effondrement localisé a
entrainé l’adoption d’un PER mouvement
de terrain. Le secteur du massif de l’Hautil est l’un
des premiers à adopter un PER mouvement de terrain,
qui deviendra le PPRN du massif de l’Hautil, approuvé
le 26 décembre 1995. Le PPR recense le bâti, les
équipements et infrastructures impactés par le risque.
Deux tiers du massif sous-minés sont concernés par
le risque d’effondrement. Plusieurs phases d’expropriation
de propriétés bâties, et des mesures de travaux
de mise en sécurité devant être réalisées
par les propriétaires ont été lancés,
entraînant des situations de friche. L’arrêt
de l’activité de carrières et l’adoption
du PPR a aussi été une opportunité de protéger
la forêt et de laisser la biodiversité se développer,
puisque plusieurs zones ont été interdites d’accès,
comme au sud du bois de la Barbannerie, où des clôtures
ont été installées afin de sécuriser
les effondrements et l’accès du public et des animaux.
Une partie du massif est identifiée en ZNIEFF de type 2.
Dans
ce secteur carencé en espace vert, la présence de
zones sous-minées a été une opportunité
pour protéger les espaces ouverts. C’est une véritable
opportunité pour la biodiversité et une réserve
de nature pour la population francilienne.
|
|
|
- Sources
:
- Podcast
Vous allez voir… du paysage ! - le massif
de l’Hautil
podcasts.apple.com - iledefrance-nature.fr
-
Yvette Veyret, Sara Bouchon, Les risques liés
aux carrières souterraines. Diversité des
réponses et aménagement en Île-de-France,
Annales de géographie, n°626, 2002.
persee.fr - Plan
de prévention des risques naturels du Massif de l’Hautil
yvelines.gouv.fr
|
|
.....
.Étude
Les anciennes carrières souterraines en
Île-de-France
Entre risques et opportunités
d’aménagement -
Septembre 2024
..............
Cette
étude a été réalisée
à la demande du Conseil régional d’Île-de-France
dans le cadre de la délibération CP
2022-198 du 20 mai 2022 :
dispositifs reconquérir les friches franciliennes,
réhabiliter plutôt que construire, 100
quartiers innovants et écologiques, soutien
à l'urbanisme transitoire.
|
|
|
|
|
....
L’Institut Paris
Region
15, rue Falguière Paris (XVe)
Directeur général : Nicolas Bauquet
Directeur général adjoint, coordination
des études : Sébastien Alavoine
Département environnement urbain et rural
– DEUR : Christian Thibault, directeur de
département
Département urbanisme, aménagement
et territoire – DUAT : Cécile Diguet,
directrice de département
Étude réalisée par Ludovic
Faytre, DEUR et Lisa Gaucher, DUAT, avec le concours
de Marine Dore et Simon Carrage, DEUR
Cartographie réalisée par Gianluca
Marzilli (DUAT) et Laetitia Pigato (DEUR)
Recherche iconographique : Julie Sarris, Perrine
Drapier
N° d’ordonnancement : 08.22.021
institutparisregion.fr
|
|
|
|
|
|
|
|