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Étude Les anciennes carrières souterraines en Île-de-France
Entre risques et opportunités d’aménagement

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(3) La colline du Sempin et la Montagne de Chelles (77), Montfermeil (93)
Massif de l’Hautil (78, 95)
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La présence de zones d’anciennes carrières souterraines est liée à la richesse en matériaux de construction du sous-sol francilien. C’est l’une des raisons historiques de son développement. Dès l’époque gallo-romaine, le calcaire grossier, employé comme pierre à bâtir, le gypse, utilisé dans la fabrication du plâtre, et la craie, utilisée dans la fabrication de la chaux et du ciment, furent exploités à ciel ouvert, puis surtout en souterrain. Cette intense exploitation, qui dura plusieurs siècles, nous a légué des vides très importants. Plus de la moitié des communes de Paris et de la petite couronne est concernée par des zones sous-minées - 2 613 hectares -, sur des surfaces très variables, de quelques
centaines de mètres carrés à plusieurs dizaines d’hectares, comme dans le Sud parisien : anciennes exploitations de
calcaire. Plus de 1 400 hectares sont également recensés dans les départements de la grande couronne.

La colline du Sempin et la Montagne de Chelles (77), Montfermeil (93)  


Aménagement du parc du Sempin © Pierre-Yves Brunaud / L’Institut Paris Region

Le Fort de Chelles © Christophe Nedelec / Wikipédia

Au début du XXe siècle, le site du Sempin, situé sur les communes de Chelles et Montfermeil, fut exploité pour son gypse. Les tonnes de déblais rejetés par les carrières ont notamment servi à la mise en place des remblais de la voie de chemin de fer qui traversait Chelles.

Dans les années 1990, le site du Sempin a été en parti remblayé et fermé au public. Il est resté près de 15 ans à l’abandon, devenant progressivement un lieu de décharge. Quelques plans de localisation des zones sous-minées réalisés par BRGM ont permis de déterminer les zones de remblaiement partiel.
Dans les années 2000, le Parc Jousseaume ouvre ses portes sur la commune de Montfermeil, mais en 2002 des zones de fontis apparaissent et le parc est fermé au public.

Le projet du parc du Sempin émerge face à des enjeux de sécurisation du parc Jousseaume et des volontés d’aménager la globalité du site. Ce projet est porté par la SAFER, maître d’ouvrage du projet, qui en a confié la réalisation à l’entreprise ECT. L’objectif du projet est la sécurisation du site et la réalisation du parc public, autofinancés par l’apport de terres excavées inertes du BTP, dans un principe d’économie circulaire. Le projet est conçu et concerté avec les parties prenantes, à savoir la CA Vallée de la Marne - futur gestionnaire -, la ville de Chelles et la ville de Montfermeil. Le projet permet également la valorisation des marins de tunneliers - déblais de creusement du métro - de la ligne 19 du Grand Paris Express, dans le cadre d’un partenariat avec la SGP.

Sur le parc Jousseaume, la commune de Montfermeil fait réaliser des études géotechniques - sous convention avec IGC - pour état du sous-sol et contrôle. ECT réalisera les études comblement. Des injections, financées par ECT, ont été mises en oeuvre dans le parc Jousseaume dans le cadre du projet de création du parc du Sempin. Sur la partie en projet du parc du Sempin, il n’y a pas eu d’enjeux de sécurisation selon les études.

En 2019, les travaux de défrichement et de nettoyage du site du Sempin commencent, suivi en 2022 par les travaux de remblaiement et de remodelage. 1 300 000 de terres sont apportés dont 600 000 issues du puits 603 à Chelles, correspondant aux travaux du tunnelier 7 de la ligne 16 du Grand Paris Express. Une bande transporteuse a été installée pour apporter les terres jusqu’au site. Des travaux de végétalisation et l’installation des dispositifs d’aménagement étaient prévus en 2024 pour une ouverture début 2025.

Le nord du parc Jean-Pierre Jousseaume est classé en ZNIEFF pour ses pelouses marneuses. Elles sont entretenues par l’association ANCA.

Pendant plus d’un siècle, la Montagne de Chelles est exploitée pour son gypse en carrière à ciel ouvert, ainsi qu’en cavages souterrains de seconde et troisième masse. Au XIXe siècle, cinq exploitants se partagent la Montagne, dont les établissements Parquin, qui emploient jusqu'à une cinquantaine d'ouvriers. L’exploitation de gypse cesse en 1880, à la suite des expropriations et autres servitudes réalisées par l'armée - présence du fort -, et à d'importants éboulements. A la fin de 1878, des glissements de terrain causés par de très fortes précipitations entraînent l’enterrement d’une carrière exploitée par les établissements Parquin. En effet, les galeries qui ne sont plus exploitées, sont le plus souvent abandonnées, sans être sécurisées, ni remblayées avant de tomber dans l’oubli. Entre 1876 et 1878, le Fort de Chelles est construit sur la Montagne. Le génie militaire français tente alors de cartographier les galeries pour estimer les risques d’effondrement. Entre 1904 et 1909, des travaux de confortation des galeries de seconde masse, situées aux abords directs de l’emprise du fort, sont entrepris à la suite des travaux de 1891 et aux éboulements incessants, presque journaliers. Pour des raisons économiques, les galeries ne sont pas remblayées, mais confortées par des piliers et des arceaux en maçonnerie.

Le Fort et la Montagne sont progressivement acquis par la ville de Chelles à partir de 1974. En 1999, le BRGM réalise une étude des aléas mouvements de terrain à Chelles, qui classe la Montagne majoritairement en aléa très élevé.

Au début des années 2000, la municipalité de Chelles cherche à reprendre ses droits sur la Montagne de Chelles. Ces 46 hectares d’espace naturel sont totalement fermés au public en raison de l’ancien fort militaire, de son passé de dépôt de produits polluants par l’entreprise Kodak dans les années 1960, et des vestiges d’une ancienne exploitation de gypse.

En 2007, le Fort fait l’objet d’une réhabilitation, dans le cadre du réaménagement de la Montagne de Chelles, en un parc destiné aux promenades et activités municipales. Cependant, selon les plans du génie militaire, l’étude du BRGM et des visites techniques d’associations locales, il apparaît que les aménagements de 2007 sont partiellement sous-minés, et peuvent présenter des risques de fontis, d’éboulements, voire de glissements de terrain. La présence de galeries souterraines pose donc un problème de sécurité, et leur comblement représenterait une somme évaluée à plusieurs millions d’euros.
Le site présente un intérêt naturaliste par la présence de chiroptères.

 
Sources :
 
Massif de l’Hautil (78, 95)  

Le massif de l’Hautil, situé sur deux départements - Yvelines et Val d’Oise -, aux portes du Parc Naturel Régional du Vexin français, est l’un des maillons de la ceinture verte d’Île-de-France. En continuité des espaces ouverts de la vallée de la Seine, il dispose de nombreux belvédères. Le massif se compose de la forêt domaniale de l’Hautil, de bois départementaux, de terrains privés, et du bois régional de la Barbannerie, géré par Île-de-France Nature. Deux Périmètres régionaux d’intervention foncière (PRIF) sont situés sur le massif : le PRIF Boucle de l’Oise - Franges du Vexin, et le PRIF Hautil et Oise, dans lequel se situe le bois de la Barbannerie.

Fontis causé par un effondrement de carrières souterraine à Triel-sur-Seine (78)
©
Philippe Montillet, L’Institut Paris Region

Au Moyen-Age, le massif accueillait des vignes pour la production du vin, puis son sous-sol a été exploité pour le gypse et la production de plâtre. Le soubassement gypseux sous la butte de l’Hautil a été exploité dès le XVIIIe siècle, et de façon intensive entre le XIXe siècle, jusqu’à la fin des année 1970. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, certaines galeries ont servi d’abris. Au total, près de 670 hectares ont été exploités par la méthode par chambres et piliers, créant des galeries souterraines, sur lesquels sont recensés environ 480 hectares de cavités. Les autres galeries ayant été comblées, foudroyées ou s’étant simplement écroulées, réduisant le risque.

À la suite de l’activité de carrières, malgré la fermeture et l’interdiction des carrières par arrêté préfectoral, de nombreux fontis se sont formés sur le massif de l’Hautil, provoquant plusieurs accidents - dont une victime -, recensés en 1957, 1990 et 1991. Ce risque d’effondrement localisé a entrainé l’adoption d’un PER mouvement de terrain. Le secteur du massif de l’Hautil est l’un des premiers à adopter un PER mouvement de terrain, qui deviendra le PPRN du massif de l’Hautil, approuvé le 26 décembre 1995. Le PPR recense le bâti, les équipements et infrastructures impactés par le risque. Deux tiers du massif sous-minés sont concernés par le risque d’effondrement. Plusieurs phases d’expropriation de propriétés bâties, et des mesures de travaux de mise en sécurité devant être réalisées par les propriétaires ont été lancés, entraînant des situations de friche. L’arrêt de l’activité de carrières et l’adoption du PPR a aussi été une opportunité de protéger la forêt et de laisser la biodiversité se développer, puisque plusieurs zones ont été interdites d’accès, comme au sud du bois de la Barbannerie, où des clôtures ont été installées afin de sécuriser les effondrements et l’accès du public et des animaux. Une partie du massif est identifiée en ZNIEFF de type 2.

Dans ce secteur carencé en espace vert, la présence de zones sous-minées a été une opportunité pour protéger les espaces ouverts. C’est une véritable opportunité pour la biodiversité et une réserve de nature pour la population francilienne.

  • Sources :
    • Podcast Vous allez voir… du paysage ! - le massif de l’Hautil podcasts.apple.com - iledefrance-nature.fr
    • Yvette Veyret, Sara Bouchon, Les risques liés aux carrières souterraines. Diversité des réponses et aménagement en Île-de-France, Annales de géographie, n°626, 2002. persee.fr - Plan de prévention des risques naturels du Massif de l’Hautil yvelines.gouv.fr

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Étude Les anciennes carrières souterraines en Île-de-France
Entre risques et opportunités d’aménagement
- Septembre 2024

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Cette étude a été réalisée à la demande du Conseil régional d’Île-de-France dans le cadre de la délibération CP 2022-198 du 20 mai 2022 :
dispositifs reconquérir les friches franciliennes, réhabiliter plutôt que construire, 100 quartiers innovants et écologiques, soutien à l'urbanisme transitoire
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L’Institut Paris Region
15, rue Falguière Paris (XVe)

Directeur général : Nicolas Bauquet
Directeur général adjoint, coordination des études : Sébastien Alavoine
Département environnement urbain et rural – DEUR : Christian Thibault, directeur de département
Département urbanisme, aménagement et territoire – DUAT : Cécile Diguet, directrice de département
Étude réalisée par Ludovic Faytre, DEUR et Lisa Gaucher, DUAT, avec le concours de Marine Dore et Simon Carrage, DEUR
Cartographie réalisée par Gianluca Marzilli (DUAT) et Laetitia Pigato (DEUR)
Recherche iconographique : Julie Sarris, Perrine Drapier
N° d’ordonnancement : 08.22.021

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