Des
continuités de biodiversité en pas japonais à
favoriser
Les
continuités en pas japonais sont une succession d’espaces
végétalisés, de surface réduite, distants
les uns des autres, qui permettent à certaines espèces
de se déplacer d’un réservoir de biodiversité
à un autre, en l’absence de corridors de biodiversité
fonctionnels. Il est important de souligner que plus les réservoirs
de biodiversité sont connectés, plus le nombre et
la diversité des espèces susceptibles de se déplacer
sera important. D’autre part, plus il y a d’espèces
et plus le milieu est stable face aux accidents sanitaires ou
climatiques, et plus les services écosystémiques
seront importants.
À
Paris, les voies situées à proximité des
parcs et jardins publics, des jardins de cœur d’îlot
des grandes institutions, des bailleurs et des copropriétés,
ainsi que des cours oasis des écoles, peuvent jouer un
rôle essentiel à la constitution de continuités
en pas japonais.
L’analyse faite ci-après se base sur l’usage
actuel de ces voies. Une réflexion sur la réduction
du stationnement, ou des files de circulation, voire la piétonnisation
de certaines de ces voies permettrait d’augmenter d’autant
le potentiel de végétalisation et ainsi les continuités
des différentes strates végétales sur ces
voies.
Renforcer
la connectivité des parcs, jardins et cimetières
Les
2 bois, les 490 parcs et jardins publics et les 14 cimetières
intra-muros sont bordés et desservis par près de
380 km de voies qui, dans leur très grande majorité,
sont stationnées de part et d’autre, et plantées
d’arbres sur 44 % de leur linéaire seulement. Les
trottoirs sont majoritairement imperméables et la présence
de végétation basse - arbustive et herbacée
- y est rare.
La
plantation de ces voies par des arbres, arbustes et herbacées,
sur les trottoirs et/ou sur la chaussée en substitution
d’une part du stationnement, permettrait d’augmenter
la biodiversité et la connectivité écologique
de ces espaces et d’étendre leur effet rafraîchissant
aux rues avoisinantes.
Ainsi
transformées, ces voies offriraient de plus l’intérêt
d’être des espaces frais ouverts 24h sur 24 et d’être
des lieux pour des activités de quartier : jardins partagés,
rues aux enfants…
La
moitié de ces voies ont plus de 19 m de large (198 km)
et sont plantées sur 23 % de leur linéaire (44 km).
Ces voies, identifiées pour le renforcement des corridors
de biodiversité, pourraient être prioritaires. Les
153 km non plantés aujourd’hui devraient pouvoir
devenir des corridors écologiques fonctionnels, intégrant
des alignements d’arbres de grand développement,
ainsi que l’ensemble des strates végétales
sur des surfaces larges et continues, dans des dispositifs adaptés
au contexte urbain : portes cochères, arrêts de bus,
collecte des déchets ménagers…
Les
voies de 11 à 19 m de largeur est inférieure à
19 m représentent un linéaire de 181 km, planté
à 67 %. La qualité et la continuité écologique
de ces linéaires sont à confirmer et à renforcer
le cas échéant. Les 59 km non plantés sont
à étudier pour renforcer efficacement le maillage
des continuités écologiques dans Paris.
Deux
types de voies se distinguent :
-
Les voies bordant les parcs et jardins : Ces voies
représentent une extension naturelle du domaine de
ces parcs et jardins. La végétalisation de ces
voies, côté parc et/ou côté bâtiment
devra pouvoir être mise en œuvre sur trottoir ou
sur une partie du stationnement. Cette végétalisation
pourra, selon les quartiers, s’accompagner d’une
réduction de la chaussée et de la circulation,
ou d’une fermeture totale, partielle ou temporaire de
la voie au profit des piétons et vélos.
-
Les voies en radiale depuis ces parcs et jardins
: Ces voies permettent d’étendre le rayonnement
écologique et microclimatique de ces espaces. La végétalisation
et la désimperméabilisation des trottoirs est
un enjeu majeur qui pourrait s’accompagner localement
d’une réduction de la chaussée et d’une
suppression partielle du stationnement.
Permettre
la connectivité des espaces verts privés
À
Paris, environ 600 ha d’espaces végétalisés
privés, identifiés majoritairement sur les arrondissements
périphériques du sud, de l’ouest et de l’est,
offrent un potentiel de connexion en pas japonais avec les bois,
les cours d’eau, les parcs et jardins, les cimetières
et les grands terrains de sport végétalisés.
On identifie plus de 3 800 tronçons de voies situés
à moins de 10 m d’un espace vert privé de
plus de 200 m². Ces tronçons, présentant le
plus grand intérêt pour la mise en réseau
écologique de ces cœurs d’îlots, totalisent
un linéaire de 292 km. Ce linéaire est planté
à 26 % seulement, soit environ 76 km.
Il se décompose en 66 km de voies de plus de 19 m de large
(plantées à 66 %) et 225 km de voies de moins de
19 m de large (plantées à 15 %).
290
km de voies à proximité
d'un espace vert privé
©
Source : Apur, DEVE
Les
66 km de voies de plus de 19 m, déjà identifiées
pour le renforcement des corridors de biodiversité, présentent
un enjeu majeur de renforcement du végétal. Comme
pour les voies situées à proximité des parcs
et jardins publics, la qualité et la fonctionnalité
écologique des 66 % aujourd’hui plantés seront
à confirmer et à renforcer le cas échéant.
Les voies non plantées devraient pouvoir devenir à
court terme des corridors écologiques fonctionnels.
Les 225 km de voies de moins de 19 m de large, plantés
sur 15 % de leur linéaire, devraient pouvoir être
plantées d’arbres de grand développement,
sur au moins une de leur rive, dans des fosses continues, perméables
et végétalisées.
Améliorer
la qualité du cadre de vie à proximité des
équipements scolaires
L’action
10 de la Stratégie de Résilience de Paris porte
sur la transformation des cours des établissements scolaires
en oasis. La rénovation de ces cours devra leur
apporter plus d’eau, d’ombre, de végétation,
une meilleure gestion des eaux de pluie, et de nouveaux usages
pour leur permettre de devenir des îlots de fraîcheur
de proximité. Cette action a été expérimentée
sur 3 sites en 2018, étendus à 30 en 2019, et a
vocation à s’étendre à l’ensemble
des cours parisiennes à l’horizon 2040.
290
km de voies, plantées à 34 %, à proximité
des écoles et des crèches ©
Source : Apur, DEVE
Pour
accompagner ce changement, inscrire ces cours végétalisées
dans le maillage écologique parisien et offrir un meilleur
confort aux écoliers sur leurs parcours quotidiens, l’ensemble
des voies situées à proximité des écoles
maternelles, écoles élémentaires, collèges,
mais aussi des crèches, jardins d’enfants et haltes-garderies
sont potentiellement à végétaliser.
On
dénombre à Paris 374 écoles maternelles,
364 écoles élémentaires, 114 collèges
et 154 crèches, jardins d’enfants et haltes-garderies.
Ces 1 006 structures éducatives sont desservies par 4 300
tronçons de voies situées à moins de 25 m
de leurs enceintes. Ces voies représentent un linéaire
cumulé de 290 km dont 1/3 est planté d’arbres
(99 km). Elles sont majoritairement d’une largeur inférieure
à 19 m (214 km, dont 38 km plantés).
Comme
pour les voies de moins de 19 m de large situées à
proximité des parcs et jardins publics et des espaces verts
privés, la végétalisation et la désimperméabilisation
des trottoirs donnant accès aux établissements est
un enjeu fort qui pourra s’accompagner localement d’une
réduction de la chaussée et d’une suppression
partielle du stationnement pour élargir les trottoirs et
sécuriser les traversées. La végétalisation
continue des pieds d’arbres pourra intégrer le stationnement
des vélos et trottinettes. Localement, ces bandes pourraient
être jardinées par les établissements qui
le souhaitent.
Certaines
de ces voies pourraient voir leur circulation fortement réduite,
ou être piétonnisées, pour améliorer
la qualité du cadre de vie à proximité des
écoles. C’est le cas de 12 km déjà
piétonnisés et 6 km en zone de rencontre. Ces 17
km de voies dont la circulation est réduite, bénéficient
déjà à 54 crèches et haltes garderies,
43 écoles maternelles, 30 élémentaires et
37 collèges et autres classes spécialisées,
Segpa notamment. Dans le cas de nouveaux projets de piétonnisation,
ces voies pourraient recevoir un projet paysager important accompagnant
ce changement d’usage et renforçant la qualité
écologique et urbaine à proximité des écoles
et crèches. |
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