Étude Quelles perpectives pour le réseau de chaleur de Paris ?

(2) Cartographie des clients du réseau de chaleur parisien en 2018
La nature des parcelles desservies par le réseau de chaleur
Des disparités de raccordement selon les typologies…
…Et selon la période de construction des bâtiments de logements



Premier réseau français, le réseau de chaleur parisien couvre 20% des besoins de chaleur des bâtiments parisiens.
À l’occasion de l’élaboration du schéma directeur de la chaleur urbaine par la Ville de Paris, l’Apur présente des enjeux d’évolution de
cette infrastructure stratégique vis-à-vis des objectifs de neutralité carbone portés par le plan climat. Premier réseau français et 11e réseau mondial, le réseau de chaleur parisien compte 506 km de canalisations qui acheminent de la chaleur vers les bâtiments parisiens. Avec un mix énergétique composé à 51,3% d’origine renouvelable ou de récupération (2019) et la distribution de 4,4 TWh de chaleur (2017), le réseau de chaleur couvre 22% de la consommation d’énergie liée au chauffage et à l’eau chaude sanitaire de l’ensemble des bâtiments parisiens.

Cartographie des clients du réseau de chaleur parisien en 2018


Densité des consommations annuelles des clients CPCU - 2018

À partir du fichier des adresses raccordées au réseau de chaleur parisien transmis par le concessionnaire et de leur consommation pour l’année 2018, une cartographie a été réalisée. Elle représente la densité de consommation des bâtiments parisiens raccordés au réseau de chaleur. Plus la couleur est foncée, plus la consommation est importante soit du fait d’un très gros consommateur comme un hôpital par exemple soit du fait d’une forte concentration de consommateurs sur un secteur donné comme le quartier central des affaires. Les zones jaunes comme la moitié sud du XVIe arrondissement correspondent à des secteurs de faible densité de consommation où aucun très gros consommateur n’est raccordé au réseau et où la densité de bâtiments ordinaires raccordés le long du réseau n’est pas très importante. Dans les zones blanches comme on peut en voir dans le XIe ou le XXe arrondissement, le réseau est absent ou bien assure seulement un rôle de transport d’énergie sans desservir de bâtiments sur son passage. Par exemple, la canalisation de l’Est Parisien a été réalisée le long des Maréchaux suite à l’arrêt de la centrale Villette en 2000 pour rééquilibrer le réseau. Elle assure un rôle de bouclage et n’a pas été à l’origine de raccordement de nouveaux clients en dehors de l’alimentation de deux BEC.


© Sources : CPCU, Apur

Le fichier des clients du réseau de chaleur parisien est géocodé. Chaque point représente une adresse d’immeuble desservi par le réseau en 2018. Il est possible de retrouver plusieurs points et donc plusieurs clients sur une même parcelle.

La nature des parcelles desservies par le réseau de chaleur


Parcelles desservies par le réseau de chaleur parisien - 2018

  Certaines parcelles n’ont pas de points et ne contiennent donc pas de clients du réseau de chaleur.

Les adresses raccordées au réseau de chaleur ont été regroupées à la parcelle cadastrale afin de les croiser avec les bases de données de l’Apur sur les tissus parisiens. Plusieurs jeux de données fines décrivant la nature des logements et des activités ont été croisés. Ces données sont rattachées aux parcelles cadastrales pour les enrichir d’informations sur les surfaces liées aux logements et aux activités, sur la typologie - pour les logements en distinguant les copropriétés et les logements sociaux ; et pour les activités avec des focus sur les bureaux de plus de 1 000 m² et sur les équipements - et sur la période de construction des bâtiments. Au total, cela représente près de 77 millions de m² de surfaces habitables de logements et 44 millions de m² de surfaces exploitables d’activités à l’échelle de Paris.


© Sources : CPCU, DGFiP, Apur

Croisement avec les données urbaines :
Caractérisation des parcelles raccordées et non raccordées

Le croisement de l’état du raccordement au réseau de chaleur à la parcelle avec les données urbaines de l’Apur permet de caractériser les clients - parcelles raccordées - et les potentiels futurs clients : parcelles non raccordées.

Cela permet d’évaluer le taux de raccordement au réseau selon la nature - logements dont copropriétés et logements sociaux et activités dont bureaux de plus de 1 000 m2 et équipements - et la période de construction des bâtiments.


Avertissement

Pour préciser la rubrique des parcelles non raccordées au réseau de chaleur qui représentent 79 % des surfaces de logements et d’activités, il faudrait intégrer la connaissance des systèmes de chauffage et d’eau chaude sanitaire des bâtiments. Faute de données exploitables à ce jour, il est possible de donner un ordre de grandeur de la surface de logements et d’activités équipés de systèmes de chauffage collectifs gaz ou fioul au sein de ces parcelles à partir de la répartition des systèmes de chauffage pour l’ensemble des résidences principales parisiennes. La part de chauffage collectif gaz et fioul - chauffage urbain exclu - est de 25 %, on estime à environ 23,5 millions de m² de logements et d’activités équipés de systèmes de chauffage collectifs gaz ou fioul à Paris.


Des disparités de raccordement selon les typologies…

En 2018 à Paris, 21 % des surfaces de logements et d’activités sont raccordés au réseau de chaleur. Soit 25 millions de m² dont 11,8 millions de m² de logements et 13,2 millions de m² d’activités. Les 79 % restant sont équipées de systèmes de chauffage collectifs fonctionnant au gaz ou au fioul, pouvant être remplacés par une sous-station et raccordés au réseau de chaleur, ou encore de systèmes individuels électriques, gaz ou fioul dont la substitution par un système collectif est très complexe pour des questions de faisabilité technique et de coûts. On observe un taux de raccordement plus important pour les activités que pour les logements.


Taux de raccordement au réseau de chaleur parisien selon la nature des consommateurs

Au sein des logements, on constate un taux de raccordement au réseau de chaleur deux fois plus élevé dans le parc social que dans le parc de copropriétés privées avec respectivement 24 % et 11 % des logements raccordés.

Parmi les activités, on observe aussi d’importantes disparités, avec 43 % des surfaces de bureaux de plus de 1 000 m² raccordées au réseau, soit le taux de raccordement le plus élevé de toutes les typologies étudiées, et 25 % des équipements parisiens raccordés. Le taux de raccordement très élevé du parc de bureaux de plus de 1 000 m² s’observe pour grande partie dans le quartier central des affaires.

Réseau de chaleur et surface raccordée
/ non raccordée

…Et selon la période de construction des bâtiments de logements Réseau de chaleur et nombre de logements raccordés
/ non raccordés
Nombre d'équipements raccordés
/ non raccordé
   

Près de la moitié des surfaces de logements alimentées par le réseau de chaleur concernent des bâtiments construits pendant les Trente Glorieuses, période marquée par d’importants développements du réseau parisien. C’est dans les bâtiments de logements de cette période que le taux de pénétration du réseau est le plus fort avec près du tiers des surfaces de logements de la période raccordées. À l’inverse ce taux est très faible dans le tissu ancien d’avant 1915 avec seulement 6 % des surfaces de logements de la période raccordées. Pour toutes les autres périodes, il est compris entre 15 et 20 %.


Période de construction dominante à la parcelle - Parcelles raccordées et non raccordées en 2018


Répartition de la surface des logements raccordés au réseau de chaleur selon la période de construstion © Source : DGFiP


Répartition de la surface de logements selon la période de construstion et le raccordement au réseau de chaleur



© Sources : CPCU, DGFiP, Apur



Étude Quelles perspectives pour le réseau de chaleur de Paris ?

Septembre 2020

Le
Plan climat de Paris fait du réseau de chaleur l’un des outils essentiels de la politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre du territoire,
avec comme objectif un verdissement rapide de son mix énergétique amont - 75 % d’ÉnR&R en 2030, 100 % en 2050 -, ainsi qu’une densification et un développement du réseau. Le renouvellement de la concession portant sur le réseau de chaleur en 2024 est l’occasion d’identifier les atouts et faiblesses
de ce réseau et de définir une feuille de route concrète à l’atteinte des objectifs du
Plan Climat à travers l’élaboration d’un schéma directeur. La
présente étude vise à livrer des éléments, notamment cartographiques, pour alimenter les réflexions sur l’évolution du réseau de chaleur parisien
qui bien que révolutionnaire à sa création, se retrouve aujourd’hui confronté à de nombreux enjeux de mutation et d’optimisation
qu’il devra prendre en compte pour être à la hauteur des ambitions qu’on lui porte.


L’Apur, Atelier parisien d’urbanisme,
a pour missions de documenter, analyser
et développer des stratégies prospectives
concernant les évolutions urbaines et sociétales
à Paris et dans la Métropole du Grand Paris.


Quelles perspectives pour le réseau de chaleur de Paris ?

Directrices de la publication : Dominique ALBA, Patricia PELLOUX
Étude réalisée par : Gabriel SÉNÉGAS, Julien BIGORGNE
Sous la direction de : Olivier RICHARD
Cartographie et traitement statistique : Marcelin BOUDEAU, Gabriel SÉNÉGAS
Photos et illustrations : Apur, sauf mention contraire

apur.org