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Exposition Déserts

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(3) Partie 3 : Habiter le désert
Partie 4 : Carnets de terrain

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Le Muséum national d’Histoire naturelle invite à un voyage inédit au cœur des milieux désertiques de notre planète, de l’emblématique Sahara aux déserts polaires, en passant par les déserts de Sonora, d’Atacama, de Gobi… Le point commun à ces milieux : des conditions hors norme,
a priori hostiles à la vie. Et pourtant, animaux et végétaux y ont développé d’ingénieuses stratégies d’adaptation, que le public découvre
à travers les spécimens d’une biodiversité surprenante, issus de différentes régions du monde. L’exposition présente également les
méthodes déployées par les humains pour vivre dans ces environnements contraignants, mais aussi les menaces qu’ils font peser
sur ces milieux fragiles. L’occasion par ailleurs de faire découvrir l’expérience du désert comme terrain privilégié de recherche.
À travers près de 200 spécimens et objets de natures variées, pour la plupart issus des riches collections du Muséum,
ainsi que des dispositifs mécaniques et multimédias et des grandes projections, l’exposition offre une approche
scientifique, ludique et esthétique de ces milieux fascinants.

Partie 3 : Habiter le désert

 

La troisième partie de l’exposition est dédiée aux humains qui ont également élu domicile dans les déserts. Mais comment se sont-ils adaptés à des milieux aussi contraignants ? Ils ont pour cela adopté deux grands types de stratégie : se déplacer à la recherche de ressources rares, dispersées et irrégulières – la mobilité –, ou transformer leur milieu de vie pour qu’il subvienne à leurs besoins comme dans le cas de l'oasis. Mais la mondialisation est venue bousculer les modes de vie traditionnels. Aujourd’hui, un large éventail de situations intermédiaires existe entre nomadisme strict et sédentarité permanente.

Une garde-robe adaptée

Les vêtements constituent l’adaptation la plus immédiate des humains aux contraintes climatiques des déserts. En jouant sur les matières, les épaisseurs et les formes, les vêtements traditionnels protègent des températures extrêmes, du vent et des fortes amplitudes thermiques journalières. Pour protéger la peau du soleil et faciliter la circulation de l’air autour du corps, les Touareg portent généralement des habits longs et amples. Tandis que pour se protéger du froid et du vent, les Inuits superposent les couches de vêtements, en alternant la fourrure tournée vers l’intérieur et celle tournée vers l’extérieur.
Cependant, avec la mondialisation, les vêtements traditionnels sont aujourd’hui souvent supplantés par des vêtements importés, parfois moins adaptés aux conditions climatiques, mais aussi moins chers et plus faciles à se procurer.
Les tenues traditionnelles sont alors réservées à des circonstances particulières, comme les fêtes, ou, à l’inverse, à l’intimité de la maison.

L’art de la mobilité

Dans les milieux désertiques, où les ressources sont rares et dispersées, la mobilité peut être un atout majeur. Les déplacements se font de pâturage en pâturage, de point d’eau en point d’eau pour satisfaire les besoins des animaux, pour le mode du pastoralisme, ou en quête de gibier ou de plantes comestibles, pour le mode de la chasse et de la cueillette. Hier incontournables, les moyens de transport historiques – le dromadaire, figure emblématique des déserts du Sahara au Moyen-Orient, le Chameau de Bactriane en Asie Centrale ou le traîneau à chiens dans le désert arctique – sont de moins en moins utilisés dans la vie quotidienne, et sont remplacés par des véhicules à moteur. Les déplacements sont réguliers – souvent saisonniers – ou se font au gré des opportunités. Ce mode de vie tend cependant à disparaître : la plupart des habitants vivent aujourd’hui dans des villes ou des villages, et sont devenus des nomades occasionnels.
Dans les espaces désertiques, des points de repère existent pour qui sait les identifier : arbres, rochers, reliefs sont de précieux indicateurs de position. Le soleil et les étoiles donnent le cap, tout comme le sens du vent dominant, qui imprime sa trace sur la roche ou la glace.

Transformer son environnement

Transformer son environnement est l’une des deux grandes stratégies des humains, avec la vie nomade, pour vivre en société dans le désert. C’est ainsi que sont nées des communautés agricoles sédentaires en milieu aride : les oasis. Tout y est apporté, construit et entretenu sans relâche, en mobilisant savoirs et savoir-faire locaux : l’habitat, les sols, les plantes, le réseau d’eau pour l’irrigation. Les oasis ne vivent pas en vase clos. Ce sont, au contraire, de véritables carrefours stratégiques sur les routes des déserts, des lieux d’échanges des oasiens avec les nomades proches, et les habitants des villes lointaines. Le palmier dattier est une espèce clef des oasis. Non seulement il établit un microclimat favorable à l'agriculture, mais il fournit aussi une multitude de produits : matériaux de construction, matières premières pour la fabrication d’outils et objets domestiques, et bien sûr des produits alimentaires, consommés localement et exportés.

Inondation des parcelles d'une oasis
Les jardins des oasis sont composés de nombreuses planches de cultures délimitées par des ados, petites buttes de terre. Pour irriguer, le paysan ouvre et ferme des passages dans ces ados, afin de faire circuler l’eau des canaux d’irrigation d’une planche à l’autre. Il peut ainsi inonder l’ensemble de son jardin, en ajustant avec précision sa consommation d’eau.

L’oasis est aussi un refuge pour la faune sauvage : elle sert d’abri et de site d’alimentation pour de nombreux animaux. Certains, comme le renard du désert, y font de brèves incursions nocturnes. D’autres, notamment des oiseaux tels le bruant du Sahara ou la pie-grièche grise, sont des résidents permanents et côtoient des migrateurs et des visiteurs saisonniers. Les espèces aquatiques ne sont pas en reste : poissons, grenouilles et escargots évoluent dans les canaux.


© Du&Ma scénographes

 
Sahara, Mauritanie © Léo Coulongeat Groenland occidental © Tiina Itkonen  

Groenland occidental Peter et ses chiens © Tiina Itkonen


Oasis de Siwa, Égypte © Vincent Battesti - CNRS
 


Paroles du désert

Un dispositif multimédia donne la parole aux habitants des déserts : on y découvre les témoignages d'un Touareg du Mali, d'une habitante de Mongolie, et d'habitants du Groenland et du Nunavut. L'exposition donne aussi à entendre le témoignage d'un habitant de l'oasis de Siwa en Egypte.
Selle et tapis de selle Touareg
© MNHN - J.-C. Domenech


Pie-grièche grise, Lanius excubitor
Ces oiseaux sont des résidents permanents des oasis sahariennes, où ils trouvent de quoi assurer à la fois leur subsistance et leur reproduction. Ils ont su s’adapter et tirer parti de cet environnement élaboré par les humains.
Pie-grièche pâle © MNHN - J.-C. Domenech
 

Menaces pesant sur le nomadisme

Partout, le nomadisme régresse. La plupart des peuples des déserts anciennement nomades sont devenus sédentaires au cours du XXe siècle. Les causes en sont multiples : déplacements entravés par les frontières, conflits armés, concurrence des concessions minières, sécheresses, surexploitation de l’eau et des pâturages, pressions étatiques, désir d’une vie moins dure… En réponse, les humains changent de mode de vie et d’activité, beaucoup viennent grossir la population des villes. Le nomadisme serait-il en voie de disparition ? Saura-t-il se transformer pour perdurer ?

 

Menaces de l’exploitation intensive

Encouragée par les politiques nationales, la création de nouvelles palmeraies industrielles entraîne une explosion de la consommation d'eau pour l'irrigation dans les régions désertiques. Partout, les nappes d’eau s’épuisent ou leur qualité se dégrade. On recourt alors à des forages dans des réserves plus profondes qui périclitent à leur tour.

 

Partie 4 : Carnets de terrain





Les déserts sont des terrains d’exploration privilégiés pour les scientifiques de disciplines variées. Ils peuvent y étudier des espèces animales et végétales remarquables, parfaitement adaptées à ces environnements extrêmes. Ils peuvent aussi y récolter de précieuses données sur les événements passés, grâce au climat sec favorable à la conservation des météorites, des fossiles et des objets archéologiques. La dernière partie de l’exposition est l’occasion de donner la parole à ces scientifiques, qui témoignent grâce à un dispositif sonore de leur expérience du désert, et présentent chacun un objet emblématique de leur terrain de recherche. L’occasion également de revenir sur une figure emblématique du Muséum : Théodore Monod, grand amoureux du désert.

Terrains d'exploration des scientifiques témoignant dans l'exposition © Atelier Pentagon

Brigitte Senut

Paléontologue dans le désert du Namib
Depuis une trentaine d'années, Brigitte Senut, chercheuse au Muséum, étudie les dunes fossiles du désert du Namib. Ces dunes, stabilisées depuis de longues périodes, sont une aubaine pour les paléontologues, car elles renferment des restes fossiles insoupçonnés de plantes et d’animaux, datant de plusieurs millions d'années. On y trouve notamment des œufs d’oiseaux géants apparentés aux autruches actuelles.

Son objet emblématique ?
Fragment d'œuf d'un oiseau proche d'une autruche, Diamantornis wardi
Désert du Namib -12 à -10 millions d’années

Mathieu Gournelle

Chercheur de météorites dans le désert d’Atacama, astrophysicien
Mathieu Gounelle, chercheur au Muséum, travaille depuis plusieurs années dans le désert d’Atacama, où il retourne régulièrement. Bien que les météorites tombent indifféremment sur toute la Terre, les déserts chauds et froids sont des lieux privilégiés de collecte : en raison du climat sec, les météorites peuvent s’y accumuler pendant des dizaines, voire des centaines de milliers d’années. Elles sont aussi plus faciles à trouver en l’absence de végétation. Le désert d’Atacama, très ancien et particulièrement aride, est considéré comme une mine de météorites.

Welwitschia mirabilis, Namibia © Derek Keats - CC BY-SA 2.0

Son objet emblématique ?
Météorite El Médano 086 Désert d’Atacama, Chili

Arctique, Svalbard - Domaine public

Aude Lalis

Spécialiste de la faune polaire dans le désert arctique
Aude Lalis, biologiste généticienne dans le désert arctique, travaille au Nunavut sur des populations de renard arctique, une espèce particulièrement bien adaptée aux conditions désertiques polaires, mais aussi particulièrement menacée par le réchauffement climatique. Elle participe à un suivi écologique, qui consiste à observer et à capturer les renards pour les équiper de balises satellitaires. Sa recherche se fait en étroite collaboration avec les populations inuites locales. Un amauti, manteau traditionnel porté par les femmes au Nunavut, lui a été offert par une femme de la communauté de Pond Inlet ; il témoigne du lien de confiance qu’elle a progressivement tissé avec les habitants du Grand Nord.


Son objet emblématique ?
Manteau inuit traditionnel appelé l’amauti
Désert arctique, Pond Inlet, Nunavut, Canada

Vincent Battesti

Anthropologue dans les déserts du Sahara et d’Arabie
Chercheur CNRS au Muséum, Vincent Battesti étudie depuis 30 ans les interrelations entre les sociétés humaines et leurs environnements, et de façon privilégiée les oasis, ces espaces habités et cultivés au cœur des déserts, façonnés et entretenus par des générations d’agriculteurs. Sa recherche, ancrée dans le temps long, repose sur une ethnographie en immersion. La faucille est pour lui un emblème du savoir-faire agricole local, utilisée pour travailler les plantes herbacées et arborescentes. Cet outil est un marqueur d’identité pour son propriétaire.

Son objet emblématique ?

Faucille à dents, asars Djanet, Algérie

Désert d’Hisma, Arabie saoudite © Neom / Unsplash

Maël Crépy

Géoarchéologue dans le désert égyptien
Maël Crépy est géographe et géoarchéologue au CNRS. Il travaille depuis 14 ans dans les déserts égyptiens. Le milieu désertique est particulièrement intéressant pour lui, car, du fait de son aridité, il préserve particulièrement bien les paysages, les reliefs, des restes d'animaux, de végétaux et d'objets humains. Maël Crépy cherche à comprendre sur le terrain les interactions entre les sociétés anciennes et leur milieu. Il effectue pour cela des prélèvements de sédiments qui, une fois analysés en laboratoire, livrent des informations précieuses sur les environnements passés. Le désert est un milieu particulièrement propice à sa recherche : l’absence de végétation et l’érosion intense rendent facilement accessibles des dépôts témoins de différentes époques. Sa truelle est son objet de prédilection, il l’a toujours avec lui !

Son objet emblématique ?
Sédiments et truelle Région de Kilwa, nord de l’Arabie saoudite

Théodore Monod (1902-2000)

Naturaliste amoureux du désert
Figure emblématique du Muséum, Théodore Monod était aussi un grand spécialiste des déserts. Dès 1923, il se passionne en particulier pour le Sahara, qu’il arpentera pendant près de 70 ans à dos de dromadaire ou à pied. C’est au cours de ces expéditions qu’il rédige ses journaux de route. Il y consigne tous les spécimens botaniques, zoologiques ou géologiques qu’il récolte ou observe. Il trace ses itinéraires, exécute des relevés de paysages, et dessine les peintures rupestres ou inscriptions qu’il découvre. Jusqu’à sa dernière méharée en 1994, Théodore Monod continuera à tenir ses journaux de route sur les mêmes cahiers d’écolier.

Son objet emblématique ?
Son journal de route rédigé dans le Sahara occidental, entre 1934 et 1936,
et sa loupe

Silene acaulis, Barentsøya, Svalbard © Hermanhi - CC BY-SA 3.0

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Exposition Déserts

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Aujourd’hui, la communauté scientifique étudie le désert dans toutes ses dimensions, et ce sont les fruits de ces recherches qui vous sont présentées dans cette exposition, qui a pris ses quartiers dans la Grande Galerie de l’Évolution. Quels sont les caractéristiques d’un désert ? Quelle biodiversité abritent-ils ? Comment les hommes s’y sont adaptés ? Derrière la notion de désert viennent se nicher autant de métaphores de l’immensité comme de la vulnérabilité de notre environnement. En proposant cette réflexion sur le temps long, le Muséum est au cœur de sa mission de service public : celle de susciter l’émerveillement et la curiosité pour ces écosystèmes complexes, mais également de transmettre des connaissances fiables pour défendre une véritable éthique pour la planète. Gilles Bloch, Président du Muséum national d’Histoire naturelle

 

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Commissariat scientifique : Aude Lalis, chercheuse en biologie de l’évolution de la biodiversité au Muséum.
Anthony Herrel, directeur de recherche CNRS, spécialiste en anatomie comparée, morphologie fonctionnelle et biologie de l’évolution au Muséum.
Denis Larpin, responsable scientifique des collections végétales tropicales des jardins botaniques du Muséum.
Vincent Battesti, chercheur CNRS en anthropologie sociale, ethnoécologue au Muséum.
Maël Crépy, chercheur en géoarchéologie au CNRS (HiSoMA).
Quelques chiffres : 850
d’exposition - 191 spécimens et objets dont : 75 naturalisations, spécimens secs ou en fluide, 81 objets d’anthropologie, 30 échantillons de géologie. Des collections essentiellement issues du MnHn.

Jusqu'au 30 novembre 2025 - Grande Galerie de l’Évolution - Jardin des Plantes - 36, rue Geoffroy Saint-Hilaire, Paris (Ve)
Tarifs : 16 € / 13 € - À partir de 5 ans - Bilingue français-anglais - Ouvert de 10h à 18h tous les jours, sauf le mardi.
jardindesplantesdeparis.fr