Afin
d’atteindre les objectifs élevés assignés au
projet, l’aménageur a mobilisé des moyens importants
en termes d’ingénierie et de management de projet : l’objectif
de la Ville de Paris est de tendre vers un bilan carbone neutre
pour les bâtiments et l’espace public de l’éco-quartier.
Un partage rigoureux des exigences environnementales
mobilise plus de 20 opérateurs immobiliers différents pour
la réalisation de 27 lots bâtis. Les futurs habitants
et usagers associés au projet depuis l’origine, en 2007,
a permis à la population de découvrir et pratiquer
le site avant même le démarrage des constructions.
Bilan
carbone : La neutralité carbone, un objectif ambitieux et structurants |
L’objectif
de la Ville de Paris est de tendre vers un bilan carbone neutre
pour les bâtiments et l’espace public de l’éco-quartier.
Le bilan carbone a été utilisé à partir
de 2009 comme un outil de conception et d’aide aux choix techniques
du projet.
La méthode a consisté à :
• Poser des objectifs atteignables en matière de besoins
énergétiques - chauffage, eau chaude, éclairage,
équipements divers… -, mais aussi de production d’énergies
renouvelables, en intégrant les paramètres exogènes
susceptibles d’influer à terme sur les consommations,
tels que les scénarios d’évolution du climat
publiés par le Groupe d’experts intergouvernemental
sur l’évolution du climat (GIEC)
• Modéliser le fonctionnement du quartier sur ces bases
et ajuster les objectifs jusqu’à tendre vers un bilan
carbone neutre
• Traduire les objectifs en termes d’exigences environnementales
s’imposant aux constructeurs et gestionnaires. Le bilan carbone
de l’éco-quartier est en cours d’actualisation,
afin d’intégrer les évolutions récentes
du projet - géothermie - mais aussi les performances réelles
des bâtiments déjà en fonctionnement. |

 
Étude
d'ensoleillement ©
TVK -
Tolila Gilliland
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REPÈRES
Le
Plan Climat de la Ville de Paris, actualisé en 2012, vise
à réduire les émissions de gaz à effet
de serre sur le territoire parisien de 75 % en 2050 par rapport
à 2004, et de 25 % dès 2020. Le secteur résidentiel-tertiaire
représente 23,5 % des émissions de gaz à effet
de serre en France.
Le Bilan Carbone quantifie les émissions de gaz à
effet de serre intrinsèques à un produit ou service
sur l’ensemble de son cycle de vie : conception, réalisation,
exploitation, démolition. Appliqué au quartier Clichy-Batignolles,
cet outil est utilisé de manière simplifiée
et ne porte que sur la phase d’exploitation, hors transports. |
Le
bilan prend en compte l’ensemble des émissions liées
au fonctionnement des espaces publics - éclairage public
et collecte des déchets notamment - et des bâtiments,
hors consommations électriques domestiques du fait de la
forte disparité dans l’équipement des ménages
et de l’impossibilité d’obtenir des engagements
stricts de ces derniers sur leurs niveaux de consommation.
Dans la modélisation, les émissions évitées
par la production d’énergie renouvelable - notamment
les énergies locales : géothermie et photovoltaïque
- viennent compenser les émissions liées aux consommations.
Les émissions
de gaz à effet de serre associées aux déplacements
des habitants ou usagers du quartier - ou aux échanges de
marchandises - ne sont pas prises en compte. Les émissions
liées à la phase d’aménagement et de
construction du quartier - production, acheminement et assemblage
des matériaux... - et les émissions futures résultant
à terme de sa déconstruction - séparation,
élimination ou recyclage de ces mêmes matériaux
- ne sont pas non plus prises en compte. Toutefois, le cahier des
charges de la ZAC impose pour tous les bâtiments un objectif
chiffré de maîtrise de ces consommations d’énergie
dite grise*.
*
L’énergie grise désigne l’ensemble
de l’énergie consommée
pendant le cycle de vie d’un matériau. |

Étude
de volumétrie ©
TVK
- Tolila Gilliland

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Encadrement des programmes immobiliers :
Un partage rigoureux des exigences environnementales avec les opérateurs
immobiliers |

Comité
de pilotage de l’atelier de conception
©
Éric Facon - Le Bar Floréal
La
simulation thermique dynamique est un outil de modélisation
intégrant des paramètres contextuels - climat…
- et des hypothèses de conception technique et architecturale.
Elle fournit un bilan thermique du projet présentant l’équilibre
entre apports énergétiques gratuits - liés
au soleil, aux occupants et à leurs équipements tels
que le matériel informatique -, déperditions - renouvellement
d’air, infiltrations… - et besoins de chauffage. Le
confort thermique d’été est également
pris en compte. La conception peut ainsi être ajustée
en fonction des résultats et des objectifs visés.
Grille d’analyse des choix de matériaux
Les choix architecturaux et paysagers, notamment de façade
et de toiture, sont analysés en référence à
une grille, transmise aux maîtres d’oeuvre, donnant
à chaque famille de matériaux une note de performance
: thermique, de biodiversité et de récupération
des eaux pluviales… Un système de coefficients permet
de vérifier si les objectifs sont globalement atteints par
le projet.
L’Atelier
des Batignolles
Dans la partie ouest du projet, les 11 lots à construire
représentant 185 000 m2 ont fait l’objet d’un
dialogue approfondi entre concepteurs, indispensable dans un secteur
du projet particulièrement compact, dense et mixte en termes
de programme. Le programme a été découpé
en deux tranches d’environ 90 000 m2 chacune. Les rapports
des volumes les uns par rapport aux autres, le partage du soleil,
des vues, de la lumière ont été abordés
avec l’ensemble des concepteurs autour d’une même
table. L’Atelier des Batignolles a permis aux opérateurs
immobiliers et architectes concernés par chaque tranche de
travailler ensemble pendant environ 6 mois, avec l’aménageur,
l’équipe d’urbanisme et paysage de l’éco-quartier
et plusieurs services concernés de la Ville de Paris. |
La
création de l’éco-quartier mobilise plus de
20 opérateurs immobiliers différents pour la réalisation
de 27 lots bâtis. Les associer à l’ambition de
l’éco-quartier a nécessité des outils
spécifiques de management de projet. Ces outils visent à
s’assurer que les exigences environnementales seront bien
traduites dans les constructions.
• Ainsi, le respect des cahiers de prescriptions environnementales
et de développement durable s’impose contractuellement
aux acquéreurs de charges foncières de l’éco-quartier.
• Une garantie financière équivalent à
4 % du prix de vente est placée sous séquestre et
n’est restituée qu’une fois le respect des prescriptions
constaté. Elle ne s’applique pas aux bailleurs sociaux.
Ces outils visent aussi à accompagner les maîtres d’ouvrage
dans la conception et la réalisation de leur projet, et à
stimuler la qualité et l’innovation.
• Les cahiers de prescriptions sont donc enrichis de données
et d’outils méthodologiques portant sur les aspects
les plus novateurs : énergie grise* et performances attachées
à chaque matériau, intégration architecturale
des panneaux photovoltaïques, outil de simulation thermique
dynamique…
• Des bureaux d’études spécialisés
sont missionnés pour accompagner les maîtres d’ouvrage
dans la conception de projets respectant les exigences environnementales.
Les projets sont suivis de manière continue, les performances
des bâtiments étant en outre évaluées
en phases chantier et livraison + 1 an au moyen
d’indicateurs. |

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Réunions
de travail
de l’atelier
de conception
© Éric Facon -
Le Bar Floréal |
REPÈRES
Les
opérateurs immobiliers - promoteurs, bailleurs sociaux -
achètent à l’aménageur des charges foncières,
c’est-à dire des terrains viabilisés assortis
de droits à construire un programme défini en respectant
des prescriptions architecturales, paysagères, environnementales
et de
développement durable. Le maître d’ouvrage du
palais de justice s’est engagé à respecter des
exigences comparables en signant une charte.
Partage
du projet : Les futurs habitants et usagers associés au projet
depuis l’origine |

Manifestation annuelle dans le parc Martin-Luther-King,
depuis 2009
©
Éric Facon - Le Bar Floréal

Manifestation Rendez-vous avec la Ville
avec le Pavillon de l’Arsenal - 2014
© Éric Facon - Le Bar Floréal

Maison
du Projet Clichy-Batignolles
© Éric Facon - Le Bar Floréal
REPÈRES
Fin
2015, 2 500 habitants étaient déjà installés
à Clichy-Batignolles.
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La
bonne appropriation du quartier par les futurs habitants et utilisateurs
- salariés, visiteurs - est une condition importante de son
succès.
Le choix de faire porter les premiers travaux sur la création,
dès 2007, d’une première partie - 4,5 ha - du
parc Martin Luther King a permis à la population de découvrir
et pratiquer le site avant même le démarrage des constructions.
Une concertation poussée avec plus de 3 000 citoyens de tous
âges mobilisés depuis 2008 et des formes innovantes
de participation - ateliers citoyens pour analyser les différentes
stratégies du projet, groupes architecturaux associant les
habitants aux choix des lauréats, participation à
des ateliers de conception… - ont également favorisé
l’appropriation du projet, dont la connaissance a pu se nourrir
des nombreux médias mis à disposition du public :
documents thématiques, journaux, site internet, espace d’information…
La fréquentation du site est également encouragée
par la présence d’une Maison du Projet, et l’organisation
d’événements réguliers : visites de chantier,
promenades urbaines et surtout les Journées Portes Ouvertes.
Organisé chaque été dans le parc depuis 2008,
cet événement permet de découvrir l’avancement
du projet et visiter les chantiers dans une ambiance festive. Plus
de 10 000 personnes ont été accueillies en 2014.
À mesure que le projet avance vers sa complète réalisation,
la communication se tourne vers les habitants du nouveau quartier
et sa fonction pratique se renforce : information sur les équipements
publics et les commerces, explication des mesures prises en faveur
des économies d’énergie, de la biodiversité
et du partage de l’espace par exemple.
La Maison du Projet accueille des associations agissant localement
dans le domaine du développement durable. Les premières
initiatives soutenues sont celles de l’AMAP* des Batignolles
et du groupe Familles à Énergie Positive du XVIIe
arrondissement.
*
Association pour le maintien de l’agriculture paysanne.
Une AMAP met en relation un agriculteur et des consommateurs locaux
qui s’engagent à acheter sa production.
Rédactrice
du dossier : Jeanne
Bazard |
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