Les
bois de Boulogne et de Vincennes sont deux espaces de respiration uniques,
situés au coeur du Grand Paris. Représentant à eux
deux près du quart de la surface du Paris urbanisé, les
deux bois occupent un espace équivalent aux huit premiers arrondissements.
Ils sont fréquentés par des habitués mais sont encore
méconnus par beaucoup d’habitants. Une grande diversité
d’usages existe : pour certains, ils représentent des axes
de circulation rapide, pour d’autres le plaisir du footing dans
les allées, de la promenade et pique-nique sous les arbres, du
canotage sur les plans d’eau… Les Charte du bois de Vincennes
(1) et de Boulogne, signées en 2003, ont constitué un cadre
précieux, en définissant quatre axes majeurs pour structurer
un projet ambitieux d’aménagement durable des bois : réhabiliter
les paysages et restaurer les milieux naturels ; réduire fortement
la circulation automobile pour une promenade tranquille ; reconquérir
l’espace public des bois et gérer les activités dans
la cohérence et la transparence ; et enfin innover dans les modes
de gestion et de gouvernance.
La
place de la voiture dans le bois |
Une
réduction de la place de la voiture
Les voies du bois supportent un trafic important, du fait de
la saturation du tronc commun A4-A86 et du Boulevard périphérique,
mais aussi de la grande capacité des voies du bois à
la fois larges et rectilignes. Cette largeur des chaussées
dans le bois encourage le trafic de transit et la vitesse, malgré
les restrictions réglementaires. Les promeneurs et les
cyclistes sont pénalisés à la fois par
le bruit routier et par cette densité du trafic.
Les voies du bois accueillent une circulation importante, notamment
à l’heure de pointe du soir. En trafic annuel,
les comptages de la Direction de la Voirie et des Déplacements
réalisés en octobre 2019 indiquent des trafics
élevés sur les grands itinéraires métropolitains,
que sont la route de la Pyramide et l’avenue de Saint-Maurice
dans la séquence sud - 19 500 véh/jour -, ainsi
que l’avenue de Nogent dans sa séquence proche
de Vincennes : 18 000 véh/jour. La route de la Ceinture
du Lac Daumesnil et le nord de l’avenue de Saint-Maurice
sont empruntées par des trafics de l’ordre de 14
000 véh/jour. Moins circulées, la route de la
Ferme ou l’avenue du Tremblay accueillent des trafics
de l’ordre de 10 000 véh/jour. Pour dissuader le
trafic de transit et privilégier la vie locale, un certain
nombre de communes autour du bois aménagent des zones
30, des rues piétonnes, ou mettent en place des plans
de circulation, comme dans le centre de Charenton-le-Pont.
La fermeture récente des voies constitue un premier pas
important dans la reconquête du massif forestier qui doit
être poursuivie. La pression exercée dans le bois
par l’automobile se manifeste de manière différenciée
selon les jours :
-
en
semaine : la circulation dense et en général
rapide entraîne des problèmes de sécurité
- franchissement des piétons et des cyclistes - et
d’ambiance : bruit, pollution et effet de coupure. Le
Bois apporte une offre d’itinéraires de transit
automobile importante à l’échelle de l’agglomération
et est utilisé comme tel
-
en
fin de semaine : les encombrements de circulation mais aussi
de stationnement sont liés aux pointes de fréquentation
sur la périphérie du massif forestier, essentiellement
aux abords des lacs, des pelouses arborées et des équipements.
Concernant
l’usage de la voiture, il est en net recul selon les résultats
de l’enquête de 2019 : l’utilisation de la
voiture pour se rendre au bois a été réduite
des deux-tiers dans le bois de Vincennes avec seulement 21 %
des visiteurs usagers de la voiture en 2019 contre 60 % en 2002.
La voiture devient le troisième mode d’accès
au bois, derrière les transports collectifs et la marche
à pied, et juste devant le vélo (17 % de part
modale). Sur les deux bois, cet usage de la voiture est passé
en moyenne de 63 % à 29 % entre 2002 et 2019, et s’est
donc accompagné d’une importante diversification
des modes d’accès.
L’avenue
de Nogent et le lac des Minimes
©
ph.guignard@air-images.net
Les
riverains du bois de Vincennes plébiscitent par ailleurs
l’usage des modes doux - marche à pied et vélo
- qu’ils utilisent à 66 %, contre seulement 11
% la voiture.
Enfin, l’appartenance à un ménage équipé
d'une voiture se traduit par une utilisation un peu plus importante
pour se rendre dans le bois, puisqu’elle concerne 37 %
des visiteurs.
L’apaisement et la réduction de la circulation
automobile
Ces
dernières années, la reconquête de voies
circulées et de zones stationnées au profit du
Bois et de ses usages, s’est poursuivie par la fermeture
de la route de Bourbon et de la route Saint-Hubert en 2010,
et plus récemment des voies au sud du lac Daumesnil,
et l’avenue de l’École de Joinville.
La circulation a également été apaisée
grâce au passage à 30 km/h de certaines voies limitrophes
dans les communes riveraines : avenue de Gravelle.
Fermeture
de la route de la Tourelle à la hauteur de l’hippodrome
©
Apur
L’extension
de Paris Respire
En
2017, les secteurs de Paris Respire initiaux de 2007 - autour
du lac des Minimes et du lac Daumesnil - ont été
étendus à la route du Parc.
Ce sont ainsi trois grands secteurs qui sont préservés
de la circulation les dimanches et jours fériés
: le lac Daumesnil, le lac des Minimes, et le cœur du bois,
entre l’avenue de Saint-Maurice et la route de la Pyramide.
Le
réaménagement des carrefours
L’apaisement
de la circulation a aussi été encouragé
par la requalification des carrefours de la Patte d’Oie
et de la Croix-Rouge - avec la création de respectivement
3 500 m² et 2 000 m² de surfaces végétalisées
-, et plus récemment, de carrefours importants - Conservation,
Pyramide et Nogent-Fontenay -, ainsi que par l’aménagement
en cours de l’esplanade Saint-Louis en plateau surélevé
à 30 km/h.
En 2019, le réaménagement de la Porte Jaune -
avenues de Nogent et de Fontenay - a permis de restaurer la
qualité paysagère de l’entrée sur
le lac des Minimes, de favoriser les circulations douces, en
reportant le stationnement supprimé sur l’avenue
de Nogent. Celui du carrefour de la Conservation a permis d’étendre
les espaces piétons et paysagers sur les emprises stationnées,
en permettant par ailleurs une déconnexion des eaux pluviales
de la chaussée du réseau d’assainissement.
Le
réaménagement du carrefour de la Conservation
au niveau de la route
de la Ceinture du Lac, fermée dans le cadre de Paris
Respire
©
Apur – Vincent Nouailhat
Les
effets d’un apaisement de la circulation à 30 km/h
En
2016, des scénarios de réduction de la vitesse
(DEVE-AEU) ont été modélisés pour
montrer les impacts d’une limitation générale
de la vitesse à 30 km/h et de la fermeture de certaines
voies : route du Parc. Ils montrent une diminution importante
du trafic sur les voies du bois, ainsi que des reports de trafic
sur l’avenue Saint-Maurice, au sud, et sur des itinéraires
alternatifs en limite du bois jugés non problématiques,
avenue de Joinville notamment. L’étude de réduction
du bruit (DEVE-AEU), liée à ce scénario,
fait apparaître quant à elle une baisse importante
du bruit, sur 26 % à 19 % des surfaces dépassant
60 dB (A) sur le créneau 6h-18h. L’environnement
sonore du cœur du bois et du lac des Minimes est particulièrement
amélioré.
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Trois grands secteurs sont préservés
de la circulation les dimanches et jours fériés.
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Zoom
sur… Le réaménagement du carrefour de la
Conservation |
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Le
carrefour de la Conservation, avant travaux
©
InterAtlas
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Le
carrefour de la Conservation aujourd’hui : stationnement
supprimé et continuités piétonnes améliorées
©
Apur – Vincent Nouailhat
Le
carrefour de la Conservation après travaux : restauration
des perspectives
vers le lac Daumesnil ©
Apur |
Le
carrefour de la Conservation, situé sur un lieu stratégique
du bois de Vincennes, constitue le point de passage entre le
paysage ouvert du lac Daumesnil et le massif forestier du cœur
du bois. Il forme un point de repère important pour les
promeneurs, et un accès à la promenade du ruisseau
de Gravelle.
Un premier aménagement réalisé en 2008
a permis d’élargir les emprises en pleine-terre
et les espaces piétonniers. De nouveaux travaux ont été
réalisés, de décembre 2018 à avril
2019, suite à la fermeture à la circulation de
la boucle sud de la route de la Ceinture du Lac.
Outre la reconquête d’une vaste aire bitumée
au profit d’espaces piétonniers, le nouvel aménagement
permet de dégager les perspectives vers le lac et de
restaurer des relations visuelles avec la rivière et
la forêt, grâce à la suppression du parc
de stationnement sur la route de Saint-Maurice. Le projet a
également permis d’étendre la trame végétale
des abords du lac à l’avenue de Saint Maurice,
augmentant ainsi la surface occupée par les espaces végétalisés
et les sols perméables. Les cheminements et les traversées
des piétons et des vélos ont été
élargis et sécurisés, par des tracés
directs et lisibles.

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Requalification du carrefour de
la Conservation :
- 2019
- Maîtrise
d’oeuvre : DVD — DEVE
- Suppression
d’une partie du stationnement
- Réduction
des emprises de voirie au profit d’espaces piétonniers
- Revégétalisation
et désimperméabilisation des sols
- Restauration
des perspectives sur le lac et des relations avec le massif
forestier
- Sécurisation
des cheminements et des traversées piétons/vélos
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L’avenue
Daumesnil, un enjeu d’évolution
©
Apur
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Dispositif
Paris Respire sur le route de Ceinture Nord du Lac Daumesnill, proposé
à la fermeture définitive
©
Apur
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Les
pistes de réflexion pour l’évolution de
la circulation
Apaiser
les grands axes circulés
Malgré
les nombreuses actions entreprises en matière de réduction
de la place de la voiture, l’importante circulation automobile
est citée comme le point faible le plus problématique
par 23 % des répondants dans le bois de Vincennes. Parmi
les pistes d’évolution proposées, améliorer
les transports en commun et améliorer les traversées
piétonnes ont été accueillies favorablement.
La proposition de limiter le nombre de voies circulées,
la circulation, le stationnement recueille 61 % d’opinions
favorables dans le bois de Vincennes, contre 54 % à Boulogne.
Poursuivre
les restrictions, voire les fermetures à la circulation
selon différents scénarios :
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...... .Ouvrage
Les bois de Boulogne et de Vincennes : 1840 hectares
de nature à revisiter
................Atelier
parisien d’urbanisme
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Les deux bois restent
encore des espaces fragmentés, à la
fois par les infrastructures routières et par
les concessions qui les morcellent. L’enjeu
est d’atteindre un juste équilibre entre
les différents usages, les activités
économiques, la préservation et la valorisation
du patrimoine paysager et bâti et le développement
de la biodiversité.
L'ouvrage présente, 17 ans après les
Chartes des bois, un diagnostic mettant en avant,
dans une vision holistique, les actions réalisées,
et esquisse des pistes d’évolutions.
Aujourd’hui, à la fois l’urgence
climatique, les nouvelles attentes des citadins, et
l’exigence patrimoniale nous invitent à
engager une nouvelle étape de développement
des deux bois. Ce diagnostic prospectif peut constituer
un socle commun pour nourrir les échanges et
choix à venir par la Ville de Paris et les
collectivités riveraines.
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Apur - Bois de Vincennes
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Atelier parisien d’urbanisme, Paris 2020
Directrice
de la publication : Dominique ALBA, directrice générale
de l’Apur
Directrice de la rédaction : Patricia PELLOUX,
directrice adjointe - Rédacteurs en chef
: Patricia PELLOUX et Frédéric BERTRAND
Étude réalisée par : Frédéric
BERTRAND, Florence HANAPPE, Vincent NOUAILHAT, Yann-Fanch
VAULÉON - Avec le concours de : Anne-Marie
VILLOT
Cartographie et traitement statistique : Marie-Thérèse
BESSE, Christine DELAHAYE, Tristan LAITHIER, Nathan PAULOT
Photographies et illustrations : Apur sauf mention
contraire
Dépôt
légal : mai 2020 - ISBN : 978-2-36089-017-0 - ISSN
: 1773-7974
apur.org |
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