Exposition Félins


(2) De parfaits prédateurs ?
La chasse - Les sens - Agilité et puissance
Des outils spécifiques : dents, griffes et langue
Territoire et famille



En 2023, le Muséum national d’Histoire naturelle met à l’honneur une exceptionnelle famille d’animaux présents sur toute la planète : les félins.
Qu’il s’agisse de leur diversité, de leurs impressionnantes capacités de prédateurs, de leurs relations avec les hommes à travers les époques
et les cultures ou de leur domestication, les 38 espèces de félins vivant sur Terre vont être présentées au public de manière tout à fait inédite. Conceptrices d’exposition, scénographe, commissaire et conseillers scientifiques travaillent de concert avec les taxidermistes et préparateur ostéologique de l’Institution, permettant aux futurs visiteurs d’observer de magnifiques spécimens naturalisés pour l’occasion aux côtés
de spécimens des collections patrimoniales restaurés. Le rendez-vous est donné au sein de la Grande Galerie de l’Évolution
pour découvrir cette incroyable fresque féline.

De parfaits prédateurs ?  

Cette seconde partie présente aux visiteurs toutes les qualités anatomiques, comportementales et sensorielles qui font des félins des prédateurs hors-pair.

Pourtant, le succès n’est pas toujours au rendez-vous et ces mêmes félins, aux capacités de prédation spectaculaires, doivent souvent s’y reprendre à plusieurs fois avant d’attraper leurs proies. D'ailleurs, qu’il s’agisse d’un chat ou d’un lion, tous les félins utilisent les mêmes techniques.
Pour prendre toute la mesure de leur rôle de prédateur, de nombreuses scènes de taxidermie ont été conçues spécialement pour l’exposition. Dès l’entrée dans ce nouvel espace, plusieurs spécimens semblent prêts à bondir sur les visiteurs, d’autres sont en pleine capture, ou en train de mettre à mort leurs proies. Chacune de ces naturalisations est accompagnée d’un film illustrant le détail du mouvement.

La chasse

Qui dit prédation, dit chasse. Les félins chassent donc régulièrement des proies pour assouvir leur appétit de carnivore. La chasse peut être décomposée en plusieurs phases, partagées par l’ensemble des félins.
Tout d’abord, il y a l’approche, caractéristique en cela qu’elle se fait à ras le sol, en position ramassée et les oreilles baissées pour ne pas être vu. Puis la capture, phase essentielle, qui est souvent… manquée !
Un guépard a un taux de succès de 37 % face aux gazelles. Quant au lion, le taux de réussite est de seulement 11% face aux zèbres. Un serval aura un taux de réussite de près de 80% face à de petits rongeurs. Mais une fois attrapée, la mise à mort de la proie est radicale. Qu’il s’agisse, pour les grosses proies, de saisir à la gorge et de compresser les artères pour provoquer l’étouffement, voire de percer le crâne comme le jaguar, ou bien, pour les plus petites proies, de les paralyser en sectionnant la moelle épinière, les mises à mort sont multiples. La proie enfin tuée, il s’agit de déguster. De nombreux félins isolent leur butin pour le consommer en solitaire.
Enfin, après tant d’efforts, il y a le repos, qui représente une large part des journées de ces félins, qui peuvent dormir jusqu’à 20 heures par jour pour certaines espèces.

Lion (Panthera leo) © MNHN F-G Grandin

Les sens

Pour chasser de manière optimale, les félins ont un atout de poids, grâce à la diversité de leurs pelages, qui leur permettent de se camoufler dans différents écosystèmes : rayures reproduisant les motifs verticaux des hautes herbes, tâches assimilables aux ombres de feuillages… Ce sont leurs sens qui leur permettent de maximiser les victoires. Grâce à plusieurs dispositifs - mur tactile avec différents pelages, jeux À qui sont ces oreilles ? ou Dans les yeux d’un chat… -, le public découvre plus précisément quels sont les sens les plus développés chez les félins, à savoir l’ouïe, la vue et le toucher.

Guépard (Acinonyx jubatus), Tanzania © A Peach

Tout d’abord, l’ouïe très fine des félins leur permet d’entendre des fréquences de 50 Hz à 80 kHz, là où celle de l’humain couvre des fréquences allant de 20 Hz à 20 kHz. Leurs oreilles, composées de 32 muscles chacune, peuvent par ailleurs effectuer des rotations de 180° et être autonomes l’une de l’autre, ce qui facilite la compréhension de la provenance de tel ou tel bruit. Cet atout est d’ailleurs si pratique que la chasse à l’ouïe est une des pratiques privilégiées chez certains félins - serval, chat des sables… - qui chassent sans même voir leurs proies. Par ailleurs, dotés d’une vision binoculaire - yeux en position frontale -, les félins ont une excellente vue, de jour comme de nuit. Cette vision nocturne est possible grâce à une couche de cellules appelée tapetum lucidum, située derrière la rétine et qui renvoie les rayons lumineux une deuxième fois sur ladite rétine. Enfin, le toucher est un sens capital pour les félins, qui grâce à la sensibilité de leurs pattes, savent exactement comment avancer en silence avant d’attaquer. Les félins sont par ailleurs dotés de vibrisses, ces poils épais et sensibles, connus au niveau des moustaches, mais que l’on trouve aussi sur les joues, au-dessus des yeux, sur le menton, à l’arrière des pattes antérieures. Les vibrisses sont des organes spécialisés qui leur permettent de détecter des objets à proximité et de se déplacer dans le noir sans heurts.

 

Tigre de Sumatra (Panthera tigris) © MNHN F-G Grandin

Panthère des neiges (Panthera uncia) © MNHN F-G Grandin

Agilité et puissance

Sauter, grimper, courir, nager : les félins ont une musculature puissante et un squelette souple qui les poussent à l’exploit. Cette anatomie caractéristique est d’une redoutable efficacité quand il s’agit de sprinter par exemple. Les guépards sont les mammifères les plus rapides au monde, poussant leurs courses jusqu’à plus de 100 km/h en l’espace de quelques secondes. Les sauts, très hauts - le puma est capable de sauter à 3 mètres sans élan -, ou très loin - la panthère des neiges peut se lancer par-dessus un ravin de 6 mètres de large - sont possibles grâce à des muscles pectoraux fonctionnant comme des ressorts, absorbant ainsi les chocs.
Sauter c’est aussi tomber et grâce à son oreille interne le félin peut se retourner lors d’une chute tout en prenant conscience de son orientation dans l’espace. Dans cette partie, les naturalisations sont régulièrement présentées en duo, avec des montages ostéologiques, créés là aussi pour l’occasion. Ces montages donnent toute la mesure du mouvement décomposé : un guépard dans deux positions lors de sa course, ou 5 squelettes représentant les 5 phases d’un chat se retournant avant de tomber sur ses pattes.

Des outils spécifiques : dents, griffes et langue

Les félins ont des besoins en protéines animales très importants. Pour chasser, tuer et se nourrir, leur corps a développé des outils bien pratiques. Leurs griffes rétractiles, tout d’abord, leur permettent d’avancer discrètement vers leurs proies, et ne sortent qu’au moment opportun. Leurs dents, dont certaines prémolaires et molaires sont même appelées carnassières. Les canines sont utilisées pour la mise à mort, le déchiquetage et le dépeçage des bêtes. Sans oublier leur langue, parfaite pour râper la chair et nettoyer les os des carcasses. Cette langue est équipée de papilles creuses et rigides qui lui donnent cette texture rugueuse. Enfin, leur système digestif est celui d’un hypercarnivore, capable, chez les grands félins, d’ingurgiter des dizaines de kilos de viande en une prise entre deux périodes de disette. De nombreux panneaux explicatifs et objets de collection présentent ces attributs, en particulier le dispositif tactile Dans la gueule du tigre, pour découvrir, de près, la dentition de ce fameux félin.

Territoire et famille

Le territoire est essentiel, tant pour chasser - là où il y a le plus de proies potentielles - que pour trouver un partenaire, faire des petits, et leur apprendre à devenir eux-mêmes de bons prédateurs.
Les félins marquent leur territoire grâce à plusieurs procédés chimiques (phéromones). Ils défendent âprement ces zones qui peuvent s'étendrent jusqu'a 5 000 k
.

La plupart des félins s’octroient un espace où ils vivent en solitaire, à l’exception des lions, qui se regroupent et ont une vie sociale et intergénérationnelle unique. C’est aussi au sein de ces territoires que les mères donnent la vie à leurs petits, dont elles s’occupent seules pendant plusieurs mois. Peu d’entre eux iront jusqu’à l’âge adulte, soit parce qu’ils seront tués par d’autres prédateurs soit en raison de maladies ou des conséquences de la forte consanguinité qui existe chez certaines espèces. Ils auront appris à chasser grâce au jeu et à l’imitation avec leur mère, leurs frères et soeurs.

Saison prédateurs au Parc zoologique de Paris

 

Les félins ne sont pas les seuls prédateurs de notre planète. En parallèle de l’exposition qui sera proposée en Grande Galerie de l’Évolution, le Parc zoologique de Paris, autre site du Muséum, propose à ses visiteurs de découvrir la diversité des prédateurs jusqu'à novembre 2023. Félins, mais aussi oiseaux, insectes, poissons, serpents, grenouilles... : les animaux qui chassent et se nourrissent de proies vivantes ne sont pas seulement ceux que l’on croit !
Petits et grands pourront en apprendre plus sur de nombreuses espèces emblématiques comme le loup, le jaguar ou le lion, mais aussi rencontrer les plus insoupçonnés des prédateurs…


Caméléon panthère © MNHN F-G Grandin
 


Dangers et menaces

Les félins actuels sont menacés de toutes parts et pour diverses raisons. L’exposition s’attache à expliciter les dangers qui pèsent sur eux, en particulier sur les espèces les moins connues, qui n’ont pas encore été entièrement étudiées et qui risquent de disparaitre avant même de l’avoir été. Bien que la plupart des espèces soient protégées par des conventions internationales, la destruction de leurs habitats naturels, la chasse et le braconnage ou encore les conflits avec les éleveurs demeurent de réelles menaces pour eux. Les jaguars, par exemple, occupent actuellement 51 % de leur répartition historique tandis que les tigres ont perdu plus de 93 % de leur territoire. Les populations de guépards sont, elles, passées en moins d’un siècle de 100 000 individus à tout juste 7 000.
Les menaces et dangers sont notamment symbolisés par un amoncellement de peaux de félins saisies en douane. En France c’est le lynx d’Eurasie qui représente l’espèce la plus menacée. Il a entièrement disparu du territoire au début du XXe siècle, après le déboisement et une chasse intensive. Il est de retour depuis les années 1970 grâce à des réintroductions en Suisse et en France. Mais les collisions routières, la fragmentation de leur habitat et la chasse illégale fragilisent toujours cette population de seulement 150 individus environ.

..

 
   
.....
.
.
Exposition Félins

....
Une exposition conçue et réalisée par le Muséum national d'Histoire naturelle (MnHn)
....
Jardin des Plantes Paris (Ve) - Grande Galerie de l’Évolution - Jusqu'au 24 avril 2024
 

....
L'exposition Félins en chiffres

1000 d'exposition.
150 objets :
100 spécimens
et pièces anatomiques

dont 80 naturalisations
et 10 squelettes dynamiques
50 pièces d'anthropologie et d'archéologie,
prêts de grands musées parisiens

Crâne de félin fossile - Proailurus Lemanensis
© MNHN J-C Domenech

 
   


Commissariat scientifique
Commissaire : Géraldine Veron, Professeur à l'Institut de Systématique, Évolution, Biodiversité, MnHn

Équipê muséographique, MnHn
Cheffe de projet : Sophie Grisolia
Conception muséographique : Manon Toulemont, Zoé Lecamus
Scénographie : Sacha Mitrofanoff

jardindesplantesdeparis.fr


Graphisme : Balam
Conception audiovisuelle et multimédia
:
Estelle Herbin et Isabelle Legens
Iconographie : Ingrid Verleye
Coordination : Mathilde Chikitou
Régie des collections : Sophie Dabis
Préparation ostéologique : Éric Pellé
Taxidermie : Vincent Cuisset, Christophe Voisi
Justine De Jong, Isabelle Huynh Chan Hang