Étude L'alimentation durable à Paris
..Première description des lieux de vente
et des sites de production

(3) Initiatives agricoles au cœur du territoire
de la Métropole du Grand Paris

La tendance agricole francilienne
Premier inventaire des initiatives et dispositifs mis en place

 


Alimentation de qualité et production agricole vont de pair. Après une longue période de disparition de l’agriculture vivrière en Île-de-France, nous assistons, sous la double nécessité d’une exigence des consommateurs et de la réduction de l’empreinte carbone des villes, au
renouveau de cette agriculture et de ses circuits de distributions. On trouve aujourd’hui à Paris 245 points de vente en alimentation durable, auxquels ils convient d’ajouter les marchés, les halles alimentaires, plus de 120 réseaux de circuits-courts producteurs-consommateurs et 15
hectares d’agriculture en pleine terre et en toiture à Paris. Ainsi plus de la moitié de la surface de Paris est couverte par un point de vente de produits cultivés en Ile-de-France et les réseaux circuits-courts de la capitale font appel à plus de 186 producteurs franciliens dont la production témoigne de la richesse et de la diversité agricoles qui était encore très présente jusque dans les années 1950.
Ces évolutions récentes s’accélèrent et Paris a tout récemment signé un pacte de coopération territoriale avec
les territoires limitrophes et ruraux, dans le cadre de la stratégie de résilience urbaine.

La tendance agricole francilienne



Acteurs, sites et productions possibles issus de l'agriculture urbaine

 

Un renouvellement structurel de l’agriculture francilienne

La diminution du nombre d’exploitations maraîchères en Île-de-France est le résultat de deux dynamiques concomittantes : d’une part la raréfaction du foncier agricole francilien et d’autre part la spécialisation de l’agriculture en faveur des grandes cultures céréalières.

La Ferme des Possibles à Stains © Christophe Fillieule / Plaine Commune

Depuis 1970, la surface agricole utile (SAU) en Île-de-France a diminué au rythme de près de 2 000 hectares chaque année pour atteindre le seuil de 569 000 ha au dernier recensement. Cette érosion a été encore plus marquante sur le territoire de la Métropole du Grand Paris qui a vu ses surfaces agricoles se réduire de 7 254 ha en 1970 à seulement 2 000 ha en 2018, soit une perte nette de 72 % en moins de 50 ans. Ces 2 000 ha sont cultivés à 50 % pour du blé tendre ; 29 % d’autres céréales ; 8,5 % des cultures industrielles ; près de 7 % des prairies et du fourrage et seulement 5 % produisent des légumes et des fleurs.
Cette réduction du foncier s’est accompagnée d’une disparition, depuis les années soixante-dix, des deux tiers des exploitations franciliennes. On n’en dénombrait plus que 5 310, toutes filières confondues, en 2012, dont 75 % étaient spécialisées dans les grandes cultures. Seuls 9 % de ces exploitations étaient maraîchères, fruitières et horticoles.
Cette baisse du nombre des exploitations est également le fait de la spécialisation agricole dans les grandes cultures céréalières et industrielles, dont une des conséquences directes est l’agrandissement des surfaces exploitées. Ceci s’explique en partie par l’impact du mode d’attribution des aides européennes au prorata de la surface de culture, mais aussi par l’optimisation et la mécanisation des travaux permettant de meilleurs rendements.
Si en 1970 la taille moyenne d’une exploitation était de 46 ha, elle est de 113 ha en 2010 : +146 %. Aujourd’hui, 48 % des exploitations franciliennes - 2 600 - sont de plus de 100 ha. Ces grands propriétaires agricoles totalisent à eux seuls 84 % de la SAU francilienne, 478 900 ha.

Cette croissance a notamment entraîné l’agrandissement des structures exploitantes selon un modèle économique proche des entreprises. On compte, en 2010, 47 % de sociétés agricoles - EARL, SCEA et GAEC - exploitant près de 60 % de la surface agricole utilisée de la région.

Cette spécialisation s’est faite au détriment des autres cultures et notamment des cultures maraîchères également pénalisées par le manque de main-d’œuvre. Les évolutions récentes liées aux attentes citoyennes, soutenues par les politiques publiques, se traduisent par un renouvellement des cultures maraîchères, des formes d’exploitation et de distribution.

Rééquilibrer l’agriculture dans l’urbain : le défi de l’alimentation durable

La Métropole du Grand Paris compte 2 000 ha d’espaces agricoles, soit 2 % de
la surface totale.
Ces espaces agricoles se situent principalement aux confins orientaux de la métropole : Plateau Briard, La-Queueen-Brie, Noiseau, Rungis, Tremblay-en-France, Coubron notamment. Ils se répartissent à 35 % dans le T11 - 690 ha -, 24 % dans le T7 - 486 ha -, 5 % dans le T12 - 104 ha - et 2 % dans le T9 : 42 ha.

18 producteurs ont été recensés sur le territoire métropolitain, dans le cadre de cette étude : 9 producteurs d’aromates et miel, 5 de fruits et légumes, 3 maraîchers et 1 vignoble. Ces 18 producteurs représentent 20 % des exploitations métropolitaines. Le tiers de ces producteurs fournit des ruches et 12 d’entre eux fournissent au moins une structure de livraison de panier, ComptoirLocal notamment.

Actuellement, sur les 3 349,7 ha de projets jouxtant ou recouvrant entièrement des terres agricoles, 26 % des terrains agricoles, soit 528,7 ha, sont menacés par les grands projets d’aménagement métropolitains. Le nord-est et le sud apparaissent comme les espaces les plus exposés : 193,5 ha de terres agricoles au sud de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle et 71,7 ha au nord de l’aéroport d’Orly.

© Apur

Alors que près de 2 000 hectares d’espaces ouverts ont disparu au profit d’espaces bâtis entre 1990 et 2012, dont les trois quarts par extension de l’urbanisation sur des espaces agricoles, boisés et naturels, le développement d’une agriculture urbaine et périurbaine respectueuse de l’environnement apparaît comme un enjeu majeur de la Métropole du Grand Paris.

La Métropole souhaite intégrer au SCoT des objectifs en matière de développement des surfaces agricoles. Cela passe par la sanctuarisation des parcelles agricoles existantes et leur intégration pérenne dans l’espace urbain ; la recherche de nouveaux lieux pour multiplier jardins partagés, potagers, vergers et lieux d’agriculture au sein de l’espace urbain ; la recherche d’une urbanisation des franges qui protège et respecte les espaces agricoles et favorise le maintient et le développement d’une ceinture maraîchère. La Métropole souhaite également mettre en œuvre un appel à projet de type Parisculteurs à l’échelle métropolitaine afin de faciliter l’accès au foncier aux porteurs de projet d’agriculture urbaine et périurbaine respectueux de l’environnement.

L’inscription dans l’espace métropolitain de lieux favorables à la production et au développement de filières courtes d’approvisionnement, avec un nombre d’intermédiaires et une distance réduite entre producteurs et consommateurs, sera porteuse d’une approche positive et renouvelée d’un système alimentaire plus durable.

D’après Anne-Cécile Daniel et al., 2013

Premier inventaire des initiatives et dispositifs mis en place

Les acteurs du monde politique et agroalimentaire agissent de manière à redynamiser le secteur, par le biais d’actions de soutien financier et d’engagement en faveur de l’agriculture. Ces actions peuvent être aussi bien publiques que privées et relèvent de la volonté de valoriser le foncier disponible, de faciliter l’installation agricole en milieu urbain et périurbain et d’encourager les nouvelles formes d’économies sociales et solidaires.

Ces initiatives sont notamment liées à la volonté des acteurs publics d’atteindre les objectifs fixés par le Plan d’Alimentation Durable de la Ville de Paris. Ce dernier vise notamment à augmenter la part à 50 % d’alimentation durable en restauration collective d’ici 2020. En 2017, sa part était déjà de 38 %. Ce plan a plusieurs objectifs : écologique - préservation de l’environnement -, économique - hausse de l’emploi local -, sanitaire - amélioration de la qualité de l’air - et social : renforcement du lien producteur/consommateur. Les acteurs privés de la restauration collective sont donc incités à s’approvisionner auprès de producteurs locaux afin de garantir une alimentation durable dans leurs restaurants.
Plusieurs actions et initiatives sont prises par les différents acteurs du territoire parisien et régional. Ces actions, engagées par des acteurs publics et privés, ont pour objectif d’identifier et de valoriser les terrains disponibles susceptibles d’accueillir une production agricole.

L’ensemble de ces initiatives fournit un socle favorable pour les acteurs privés et publics afin d’agir en en faveur d’une alimentation plus durable. La diversité des initiatives met en lumière les possibilités agro-alimentaires à l’échelle parisienne et régionale. L’intégration progressive de formes agricoles dans les projets urbains et métropolitains permet d’évaluer le poids des exigences nouvelles des consommateurs. La Ville de Paris, à travers les différents appels à projets et le soutien aux initiatives citoyennes, est aujourd’hui devenue un acteur majeur de l’agriculture urbaine et péri-urbaine.

Celle-ci constitue ainsi un moyen de rapprocher les acteurs publics aux acteurs privés tout en valorisant les avantages de la nature dans la ville, à savoir la diversification des productions, une meilleure alimentation, l’utilisation du foncier disponible, l’amélioration du lien social, une baisse de la pollution…


© Apur
2 000 ha d’espaces agricoles
dans la métropole,
soit 2 % de la surface totale
Actions foncières
Appels à projets
Autres actions : sensibilisation, économie sociale et solidaire, logistique...
Cette liste n’a pas vocation à être exhaustive mais bien à montrer que des opérations sont possibles et, surtout, qu’elles peuvent coexister et se compléter l’une avec l’autre.


Étude L'alimentation durable à Paris
.....Première description des lieux de vente
et des sites de production


Cette étude dresse le premier état des lieux de la réalité des différentes politiques prenant en compte
l’offre actuelle à Paris et ses liens avec le système de distribution et les lieux de production d’Île-de-France.

Directrice de la publication : Dominique ALBA
Étude réalisée par :
Tristan LAITHIER, Yann-Fanch VAULÉON
Sous la direction de :
Christiane BLANCOT
Avec le concours de :
Bruno BOUVIER, François MOHRT
Cartographie et traitement statistique :
Christine DELAHAYE, Gustavo VELA
Photos et illustrations :
Apur sauf mention contraire