La décarbonation de la chaleur constitue un levier considérable
puisque celle-ci représente 50 % de la consommation énergétique
du pays
et est produite à 75 % à partir de gaz et de fioul. Pour
relever ce défi, nous devons prendre conscience de l’importance
stratégique de notre
sous-sol. Celui-ci se caractérise notamment par une chaleur naturelle
inépuisable liée au fonctionnement géologique de
notre planète mais également par la présence de lithium
géothermal. La géothermie peut ainsi devenir une source
de chaleur renouvelable produite localement
Pourtant, la géothermie est largement sous-utilisée puisqu’elle
ne représente que 1 % de la consommation de chaleur dans notre
pays.
Agnès
Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique
Cf : Géothermie : un plan d’action pour
accélérer - 2 février 2023
Contexte |
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En
France, la chaleur représente environ la moitié
de la consommation finale énergétique et reste
majoritairement produite par des énergies fossiles très
émettrices de gaz à effet de serre : gaz naturel,
fioul… Le chauffage, la production d’eau chaude
sanitaire et la climatisation constituent près de 80
% de la consommation finale du secteur résidentiel, plus
de 60 % de la consommation finale du secteur tertiaire, et plus
de 30 % de la consommation finale du secteur industrie
(1).
95 % des besoins de chaleur sont couverts par des modes de chauffage
au niveau de chaque bâtiment ; les 5 % restants sont couverts
par des réseaux de chaleur, principalement déployés
dans les zones urbaines (2).
Le
développement de la chaleur issue d’énergies
renouvelables, couplé à la réduction de
la consommation, doit permettre de réduire les émissions
de CO2 dans l’ensemble des secteurs. En 2021, les énergies
renouvelables représentaient 24 % de la consommation
finale brute de chaleur et de froid, contre 19 % en 2015.
Les
solutions géothermiques, elles, ne représentaient
que 1% de la consommation finale de chaleur - environ 6 TWh
de chaleur renouvelable géothermique - et 5% de l’énergie
entrante des réseaux de chaleur - environ 2 TWh - en
France métropolitaine.
Or, les objectifs de la loi relative à la transition
énergétique pour la croissance verte, votée
en 2015, sont clairs : nous devons porter la part des énergies
renouvelables à 38 % de la consommation finale de chaleur
d’ici 2030 et multiplier par 5 la quantité de chaleur
et de froid issus d’énergies renouvelables et de
récupération livrée par les réseaux
entre 2012 et 2030.
Dans
ce contexte, le Gouvernement lance un plan d’action en
faveur du développement de la géothermie de surface
et de la géothermie profonde en France métropolitaine,
qui devra contribuer au renforcement de notre souveraineté
énergétique et à l’atteinte de nos
objectifs climatiques en 2030.
Ambitieux,
ce plan d'action s'appuie sur le rapport du Haut-Commissariat
au plan dédié à la géothermie de
surface. Construit autour de six axes, il mobilisera l'Agence
de la transition écologique (Ademe), le Bureau de recherches
géologiques et minières (BRGM), la filière
et les fédérations professionnelles concernées,
ainsi que les services de l’État, à l’échelon
national, et à l’échelon régional
sous l’égide des préfets. Chaque préfet
de région veillera à élaborer et mettre
en œuvre trois actions adaptées au contexte régional,
avec l’appui de l’administration centrale et de
la filière.
(1)
Source : SDES, bilan énergétique de la France
pour 2020 Édition 2022.
(2) En 2021, les 833 réseaux de chaleur français
ont livré une quantité de chaleur de 30 TWh, alimentant
principalement des bâtiments résidentiels (53 %)
et des bâtiments tertiaires (36 %). Ces réseaux
permettent notamment de produire de la chaleur à partir
d’énergies renouvelables et de récupération
qui ne pourraient pas être transportée autrement
jusque dans les centres urbains denses : géothermie sur
aquifères profonds, chaleur issue des usines d’incinération
des ordures ménagères…
Géothermie
de surface
La
géothermie de surface, dite de très basse énergie,
désigne des systèmes énergétiques
qui exploitent une ressource géothermale de température
inférieure à 30 °C et de profondeur généralement
inférieure à 200 mètres.
Ces systèmes sont constitués d’un dispositif
de captage, d’une pompe à chaleur et d’un
dispositif de régulation (figure 1, ci-contre). Selon
leur dimensionnement, ces systèmes couvrent en partie
ou en totalité les besoins de chaleur et de froid des
bâtiments - chauffage, eau chaude sanitaire, climatisation,
rafraîchissement - dans les secteurs individuel, collectif
et tertiaire. Le cadre réglementaire pour ces installations
a été simplifié. Il existe :
-
des
installations géothermiques de profondeur supérieure
à 10 mètres relevant soit du régime de
la télédéclaration administrative - ouvrages
dits de minime importance -, soit du régime de l’autorisation
administrative (3)
-
des
installations géothermiques ne relevant pas du régime
légal des mines : fondations thermoactives, échangeurs
fermés de profondeur inférieure à 10
mètres, certains échangeurs ouverts de profondeur
inférieure à 10 mètres.
Les
installations de géothermie de surface représentent
les deux tiers de la chaleur produite par géothermie
- 200 000 pompes à chaleur géothermiques en fonctionnement
en 2020 -, mais peinent à décoller malgré
les mesures mises en place ces dernières années
pour stimuler la demande : réforme réglementaire
de la géothermie de minime importance en 2015, prise
en compte du rafraîchissement par géothermie dans
la réglementation thermique RT2012 en 2017, parution
du décret éco énergie tertiaire pour les
bâtiments tertiaires existants de plus de 1 000 m²
en 2019, différenciation des forfaits pompe à
chaleur géothermique et pompe à chaleur air-eau
dans les aides MaPrimeRénov’ en 2020, nouvelle
réglementation environnementale RE2020 favorable à
la géothermie dans l’habitat neuf…
Dans
le secteur individuel, les ventes annuelles de pompes à
chaleur géothermiques individuelles restent comprises
entre 3 000 et 3 500 unités depuis 2016 (figure 2), alors
qu’elles s’élevaient à 21 725 unités
en 2008. Les 3 220 unités vendues en 2021 - habitat existant
80 %, habitat neuf 20 % - restent marginales en regard des 253
000 pompes à chaleur air-eau individuelles vendues la
même année : habitat existant 79 %, habitat neuf
21 %.
Si
les pompes à chaleur géothermiques présentent
des coûts d’investissement plus élevés
que les technologies alternatives comme les pompes à
chaleur air-eau, ces coûts sont amortis sur la durée
de vie de l’équipement grâce à une
moindre consommation électrique à l’usage
(4). Les pompes à chaleur géothermiques
permettent aussi de répondre aux besoins de rafraîchissement
estival des locaux par simple circulation d’eau : utilisation
de la fraîcheur naturelle du sous-sol. Le recours à
la géothermie peut ainsi limiter la consommation électrique
associée à la climatisation et éviter l’aggravation
des îlots de chaleur urbains durant les épisodes
caniculaires (5).
De
plus, en période de grand froid, la consommation électrique
d’une pompe à chaleur géothermique est plus
faible que celle d’une pompe à chaleur aérothermique,
ce qui permet de maîtriser la pointe électrique
nationale.
(3)
Ces installations sont encadrées par un titre minier,
cf. décret n°78-498 du 28 mars 1978 modifié
relatif aux titres de recherches et d’exploitation de
géothermie.
(4) Source : Ademe, Coût des énergies
renouvelables et de récupération en France, édition
2022.
(5) Dans les bâtiments résidentiels et
tertiaires, les épisodes caniculaires observés
ces dernières années ont conduit à un essor
des équipements de la climatisation : plus de 800 000
unités vendues en 2020, contre 350 000 par an en 2014-2015.
En 2020, les climatiseurs représentaient une consommation
électrique de 4,9 TWh dans le résidentiel et 10,6
TWh dans le tertiaire. Durant les épisodes caniculaires,
l’air chaud libéré par les climatiseurs
- aérothermie - contribue à réchauffer
les zones urbaines en accentuant le phénomène
des îlots de chaleur urbains : entre +0,5 et +2°C.
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Figure 1 : Principaux dispositifs de captage associés aux
pompes à chaleur géothermiques : sur sondes géothermiques
verticales, sur nappe phréatique, horizontal
Source : BRGM-FEDER.
Figure
2 : Évolution du nombre de pompes à chaleur géothermiques
vendues en France de 2012 à 2021. Source
: Observ’ER |
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Programmation
pluriannuelle de l’énergie
La
programmation pluriannuelle de l’énergie - PPE2,
2019-2023 et 2023-2028 - fixe un objectif de 5 à 7 TWh
de consommation finale de chaleur renouvelable issue de pompes
à chaleur géothermiques en 2028, avec un objectif
intermédiaire de 4,6 TWh en 2023. |
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Géothermie
profonde |
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Figure
3 : aquifères profonds en France métropolitaine
Source : BRGM
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La
géothermie profonde exploite des nappes d’eau souterraines
de températures comprises entre 30 °C et 200 °C,
à des profondeurs généralement comprises
entre 500 et 3 000 mètres. Ces aquifères profonds
- formations géologiques suffisamment poreuses ou fissurées
et gorgées d’eau - se situent dans des bassins sédimentaires
- sable, grès, calcaire, craie - comme les bassins parisien
et aquitain, le fossé rhénan, le couloir rhodanien,
la Limagne et le Hainaut (figure 3). Les caractéristiques
des aquifères profonds permettent un échange direct
de chaleur sans pompe à chaleur. La valorisation de ces
aquifères sous forme de chaleur repose sur un doublet géothermique,
composé d’un puits de production pour l’extraction
de la ressource et d’un puits de réinjection du fluide.
En
France métropolitaine, la géothermie profonde est
principalement orientée vers la production de chaleur pour
des réseaux de chaleur urbains (figure 4). En 2021, sur
les 833 réseaux de chaleur de France métropolitaine,
47 avaient recours à la géothermie directe. La géothermie
profonde peut également être utilisée pour
des applications industrielles - procédés utilisant
la vapeur, l’air chaud ou l’eau chaude -, des applications
agricoles - chauffage de serres, pisciculture, séchage
-, des applications aqua-ludiques : piscines, centres nautiques,
thermes. Le fonds chaleur, géré par l’Ademe,
et le fonds de garantie géothermie, géré
par la SAF-Environnement et abondé par l’Ademe, constituent
les principaux mécanismes de soutien de la filière.
La géothermie profonde représente 78 installations
en fonctionnement fin 2022 pour la production de chaleur : 58
en Île-de-France et 1 en Centre-Val de Loire sur le Bassin
parisien, 15 en Nouvelle-Aquitaine et 3 en Occitanie, sur les
bassins aquitain et du Sud-Est, 1 dans le Bas-Rhin.
Cet objectif représente une forte croissance du rythme
des projets de chaleur géothermique profonde et des besoins
de financement accrus sur la période 2023-2028. Une trentaine
de projets ont été identifiés à l’horizon
2030 par l’AFPG. En géothermie profonde, l’enjeu
principal concerne l’identification et la valorisation d’aquifères
profonds moins connus, sous-exploités, voire non exploités. |
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Programmation
pluriannuelle de l’énergie
La
programmation pluriannuelle de l’énergie fixe un
objectif de 4 à 5,2 TWh de consommation finale de chaleur
issue de géothermie profonde en 2028, avec un objectif
intermédiaire de 2,9 TWh en 2023.
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Un
plan d’action national ambitieux |
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Nous
présentons un plan d’action national qui vise à
faire de la France un leader de la géothermie en Europe,
tant en termes de production d’énergies
renouvelables que de filière industrielle. Il doit permettre
de produire en 15 à 20 ans suffisamment de chaleur géothermale
pour économiser 100 TWh/an de gaz, soit plus que les importations
de gaz russe avant 2022. Ambitieux, ce plan d’action global
entend lever les freins du développement de la géothermie.
Il comporte pour cela six grands axes et une quinzaine d’actions
pour :
-
Structurer
la filière et renforcer sa capacité de production
et de forage ;
-
Développer
l’offre de formations ;
-
Accompagner
les porteurs de projet et les usagers, notamment financièrement
;
-
Sensibiliser
les acteurs locaux ;
-
Simplifier
la réglementation ;
-
Améliorer
notre connaissance du sous-sol.
Ce
plan d’action, dans le prolongement du projet sur les énergies
renouvelables, doit permettre à la France de réussir
cette accélération sans précédent
des énergies renouvelables dans notre pays, au service
de notre indépendance énergétique et de la
lutte contre le réchauffement climatique. |
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Cas
type
Une
ville de 80 000 habitants se lance dans une opération de
géothermie profonde avec la création d'un réseau
de chaleur. Grâce aux dispositifs mis en place par l’État,
dont le fonds chaleur, la ville bénéficie d’un
accompagnement sur les coûts fixes de déploiement
et les coûts de distribution de l’ordre de 20 millions
d'euros. A ceci peuvent s’ajouter des aides de la Région.
Le montant d’investissement est couvert à plus de
35 %. Les certificats d’économie d’énergie
viennent en complément, et réduisent le coût
de l’énergie de l’ordre de 23 %, pour un montant
supérieur à 2,5M€. Le résultat : la
ville décarbone sa chaleur à plus de 65 %, réduit
sa facture et gagne en indépendance énergétique.
Agnès
Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique
- Cf : Géothermie : un plan d’action pour accélérer
- 2 février 2023 |
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..La
géothermie, un enjeu énergétique
crucial
...........Un
plan d’action national
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Pour atteindre la neutralité carbone
à l’horizon 2050, nous devons décarboner
les deux-tiers de notre consommation d’énergie,
qui restent aujourd’hui d’origine fossile,
et importée de l’autre bout du monde. C'est
pourquoi, en coordination étroite avec le Haut-commissaire
au Plan François Bayrou, qui a publié
un rapport éclairant sur ces enjeux et ces opportunités,
nous présentons ce plan d’action national.
Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition
énergétique - Cf : Géothermie
: un plan d’action pour accélérer
- 2 février 2023.
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Qu'est-ce que la géothermie ?
Le cœur de la terre est constitué de magma
produisant en permanence une forte chaleur du centre vers
la surface. Sur les premières centaines de mètres
de profondeur, on observe ainsi une élévation
de la température du sous-sol avec la profondeur
d’environ 3 °C par centaine de mètres
en moyenne.
La
géothermie, expression venant du grec gêo
- terre - et thermos - chaud -, est donc la science visant
à exploiter la chaleur de la terre. Lorsque
l’on parle d’énergie géothermique,
on parle de l’énergie ou de la chaleur extraite
du sous-sol.
Ainsi,
le mot géothermie désigne à
la fois la science qui étudie les phénomènes
thermiques internes du globe, et l’ensemble des
technologies qui permettent d’exploiter la chaleur
de la Terre.
La
géothermie vise à utiliser cette chaleur
pour produire de l’électricité, du
chauffage ou du rafraîchissement.
Pour
tout savoir sur la géothermie, rendez-vous sur
le site de référence de l’Ademe et
du BRGM :
geothermies.fr
et ses espaces régionaux : geothermies.fr/espace-regional |
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