Alimentation
de qualité et production agricole vont de pair. Après une
longue période de disparition de l’agriculture vivrière
en Île-de-France, nous assistons, sous la double nécessité
d’une exigence des consommateurs et de la réduction de l’empreinte
carbone des villes, au
renouveau de cette agriculture et de ses circuits de distributions. On
trouve aujourd’hui à Paris 245 points de vente en alimentation
durable, auxquels ils convient d’ajouter les marchés, les
halles alimentaires, plus de 120 réseaux de circuits-courts producteurs-consommateurs
et 15
hectares d’agriculture en pleine terre et en toiture à Paris.
Ainsi plus de la moitié de la surface de Paris est couverte par
un point de vente de produits cultivés en Ile-de-France et les
réseaux circuits-courts de la capitale font appel à plus
de 186 producteurs franciliens dont la production témoigne de la
richesse et de la diversité agricoles qui était encore très
présente jusque dans les années 1950.
Ces
évolutions récentes s’accélèrent et
Paris a tout récemment signé un pacte de coopération
territoriale avec
les territoires limitrophes et ruraux, dans le cadre de la stratégie
de résilience urbaine.
Première
approche des producteurs franciliens qui alimentent Paris
L’aire
d’approvisionnement de Paris s’étend à
plus de 660 km en moyenne. Jusqu’au milieu du XXe siècle,
elle se limitait pour l’essentiel à un périmètre
de 150 km, profitant largement des sols fertiles du Bassin Parisien
et de sa tradition agricole d’élevage et de polyculture.
Si
l’agriculture occupe aujourd’hui encore près
de la moitié de la surface de la région Île-de-France,
elle est peu diversifiée. 82 % de la surface agricole
utile est dédiée aux grandes cultures, et plusieurs
filières, telles que l’élevage et l’arboriculture,
sont très fragilisées. Près de 70 % des
5 000 tonnes de denrées alimentaires consommées
quotidiennement à Paris proviennent de toute la France
- légumes du Val de Loire, fruits du Roussillon…
- et de bassins d’approvisionnement étrangers tels
que l’Espagne, l’Italie, l’Afrique Centrale
ou l’Amérique du Sud pour les fruits et légumes.
Les cultures franciliennes ne couvrent que 10 % de la consommation
parisienne de fruits et légumes, qui constituent l’essentiel
du panier alimentaire francilien.
Afin
de mieux comprendre la géographie de ces exploitations
franciliennes alimentant Paris en produits frais et des modes
de commercialisation choisis, il nous a semblé essentiel
de procéder à une série d’inventaires
des producteurs fournissant les marchés, épiceries,
primeurs, paniers et acteurs du e-commerce.
Les
premiers résultats font ressortir un panel de 186 producteurs,
dont 15 en petite couronne, et 122 transformateurs franciliens,
situés en moyenne à une quarantaine de kilomètres
de Paris. Ces 186 producteurs, vendant tout ou partie de leur
production en circuit court sur le marché parisien, représentent
4 % de l’ensemble des exploitations agricoles franciliennes,
toutes filières confondues - 5 075 exploitations au dernier
recensement -, soit 16 % des exploitations franciliennes de
fruits, légumes et d’élevage.
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AMAP : récolte de pommes de terre ©
Réseau AMAP IdF

Terrain maraîcher ZAC des Tartes © Franck
Badaire / Plaine Commune Développement
Plaine
de Montjean et pépinières de la Ville de Paris à
Rungis © ph.guignard@air-images.net
Le
Carreau des producteurs au MIN de Rungis en quelques chiffres
88 maraîchers en 2004 - 52 en 2018 550 salariés
260 articles en moyenne tous les matins
16 000 tonnes de légumes/an
780 tonnes de fruits/an
17 M€ de Chiffre d’Affaire/an
Producteurs
fournissant Paris en produits frais, bio et locaux

Les
producteurs sont à une distance moyenne de 44,1 km de
Paris.
Les transformateurs sont eux à 16,3 km en moyenne.
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Inventaire
des producteurs fournissant les commerces bio et locaux
L’enquête
menée auprès des 88 points de vente de produits
bio et locaux parisiens et des deux halles alimentaires - hors
grandes enseignes - a permis d’identifier parmi leurs fournisseurs
59 producteurs et 20 transformateurs franciliens, dont 2 producteurs
et 14 transformateurs sur le territoire de la Métropole
: 7 à Paris, 4 en Seine-Saint-Denis et 3 dans les Hauts-de-Seine.
80 % de transformateurs franciliens sont spécialisés
dans la transformation de céréales, pain et bière
notamment.
Les
59 producteurs, situés à 43 km du centre de Paris
en moyenne, représentent 5 % des exploitations franciliennes
en fruits, légumes et élevage. Ils se répartissent
ainsi : 21 producteurs maraîchers, 11 fruitiers, 5 éleveurs,
7 producteurs laitiers, 6 de céréales et 9 d’aromatiques
et de miel.
Inventaire
des producteurs vendant sur les marchés alimentaires
L’analyse
des données relatives à l’occupation des marchés
parisiens, tenues par la Direction de l’Attractivité
et de l’Emploi, fait ressortir que sur l’ensemble
des 93 marchés alimentaires parisiens, couverts et découverts,
seuls 13 producteurs franciliens, dont 3 en Métropole,
sont présents.
Ces
13 producteurs sont à une distance moyenne de 44,6 km de
Paris. Ils représentent 1 % des exploitations franciliennes
en fruits, légumes et élevage. Parmi eux on dénombre
10 producteurs de légumes, 4 de fruits, 1 de produits laitiers
et 2 d’aromates.
La baisse de la présence des producteurs vendeurs sur les
marchés parisiens s’explique en partie par la difficulté
de ces producteurs à se rendre à Paris - temps de
trajet important dû au trafic -, à la présence
croissante de revendeurs - se fournissant principalement au MIN
de Rungis - et au développement des autres filières
de distribution : paniers, vente à la ferme, drive fermiers…
Inventaire
des producteurs vendant sur le Carreau des Producteurs
Le
Carreau des Producteurs est un espace de vente des produits maraîchers
d’Île-de-France au cœur du MIN de Rungis. Il
est un acteur important de la commercialisation des produits bio
et locaux sur le marché parisien puisque ses acheteurs
sont principalement les commerçants primeurs, certains
revendeurs sur les marchés et les épiciers et restaurateurs,
dont le nombre est en hausse depuis 2016.
Parmi
les producteurs présents au Carreau, nous avons recensé
27 producteurs franciliens de fruits et légumes, dont 12
de Seine-et-Marne, 6 des Yvelines, 4 du Val-d’Oise, 2 d’Essonne
et 2 de la petite couronne : Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne.
Ces 27 producteurs représentent un peu plus de 2 % des
exploitations franciliennes en fruits, légumes et élevage.
Ils sont situés à 36,35 km du centre de Paris en
moyenne.
Inventaire
des producteurs fournissant les ventes au panier : Amap, Ruche
Qui Dit Oui, Comptoir Local...
Le
développement des fournisseurs de paniers, depuis les premières
Amap aux nouveaux acteurs de la Food Tech en passant par le réseau
des Ruches qui dit oui et le Comptoir Local facilite en grande
partie la logistique et la commercialisation des produits bio
ou locaux franciliens.
À ce jour nous avons référencé 132
producteurs franciliens fournissant une ou plus de ces structures.
Ces producteurs représentent plus de 11 % des exploitations
franciliennes en fruits, légumes et élevage.
-
21
producteurs franciliens fournissent les Amap parisiennes,
13 d’entre eux sont labellisés bio. Ils sont
en moyenne à 51,4 km de Paris.
-
28 producteurs et 47 transformateurs franciliens fournissent
les Ruches parisiennes. Les producteurs sont en moyenne à
38,7 km de Paris. Les transformateurs sont principalement
installés dans Paris
-
113 producteurs et 74 transformateurs situés en Île-de-France,
dont 12 producteurs et 49 transformateurs en métropole
fournissent les autres structures de livraison distribuant
Paris. Ces producteurs sont en moyenne à 43,2 km de
Paris, les transformateurs à 16,3 km.
Ensemble
des producteurs franciliens fournissant Paris
en circuit court ou de proximité
Premiers résultats de l’enquête Apur 2018
Sources : Apur, DAE, Agreste, Amap, Ruche, Comptoir local, Comptoir
des producteurs..
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Le
recensement réalisé auprès des points de vente
et autres structures d’alimentation durable - marchés,
paniers… - à Paris nous a permis d’identifier
les producteurs fournissant ces structures et de localiser leurs
exploitations en Ile-de-France et à proximité.
Il est à noter que cette enquête n’est pas exhaustive
et que les données présentées ici ont vocation
à évoluer, être complétées et
précisées.
Par ailleurs, il est important de souligner que certains exploitants
agricoles pratiquent la polyculture. Cette notion implique la multiplication
des cultures : un agriculteur peut ainsi avoir, par exemple, des
cultures céréalières en été et
des cultures maraîchères en hiver.
Notre enquête ne nous a pas toujours permis de déterminer
spécifiquement quel produit était fourni au magasin
intérrogé. Ceci explique la différence entre
le nombre total de producteurs recensés et la somme des producteurs
par filières. |
Ce qu’ils représentent de l’agriculture francilienne
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L’enquête
réalisée auprès des épiceries parisiennes,
ajoutée aux informations acquises auprès des paniers
et services de livraison, met en lumière la diversité
agricole de l’Île-de-France.
Si
les agriculteurs franciliens ont su augmenter leurs rendements
pour placer la région au premier rang des régions
productrices - en volume - de cresson et persil, au 4e pour
les laitues et au 13e rang pour le blé tendre, la préservation
des semences, des savoir-faire et spécialités
régionales, issues des traditions agricoles et gastronomiques
locales, permet aux acteurs commerciaux de se procurer aujourd’hui
encore une grande diversité de produits sur le territoire
régional.
En
effet, au cours du temps, l’agriculture francilienne a
su parfaire et valoriser ses spécialités : le
safran du Gâtinais, le cresson de Méréville,
le jambon de Paris, les aromates de Milly-la-Forêt, le
brie de Meaux… Ces spécialités conservent
une valeur importante dans les esprits, tant dans la transmission
du savoir-faire que dans la conservation et la richesse des
sols.
La
tendance actuelle au retour au terroir, à la tradition
gastronomique et aux spécialités régionales,
tout comme le développement du bio et de l’agriculture
raisonnée sont autant d’indicateurs montrant la
volonté des producteurs et des consommateurs de rendre
la chaîne alimentaire plus vertueuse.
Cependant,
bien que certaines cultures soient encore produites sur le sol
régional - safran, brie, cresson, asperges… -,
de très nombreux légumes - petits pois de Clamart,
crosne, céleri d’Achères… -, fruits
- pêches de Montreuil, chasselas de Thomery… - ou
encore fromages ne sont presque plus produits dans la région.
Et certaines filières sont en déclin, comme l’arboriculture
fruitière qui ne couvre plus que 1 000 ha, avec pour
principales cultures les pommes, les poires, les cerises, les
prunes et les framboises. L’élevage n’occupe
plus non plus une place aussi prépondérante qu’au
siècle dernier avec seulement 126 exploitations. Enfin,
les étables laitières produisent moins de 0,2
% du volume national avec 43 millions de litres de laits par
an, valorisés notamment par deux appellations d’origine
protégées (AOP) : le Brie de Meaux et le Brie
de Melun.
Les
territoires agricoles d'Île-de-France

Source
: Ministère de l’Agriculture (2012), Apur (2018)
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Nombre
de producteurs par département
fournissant les épiceries parisiennnes

Détail
des producteurs et transformateurs franciliens référencés
dans le cadre de l’enquête menée en 2017 auprès
des 89 épiceries parisiennes :
-
Paris (75) : 1 producteur - miel - et 7 transformateurs
- brasseries, pain et jambon - parisiens intramuros.
-
Hauts de Seine (92) : 3 transformateurs : caramel,
confiture, café.
-
Seine Saint Denis (93) :
1 producteur - micro pousses - et 4 transformateurs : brasserie,
pain.
-
Val-de-Marne (94) : 3 maraîchers et 6 transformateurs
: jus de fruits, pain et pâtes.
-
Val d’Oise (95) :
12 producteurs dont 3 faisant également de la transformation
- confitures, moutarde et brasserie - et 1 transformateur
: laitages.
-
Yvelines (78) : 15 producteurs dont 7 faisant également
de la transformation - biscuits, jus de fruits, laitages,
brasserie - et 2 transformateurs : farine, biscuiterie.
-
Essonne (91) :
6 producteurs dont 5 maraîchers - courges, salades,
poireaux… - et 1 transformateur : confitures.
-
Seine et Marne (77) :
24 producteurs - fruits, légumes, volaille, agneau,
poisson - dont 11 faisant également de la transformation
- fromage, jus de fruits, confitures, pâtes, produits
laitiers divers - et 2 transformateurs : pain, chocolat.
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Étude
L'alimentation durable à Paris
.....Première
description des lieux de vente
et des sites de production
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Cette
étude dresse le premier état des lieux de
la réalité des différentes politiques
prenant en compte
l’offre actuelle à Paris et ses liens avec
le système de distribution et les lieux de production
d’Île-de-France.
Directrice
de la publication : Dominique ALBA
Étude réalisée par : Tristan LAITHIER,
Yann-Fanch VAULÉON
Sous la direction de : Christiane BLANCOT
Avec le concours de : Bruno BOUVIER, François
MOHRT
Cartographie et traitement statistique : Christine
DELAHAYE, Gustavo VELA
Photos et illustrations : Apur sauf mention contraire
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