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Exposition du Prix Photo CCFD-Terre Solidaire :
Voir le monde en face
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(2) Les lauréat·e·s

Prix du jury : Lalo de Almeida – Le réchauffement de l’Amazonie
Lys Arango
– En attendant la récolte
Federico Ríos Escobar – Le chemin désespéré
Prix du public : Natalya Saprunova – Ce froid n’est plus éternel

Prix spécial du jury à titre posthume : Ismaïl Abu Hatab - Between the sky and the sea

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Du 3 au 26 octobre 2025, le Point Ephémère à Paris accueille dans le cadre des Rencontres photographiques du Xe, la toute première exposition de l’édition 2025
du Prix Photo CCFD-Terre Solidaire
Voir le monde en face. Venez y découvrir gratuitement les photos des 5 lauréats de cette édition et participer aux différents évènements Les dialogues du CCFD-Terre Solidaire, qui auront lieu tout au long du mois d’octobre. Leurs travaux offrent un regard sans filtre sur un monde bouleversé par des crises multiples. De la jungle du Darién, en passant par l’Amazonie et le Guatemala, avec un détour par la Palestine et le Grand Nord,
les œuvres exposées révèlent un monde chamboulé par les crises, mais où l’espoir demeure. L’entrée de l’exposition est libre et gratuite.

Prix du jury : Lalo de Almeida – Le réchauffement de l’Amazonie

 

L’Amazonie a connu deux périodes de sécheresse extrême entre 2023 et 2024. Les principaux fleuves formant le bassin de l’Amazone ont atteint des niveaux historiquement bas, et une grande partie des fleuves Madeira et Amazone se sont transformées en déserts de sable.

Les populations riveraines se sont retrouvées isolées, sans accès à l’eau potable ni à la nourriture. Dans une région où se trouvent les plus grands fleuves de la planète, la population se voit dépendre des agences gouvernementales et de livraison de bidons d’eau potable pour survivre. La sécheresse a rendu la vie impossible pour les communautés amazoniennes. Au-delà de l’abaissement du niveau des rivières, l’extrême sécheresse a favorisé la propagation d’incendies dans ce biome. Des criminels ont profité des conditions météorologiques pour faire usage du feu et ainsi défricher de nouvelles zones de forêt. Pour la seule année 2024, 134 979 départs de feu ont été enregistrés en Amazonie, soit le nombre le plus élevé depuis 2007. Tout au long de leur existence, les populations amazoniennes traditionnelles se sont battues pour préserver leur territoire et leur mode de vie. Après cinq siècles de lutte, résistant au modèle d’occupation prédateur imposé par les colons, ces communautés sont aujourd’hui confrontées à la plus grande menace qui soit : le changement climatique. Les communautés indigènes, riveraines et quilombolas – afro-descendant.e.s – ont développé au fil des générations une relation sophistiquée avec l’environnement, adaptée aux cycles de la nature.

Cet équilibre, aujourd’hui menacé, pourrait conduire à l’extinction d’un mode de vie ancestral jusque-là garant de la préservation de la forêt. L’objectif de ce projet est de documenter les impacts du changement climatique sur les populations traditionnelles d’Amazonie, ainsi que leurs stratégies de résistance et d’adaptation à cette nouvelle réalité climatique.

Biographie

Lalo de Almeida est un photojournaliste et photographe documentaire brésilien basé à São Paulo, au Brésil. Son travail explore la relation entre l’homme et son environnement, avec un intérêt particulier pour la forêt amazonienne.

En 2021, Lalo a été nommé photographe ibéro-américain de l’année par POY Latam. La même année, il a reçu la prestigieuse bourse Eugene Smith pour la photographie humaniste avec son projet en cours Amazonian Dystopia. Celui-ci documente l’impact destructeur de l’occupation humaine sur la forêt tropicale amazonienne au cours des 15 dernières années.

Le projet Amazonian Dystopia lui a également valu le prix World Press Photo en 2022. En 2024, Lalo a reçu la médaille d’or Maria Moors Cabot de l’université de Columbia, à New York, pour avoir documenté la menace des forces destructrices sur notre environnement.


© Lalo de Almeida

© Lalo de Almeida

 
Lys Arango – En attendant la récolte

Dans le couloir de la sècheresse, les saisons ne viennent plus, les semences s’épuisent et les enfants cessent de grandir. Un enfant sur deux souffre de malnutrition chronique, un déficit alimentaire prolongé qui ralentit irréversiblement leur développement. Ici, les gens ne se demandent plus s’ils vont partir, mais qui sera le prochain à essayer.

Ce projet est né d’une question simple : que fait-on quand il n’y a plus rien à récolter ? Pendant cinq ans, j’ai photographié des familles indigènes mayas vivant avec l’absence – de pluie, d’État, de futur. Certaines ont perdu leurs enfants. D’autres ont vu partir les leurs vers le nord, car rester, c’est mourir lentement.

© Lys Arango

Aujourd’hui, elle documente toutes les formes de résistance : les gestes transmis, les savoirs agricoles ancestraux, les femmes qui préservent les semences, les hommes qui continuent de cultiver la milpa malgré les saisons mortes. Elle souhaite prolonger ce travail en se concentrant sur les réponses locales à l’abandon : les pratiques agroécologiques, la solidarité communautaire, les stratégies de survie et d’autonomie qui émergent dans un contexte de crise climatique.

Il ne s’agit pas seulement de montrer la faim, mais ce que l’on fait malgré la faim.

Biographie

Photographe documentaire et autrice espagnole basée à Paris, Lys Arango développe une pratique ancrée dans le reportage au long cours et l’immersion sur le terrain. Formée en journalisme et en relations internationales, elle s’intéresse aux formes invisibles de violence contemporaine, aux inégalités structurelles et aux mécanismes de l’exclusion.

Depuis 2019, elle mène un travail approfondi sur les causes de la faim à travers une série de projets réalisés en Amérique latine, en Afrique et en Europe. Son approche repose sur l’écoute, le temps long et la proximité avec les personnes rencontrées.

Ses images ont été publiées dans El País, CNN, De Volkskrant, 5W, ou Le Monde. Son travail a été récompensé à plusieurs reprises, notamment par le prix Pictures of the Year. Membre de l’agence VU’, elle est également exploratrice National Geographic.

© Lys Arango

Federico Ríos Escobar – Le chemin désespéré

 

La crise migratoire mondiale a été alimentée par la pandémie, le changement climatique et l’escalade des conflits dans le monde. Ce projet documente l’une des routes migratoires les plus importantes au monde, qui réunit tous ces facteurs : la brèche du Darién, un tronçon de 100 kilomètres de jungle dense et sans route reliant la Colombie et le Panama. Cette route terrestre périlleuse est un passage critique pour ceux qui cherchent à migrer de l’Amérique du Sud vers les États-Unis. Plus d’un million de personnes ont bravé cette route depuis 2021, presque toutes avec l’intention de rejoindre les États-Unis. La majorité des personnes qui ont traversé le Darién en 2024 étaient des Vénézuéliens, mais il y avait aussi des migrants d’Afghanistan, de Chine, de Cuba, d’Haïti, du Népal, de l’Équateur, du Pérou et d’autres pays.
Plus de 100 nationalités sont aujourd’hui représentées dans la jungle. Les Afghans fuyant la violence des talibans commencent leur périple en survolant la mer jusqu’au Brésil, puis en voyageant en bus à travers l’Amérique latine. Les Vénézuéliens fuient la pauvreté et la dictature, tandis que les migrants chinois fuient un régime autoritaire. Les Équatoriens cherchent à échapper à la violence croissante et aux extorsions des gangs dans leur pays, et les Haïtiens, qui ont auparavant migré de leur île vers le Chili et le Brésil, tentent maintenant de trouver de meilleures conditions de vie aux États-Unis. Le voyage à travers le Darién est semé d’embûches. Les migrants doivent traverser la jungle, les rivières, les chemins de montagne, les coulées de boue et les bandits qui kidnappent, agressent, violent et tuent.

Biographie

Federico Ríos Escobar est né en Colombie en 1980. Collaborateur régulier du New York Times, Federico a consacré sa carrière à explorer les migrations, les conflits armés et la relation entre la société et l’environnement en Amérique latine. En 2024, il publie son dernier livre de photos, Darién, consacré à la migration à travers la dangereuse brèche qu’est la région Darién. Ce travail fait suite à Verde, dont la publication a été acclamée, et qui documente une décennie de guérillas colombiennes.
Ses réalisations lui ont valu de nombreuses récompenses prestigieuses, notamment le World Press Photo 2025, finaliste du prix du livre photo au POY 2025, la Medill Medal James Foley pour le courage du Journalisme (2024), et la reconnaissance en tant que finaliste du prix Pulitzer, dans le domaine du reportage international (2023). En outre, il a reçu le Visa d’Or humanitaire du CICR (2023), et a été nommé photojournaliste de l’année par le POY Latam (2023). Il a été présélectionné pour le prix Pictet, où il a remporté le prix du public en 2023. Son travail a été largement présenté dans des publications de premier plan, notamment National Geographic, Stern, GEO, Time, Paris Match, et le magazine Leica Fotografie International, faisant de lui une des voix cruciales du journalisme contemporain.
À travers son objectif, Federico Ríos Escobar ne cesse de remettre en question les perceptions, et de souligner la résilience de celles et ceux qui sont pris dans la tourmente des changements et des conflits.


© Federico Ríos Escobar

© Federico Ríos Escobar
 
Prix du public : Natalya Saprunova :
Permafrost, Ce froid n’est plus éternel
 
Prix spécial du jury à titre posthume :
Ismaïl Abu Hatab - Between the sky and the sea
 

Dans le cadre de son Prix Photo Voir le monde en face, le CCFD-Terre Solidaire a lancé une nouvelle distinction : le Prix du public. Parmi deux photographes finalistes nominés, le public a voté en ligne, sur les réseaux sociaux et le site internet de l’ONG, du16 juillet au 24 août 2025.
Le permafrost – ce sol gelé depuis des millénaires – est en train de disparaître sous l’effet du réchauffement climatique. Il couvre près de 25 millions de km², soit 20 % de la surface continentale de la Terre, principalement en Sibérie, dans l’Arctique et le continent nord-américain. Dans ces régions, riches de cultures autochtones, le dégel provoque affaissements de terrains, effondrements de bâtiments, inondations, et bouleversements des écosystèmes.
Pour comprendre et anticiper ces impacts, des scientifiques du monde entier collaborent avec les communautés locales en étudiant sols, glaces, sédiments et eaux. Ils évaluent l’ampleur du retrait côtier, la profondeur du permafrost et les changements dans la végétation, recherchent des contaminants libérés par le dégel climatiques.
Avec son projet documentaire sur la fonte du permafrost, Natalya ne souhaite pas se limiter à l’étude d’un seul cas, site ou lieu. Son objectif est de montrer que la fonte du permafrost est une tendance mondiale actuelle, et que son impact est considérable dans l’hémisphère nord de notre planète. Ainsi, après son travail en Sibérie et dans l’Arctique Canadien, elle souhaite poursuivre cette série photographique en Mongolie, afin de capter un nouveau chapitre de cette crise environnementale. La Mongolie, l’un des derniers pays où le mode de vie nomade est encore pratiqué à grande échelle, porte un héritage culturel profondément lié à la mobilité, aux pâturages et à l’équilibre avec la nature. Ce patrimoine vivant est fragilisé par le dégel du permafrost, la dégradation des terres, et les changements climatiques rapides. Confrontés à ces bouleversements, les Mongols s’efforcent de préserver autant que possible leurs activités traditionnelles et pratiques spirituelles et leur lien au territoire.

Biographie

Natalya Saprunova, originaire de la Russie arctique, sur la péninsule de Kola à Mourmansk, est une photographe documentaire basée à Paris. Durant ses études supérieures de professeur de français en Russie, elle travaillait comme photojournaliste pour le quotidien Le Messenger de Mourmansk.Arrivée en France en 2008, elle a étudié et travaillé dans la Communication / Marketing pendant 8 ans à Paris. Fin 2016, elle abandonne son CDI pour revenir à la photographie. Naturalisée Française et diplômée de l’école des métiers de l’information EMI-CFD en 2020, elle continue à explorer les problématiques de la société moderne liées à l’identité, l’intégration, le changement climatique, l’environnement et la jeunesse. Par ailleurs, étant passionnée par la transmission des savoirs, elle donne des cours de photographie à l’école Graine de Photographe depuis fin 2016. Natalya a également accompagné des voyages photos en Russie, à Saint-Petersbourg et au lac Baïkal.

Le CCFD-Terre Solidaire décerne un Prix Spécial du Jury à titre posthume à Ismail Abu Hatab, initialement nominé pour le Prix du public avec son projet Between the Sky and the Sea.
À travers ce prix spécial, le jury tient à honorer la puissance de son regard, son engagement en tant que photographe palestinien. Un hommage lui a été rendu à l’occasion de la soirée d’inauguration de l’exposition.
Entre le ciel et la mer documente la réalité des personnes déplacées de force sur les côtes de Gaza, qui sont confrontées à de nombreux défis, dans un environnement côtier profondément affecté par les conflits, et les guerres en cours. Ce projet met en lumière la relation profonde entre l’homme et la mer, en montrant comment la dégradation de l’environnement, causée par la guerre et les déplacements, a un impact sur la vie des communautés côtières de Gaza.
À travers une série d’images documentaires, le projet révèle les effets environnementaux dévastateurs sur la mer, principale source de revenus pour de nombreuses familles. Il dépeint également la vie quotidienne des personnes déplacées qui luttent contre la pauvreté, la pollution et les conditions de vie difficiles. Malgré ces difficultés, les habitants de ces régions gardent un profond espoir de survie, et font preuve d’une remarquable résilience face à l’adversité. Le projet est ancré dans des histoires individuelles qui représentent le conflit permanent entre l’espoir et les difficultés, avec un accent particulier sur l’impact de la guerre et des déplacements sur l’environnement marin et la culture locale. Il explore également les liens générationnels avec la mer, montrant comment cette relation est détruite ou transformée par le conflit permanent.

Biographie

Ismail Abu Hatab était un photojournaliste, cinéaste et conteur visuel palestinien basé à Gaza. Pendant plus de dix ans, il a documenté la vie sous le siège, la guerre et les déplacements à travers des récits visuels puissants. En 2023, il a été gravement blessé par une frappe aérienne israélienne alors qu’il couvrait la guerre. Il a perdu l’usage de la marche pendant plus d’un an, mais a continué à travailler, capturant certaines de ses images les plus urgentes à l’aide de béquilles.
Il a été le fondateur de BYPA - By Palestine, une plateforme qui amplifie les voix palestiniennes par le biais de la photographie, du cinéma et d’expositions internationales. Son travail a été présenté à Los Angeles, Chicago entre autres. Ismail a animé des ateliers d’initiation à la narration visuelle, au photojournalisme et la réalisation de films avec la DW Akademie, l’UNESCO et d’autres organismes, formant des jeunes et passeurs de récits dans la bande de Gaza, et dans plusieurs pays arabes. Ses photographies allient précision documentaire et profondeur poétique, transformant l’expérience vécue en un témoignage universel.
Il a été tué dans un bombardement israélien à Gaza le 30 juin 2025.

 

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Exposition du Prix Photo CCFD-Terre Solidaire : Voir le monde en face

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Les lauréat·e·s

Prix du jury : Lalo de Almeida – Le réchauffement de l’Amazonie ; Lys Arango – En attendant la récolte ;
Federico Ríos Escobar – Le chemin désespéré
Prix du public : Natalya Saprunova – Ce froid n’est plus éternel

Prix spécial du jury à titre posthume : Ismaïl Abu Hatab - Between the sky and the sea

 

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Le CCFD-Terre Solidaire, 1ère ONG française de solidarité internationale

Il agit aux côtés des populations les plus vulnérables contre toutes les formes d’injustices, et en premier lieu, celle de souffrir de la faim. Régler le problème de la faim est un préalable à la résolution de toutes les autres injustices, telles que l’accès à l’éducation, à la santé, la pauvreté… Son action soutient toutes les femmes et tous les hommes qui en ont besoin, sans distinction de religion ou de spiritualité. Loin des pratiques d’assistance et d’urgence, son action passe par le soutien à des associations partenaires locales, car ce sont elles qui détiennent les solutions adaptées
aux réalités de leurs territoires. Ainsi, il ne fait jamais à la place de mais avec eux.

ccfd-terresolidaire.org

   
 
Infos pratiques : Exposition présentée du 3 au 26 octobre 2025 au Point Ephémère, 200 quai de Valmy, Paris (Xe).
Horaires d’ouverture : Lundi et mardi : 17h-19h / Du mercredi au dimanche : 12h-19h