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Elle
a la taille d’un Land allemand, le rayonnement d’une
métropole mondiale, la richesse économique de la
Suisse et 12 millions d’habitants, dont quatre millions
se déplacent en moyenne plus d’1h20 chaque jour pour
se rendre à leur travail et en revenir. Telle est l’Île-de-France
: une région-monde organisée autour d’un poumon
central qui aspire chaque matin et expire chaque soir des millions
de navetteurs sur l’un des réseaux les
plus denses au monde.
Les
atouts économiques d'une région-monde
L’Île-de-France
se distingue des autres régions françaises par la
concentration de ses activités humaines et par son poids
économique et touristique. Elle dispose de l’un des
réseaux de métro les plus denses du monde, d’autoroutes
urbaines parmi les plus fréquentées d’Europe
et son trafic ferroviaire représente près de la
moitié du total des trains régionaux circulant dans
le pays. Exception notable, elle est la seule à disposer
d’une autorité unique, Île-de-France Mobilités,
qui agit sur l’ensemble de son territoire. La région
accueille les deux principaux aéroports internationaux
du pays. Elle rassemble de nombreux sièges d’entreprises,
pôles d’enseignement supérieur, lieux de congrès
et d’expositions, de recherche et de développement…
Son attractivité internationale est fortement tributaire
des infrastructures de transport et de leur adaptation aux flux
de mobilité qui la constellent.
Pictogrammes
: © 123rf/leremy, © IAU îdF. Sources : Insee,
PRE/AFII, MESR, Douanes, CRT
Ce
rayonnement, l’envergure de son marché et sa place
parmi les métropoles mondiales en font une terre d’innovations
et d’expérimentations déterminante, qui se
doit de répondre aux défis énergétiques,
climatique et numérique des mobilités futures.
D'importants
flux à l'œuvre
Au
long de leur 40 millions de déplacements quotidiens, les
Franciliens avalent chaque jour plus de 180 millions de kilomètres,
tous modes de déplacement confondus. S’y ajoutent
les flux de nombreux visiteurs et touristes qui viennent régulièrement
ou occasionnellement dans la région, voire qui la découvrent.
L’Île-de-France
se distingue par le nombre important et croissant de déplacements
réalisés à pied (39 %) ou en transport en
commun (20 %), mais en termes de distances parcourues, la voiture
y demeure le mode majoritaire (52 % contre 4 % pour la marche).
Ainsi, sur l’ensemble du territoire régional, la
voirie assure environ 85 % des déplacements - voiture,
bus, deux-roues et marche - et prend en charge plus de 90 % des
flux de marchandises.
Source
: enquête globale transport 2010
L'allongement
des temps et distances
Si,
au compteur, l’automobile affiche encore le plus gros kilométrage,
son usage recule progressivement dans le cœur de l’agglomération,
à Paris depuis les années 1990, et en proche couronne
depuis les années 2000. En revanche, elle poursuit son
ascension dans les secteurs périurbains et ruraux. Au total,
500 000 actifs passent plus de deux heures par jour en voiture.
Le ralentissement global de la croissance du mode automobile ne
signifie pas pour autant la fin de la congestion et de ses retombées
environnementales : 300 km cumulés de bouchons sont toujours
recensés, en moyenne, aux périodes de pointe sur
les autoroutes et voies nationales d’Île-de-France.
En
termes de motif de déplacement, le travail demeure le plus
chronophage : 41 minutes l’aller. Mais l’allongement
de la durée quotidienne de déplacement correspond
principalement à l’augmentation des trajets liés
aux activités privées, notamment de loisirs. Et
en termes de modes, ce sont les transports en commun qui occupent
à présent la première place en temps passé
à se déplacer.
Source
: EGT 2010 Stif-Omnil-DRIEA – Traitements IAU îdF
Des
réseaux denses et très sollicités
Avec
près de 40 000 km de routes et 1 800 km de voies ferrées,
l’Île-de-France est irriguée par des réseaux
d’une haute densité. Leur force principale réside
dans la fi nesse de leur maillage. En effet, le territoire régional
est constellé de points d’intensité où
se concentrent et se distribuent les déplacements, depuis
les grands échangeurs autoroutiers jusqu’aux pôles-gares
de proximité. Ces immenses toiles tissées au fil
du temps, qui ont su s’adapter aux évolutions de
la mobilité des personnes et des biens, requièrent
d’importants efforts en matière d’investissement
et d’entretien.
À
titre d’exemple, les routes sont de plus en plus largement
sollicitées : la multiplication des livraisons avec l’explosion
du e-commerce, les services à la demande comme les taxis
et les VTC, la hausse continue de l’offre de bus, etc. La
voirie n’est pas qu’un support de circulation routière.
Elle accueille des aires de stationnement pour divers types de
véhicules et constitue l’espace de circulation privilégié
des marcheurs et des cyclistes. Son accessibilité est également
un enjeu majeur, notamment pour les personnes en situation de
mobilité réduite. Elle s’avère donc
un lieu public de cohabitation générant des risques
de conflits d’usages.
Pictogrammes
: © 123rf / leremy, © IAU îdF Source : EGT 2010
;
Source : EGT 2010 Stif-Omnil-DRIEA – Traitements IAU îdF
(à gauche)
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Ils
jonglent entre plusieurs bureaux, parfois plusieurs métiers,
achètent leurs légumes à la gare et leurs
vêtements sur Internet, accompagnent leurs enfants à
l’école en trottinette électrique et manient
les algorithmes comme d’autres les additions : ce sont des
défricheurs, des early adopters et, de plus en
plus, ce sont des Franciliens. Cette minorité de créatifs,
de curieux, voire d’agitateurs, fait bouger la région
et modifie peu à peu son rythme. Le métro-boulot-dodo,
pour eux, c’est fini.
©
Arnaud BOUISSOU/Terra
La
variation des tempos
Travail,
études, activités et déplacements rythment
le quotidien des Franciliens.
L’organisation de leur journée varie selon leur place
dans le cycle de la vie - de l’enfance à la vieillesse
- et selon leur sexe. Le lieu de résidence influe sur les
modes de déplacement, peu sur les durées : en moyenne,
le temps de déplacement approche 1 heure 30 par jour, 2
heures pour les actifs et les étudiants. Les Franciliens
consacrent plus de temps à se déplacer aujourd’hui
qu’hier : 92 min en 2010, contre 76 en 1976. Cette augmentation
reflète les évolutions de la population et de ses
modes de vie : accroissement des activités de loisirs et
du temps libre lié aux modifications du temps de travail,
papy-boom… Le temps passé pour se rendre au travail
est resté stable au fil des années. Les déplacements
sont toutefois plus longs mais moins nombreux du fait de la quasidisparition
du retour à domicile pour le déjeuner, et des évolutions
du travail : RTT, temps partiels, travail à distance…
Optimiser son temps est devenu le challenge de tous les Franciliens,
y compris des périurbains, dont les particularités
s’amenuisent progressivement.
©
IAU îdF 2016 - sources : EGT 1976, 1983, 1991, 2001, 2010,
STIF-OMNIL-DRIEA
Une
économie en pleine reconfiguration
Poussée
par des mutations technologiques et sociétales d’une
ampleur sans précédent, l’économie
francilienne se transforme à vive allure. La numérisation
se diffuse dans toute l’économie : elle modifie la
nature d’un emploi sur deux, fait disparaître des
secteurs entiers d’activités et crée parallèlement
une nouvelle économie de services dite collaborative
grâce aux plates-formes digitales.
La logistique est le nerf de la guerre de cette nouvelle économie
en forte croissance, + 15 % par an pour le e-commerce : la course
pour livrer le plus vite possible impose la création d’aires
de stockage aux portes des villes. Parallèlement, les usines
reviennent en centre-ville : de petites unités high-tech,
polyvalentes, sans nuisances, s’insèrent discrètement
dans le tissu urbain, au plus près de leur marché.
La
transition écologique impose aussi une économie
plus sobre et plus circulaire. Une centaine de milliers d’emplois
pourraient être créés en Île-de-France
dans les énergies renouvelables : géothermie, méthanisation,
biomasse notamment. La région doit aussi répondre
au double défi de la raréfaction des ressources
en amont : elle importe plus de 90 % de son énergie,
son alimentation..., et de la valorisation des 40 millions de
déchets qu’elle produit chaque année.
Sources
: Enquête sur les pratiques d’achat sur internet et
de livraison des Franciliens 2016 - Traitement IAU îdF
Enfin,
le territoire doit s’adapter aux évolutions démographiques.
Le nombre de Franciliens de 85 ans et plus pourrait plus que doubler
d’ici 2040, avec une tendance plus marquée en grande
couronne, comme en Seine-et-Marne où cette catégorie
de population devrait tripler. La silver economy constitue
un formidable réservoir d’emplois et d’activités
: équipements appropriés, services à la personne,
domotique… Toutes ces mutations exercent déjà
une influence majeure sur les modèles et l’organisation
du système de déplacements régional.
La
consommation à l’heure du 2.0
L’e-commerce
a généré de nouvelles pratiques d’achat,
aujourd’hui largement répandues, qui modifient l’organisation
de l’entreposage et de l’acheminement des marchandises,
ainsi que les comportements du consommateur. Le cyberachat induit
souvent une livraison à domicile ou en points relais, au
bureau de poste, au sein même du magasin, chez le transporteur
ou encore dans une consigne automatique… Les besoins d’espaces
logistiques augmentent et pourraient profiter des délaissés
urbains comme les souterrains et des projets de construction de
la ville sur la ville. Ces nouvelles pratiques de consommation
font évoluer les fonctions des magasins. Le client les
fréquente moins pour découvrir de nouveaux produits
et fureter entre les rayons : ils deviennent lieux d’essayage,
d’échange d’articles, de conseils, des showrooms,
et des guichets de retrait : picking. Le domaine alimentaire
- la food tech - est aussi concerné. L’essor
du commerce électronique a pour effet de multiplier le
nombre de points de livraison en petite quantité et par
véhicules utilitaires légers, ainsi que de favoriser
l’émergence de moyens de transport ultralégers
pour les derniers mètres urbains.
En parallèle, l’engouement pour le consommer
local contribue au développement des circuits-courts
et à la fréquentation des petits commerces, qui
développent également des services en ligne.
De
nouveaux modes de travail
Poussé
par la flambée du numérique et contraint par les
crises économiques, le travail est en pleine mutation.
Il se fait plus flexible, brouille les frontières entre
vie privée et vie professionnelle, fractionne les lieux
et les horaires. Les contours d’un nouveau paysage professionnel
se dessinent, tourné vers plus de flexibilité, stimulant
l’auto-entrepreneuriat et la pluriactivité.
En Île-de-France, plus de la moitié des salariés
travaillent encore dans un bureau, mais celui-ci se fait de plus
en plus mobile : 20 % des actifs franciliens opèrent aujourd’hui
sur plusieurs sites, et 17 % pratiquent le télétravail,
en moyenne, un à deux jours par mois. Parallèlement,
le développement du travail indépendant et collaboratif
a initié la création de nouveaux espaces, utilisables
à la carte, proposant des services et des outils mutualisés,
et favorisant les échanges professionnels. Ces tiers
lieux constellent le territoire régional et vont continuer
à se multiplier, y compris en dehors du cœur d’agglomération,
loin des lieux d’activité traditionnels.
Toutes ces transformations agissent sur la ville. La pluriactivité
et la multiplicité des lieux d’emplois amènent
mécaniquement à augmenter le nombre de navettes
quotidiennes, à complexifier les emplois du temps, les
horaires et donc les besoins de transports. Les heures jusque-là
définies comme creuses tendent à se remplir
progressivement sous la pression des horaires atypiques et de
la diversification des motifs de déplacement. Enfin, de
nouveaux enjeux territoriaux de mobilité apparaissent et
stimulent l’innovation pour desservir les secteurs en marge
des grands corridors ferroviaires et routiers.
La
révolution numérique
Un
tournant s’est opéré au début des années
2000, quand les réseaux sociaux ont fait leur apparition.
Leur importance s’est accrue avec la diffusion en masse
des téléphones portables, puis des smartphones.
Les connectés ne se cantonnent plus aux jeunes,
mais appartiennent à l’ensemble de la population,
et chacun peut exprimer son avis.
Le numérique a généré une multitude
d’applications dans tous les domaines, avec un franc succès
pour celles relayant des informations pratiques telle que la météo,
mais aussi sur les transports, les itinéraires et temps
de parcours… Les services de mobilité émergents
ont tiré parti de cette révolution et le smartphone
s’est imposé comme le nouvel outil de la mobilité.
Avec cette station d’information multimodale facilement
accessible, l’usager se renseigne en direct sur l’état
du trafic, les horaires de bus ou de train, choisit un itinéraire
selon le mode de transport et la durée du trajet, localise
une station de vélo ou de voiture en libre-service, se
situe sur un plan de ville... À mesure que l’usage
du smartphone se généralise, l’outil se transforme
en guichet d’information, d’assistance, de réservation
et de paiement de plus en plus performant.
Ces évolutions changent l’image des modes de déplacement
: l’opposition entre automobilistes et usagers des transports
publics s’estompe peu à peu.
La
transition énergétique et climatique
L’enjeu
planétaire du réchauffement climatique concerne
en premier lieu les métropoles, en raison de leur densité
démographique et de la concentration des activités
qu’elles induisent. Parmi les principaux émetteurs
de dioxyde de carbone (CO2) qui amplifient ce phénomène
apparaissent les transports. Un tiers des émissions de
CO2 du transport en Europe provient du transport routier.
De même, pour ce qui concerne la qualité de l’air,
les transports sont responsables de l’émission de
divers polluants atmosphériques, dont les oxydes d’azote
et les particules fines, particulièrement nocives. Les
citoyens prennent de plus en plus conscience des conséquences
sanitaires de l’air qu’ils respirent et s’en
inquiètent, même si la tendance est à l’amélioration.
1,4 millions de Franciliens ont été exposés
en 2016 à des niveaux de pollution de l’air ne respectant
pas la réglementation. Autre préoccupation, le bruit
généré par les transports terrestres et aériens
représente l’une des priorités politiques
nationales et européennes. Chaque Francilien perdrait sept
mois de vie en bonne santé à cause des nuisances
sonores et cette statistique s’avère encore plus
élevée pour ceux qui résident à proximité
des grandes infrastructures routières et aéroportuaires.
Le développement des flottes de véhicules électriques
- vélos, scooters, voitures, bus - va contribuer à
réduire grandement les agressions sonores comme les émissions
de CO2. D’autres pistes énergétiques sont
explorées pour enrichir le panel de solutions favorables
à cette transition. Le choix de sources d’énergie
de plus en plus renouvelables ou de récupération
est privilégié afin d’assurer un avenir durable.
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Pictogrammes
: © 123rf / leremy, © IAU îdF • Sources
: Adeo, IAU îdF
 
Pictogrammes
: © 123rf / leremy, © IAU îdF - Source : IAU îdF
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