Panorama de la biodiversité francilienne

(1) Introduction
Du potentiel pour favoriser la nature en ville
Les milieux agricoles, enjeux pour notre territoire
Les forêts, principaux réservoirs de biodiversité de la région

 


L’objet de ce panorama est de proposer un regard écologique sur l’Île-de-France. Des synthèses des connaissances acquises sur les facteurs influençant la biodiversité francilienne, son fonctionnement et sa dynamique sont réalisées par grands milieux – agricoles, urbains,
forestiers et humides – et par grands ensembles taxonomiques – la flore, les vertébrés et les invertébrés. Une situation
des politiques de conservation de la nature en Île-de-France est abordée en guise de clôture de ce panorama.

Introduction

Malgré une augmentation des espaces de nature depuis un siècle en Île-de-France, ceux-ci ont perdu de leur diversité. Les marais, tourbières et autres zones humides ont été drainés, les prairies, landes et pelouses maintenues par pâturage ont fortement diminué avec l’arrêt de l’élevage et ont fait l’objet de fertilisation. Tout le réseau de haies et bosquets – lieux de gîte et couvert pour nombre d’espèces – qui maillait les plaines agricoles a quasiment disparu aujourd’hui. L’urbanisation et les infrastructures de transport associées ainsi que l’utilisation généralisée de pesticides et engrais dans les champs ont été très destructrices. Toutes ces transformations du paysage francilien ont mené à une simplification importante des territoires périurbains et ruraux et à une fragmentation forte des espaces de nature urbains.
En conséquence, la composition de la biodiversité francilienne a évolué depuis un siècle et a connu de nombreux bouleversements. Cela est révélateur de processus naturels, mais surtout de dynamiques induites par les mutations du territoire. Les espèces les plus sensibles aux activités humaines ont disparu. Toutefois, l’effondrement de la biodiversité n’est que très rarement affaire d’extinction d’espèces, mais plutôt de déclin de leurs populations. Les chauves-souris, par exemple, n’ont perdu aucune espèce en un siècle dans la région, mais leurs effectifs ont chuté de plus de 90 % pour certaines d’entre elles : Petit Rhinolophe, Grand Rhinolophe, Murin à oreilles échancrées. Parallèlement à la régression des espèces les plus fragiles apparaissent des espèces plus tolérantes, plus plastiques, parfois d’origine lointaine, s’accommodant de l’omniprésence humaine.

Du potentiel pour favoriser la nature en ville

Évolution des effectifs d'oiseaux spécialistes du bâti en Île-de-France entre 2004 et 2017
Exemples de la Pie bavarde et du Verdier d’Europe
Source : tendances issues du Suivi temporel des oiseaux communs du programme Vigie-Nature du MnHn


Diminution de la moitié de la surface des friches en trente ans

La superficie totale des espaces friches suit une tendance régulière à la baisse en petite couronne depuis le début des suivis cartographiques. Données sources : Évolumos 2017
Sources : Schwarz et al., 2012, Muratet, 2010

Les milieux urbains couvrent environ 22 % du territoire régional, ce qui fait de l’Île-de-France la région la plus artificialisée de France, suivie par les Hauts-de-France, qui comptent 10 % de milieux urbains. L’étalement urbain sur les espaces agricoles et naturels, l’une des principales menaces sur la quantité d’habitats disponibles pour la faune et la flore, ralentit son rythme depuis le milieu des années 2000. L’urbanisation consomme désormais environ 600 ha d’espaces agricoles et naturels par an. Ce chiffre demeure important - quoique largement inférieur à la trajectoire permise par le Sdrif -, mais, désormais, la ville se construit davantage en renouvellement urbain que sur les espaces naturels et agricoles.

La nature est visible partout en ville, dans les jardins, friches, sur les murs, toits, et jusque dans les caniveaux de Paris, dont l’étude fine a montré qu’ils abritent multiples algues, champignons, mollusques et éponges. Plus du tiers des espèces d’oiseaux nicheurs de la région se reproduisent - au moins marginalement - dans Paris intra-muros.

Comparaison de la richesse en espèces d'oiseaux, de papillons et de plantes entre
les squares parisiens et les friches de Seine-Saint-Denis

La diversité des espèces urbaines, favorisée par la variété des conditions écologiques offertes par la ville, est à tempérer par la taille réduite des espaces de nature et leur isolement les uns des autres. Les espèces sont nombreuses en ville, mais leur biomasse, leur abondance et leur possibilité de se déplacer demeurent réduites. Les pipistrelles, chauves-souris fréquentes les soirs d’été à Paris et en banlieue, y sont sept fois moins nombreuses que dans les milieux ruraux de la région. Du côté des insectes pollinisateurs, seuls quelques groupes d’abeilles sauvages se plaisent aussi bien en ville qu’à la campagne. Tous les autres insectes y sont beaucoup plus rares par manque de lieu de reproduction et par manque de ressources alimentaires. L’installation très attendue du Faucon pèlerin en plein cœur de Paris - sur la cheminée de la chaufferie Beaugrenelle - ne suffit pas à masquer le déclin sévère des oiseaux spécialistes du bâti : le Moineau domestique a ainsi perdu 73 % de ses effectifs parisiens entre 2004 et 2017. Des déclins notables sont aussi recensés pour le Verdier d’Europe, le Serin cini, l’Accenteur mouchet, l’Étourneau sansonnet...

La ville agit comme un filtre pour les espèces les plus vulnérables à la fréquentation humaine, à la pollution de l’air, des sols, de l’eau, mais aussi aux pollutions sonores et lumineuses. Elles sont remplacées par des espèces tolérant ces perturbations, plus plastiques, plus mobiles, qui seront les mêmes à Paris, New York ou Tokyo. Parmi ces espèces dites généralistes, on retrouve un grand nombre d‘espèces voyageuses, par exemple : Séneçon du Cap, Solidage du Canada. La situation particulière des aires urbaines, au cœur d’un réseau complexe de voies terrestres, aériennes, fluviales, maritimes, favorise l’arrivée d’espèces venues de toutes les régions du monde. Elles forment plus de 20 % de la flore spontanée de l’Île-de-France et ce pourcentage peut atteindre jusqu’à 60 % de la flore dans certains espaces cultivés ou urbains.

Les quatre départements du cœur d’agglomération comptent 30 % d’espaces de nature : parcs, bois, cultures, friches urbaines..., dont 10 % sont qualifiés de réservoirs de biodiversité. L’enjeu de protection des milieux encore naturels dans cet environnement urbain, sous pression permanente d’un aménagement, est crucial pour concilier urbanisme et accueil du vivant. Outre les espaces verts gérés et destinés à l’accueil du public, les zones de nature plus spontanées - friches, forêts, petites zones humides, buissons - sont précieuses. Une analyse des résultats du programme Vigie-Flore indique que si les placettes de 10 m² inventoriées en milieu urbain dense présentent la richesse spécifique la plus faible de tous les milieux franciliens - juste après les grandes cultures -, les friches urbaines et les parcs sont parmi les plus riches, avec les landes, les prairies et les haies ! Il est indispensable de révéler la valeur écologique des friches en tant que réservoirs de biodiversité urbains, mais aussi de zones relais dans les trames vertes du cœur de l’agglomération. Elles ont déjà diminué de plus de moitié ces trente dernières années dans Paris et sa petite couronne, essentiellement au profit du secteur des activités.
Une note positive concerne la qualité écologique des lieux de nature encore présents dans les villes franciliennes. Près du quart des espaces verts de Paris et sa petite couronne ont obtenu le label ÉcoJardin, ce qui est révélateur d’un enthousiasme des collectivités à s’inscrire dans une démarche de gestion écologique de leurs espaces.

La toiture prairiale du centre scolaire Rosalind-Franklin à Ivry-sur-Seine accueille par exemple des nids de bourdons, des criquets et une flore variée.
© Maxime Zucca | ARB ÎdF

L’abandon de l’usage des produits phytosanitaires était une des actions les plus attendues : en 2016, 38 % des communes en avaient presque totalement arrêté l’usage, mais la loi Labbé les contraint désormais toutes depuis le 1er janvier 2018. Cela, couplé à une volonté de certaines villes de laisser pousser la flore spontanée sur les trottoirs et les pieds d’arbres, a conduit à une amélioration très nette - +92 % - de l’indicateur flore des interstices urbains sur la période 2007-2014. Les toitures végétalisées qui se déploient de plus en plus dans la région semblent favoriser la présence de communautés de plantes et d’animaux typiques des milieux secs, habituellement rares dans la région et dont la diversité se rapproche de celle des parcs urbains dès lors que l’épaisseur du sol est suffisante : >30 cm. Ces nouveaux interstices de nature urbains, comme les murs végétalisés, viennent ainsi compléter la palette écologique offerte par la ville, mais ne doivent bien évidemment pas être considérés comme des milieux de substitution pour des espaces de nature manquants au sol. Par ailleurs, le coût de conception et de gestion de ces nouveaux aménagements est à mettre dans la balance dans les études actuellement menées sur ces espaces.

En résumé, la biodiversité des milieux urbains franciliens est riche, mais frêle en termes d’abondance, de stabilité, de déplacements et d’interaction entre espèces. Renforcer les populations présentes, accompagner les dynamiques écologiques pour restaurer un réseau d’interactions entre espèces qui soit fonctionnel sont des actions nécessaires pour rendre les cités franciliennes plus vivables. L’urgence est de lui faire plus de place, notamment dans les quatre arrondissements parisiens et les 53 communes de l’agglomération qui sont jugées très carencées en espaces de nature.

Près de 2 000 ha d’espaces verts sont désormais labellisés Écojardin en Île-de-France,
ce qui atteste de leur gestion écologique
Sources : ARB ÎdF, Plante & Cité. http://www.label-ecojardin.fr


Territorialisation de l'action régionale

Le besoin de création d’espaces verts, tant en termes d’accueil de biodiversité que d’aménités pour les riverains, est particulièrement urgent en proche banlieue. Il ne s’agit pas, pour résoudre ce problème de carence, de se contenter d’ouvrir des espaces de nature fermés au public, mais bien d’en créer de nouveaux.
Sources : Plan vert de la Région Île-de-France, IAU ÎdF, 2017. © IAU ÎdF/Deur, 2019

Évolution des sites labellisés Écojardin en Île-de-France et en France

Les milieux agricoles, enjeux pour notre territoire

Près de la moitié du territoire est occupée par les paysages agricoles. Ceux-ci ont été progressivement grignotés par l’urbanisation au rythme de 1 470 ha par an sur la période 1982-2017 : un rythme presque deux fois supérieur à celui de la consommation des milieux naturels.

L’agriculture francilienne est très orientée vers les grandes cultures, en particulier de blé, d’orge et de colza. Ces trois espèces occupent, à elles seules, un tiers de la superficie régionale, au moins durant la période printemps-été.
Une grande partie de ces milieux est soumise à des traitements phytosanitaires répétés, des labours profonds et à l’apport d’engrais chimiques. La densité de haies y est très réduite, en moyenne 5 m linéaires par hectare, alors que la densité optimale pour la majorité des oiseaux agricoles est de 70 m linéaires par hectare. En sus, de nombreux insectes auxiliaires des cultures tels que les Sphecidae sont dix fois plus abondants dans les haies que le long des bandes enherbées. Augmenter le linéaire de haies serait donc bénéfique pour la santé des espèces sauvages, mais aussi pour protéger les cultures en favorisant les insectes auxiliaires.

Les oiseaux des milieux agricoles sont ceux pour lesquels le déclin est le plus marqué. Les tendances ne sont toutefois pas les mêmes chez toutes les espèces, mais l’on peine à trouver des espèces qui soient en augmentation. Avec certains corvidés, la Fauvette grisette est l’une des rares espèces des milieux agricoles à avoir une tendance stable, légèrement positive.

D’autres éléments structurants de ce paysage manquent cruellement : les arbres isolés, les mares et les rigoles.
Les prairies, qui représentent 1,5 % de la superficie régionale, sont de qualité très variable : la plupart sont semées, enrichies en azote pour une croissance plus rapide, régulièrement retournées, fauchées à des dates trop précoces… Il ne reste probablement que quelques dizaines de prairies anciennes en Île-de-France, non fertilisées et n’ayant jamais été retournées, qu’il est nécessaire d’identifier et de protéger par des pratiques adaptées.

Les espaces herbacés liés à des pratiques anciennes de pâturage sur des sols pauvres - les coteaux de la Seine notamment - disparaissent progressivement.
Environ 2 000 ha de ces milieux subsistent sous forme de confettis et accueillent une biodiversité extrêmement riche, incluant plus du tiers des plantes menacées de la région. L’abandon progressif du pâturage voit ainsi orchidées, pulsatilles, hélianthèmes, lézards, couleuvres, pipits se raréfier dans la région.
La simplification du paysage agricole, l’intensification des pratiques culturales et la faible diversité des plantes cultivées ont fortement contribué au déclin des papillons, des plantes messicoles, et ont été particulièrement étudiés pour les oiseaux. Le nombre d’oiseaux spécialistes des milieux agricoles s’est effondré de près de moitié - 44 % - entre 2004 et 2017, plus encore qu’au niveau national : -33 % sur la même période.

Terres cultivées, prairies et jachères en Île-de-France
Sources : IAU ÎdF/Mos 2017 - © IAU îdF/ARB ÎdF, 2019

Ces facteurs de diminution ont été mis en évidence depuis des dizaines d’années, mais tardent à être suivis d’effet. Le plan Écophyto devant garantir la diminution du recours aux pesticides n’a malheureusement pas eu le succès attendu, puisque l’usage de ces derniers a augmenté de 28 % entre 2009 et 2015.

Les pratiques favorables à la biodiversité se répandent timidement et doivent être encouragées. Si certains effets bénéfiques sont de mieux en mieux connus, d’autres sont plus difficiles à appréhender : la réalisation de cultures intermédiaires, l’utilisation d’engrais verts, la diversification des rotations et des variétés cultivées sont autant d’actions qui restent à évaluer en termes d’effet sur la biodiversité sauvage. Il est cependant bien établi que les mesures agro-environnementales bénéficient aux espèces d’oiseaux en déclin, que la mise en place de haies limite le déclin des papillons en Île-de-France, que le non-labour et l’agriculture biologique sont extrêmement favorables à la faune du sol - vers de terre, araignées, myriapodes et insectes - et donc aux chauves-souris qui s’en nourrissent. Le caractère encore marginal de toutes ces pratiques ne suffit toutefois pas à enrayer le déclin en cours. L’agriculture biologique progresse rapidement, mais ne couvrait que 2,7 % de la surface agricole utile de la région en 2017. Il est encore nécessaire de tripler le rythme actuel de conversion pour atteindre l’objectif de 45 000 ha en 2022 du pacte agricole de la Région Île-de-France.

Les milieux agricoles représentent 48 % de la superficie régionale. Trois cultures
sont largement dominantes, et les prairies ont une importance marginale.

Rythme d'artificialisation annuelle des espaces agricoles et naturels en Île-de-France

Le rythme d’artificialisation annuel des espaces naturels et agricoles diminue depuis une dizaine d’années. L’objectif du Plan biodiversité du gouvernement est un objectif zéro artificialisation nette à l’horizon 2030. Source : Évolumos 1981-2017, IAU ÎdF

Évolution des effectifs d'oiseaux agricoles

Données sources : Suivi temporel des oiseaux communs (STOC)

Occupation du sol par les milieux agricoles

Données sources : Agreste 2017, Mémento de la statistique agricole en Île-de-France
Nombre moyen de pipistrelles communes contactées

La présence de haies agricoles est favorable aux oiseaux, aux insectes, mais également aux chauves-souris, auxiliaires de l’agriculture. Source : Loïs G., 2010. État de santé de la biodiversité, Natureparif, d’après les données du programme Vigie-Chiro, Muséum national d’histoire naturelle

Les forêts, principaux réservoirs de biodiversité de la région

Part respective de la superficie des forêts publiques et privées en Île-de-France

Fragmentation des massifs forestiers par
les infrastructures de transport

Les forêts franciliennes couvrent plus de 280 000 ha, soit près de 24 % de la surface régionale, contre une moyenne nationale de 31 %. Majoritairement privées, elles appartiennent à 148 000 propriétaires différents et sont donc associées à une certaine diversité de pratiques. La forêt publique, surtout domaniale, est quant à elle principalement représentée par les grands massifs : Fontainebleau, Rambouillet, Sénart, Arc boisé...

Il s’agit dans l’ensemble de forêts de plaines composées de feuillus, telles les chênaies - dominées par les chênes pédonculé et sessile - qui représentent près de 60 % de la forêt régionale. Ces essences sont associées à l’Aulne glutineux, au Frêne et aux saules sur des sols frais à humides. Les alisiers, le Hêtre, le Châtaigner et le Pin sylvestre se révèlent sur des sols plus secs. Pour la plupart des mammifères de la région - du Mulot sylvestre au Cerf -, les forêts représentent l’habitat principal. Les amphibiens y trouvent leur principal habitat lorsqu’ils sont hors de l’eau, la litière y abrite une faune extrêmement variée, les rapaces y établissent leur nid.
L’importance des milieux forestiers pour la biodiversité francilienne est incontestable : ils représentent 66 % des réservoirs de biodiversité identifiés dans le cadre du schéma régional de cohérence écologique. Ce rôle de protection et d’accueil de la biodiversité est reconnu par les citoyens - 59 % des sondés sont entièrement d’accord avec ce rôle -, devant celui de la production de bois - 39 % - et d’espace de loisirs : 35 %. Les forêts publiques jouent ainsi un rôle de portail vers la nature pour de nombreux Franciliens. Très fréquentées, elles totalisent environ 100 millions de visites par an - 20 % de l’estimation nationale -, dont 17 millions pour la seule forêt de Fontainebleau, la plus fréquentée de France.
Plusieurs facteurs influencent la biodiversité forestière tels que le degré d’exploitation, le mode de gestion, la surface moyenne des forêts, leur ancienneté, l’âge et la diversité des peuplements, la diversité des habitats qui les composent, leur degré de fréquentation par le public. Maintenir de vastes surfaces forestières, des arbres vieillissants, des sous-bois fournis et des milieux ouverts intraforestiers garants d’une hétérogénéité, est nécessaire au maintien du cortège d’espèces.

La fragmentation par les infrastructures de transport, qui entraîne des collisions, des perturbations sonores et, pour les plus grandes voies, un isolement des populations animales, est nettement plus élevée en Île-de-France que dans les régions limitrophes. La surface moyenne des forêts est de 166 ha, contre 210 ha au niveau national.
Les forêts franciliennes sont en grande partie gérées, environ la moitié en futaies régulières et l’autre moitié en taillis sous futaie. L’Office national des forêts (ONF) s’est désormais engagé dans une transition progressive de ces modes de gestion plus intensifs vers une gestion en futaies irrégulières, plus proche des dynamiques forestières naturelles. Si le taux d’exploitation actuel permet à la forêt francilienne de vieillir, le volume de bois sur pied à l’hectare reste cependant l’un des plus faibles de la moitié nord de la France - 17,4 m3/ha -, juste devant la Bretagne.
Les forêts abritent également un large éventail de milieux naturels intraforestiers remarquables et non productifs, comme les landes qui se sont fortement raréfiées, les tourbières qui ont quasiment disparu.
Le rôle des réserves biologiques dirigées et intégrales demeure prépondérant pour préserver ces habitats. Elles couvrent 2,7 % de la superficie des forêts domaniales de la région.
D’un point de vue général, la biodiversité forestière semble se porter mieux, en comparaison des milieux urbains et agricoles, en particulier pour les oiseaux. Il s’agit certainement d’une réponse à la présence d’entités naturelles de plus grande taille, à une meilleure résilience et à une évolution de la gestion sylvicole, plus en phase avec les cycles de vie de la biodiversité. Ces acquis, essentiels, sont à maintenir et à renforcer. En effet, la biodiversité des forêts franciliennes demeure moins riche que celle des régions alentours. On y compte, par exemple, un tiers d’espèces de chauves-souris en moins et une abondance moitié moindre. Elles abritent, en outre, 20 % d’espèces de plantes en moins que celles des régions du nord de la France, mais la composition des populations d’oiseaux, en revanche, ne présente pas de différence notable.

Évolution des effectifs d'oiseaux forestiers

Évolution des tendances d’une espèce en augmentation et d’une espèce en déclin par rapport à la moyenne des oiseaux spécialistes du milieu forestier sur la période 2004-2017 en Île-de-France. Source : Suivi temporel des oiseaux communs (STOC) du programme Vigie-Nature du Muséum national d’Histoire naturelle.


Comparaison du volume de bois mort sur pied et au sol dans les forêts franciliennes
et dans les RBI de Fontainebleau

Comparaison du volume de bois mort sur pied et au sol que l’on trouve en moyenne dans les forêts franciliennes et le volume trouvé
dans les réserves biologiques intégrales (RBI) de Fontainebleau. Le bois mort accueille environ 25 % de la biodiversité forestière, dont de nombreux coléoptères et champignons qui n’apparaissent qu’à un stade avancé de sénescence. La place accordée aux dynamiques naturelles demeure très maigre : seule 1,2 % de la forêt publique est classée en RBI.

Niveau de naturalité potentielle des forêts

La naturalité potentielle a été estimée à partir de six paramètres : la taille du massif, sa proximité avec le prochain boisement, la population habitant dans un rayon de 10 km, l’ancienneté de l’état boisé, la longueur des lisières et le type de gestion.


Forêt alluviale à Melz-sur-Seine © Lucile Dewulf, ARB ÎdF

L'Agence Régionale de la Biodiversité en Île-de-France

L’ARB ÎdF a pour missions d’évaluer l’état de la biodiversité, de suivre son évolution, d’identifier les priorités d’actions régionales,
de diffuser les bonnes pratiques et de sensibiliser le public à sa protection. Celles-ci s’articulent autour des axes suivants :

AXE 1 : Développement des connaissances au service des enjeux de la biodiversité en Île-de-France
AXE 2 : Appui et soutien pour les politiques franciliennes en faveur de la biodiversité
AXE 3 : Ingénierie, formation et expertise auprès des acteurs franciliens
AXE 4 : Sensibilisation sur les enjeux de la biodiversité auprès des Franciliens et contribution à l’action internationale

arb-idf.fr

L'Institut Paris Région

L'Institut Paris Région a pour mission essentielle de réaliser des études et travaux nécessaires à la prise de décision de la Région Île-de-France et de ses partenaires. De l'échelon local à l'échelon des grandes métropoles, il intervient notamment dans de nombreux domaines tels que l'urbanisme, les transports et la mobilité, l'environnement, l'économie et les questions de société. Il apporte son soutien aux politiques d'aménagement et de développement des communes, des intercommunalités et des départements. Il réalise également pour les organismes qui lui en font la demande des études,tant en Île-de-France qu'à l'étranger. Sous la présidence de Valérie Pécresse depuis 2016, l’Institut renforce considérablement ses ressources en environnement en intégrant en son sein, à l’été 2017, l’Agence régionale de la biodiversité, l’Agence régionale énergie-climat, et l’Observatoire régional des déchets. Puis il opère, entre juillet 2018 et le 11 juin 2019, sa transformation juridique de Fondation de recherche en Association Loi 1901, ce qui lui permet d’élargir sa gouvernance à toutes les collectivités locales franciliennes qui le souhaitent et aux grands organismes régionaux agissant dans ses champs de compétence.

institutparisregion.fr


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Panorama de la biodiversité francilienne (2019)



Directeur de la publication
: Fouad Awada
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la communication : Sophie Roquelle
Coordination : Maxime Zucca
Auteur(s) : Maxime Zucca, Grégoire Loïs, Audrey Muratet, Ophélie Ricci
Direction artistique : Olivier Cransac
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