Les
innovations en cours vont dans le sens d’une optimisation
de l’usage des modes motorisés et de l’espace
porteur de ce type d’offre. Il n’est pas envisagé
de se passer complètement de la voiture qui reste un
moyen de déplacement nécessaire selon les situations.
Toutefois, l’espace occupé par ce mode de déplacement
devrait avoir tendance à se réduire.
Projection
de l’évolution du parc roulant à l’échelle
de la métropole
Si
la tendance à la baisse du taux d’équipement
des ménages se prolonge dans la Métropole du Grand
Paris, c’est autant d’espaces privés ou publics
actuellement dédiés au stationnement des véhicules
qui pourront être réaffectés à d’autres
usages. Le taux de motorisation des ménages dans la Métropole
a baissé de 0,27 % par an entre 1990 et 2017. Cette baisse
s’est même accélérée depuis
2007, avec un taux moyen annuel d’évolution de
- 0,73 % sur 10 ans, soit - 7,6 % sur la période 2007-2017.
On
peut estimer que si la progression du taux de motorisation continue
d’évoluer selon les tendances passées, le
taux de motorisation pourrait être compris entre 0,6 et
0,64 véhicules par ménage en 2030 dans la Métropole,
et entre 0,31 et 0,34 véhicules par ménages dans
Paris. Ces projections prennent en compte la prolongation du
taux moyen annuel calculé entre 1990 et 2017 pour le
scénario 1, et la prolongation du taux moyen annuel calculé
entre 2007 et 2017 pour le scénario 2.
L’ensemble
des 3 millions de ménages de la Métropole comptait
en 2017 près de 2 100 000 véhicules. Une telle
évolution du taux de motorisation pourrait représenter
entre 70 000 et 190 000 véhicules en moins en circulation
et en stationnement sur le territoire métropolitain,
dont 57 000 à 94 000 dans Paris et entre 19 000 et 100
000 en Petite Couronne à l’horizon 2030. Les États
Généraux du stationnement de la ville de Paris,
menés entre octobre 2020 et février 2021, ont
engagé une réflexion ayant abouti à la
reconversion possible de 70 000 places de stationnement, dans
une optique de rééquilibrage de l’espace
public et du besoin de nature en ville, et d’optimisation
de l’utilisation des parkings souterrains et en ouvrage.
La
ZFE-m métropolitaine
En
2019, Airparif, l’association chargée de la surveillance
de la qualité de l’air en Île-de-France,
a évalué à 400 000 le nombre d’habitants
de la métropole respirant un air très pollué,
dépassant la valeur limite annuelle en dioxyde d’azote
(NO2). Ainsi, l’agence Santé Publique France estime
que 6 600 décès prématurés par an
pourraient être évités sur le territoire
de la Métropole. Afin de répondre à cette
urgence sanitaire et climatique, la Métropole du Grand
Paris s’est engagée dans la mise en place d’une
Zone à Faibles Émissions mobilité (ZFE-m).
La
ZFE-m métropolitaine est un dispositif destiné
à limiter la circulation des véhicules les plus
polluants dans un périmètre défini, afin
de faire baisser les émissions de polluants liés
au trafic routier et donc d’améliorer la qualité
de l’air. Pour circuler dans une ZFE-m, une vignette Crit’Air
doit être apposée sur le parebrise, permettant
de distinguer les véhicules en fonction de leur niveau
d’émissions de polluants atmosphériques.
Ainsi, les plus polluants et les non classés
ne pourront pas rouler dans la ZFE-m sur certaines plages horaires.
À
partir du 1er juillet 2019, une quarantaine de communes de la
métropole, situées dans la zone la plus dense
- intra autoroute A86 -, ont pris des arrêtés visant
à restreindre la circulation des véhicules classés
Crit’Air 5 et non classés sur leur territoire,
les véhicules les plus polluants. Les restrictions s’appliquent
de 8h à 20h, du lundi au vendredi pour les véhicules
particuliers, les utilitaires légers (< 3,5 tonnes)
et les deux-roues motorisés, et pour les poids lourds,
toute la semaine. En
juin 2021, une nouvelle étape a été franchie
avec le renforcement de la ZFE-m : les véhicules Crit’Air
4 ne peuvent plus circuler à l’intérieur
du périmètre de l’A86. Paris, en 2017, a
été la première ville en France à
mettre en place des restrictions de circulation des véhicules
les plus polluants. Depuis le 1er juillet 2019, les Crit’Air
4 sont concernés. Depuis 2022, Paris et la Métropole
avancent de concert en interdisant les véhicules Crit’Air
3, avec pour objectif la fin des véhicules diesel en
2024, et celle du thermique - essence incluse - en 2030.
La
route de 5ème génération
À
la croisée de nombreux champs d’ingénierie
- matériaux, structure, énergie… -, les
infrastructures routières concentrent de nombreuses innovations.
À travers l’histoire, les différentes générations
de routes ont fortement amélioré la mobilité
des usagers et contribuées au développement territorial.
Mais, face au défi actuel de la transition énergétique,
et afin de proposer une réponse aux enjeux du développement
durable, la route devrait se renouveler. Ainsi, plusieurs programmes
de recherche transnationaux - notamment européens - travaillent
à la mise au point de la route de demain. En France c’est
notamment l’université Gustave-Eiffel (3)
qui porte ce projet dit de route de cinquième génération
(R5G). Cette nouvelle génération de route, encore
à inventer, devra être modulable, décarbonée,
économe en ressources naturelles, à énergie
positive et connectée.
(3)
L’Université Gustave-Eiffel est une université
française expérimentale spécialisée
dans l’étude des villes et des processus d’urbanisation,
fondée le 1er janvier 2020 et née de la fusion
de l’Université Paris-Est-Marne-la-Vallée
et de l’Institut Français des Sciences et Technologies
des Transports, de l’Aménagement et des Réseaux.
Ainsi,
la R5G devrait nécessiter moins d’entretien et
verrait sa durée de vie allongée, grâce
à des matériaux plus résistants ou autocicatrisants.
La chaussée de demain est frugale, favorisant l’économie
de ressources naturelles, et l’utilisation de déchets
comme matériaux de travaux publics. Ses couches de roulement
sont à la fois plus adhérentes et silencieuses,
mais également dépolluantes et modulables. Équipée
d’éoliennes, de dalles piézoélectriques,
de centrales photovoltaïques ou géothermiques directement
intégrées à sa structure, ou situées
dans son voisinage, cette nouvelle génération
de route profite des flux de véhicules pour stocker et
collecter de l’énergie, qu’elle réutilise
directement pour alimenter ses propres équipements de
signalisation, d’éclairage ou encore pour réguler
sa température : dégivrer l’hiver et refroidir
l’été. Le surplus d’énergie
produit est redistribué sur le réseau électrique,
ou alimente directement les véhicules électriques
roulant, via des solutions de recharge sans contact. Enfin,
ces nouvelles infrastructures sont en mesure de réguler
les flux, d’ajuster automatiquement les vitesses, d’optimiser
le stationnement sur voirie et la gestion des livraisons…
Le
futur de la voiture personnelle s’oriente donc vers le
développement de solutions technologiques innovantes
visant à réduire l’impact environnemental
de ce mode de transport individuel, et à développer
de nouveaux types de motorisation.