Du
3 au 26 octobre 2025, le Point Ephémère à Paris accueille
dans le cadre des Rencontres photographiques du Xe, la toute première
exposition de l’édition 2025
du Prix Photo CCFD-Terre Solidaire Voir
le monde en face. Venez y découvrir gratuitement les photos
des 5 lauréats de cette édition et participer aux différents
évènements Les dialogues du CCFD-Terre Solidaire,
qui auront lieu tout au long du mois d’octobre. Leurs travaux offrent
un regard sans filtre sur un monde bouleversé par des crises multiples.
De la jungle du Darién, en passant par l’Amazonie et le Guatemala,
avec un détour par la Palestine et le Grand Nord,
les œuvres exposées révèlent un monde chamboulé
par les crises, mais où l’espoir demeure. L’entrée
de l’exposition est libre et gratuite.
Prix
du jury : Lalo de Almeida – Le réchauffement
de l’Amazonie |
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L’Amazonie
a connu deux périodes de sécheresse extrême
entre 2023 et 2024. Les principaux fleuves formant le bassin de
l’Amazone ont atteint des niveaux historiquement bas, et
une grande partie des fleuves Madeira et Amazone se sont transformées
en déserts de sable.
Les
populations riveraines se sont retrouvées isolées,
sans accès à l’eau potable ni à la
nourriture. Dans une région où se trouvent les plus
grands fleuves de la planète, la population se voit dépendre
des agences gouvernementales et de livraison de bidons d’eau
potable pour survivre. La sécheresse a rendu la vie impossible
pour les communautés amazoniennes. Au-delà de l’abaissement
du niveau des rivières, l’extrême sécheresse
a favorisé la propagation d’incendies dans ce biome.
Des criminels ont profité des conditions météorologiques
pour faire usage du feu et ainsi défricher de nouvelles
zones de forêt. Pour la seule année 2024, 134 979
départs de feu ont été enregistrés
en Amazonie, soit le nombre le plus élevé depuis
2007. Tout au long de leur existence, les populations amazoniennes
traditionnelles se sont battues pour préserver leur territoire
et leur mode de vie. Après cinq siècles de lutte,
résistant au modèle d’occupation prédateur
imposé par les colons, ces communautés sont aujourd’hui
confrontées à la plus grande menace qui soit : le
changement climatique. Les communautés indigènes,
riveraines et quilombolas – afro-descendant.e.s –
ont développé au fil des générations
une relation sophistiquée avec l’environnement, adaptée
aux cycles de la nature.
Cet
équilibre, aujourd’hui menacé, pourrait conduire
à l’extinction d’un mode de vie ancestral jusque-là
garant de la préservation de la forêt. L’objectif
de ce projet est de documenter les impacts du changement climatique
sur les populations traditionnelles d’Amazonie, ainsi que
leurs stratégies de résistance et d’adaptation
à cette nouvelle réalité climatique.
Biographie
Lalo
de Almeida est un photojournaliste et photographe documentaire
brésilien basé à São Paulo, au Brésil.
Son travail explore la relation entre l’homme et son environnement,
avec un intérêt particulier pour la forêt amazonienne.
En
2021, Lalo a été nommé photographe ibéro-américain
de l’année par POY Latam. La même année,
il a reçu la prestigieuse bourse Eugene Smith pour la photographie
humaniste avec son projet en cours Amazonian Dystopia.
Celui-ci documente l’impact destructeur de l’occupation
humaine sur la forêt tropicale amazonienne au cours des
15 dernières années.
Le
projet Amazonian Dystopia lui a également valu
le prix World Press Photo en 2022. En 2024, Lalo a reçu
la médaille d’or Maria Moors Cabot de l’université
de Columbia, à New York, pour avoir documenté la
menace des forces destructrices sur notre environnement. |

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Lalo de Almeida

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Lalo de Almeida
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Lys
Arango – En attendant la récolte |
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Dans
le couloir de la sècheresse, les saisons ne viennent
plus, les semences s’épuisent et les enfants cessent
de grandir. Un enfant sur deux souffre de malnutrition chronique,
un déficit alimentaire prolongé qui ralentit irréversiblement
leur développement. Ici, les gens ne se demandent plus
s’ils vont partir, mais qui sera le prochain à essayer.
Ce
projet est né d’une question simple : que fait-on
quand il n’y a plus rien à récolter ? Pendant
cinq ans, j’ai photographié des familles indigènes
mayas vivant avec l’absence – de pluie, d’État,
de futur. Certaines ont perdu leurs enfants. D’autres ont
vu partir les leurs vers le nord, car rester, c’est
mourir lentement.
©
Lys Arango
Aujourd’hui,
elle documente toutes les formes de résistance : les gestes
transmis, les savoirs agricoles ancestraux, les femmes qui préservent
les semences, les hommes qui continuent de cultiver la milpa malgré
les saisons mortes. Elle souhaite prolonger ce travail en se concentrant
sur les réponses locales à l’abandon : les
pratiques agroécologiques, la solidarité communautaire,
les stratégies de survie et d’autonomie qui émergent
dans un contexte de crise climatique.
Il
ne s’agit pas seulement de montrer la faim, mais ce que
l’on fait malgré la faim.
Biographie
Photographe
documentaire et autrice espagnole basée à Paris,
Lys Arango développe une pratique ancrée dans le
reportage au long cours et l’immersion sur le terrain. Formée
en journalisme et en relations internationales, elle s’intéresse
aux formes invisibles de violence contemporaine, aux inégalités
structurelles et aux mécanismes de l’exclusion.
Depuis
2019, elle mène un travail approfondi sur les causes de
la faim à travers une série de projets réalisés
en Amérique latine, en Afrique et en Europe. Son approche
repose sur l’écoute, le temps long et la proximité
avec les personnes rencontrées.
Ses
images ont été publiées dans El País,
CNN, De Volkskrant, 5W, ou Le Monde. Son travail a été
récompensé à plusieurs reprises, notamment
par le prix Pictures of the Year. Membre de l’agence VU’,
elle est également exploratrice National Geographic.
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Lys Arango |
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Federico
Ríos Escobar – Le chemin désespéré
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La
crise migratoire mondiale a été alimentée
par la pandémie, le changement climatique et l’escalade
des conflits dans le monde. Ce projet documente l’une
des routes migratoires les plus importantes au monde, qui réunit
tous ces facteurs : la brèche du Darién, un tronçon
de 100 kilomètres de jungle dense et sans route reliant
la Colombie et le Panama. Cette route terrestre périlleuse
est un passage critique pour ceux qui cherchent à migrer
de l’Amérique du Sud vers les États-Unis.
Plus
d’un million de personnes ont bravé cette route
depuis 2021, presque toutes avec l’intention de rejoindre
les États-Unis. La majorité des personnes qui
ont traversé le Darién en 2024 étaient
des Vénézuéliens, mais il y avait aussi
des migrants d’Afghanistan, de Chine, de Cuba, d’Haïti,
du Népal, de l’Équateur, du Pérou
et d’autres pays.
Plus
de 100 nationalités sont aujourd’hui représentées
dans la jungle. Les Afghans fuyant la violence des talibans
commencent leur périple en survolant la mer jusqu’au
Brésil, puis en voyageant en bus à travers l’Amérique
latine. Les Vénézuéliens fuient la pauvreté
et la dictature, tandis que les migrants chinois fuient un régime
autoritaire. Les Équatoriens cherchent à échapper
à la violence croissante et aux extorsions des gangs
dans leur pays, et les Haïtiens, qui ont auparavant migré
de leur île vers le Chili et le Brésil, tentent
maintenant de trouver de meilleures conditions de vie aux États-Unis.
Le voyage à travers le Darién est semé
d’embûches. Les migrants doivent traverser la jungle,
les rivières, les chemins de montagne, les coulées
de boue et les bandits qui kidnappent, agressent, violent et
tuent.
Biographie
Federico
Ríos Escobar est né en Colombie en 1980. Collaborateur
régulier du New York Times, Federico a consacré
sa carrière à explorer les migrations, les conflits
armés et la relation entre la société et
l’environnement en Amérique latine. En
2024, il publie son dernier livre de photos, Darién,
consacré à la migration à travers la dangereuse
brèche qu’est la région Darién. Ce
travail fait suite à Verde, dont la publication
a été acclamée, et qui documente une décennie
de guérillas colombiennes.
Ses
réalisations lui ont valu de nombreuses récompenses
prestigieuses, notamment le World Press Photo 2025, finaliste
du prix du livre photo au POY 2025, la Medill Medal James Foley
pour le courage du Journalisme (2024), et la reconnaissance
en tant que finaliste du prix Pulitzer, dans le domaine du reportage
international (2023). En outre, il a reçu le Visa d’Or
humanitaire du CICR (2023), et a été nommé
photojournaliste de l’année par le POY Latam (2023).
Il a été présélectionné pour
le prix Pictet, où il a remporté le prix du public
en 2023. Son
travail a été largement présenté
dans des publications de premier plan, notamment National Geographic,
Stern, GEO, Time, Paris Match, et le magazine Leica Fotografie
International, faisant de lui une des voix cruciales du journalisme
contemporain.
À
travers son objectif, Federico Ríos Escobar ne cesse
de remettre en question les perceptions, et de souligner la
résilience de celles et ceux qui sont pris dans la tourmente
des changements et des conflits.
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Federico Ríos Escobar

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Federico Ríos Escobar
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Prix
du public : Natalya Saprunova :
Permafrost, Ce froid n’est plus éternel |
Prix
spécial du jury à titre posthume :
Ismaïl Abu Hatab - Between the sky and the sea |
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Dans
le cadre de son Prix Photo Voir le monde en face, le
CCFD-Terre Solidaire a lancé une nouvelle distinction :
le Prix du public. Parmi deux photographes finalistes
nominés, le public a voté en ligne, sur les réseaux
sociaux et le site internet de l’ONG, du16 juillet au 24
août 2025.
Le permafrost – ce sol gelé depuis des millénaires
– est en train de disparaître sous l’effet du
réchauffement climatique. Il couvre près de 25 millions
de km², soit 20 % de la surface continentale de la Terre,
principalement en Sibérie, dans l’Arctique et le
continent nord-américain. Dans ces régions, riches
de cultures autochtones, le dégel provoque affaissements
de terrains, effondrements de bâtiments, inondations, et
bouleversements des écosystèmes.
Pour comprendre et anticiper ces impacts, des scientifiques du
monde entier collaborent avec les communautés locales en
étudiant sols, glaces, sédiments et eaux. Ils évaluent
l’ampleur du retrait côtier, la profondeur du permafrost
et les changements dans la végétation, recherchent
des contaminants libérés par le dégel climatiques.
Avec son projet documentaire sur la fonte du permafrost, Natalya
ne souhaite pas se limiter à l’étude d’un
seul cas, site ou lieu. Son objectif est de montrer que la fonte
du permafrost est une tendance mondiale actuelle, et que son impact
est considérable dans l’hémisphère
nord de notre planète. Ainsi, après son travail
en Sibérie et dans l’Arctique Canadien, elle souhaite
poursuivre cette série photographique en Mongolie, afin
de capter un nouveau chapitre de cette crise environnementale.
La Mongolie, l’un des derniers pays où le mode de
vie nomade est encore pratiqué à grande échelle,
porte un héritage culturel profondément lié
à la mobilité, aux pâturages et à l’équilibre
avec la nature. Ce patrimoine vivant est fragilisé par
le dégel du permafrost, la dégradation des terres,
et les changements climatiques rapides. Confrontés à
ces bouleversements, les Mongols s’efforcent de préserver
autant que possible leurs activités traditionnelles et
pratiques spirituelles et leur lien au territoire.
Biographie
Natalya
Saprunova, originaire de la Russie arctique, sur la péninsule
de Kola à Mourmansk, est une photographe documentaire basée
à Paris. Durant ses études supérieures de
professeur de français en Russie, elle travaillait comme
photojournaliste pour le quotidien Le Messenger de Mourmansk.Arrivée
en France en 2008, elle a étudié et travaillé
dans la Communication / Marketing pendant 8 ans à Paris.
Fin 2016, elle abandonne son CDI pour revenir à la photographie.
Naturalisée Française et diplômée de
l’école des métiers de l’information
EMI-CFD en 2020, elle continue à explorer les problématiques
de la société moderne liées à l’identité,
l’intégration, le changement climatique, l’environnement
et la jeunesse. Par ailleurs, étant passionnée par
la transmission des savoirs, elle donne des cours de photographie
à l’école Graine de Photographe depuis fin
2016. Natalya a également accompagné des voyages
photos en Russie, à Saint-Petersbourg et au lac Baïkal. |
Le
CCFD-Terre Solidaire décerne un Prix Spécial
du Jury à titre posthume à Ismail Abu Hatab,
initialement nominé pour le Prix du public avec
son projet Between the Sky and the Sea.
À travers ce prix spécial, le jury tient à
honorer la puissance de son regard, son engagement en tant que
photographe palestinien. Un hommage lui a été rendu
à l’occasion de la soirée d’inauguration
de l’exposition.
Entre le ciel et la mer documente la réalité
des personnes déplacées de force sur les côtes
de Gaza, qui sont confrontées à de nombreux défis,
dans un environnement côtier profondément affecté
par les conflits, et les guerres en cours. Ce projet met en lumière
la relation profonde entre l’homme et la mer, en montrant
comment la dégradation de l’environnement, causée
par la guerre et les déplacements, a un impact sur la vie
des communautés côtières de Gaza.
À travers une série d’images documentaires,
le projet révèle les effets environnementaux dévastateurs
sur la mer, principale source de revenus pour de nombreuses familles.
Il dépeint également la vie quotidienne des personnes
déplacées qui luttent contre la pauvreté,
la pollution et les conditions de vie difficiles. Malgré
ces difficultés, les habitants de ces régions gardent
un profond espoir de survie, et font preuve d’une remarquable
résilience face à l’adversité. Le projet
est ancré dans des histoires individuelles qui représentent
le conflit permanent entre l’espoir et les difficultés,
avec un accent particulier sur l’impact de la guerre et
des déplacements sur l’environnement marin et la
culture locale. Il explore également les liens générationnels
avec la mer, montrant comment cette relation est détruite
ou transformée par le conflit permanent.
Biographie
Ismail
Abu Hatab était un photojournaliste, cinéaste et
conteur visuel palestinien basé à Gaza. Pendant
plus de dix ans, il a documenté la vie sous le siège,
la guerre et les déplacements à travers des récits
visuels puissants. En 2023, il a été gravement blessé
par une frappe aérienne israélienne alors qu’il
couvrait la guerre. Il a perdu l’usage de la marche pendant
plus d’un an, mais a continué à travailler,
capturant certaines de ses images les plus urgentes à l’aide
de béquilles.
Il a été le fondateur de BYPA - By Palestine, une
plateforme qui amplifie les voix palestiniennes par le biais de
la photographie, du cinéma et d’expositions internationales.
Son travail a été présenté à
Los Angeles, Chicago entre autres. Ismail a animé des ateliers
d’initiation à la narration visuelle, au photojournalisme
et la réalisation de films avec la DW Akademie, l’UNESCO
et d’autres organismes, formant des jeunes et passeurs de
récits dans la bande de Gaza, et dans plusieurs pays arabes.
Ses photographies allient précision documentaire et profondeur
poétique, transformant l’expérience vécue
en un témoignage universel.
Il a été tué dans un bombardement israélien
à Gaza le 30 juin 2025. |
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.Exposition
du Prix Photo CCFD-Terre Solidaire : Voir le monde
en face
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Les
lauréat·e·s
Prix
du jury : Lalo de Almeida – Le réchauffement
de l’Amazonie ; Lys Arango –
En attendant la récolte ;
Federico Ríos Escobar – Le chemin
désespéré
Prix du public : Natalya Saprunova –
Ce froid n’est plus éternel
Prix
spécial du jury à titre posthume : Ismaïl
Abu Hatab - Between the sky and the sea
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Le CCFD-Terre Solidaire, 1ère
ONG française de solidarité internationale
Il
agit aux côtés des populations les plus
vulnérables contre toutes les formes d’injustices,
et en premier lieu, celle de souffrir de la faim.
Régler le problème de la faim est un
préalable à la résolution de
toutes les autres injustices, telles que l’accès
à l’éducation, à la santé,
la pauvreté… Son action soutient toutes
les femmes et tous les hommes qui en ont besoin, sans
distinction de religion ou de spiritualité.
Loin des pratiques d’assistance et d’urgence,
son action passe par le soutien à des associations
partenaires locales, car ce sont elles qui détiennent
les solutions adaptées
aux réalités de leurs territoires. Ainsi,
il ne fait jamais à la place de mais
avec eux.
ccfd-terresolidaire.org
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Infos
pratiques : Exposition présentée
du 3 au 26 octobre 2025 au Point Ephémère,
200 quai de Valmy, Paris (Xe).
Horaires d’ouverture : Lundi et mardi : 17h-19h
/ Du mercredi au dimanche : 12h-19h |
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