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Étude Les anciennes carrières souterraines en Île-de-France
Entre risques et opportunités d’aménagement

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(2) Le parc nature du Plateau d’Avron et le parc des Côteaux d’Avron. Rosny-sous-Bois, Neuilly-Plaisance (93)
Les carrières de Gagny et de la Fosse Maussoin. Clichy-sous-Bois (93)
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La présence de zones d’anciennes carrières souterraines est liée à la richesse en matériaux de construction du sous-sol francilien. C’est l’une des raisons historiques de son développement. Dès l’époque gallo-romaine, le calcaire grossier, employé comme pierre à bâtir, le gypse, utilisé dans la fabrication du plâtre, et la craie, utilisée dans la fabrication de la chaux et du ciment, furent exploités à ciel ouvert, puis surtout en souterrain. Cette intense exploitation, qui dura plusieurs siècles, nous a légué des vides très importants. Plus de la moitié des communes de Paris et de la petite couronne est concernée par des zones sous-minées - 2 613 hectares -, sur des surfaces très variables, de quelques
centaines de mètres carrés à plusieurs dizaines d’hectares, comme dans le Sud parisien : anciennes exploitations de
calcaire. Plus de 1 400 hectares sont également recensés dans les départements de la grande couronne.

Le parc nature du Plateau d’Avron et le parc des Côteaux d’Avron. Rosny-sous-Bois, Neuilly-Plaisance (93)  


Parc Nature du Plateau d’Avron, promenade sur ponton surélevé
© Sébastien Champeaux / Ville de Rosny-sous-Bois

Introduction

Le plateau d’Avron est une butte témoin du plateau de Brie qui s’étend entre Rosny-sous-Bois et Neuilly-Plaisance. Le site fait environ 76,6 hectares. Le gypse y a été exploité dans d’anciennes carrières souterraines jusqu’à la moitié du XXe siècle. Certaines galeries furent utilisées quelques temps en champignonnières. Laissé à l’abandon pendant plusieurs années en raison de son caractère dangereux, le site a été épargné par l’urbanisation. Il présente plusieurs intérêts, comme espace ouvert accessible au public - espaces verts -, mais aussi pour la présence d’une riche biodiversité.
À ce jour, deux parcs sont accessibles au public avec l’ambition de les relier : le parc des Côteaux d’Avron à l’Est, et le parc nature du plateau d’Avron à l’Ouest.

Parc des Côteaux d’Avron © Mairie de Neuilly-Plaisance

Il s’agit d’anciennes carrières de gypse exploitées jusqu’à la moitié du XXe siècle. Laissées à l’état de friche, la nature s’y est progressivement réinstallée, offrant un espace d’une grande biodiversité. Dans les années 1990, la commune de Neuilly-Plaisance remblaie progressivement le site avec des terres inertes, et le parc des Côteaux d’Avron de 31 hectares ouvre en décembre 1999. Il présente différents dispositifs d’aménagement, comme des aires de jeux pour enfants, des pistes cyclables, un parcours sportif… Le plateau d’Avron est classé en zone Natura 2000 et en ZNIEFF de type 1 pour la richesse de sa biodiversité. Entre 1988 et 1989, deux arrêtés de protection de biotope sont pris, à la demande de l’association des Amis naturalistes des côteaux d’Avron (ANCA), par la préfecture de la Seine-Saint-Denis : le premier pour protéger le biotope des Mares sur une zone humide pour des espèces d’amphibiens au nord du parc, le second sur la zone Est, qui concerne des espèces végétales : biotope des Alisiers. Ces deux secteurs sont fermés au public.

En 2005, les villes de Rosny-sous-Bois et Neuilly-Plaisance ont créé un syndicat intercommunal pour développer et gérer l’Espace Naturel Sensible du plateau d’Avron. À terme, l’objectif est de relier le parc des Côteaux d’Avron au parc Nature du Plateau d’Avron.

Laissé à l’état de friche pendant plusieurs années, accueillant une riche biodiversité - avifaune avec présence de Piegrièche écorcheur, Bondrée apivore -, le site est classé Natura 2000 : prairies calcicoles, zones humides…

En 2013, la ville de Rosny-sous-Bois envisage l’aménagement d’un parc intercommunal en lien avec le Parc des Côteaux d’Avron sur ce terrain en friche, propriété de la Société Siniat (Lafarge). Après son rachat, la ville mandate une équipe de maîtrise d’œuvre pour la conception du projet de parc en 2017. En 2018, une procédure de déclaration d’utilité publique est réalisée afin d’assurer la maîtrise foncière du site. Les travaux débutent en 2019 et la phase 1 est inaugurée en mai 2022.

Le projet de parc de 11 hectares se situe dans un site naturel plus vaste de 76 hectares environ, à cheval entre Rosny-sous-Bois et Neuilly-Plaisance. Le parc se situe dans l’OAP trame verte du PLU de la ville de Rosny-sous-Bois. Il fait partie du maillon de la trame écologique des côteaux et vallées de l’Est parisien. Les usages du parc ont été définis en fonction de la présence des zones sous-minées. Ainsi, une grande zone centrale a été sanctuarisée et délimitée par des ganivelles, pour préserver la biodiversité, mais aussi parce qu’il s’agissait de la partie la plus fragile, et ainsi éviter l’utilisation abusive de géogrilles. Pour les zones accessibles au public, des géogrilles ont été mises en place pour limiter le risque. Il s’agit d'un géotextile très résistant, placé sous terre, capable de retenir la masse du sol en cas d’effondrement. Le parc dispose d'une tour d’observation d’une hauteur de 7 mètres. Plusieurs dispositifs d’aménagements ont été installés, comme des pontons surélevés pour limiter l’impact sur les sols, des aires de jeux pour enfants, un parcours sportif et de l’écopaturage - moutons - dans l’espace sanctuarisé.

À terme, l’objectif est de relier le parc au parc des Côteaux d’Avron à l’Est. La phase 2 était prévue pour 2024.
Ce site est inscrit au SDRIF-E comme espace de loisirs d’intérêt régional à créer.

 
Les carrières de Gagny et de la Fosse Maussoin. Clichy-sous-Bois (93)  

La commune de Gagny s’inscrit sur une butte témoin qui s’étend de Belleville à l’ouest, vers Gagny, et de Gagny vers Vaujours, à l’est. Trois anciennes carrières de gypse s’étendent sur environ 45 hectares du territoire communal. Les vides présents d’origine naturelle - dus à la dissolution du gypse par l’eau - ou anthropique - liés à l’exploitation du gypse en carrières souterraines - engendrent des désordres en surface.

L’exploitation du gypse à Gagny remonte au Moyen Âge. C’est à partir du milieu du XIXe siècle que l’activité s’étend, en carrière souterraine sur le versant sud des buttes, par la méthode des piliers tournés. L’exploitation cesse dans les années 1960. Les carrières ont souvent été abandonnées sans remblayage, ou ont subi des foudroyages afin de faire disparaître les vides. Cependant, certains subsistent et représentent un risque pour la stabilité des sols avec la formation de fontis, de zones d’effondrement généralisé, de chutes de blocs et de glissements de terrain.

La carrière de l’Ouest a été exploitée sur environ 10 hectares pour son gypse, avant d’être utilisée comme champignonnière. À l’arrêt des activités, la nature y a repris ses droits. Le site est devenu un réservoir de biodiversité avec, selon l’ANCA, plus de 200 espèces végétales, des arbres remarquables, 19 espèces d'oiseaux, 2 espèces de reptiles protégés, et 11 espèces de chiroptères.
Propriété privée (entreprise Marto), le site a ensuite été utilisé comme lieu de stockage de matériaux/gravats issus de la construction. Un projet immobilier de 1 750 logements est finalement abandonné en 2020 par arrêté du préfet de Seine-Saint-Denis. La ville de Gagny acquiert alors le site après l’abandon définitif du projet.
La municipalité porte alors un projet de parc nature avec des zones inaccessibles au public. Le projet propose de conserver la partie arborée, et de tracer des sentiers pour permettre au public de s'y promener. L'autre partie sera aménagée en un parc paysager en lien avec la nature, et ouvert sur le quartier. La promenade de la Dhuys, qui borde cette zone, classée Natura 2000, constituera avec les carrières, un ensemble cohérent. Le site présente également un intérêt patrimonial pour ses fronts de taille et entrées de galeries encore visibles. Des travaux sont actuellement engagés pour la réalisation du comblement sur-mesure, notamment des travaux de mise en sécurité, avec du comblement par injection (durée 1 an). Cette intervention questionne les associations de préservation de la biodiversité qui mentionnent la présence de 11 espèces de chiroptères (source : ANCA). L’IGC Paris a réalisé des préconisations sur le choix des usages dans le parc. Une partie est en cours de comblement avec les remblais du Grand Paris Express (300 000 m³), issu de la future ligne 16. La commune a bénéficié de 4,3 millions d'euros provenant du plan du relance national, permettant de débuter les travaux de sécurisation. Le coût prévisionnel des travaux s'élève à plus de 16 millions d'euros. Le projet est également subventionné par le Fonds de prévention des risques naturel majeurs (Fonds Barnier) à hauteur de 3,6 millions d'euros - financement des travaux de mise en sécurité d’une zone de 20 188 m² pour la mise en sécurité des habitations voisines - et par la Région Île-de-France à hauteur de 2,2 millions d'euros.

La carrière du centre a été exploitée sur environ 25 hectares. À partir du XIXe siècle, elle accueille une briqueterie et une fabrique de ciment. Le site est alors entièrement consacré à cette vocation, et ne présente quasiment plus aucune trace de végétation. A la fin de l’exploitation, le site est abandonné, et se dégrade lentement. Une partie est remblayée par son propriétaire, par des matériaux issus de la construction et des sablons. Devenue une friche dangereuse largement recolonisée par la végétation naturelle, et formant une véritable coupure pour les habitants des quartiers de l’Est de l’Ouest de la commune, un projet d’espace nature dédié à la biodiversité sur 12 ha émerge, porté par la municipalité et les habitants. La ville acquiert le site en 2004.
De lourds travaux de sécurisation sont ensuite menés : 2 450 forages, 171 000 m² de coulis injecté pour combler les vides, travaux de terrassement, apport de 200 000 m² de terres plus 34 000 m² de terre végétale. Le modelé du site est réalisé de façon à être aussi proche que possible du terrain originel, tout en assurant l’accessibilité des lieux au public. L’arboretum, inauguré en 2008, est agrandi en 2023. Le Parc forestier du Bois de l’Étoile, véritable lieu de promenade et de nature pour les riverains, est ouvert en 2010.

La carrière de l’Est, à Gagny, dénommée carrière Saint-Pierre, d’une superficie de 52 hectares, est exploitée pour le gypse servant à la fabrication de plâtre. Les traces des premières exploitations remontent à l’époque gallo-romaine : l’usage du plâtre était connu depuis le IIe siècle. Mise en pause, l’exploitation reprend autour du XVIIe siècle, avec l’arrivée des moines cisterciens, et les constructions d’édifices religieux et militaires. La carrière doit son nom à son propriétaire, à la sortie de la révolution. L’arrivée du chemin de fer à Gagny permet d’accroitre l’exploitation du gypse, et d’acheminer le plâtre sur de plus longues distances. Une nouvelle fois mise en pause avec la guerre de 1870, l’exploitation stagne jusqu’à la première guerre mondiale. Pendant l’entre-deux-guerres, la production est très intense, et exclusivement souterraine, en raison de techniques d’exploitation plus efficaces, comme les haveuses électriques. Dans les années 1950-1960, la culture des champignons prend le dessus sur l’extraction du gypse. Laissé à l’abandon, le site va devenir le lieu de dépôts sauvages pendant plusieurs années, entraînant une forte pollution, notamment de l’amiante.
La carrière de l’Est se site dans le secteur du Montguichet. Le Schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme de la région de Paris de 1965, inscrit ce site dans le projet d'autoroute A87 pour l’aménagement d’une rocade de banlieue. Le projet est abandonné au début des années 1980. Durant cette période, le site va servir de décharge pour déchets inertes et dépôts sauvages. Pour des raisons de coût, ces dépôts se font uniquement en surface, et ne servent pas à consolider les vides.
La carrière de l’Est se situe en partie dans le Périmètre régional d’intervention foncière du Mont Guichet. En 2012, AEV (ex-Île-de-France Nature) lance un projet d’aménagement - parc nature, agricole et paysager - pour le Mont Guichet. Endema93 - association qui lutte pour la préservation du Mont Guichet -, est intégrée au comité de pilotage. 74 hectares sont investis par des exploitants - un apiculteur, une maraîchère, un viticulteur et un éleveur - et 21 hectares sont des espaces boisés préservés. Dans le cadre du SDRIF-E, le Monguichet est classé en espace naturel et de loisirs. Il constitue, aujourd’hui un élément important de la ceinture verte régionale de l’Île-de-France.

Par ailleurs, la carrière Saint-Pierre est classée en ZNIEFF de type 1 (n° 110020168 Côte de Beauzet et Carrière Saint-Pierre). Elle présente également un intérêt géologique référencé dans INPG pour le gypse et les marnes ludiens.

Située à la lisière sud–est de l'ancienne forêt de Bondy, le site de la Fosse Maussoin fut d’abord exploité pour les ressources de sa forêt, jusqu’au Moyen Âge, avant de laisser la place à des carrières de gypse pendant près d’un siècle.
L'extraction du gypse cesse en 1939, et laisse place à la fabrication de briques, par l’extraction de la glaise, jusqu’en 1965. Les galeries furent utilisées durant la seconde guerre mondiale comme dépôt de munition, et le site fut plusieurs fois bombardé. Remblayé seulement en partie, il est ensuite laissé à l’abandon, retrouvant sa couverture boisée. Les risques dus à la dégradation des anciennes carrières souterraines ont empêché pendant plusieurs décennies tout projet d’urbanisation et d’aménagement. Dans les années 1970, il est même prévu d’y accueillir des déchets ménagers et des déchets inertes. En 1982, le département acquiert 26 hectares, dont 7,8 hectares qui n’avaient pas fait l’objet d’exploitation, et furent aménagés en parc en 1984. Dans les années 1990, des comblements partiels sont réalisés au niveau des rues adjacentes, à la suite de l’apparition de fontis. D’autres seront signalés dans les années 2010.

Longtemps épargné de l’urbanisation, une riche biodiversité s’y est installée : chiroptères, chênes centenaires… Le site est d’ailleurs classé en ZNIEFF et Natura 2000. Au début des années 2010, le département de Seine-Saint-Denis lance un vaste programme d’investissement pour améliorer l'attractivité des espaces verts du département, et décide de sécuriser les 15 hectares de zones sous-minées encore fermées au public, et de tripler la surface du parc de la Fosse Maussoin, dans un secteur encore carencé en espaces verts. Soutenu par les associations locales, le projet d’extension est aussi un projet de restauration du milieu naturel. Le triplement de la surface du parc - passage de 7,8 à 22 hectares- permet de renforcer son rôle écologique pour de nombreuses espèces. Parallèlement aux zones boisées et en lien avec les usages souhaités par les habitants, des zones de prairies - grande pelouse, clairières -y sont aménagées, ainsi que des zones humides, pour gérer une partie des eaux pluviales.
Sur la partie en travaux, la restauration des milieux est d’autant plus délicate que la technique utilisée pour combler les carrières fait table rase du milieu naturel existant. Pour des raisons de sécurité et de coûts, le comblement des vides s’effectue en effet depuis la surface. Les terres de surface d’origine sont conservées et servent à la restauration du milieu.
En 2011, au titre de l’écologie urbaine, de la trame verte et de la promotion de la biodiversité en milieu urbain, et dans le cadre du Contrat Particulier Région-Département de la Seine-Saint Denis, la Région décide de participer au financement du réaménagement, et de l’extension du Parc Départemental de la Fosse Maussoin. De 2011 à 2019, les travaux de sécurisation permettent de combler les carrières. En 2019, les travaux d'aménagement permettent d'ouvrir au public 7 hectares supplémentaires.
En 2022, le parc permet au public de se rendre dans un poumon vert de 22 hectares. Au total, les travaux, menés sur un peu plus de 10 ans, ont coûté 11,4 millions d'euros, financés par le Département, avec le soutien du Fond de Solidarité et d'Investissement Interdépartemental d'Île-de-France (1,2 millions d'euros) et de la Région (791 000 euros).

© Ville de Gagny
© Ville de Gagny
Entrée des carrières souterraines - Gagny © Paul Lecroart / L'Institut Paris Region
Le parc départemental de la Fosse Maussoin © Ville de GagnyEndema93

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Étude Les anciennes carrières souterraines en Île-de-France
Entre risques et opportunités d’aménagement
- Septembre 2024

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Cette étude a été réalisée à la demande du Conseil régional d’Île-de-France dans le cadre de la délibération CP 2022-198 du 20 mai 2022 :
dispositifs reconquérir les friches franciliennes, réhabiliter plutôt que construire, 100 quartiers innovants et écologiques, soutien à l'urbanisme transitoire
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L’Institut Paris Region
15, rue Falguière Paris (XVe)

Directeur général : Nicolas Bauquet
Directeur général adjoint, coordination des études : Sébastien Alavoine
Département environnement urbain et rural – DEUR : Christian Thibault, directeur de département
Département urbanisme, aménagement et territoire – DUAT : Cécile Diguet, directrice de département
Étude réalisée par Ludovic Faytre, DEUR et Lisa Gaucher, DUAT, avec le concours de Marine Dore et Simon Carrage, DEUR
Cartographie réalisée par Gianluca Marzilli (DUAT) et Laetitia Pigato (DEUR)
Recherche iconographique : Julie Sarris, Perrine Drapier
N° d’ordonnancement : 08.22.021

institutparisregion.fr