Le Comité Grande Armée s’est donné pour objectif
de faire émerger une Vision 2030 pour l’Avenue de
la Grande Armée : à la fois un projet d’aménagement
capable de rendre l’Avenue plus agréable, plus verte et plus
esthétique, mais aussi une réflexion sur sa vocation et
son identité. Il dévoile une étude qui propose de
transformer radicalement la première entrée de Paris, de
la Porte Maillot à l’Arc de Triomphe. Cette vision présente
trois grandes pistes, à la fois ambitieuses et réalistes
en termes de temporalité et de faisabilité, pour une ville
durable, inclusive et désirable, adaptée aux grand enjeux
du XXIe siècle : recréer la promenade plantée historique,
qui s’étendra au total sur plus de 6 kilomètres
du Louvre à La Défense ; reconnecter l’Avenue et le
Bois de Boulogne ; créer le temple des nouvelles mobilités,
qui n’existe pas à Paris.
L'avenue
de la Grande armée, emblème de la Belle Époque |
Sur
l’Axe majeur, l’Avenue de la Grande Armée
présente une identité singulière, héritée
du Second Empire, qui se distingue nettement de celle des champs-Élysées
ou de Neuilly. Son histoire épouse celle de la Belle
Époque et donne de précieux indices pour entrevoir
le renouveau de l’Avenue.
L’Avenue de la Grande Armée trouve son origine
au milieu du XIXe siècle, entre deux bornes et deux murs
: d’un côté l’Arc de Triomphe,
achevé en 1836 sur la place de l’Étoile,
où passe encore l’enceinte des fermiers généraux
; et de l’autre la Porte Maillot, transformée en
bastion et en octroi par les fortifications de Paris d’Adolphe
Thiers dès 1844, autour desquelles s’étend
une zone non aedificandi où il est interdit
de bâtir pour mieux prévenir d’éventuelles
attaques. C’est alors la principale entrée dans
Paris sur sa façade ouest. L’Avenue de la Grande
Armée naît réellement quelques années
plus tard, en 1864, lorsque Napoléon III la rebaptise
en hommage aux campagnes militaires de son oncle Napoléon
Ier. L’Avenue de la Grande Armée se lotit, s’aménage
et se construit à la Belle Époque, selon les canons
du Baron Haussmann.
L’une
des promenades préférées des Parisiens
À l’époque, l’avenue de la Grande
Armée est une avenue large de 70 mètres, qui a
pour particularité de comporter une ample voie centrale
pour la circulation des calèches, deux grandes promenades
ombragées sous un quadruple alignement de 300 arbres,
des contre-allées pour deux voitures à cheval,
et des trottoirs bordés d’immeubles de 5 ou 6 étages,
de commerces, de restaurants et de limonadiers. L’animation
y bat son plein, notamment parce que l’artère mène
des Champs-Élysées au Bois de Boulogne, une destination
qui va marquer son identité. Le réputé
Guide des plaisirs à Paris de l’époque
recommande qu’après un après-midi au
Bois de Boulogne, on se doit de finir Avenue de la Grande Armée,
dans les restaurants et les music halls.
La
Porte du Bois et des loisirs modernes
Depuis la place de l’Étoile, on peut en effet rejoindre
le Bois par l’Avenue de l’Impératrice - l’actuelle
Avenue Foch - et par l’Avenue de la Grande Armée,
plus animée. Le Bois de Boulogne est réaménagé
en 1850 par Adolphe Alphand, Directeur des promenades et plantations
de la préfecture de la Seine. L’ancienne réserve
de chasse royale est transformée en parc à l’anglaise,
sur le modèle de Hyde Park que Napoléon III a
connu en exil. Un parc conçu pour la promenade et les
loisirs, avec ses allées sinueuses, ses îles, ses
chalets suisses et ses lacs pittoresques. Le Jardin d’Acclimatation
est ensuite créé : parc à vocation éducative
et scientifique où l’on expose girafes, zèbres
et kangourous, et qui rencontre immédiatement un grand
succès. Un petit train à vapeur y emmène
les visiteurs depuis la Porte Maillot. Le Bois de Boulogne devient
rapidement un lieu autant mondain que populaire. Les Parisiens
y découvrent les plaisirs et les loisirs modernes, le
vélocipède, le patin à glace, les grandes
fêtes. Ils viennent aussi profiter des lieux de divertissement
éphémères qui s’installent sur les
terrains inconstructibles au pied des fortifications de l'enceinte
de Thiers : le théâtre Columbia (1900), le Printania
(1905), puis l’immense Luna Park (1908), l’un des
premiers parcs d’attractions en France, qui restera en
place jusqu’aux années 1950, avec ses auto-tamponneuses,
ses montagnes russes et ses toboggans géants, à
quelques mètres des grands immeubles. L’Avenue
de la Grande Armée accueille aussi les plus grands événements
du début du siècle : les premiers tours de France
automobiles ont leur départ et leur arrivée à
la Porte Maillot, le tour de France cycliste s’élance
plusieurs fois du Luna Park. Les défilés militaires
remontent l’Avenue de la Grande Armée pour passer
sous l’Arc de Triomphe, jusqu’à l’installation
de la tombe du Soldat inconnu en 1920.
Le
temple des mobilités
Au tournant du siècle, la Porte Maillot est encore une
vraie porte, avec sa grille et son octroi. Très fréquentée,
elle est naturellement devenue le point de départ ou
le terminus de nombreuses lignes de transports. Les compagnies
de calèches y ont leurs dépôts, les tramways
partent de la Porte Maillot pour rejoindre le centre de Paris,
le Bois de Boulogne ou Saint-Germain. L’avenue de la Grande
Armée va ainsi être le lieu de grandes premières
en l’espace d’une quinzaine d'années seulement
:
-
Le test du tout premier tramway à accumulateurs électriques,
en 1888.
-
L’inauguration de la première ligne de métro
parisienne Porte Maillot - Porte de Vincennes pour l’Exposition
universelle de 1900.
-
La démocratisation du vélo et l’installation
sur l’Avenue de la Grande Armée, surnommée
L’Avenue des Cycles, des plus grandes marques
comme Werner, Raleigh, Peugeot ou les Cycles Clément,
du Touring Club de France, qui promeut le cyclotourisme et
comptera jusqu’à 800 000 membres.
-
La création de la toute première piste cyclable
de France, en 1897, sur la promenade côté XVIe
de l’Avenue de la Grande Armée, obtenue de haute
lutte par le Touring-Club. Les caravanes cyclistes qui
déambulent vers le Bois vont pouvoir affronter cette
redoutable avenue sans avoir à compter avec le mauvais
vouloir des cochers et la colère des maraîchers,
raconte ainsi le journal La Presse le 6 avril 1897.
-
L’accueil du tout premier magasin de motocyclettes des
frères Werner, vers 1900. Les autres fabricants, comme
Peugeot et Clément, se mettent rapidement à
fabriquer des deux-roues motorisés, dont les ventes
explosent, aidés par la localisation, proche des usines
de Levallois ou d'Asnières, et des pistes d’essais
du Bois de Boulogne. Dès 1930, les cycles, motorisés
ou non, représentent la moitié des commerces
de l’Avenue.
Le
tournant de la modernité et la perte d'identité
de la Grande armée |
Le
jardin d'acclimatation du Bois de Boulogne à sa création
en 1860 |
Écolières
qui profitent du soleil devant le lac inférieur en 1898 |
À
l'angle de la Porte Maillot et de l'Avenue de la Grande Armée,
au retour du Bois |
Plusieurs
lignes de tramway empruntaient l'Avenue |
Le
Luna Park, inauguré en 1908 à la Porte Maillot
Inauguration
de la première ligne de métro en 1900
La
première piste cyclable de France, installée en 1897 |
|
Avec
l’avènement du moteur à explosion, la Porte
Maillot se transforme en échangeur routier, l’Avenue
de la Grande Armée perd sa promenade plantée, sa
connexion au Bois de Boulogne, ses événements populaires
et se
monospécialise dans les deux-roues à moteur thermique.
Dès
1930, l’Avenue de la Grande Armée se transforme pour
s’adapter à l’essor de l’automobile individuelle
: la chaussée centrale est élargie - deux rangées
d'arbres sont déplacées -, les promenades ombragées
pour piétons deviennent des voies de circulation et de
stationnement pour les voitures, et les trottoirs latéraux
sont agrandis.
Quelques années plus tard, deux concours d’architecture
sont lancés pour transformer la Porte Maillot. Les projets
monumentaux du Corbusier, de Sauvage ou de Viret & Marmorat
ne verront pas le jour en raison de la guerre, mais leurs principes
de gigantisme et de tout-automobile demeurent.
La création du périphérique démarre
dans les années 1950 et s’achève en 1973 à
la Porte Maillot, réaménagée en un immense
échangeur. Au bout de l’Axe majeur, La Défense
voit le jour et la Porte Maillot invente le tourisme d’affaires,
avec la création du Centre international de Paris - futur
Palais des Congrès -, avec ses salles de congrès,
sa tour-hôtel de 1 000 chambres, ses 4 000 places de parking.
Les grands sièges sociaux contemporains s’installent
en nombre dans les années 1970 : Peugeot-Citroën,
Louis-Dreyfus, L’Union Nationale des Coopératives
agricoles… Les commerces de proximité font progressivement
place aux grandes enseignes, et à une monospécialisation
dans les deux-roues thermiques.
Les
maux dont souffrent actuellement l’Avenue de la Grande Armée
résultent en grande partie de ces 60 années, qui
ont conduit à la perte de la qualité urbaine et
architecturale de l’Avenue.
Une
autoroute urbaine : la fin de la promenade
L’esprit de promenade a disparu, l’Avenue est devenue
hostile aux piétons. Des analyses de flux font apparaître
de véritables verrous le long de l’Avenue
: elle est rarement parcourue d’un bout à l’autre,
et peu de piétons viennent naturellement des Champs-Élysées
ou se rendent à Neuilly. Ils sont entravés par une
faible allocation de l’espace sur les trottoirs, et de trop
longues et trop étroites traversées de l’Avenue,
rendues dangereuses par l’effet d’accélération
entre les feux, et des refuges centraux peu rassurants. Les enfants,
eux, semblent avoir disparu.
Il faut dire que l’Avenue de la Grande Armée, avec
sa chaussée de 30 mètres de large, en 2 fois 3 voies,
à la fréquentation comparable à celui des
Champs-Élysées, a un gabarit et un trafic similaire
à la plupart des autoroutes qui desservent Paris. En conséquence,
l’Avenue est presque aussi exposée aux nuisances
sonores que le périphérique : au-delà de
75 décibels, soit 15 % au-dessus du seuil de pénibilité
fixé par l’OMS. Elle est également l’une
des artères les plus polluées de Paris, avec des
niveaux de pollution aux particules fines régulièrement
supérieurs au seuil de dangerosité.
Le trafic vélo peine à se faire une place sur l’ancienne
Avenue des Cycles, avec 1500 passages par jour en moyenne,
contre le triple sur les Champs-Élysées, malgré
de nouvelles pistes cyclables créées en 2018, encore
pavées et trop proches de la circulation automobile. Le
tunnel de l’Étoile, peu engageant, ne remplit pas
son rôle de pont entre les deux avenues.
50
ans de rupture avec le Bois de Boulogne
Jusqu’en 2023, l’Avenue de la Grande Armée
perd également son rôle de porte verte de
Paris. La construction du périphérique et l’aménagement
du rond-point de la Porte Maillot dans les années 1970
avaient créé une coupure de 300 mètres avec
le Bois de Boulogne, dont le franchissement au-dessus du périphérique
est peu engageant. Coincé entre la porte et le périphérique,
le square Parodi, dont les 2 hectares font techniquement partie
du Bois de Boulogne, reste vide malgré ses qualités
paysagères. La suppression début 2023 du rond-point
et le raccordement du square - donc au Bois - à l’Avenue
de la Grande Armée amorcent un vrai changement d’époque.
Une
monospécialisation dans les deux-roues thermiques
Les commerces liés aux deux-roues motorisés représentent
aujourd’hui environ la moitié de l’activité
de l’Avenue, et sont indissociables de son identité.
Cette monospécialisation rendait difficile la coexistence
avec les autres usages : l’exposition des modèles
au droit des devantures sature, par endroits, la majeure partie
de l’espace public - trottoirs, stationnements -, et les
allées et venues des clients motorisés, mal canalisées,
créent des conflits d’usage avec les piétons.
Showrom
des nouvelles mobilités |
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Concentration
en NO2 µg/m3
Source
: Airparif
Mesuré
sur une journée complète (24h) en db(A)
Source
: Bruitparif |
Une
avenue polluée qui dépasse la valeur limite
fixée par l'OMS de 40 µG/M3
Une
avenue bruyante : Les 3/4 de la longueur sont supérieurs
au seuil de limite de
65dB fixé par l'OMS,
alors même que 48% de la longueur de l'avenue est résidentielle. |
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Avenue
de la Grande armée 2030 : Faire
renaître la première porte d'entrée de Paris |
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Le Comité
Grande Armée
Il a été
lancé en avril 2022, avec le soutien des élus locaux
et de la Ville. Il rassemble propriétaires, locataires
et habitants de l’Avenue, engagés activement dans
sa future transformation.
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Le Comité
Grande Armée s’est donné pour objectif de
faire émerger une Vision 2030 pour l’Avenue
de la Grande Armée : à la fois un projet d’aménagement
capable de rendre l’Avenue plus agréable, plus verte
et plus esthétique, mais aussi une réflexion sur
sa vocation et son identité. Réunir les principaux
acteurs de l’Avenue - élus, riverains, institutionnels,
investisseurs et utilisateurs -, est l’une des conditions
incontournables pour y parvenir, en prenant en compte les intérêts
de tous. Une méthode de co-construction innovante.
Au cours de ces 12 mois de travaux, le Comité Grande Armée
s’est appuyé sur l’agence d’architecture
PCASTREAM, pour réaliser une étude architecturale
et urbaine pour son futur réaménagement, basée
sur la consultation d’une centaine d’acteurs de l’Avenue
et sur une étude fine de son histoire et de son identité.
La Vision 2030 présentée ici tient compte
de toutes ces contributions.
pca-stream.com |
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Membres fondateurs
Groupama
Immobilier, Gecina, BNP Paribas Cardif, Société
Générale Assurances, Viparis, AG2R LA MONDIALE,
Invivo, Groupe Chapat, Groupe Madar, FREO Group
Membres
Sanofi,
BCG, Swiss Life AM, Tristan Vyskoc, Patrick Bosque
Membres
d’honneur
Geoffroy
Boulard, XVIIe arrondissement, Francis Szpiner, XVIe arrondissement,
Brigitte Kuster, ex-députée, ex-Maire du XVIIe arrondissement |
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