Le Muséum national d’Histoire naturelle invite à un
voyage inédit au cœur des milieux désertiques de notre
planète, de l’emblématique Sahara aux déserts
polaires, en passant par les déserts de Sonora, d’Atacama,
de Gobi… Le point commun à ces milieux : des conditions hors
norme,
a priori hostiles à la vie. Et pourtant, animaux et végétaux
y ont développé d’ingénieuses stratégies
d’adaptation, que le public découvre
à travers les spécimens d’une biodiversité
surprenante, issus de différentes régions du monde. L’exposition
présente également les
méthodes déployées par les humains pour vivre dans
ces environnements contraignants, mais aussi les menaces qu’ils
font peser
sur ces milieux fragiles. L’occasion par ailleurs de faire découvrir
l’expérience du désert comme terrain privilégié
de recherche.
À travers près de 200 spécimens et objets de natures
variées, pour la plupart issus des riches collections du Muséum,
ainsi que des dispositifs mécaniques et multimédias et des
grandes projections, l’exposition offre une approche
scientifique, ludique et esthétique de ces milieux fascinants.
Partie
3 : Habiter le désert |
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La
troisième partie de l’exposition est dédiée
aux humains qui ont également élu domicile dans
les déserts. Mais comment se sont-ils adaptés à
des milieux aussi contraignants ? Ils ont pour cela adopté
deux grands types de stratégie : se déplacer à
la recherche de ressources rares, dispersées et irrégulières
– la mobilité –, ou transformer leur milieu
de vie pour qu’il subvienne à leurs besoins comme
dans le cas de l'oasis. Mais la mondialisation est venue bousculer
les modes de vie traditionnels. Aujourd’hui, un large éventail
de situations intermédiaires existe entre nomadisme strict
et sédentarité permanente.
Une
garde-robe adaptée
Les
vêtements constituent l’adaptation la plus immédiate
des humains aux contraintes climatiques des déserts. En
jouant sur les matières, les épaisseurs et les formes,
les vêtements traditionnels protègent des températures
extrêmes, du vent et des fortes amplitudes thermiques journalières.
Pour protéger la peau du soleil et faciliter la circulation
de l’air autour du corps, les Touareg portent généralement
des habits longs et amples. Tandis que pour se protéger
du froid et du vent, les Inuits superposent les couches de vêtements,
en alternant la fourrure tournée vers l’intérieur
et celle tournée vers l’extérieur.
Cependant, avec la mondialisation, les vêtements traditionnels
sont aujourd’hui souvent supplantés par des vêtements
importés, parfois moins adaptés aux conditions climatiques,
mais aussi moins chers et plus faciles à se procurer.
Les tenues traditionnelles sont alors réservées
à des circonstances particulières, comme les fêtes,
ou, à l’inverse, à l’intimité
de la maison.
L’art
de la mobilité
Dans
les milieux désertiques, où les ressources sont
rares et dispersées, la mobilité peut être
un atout majeur. Les déplacements se font de pâturage
en pâturage, de point d’eau en point d’eau pour
satisfaire les besoins des animaux, pour le mode du pastoralisme,
ou en quête de gibier ou de plantes comestibles, pour le
mode de la chasse et de la cueillette. Hier incontournables, les
moyens de transport historiques – le dromadaire, figure
emblématique des déserts du Sahara au Moyen-Orient,
le Chameau de Bactriane en Asie Centrale ou le traîneau
à chiens dans le désert arctique – sont de
moins en moins utilisés dans la vie quotidienne, et sont
remplacés par des véhicules à moteur. Les
déplacements sont réguliers – souvent saisonniers
– ou se font au gré des opportunités. Ce mode
de vie tend cependant à disparaître : la plupart
des habitants vivent aujourd’hui dans des villes ou des
villages, et sont devenus des nomades occasionnels.
Dans les espaces désertiques, des points de repère
existent pour qui sait les identifier : arbres, rochers, reliefs
sont de précieux indicateurs de position. Le soleil et
les étoiles donnent le cap, tout comme le sens du vent
dominant, qui imprime sa trace sur la roche ou la glace.
Transformer
son environnement
Transformer
son environnement est l’une des deux grandes stratégies
des humains, avec la vie nomade, pour vivre en société
dans le désert. C’est ainsi que sont nées
des communautés agricoles sédentaires en milieu
aride : les oasis. Tout y est apporté, construit et entretenu
sans relâche, en mobilisant savoirs et savoir-faire locaux
: l’habitat, les sols, les plantes, le réseau d’eau
pour l’irrigation. Les oasis ne vivent pas en vase clos.
Ce sont, au contraire, de véritables carrefours stratégiques
sur les routes des déserts, des lieux d’échanges
des oasiens avec les nomades proches, et les habitants des villes
lointaines. Le palmier dattier est une espèce clef des
oasis. Non seulement il établit un microclimat favorable
à l'agriculture, mais il fournit aussi une multitude de
produits : matériaux de construction, matières premières
pour la fabrication d’outils et objets domestiques, et bien
sûr des produits alimentaires, consommés localement
et exportés.
Inondation
des parcelles d'une oasis
Les jardins des oasis sont composés de nombreuses planches
de cultures délimitées par des ados, petites buttes
de terre. Pour irriguer, le paysan ouvre et ferme des passages
dans ces ados, afin de faire circuler l’eau des canaux d’irrigation
d’une planche à l’autre. Il peut ainsi inonder
l’ensemble de son jardin, en ajustant avec précision
sa consommation d’eau.
L’oasis
est aussi un refuge pour la faune sauvage : elle sert d’abri
et de site d’alimentation pour de nombreux animaux. Certains,
comme le renard du désert, y font de brèves incursions
nocturnes. D’autres, notamment des oiseaux tels le bruant
du Sahara ou la pie-grièche grise, sont des résidents
permanents et côtoient des migrateurs et des visiteurs saisonniers.
Les espèces aquatiques ne sont pas en reste : poissons,
grenouilles et escargots évoluent dans les canaux. |

© Du&Ma scénographes
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Sahara,
Mauritanie © Léo Coulongeat |
Groenland
occidental © Tiina Itkonen |
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Groenland occidental Peter et ses chiens © Tiina
Itkonen 
Oasis de Siwa, Égypte © Vincent Battesti
- CNRS |
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Paroles
du désert
Un
dispositif multimédia donne la parole aux habitants des
déserts : on y découvre les témoignages
d'un Touareg du Mali, d'une habitante de Mongolie, et d'habitants
du Groenland et du Nunavut. L'exposition donne aussi à
entendre le témoignage d'un habitant de l'oasis de Siwa
en Egypte.
Selle et tapis de selle Touareg
© MNHN - J.-C. Domenech
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Pie-grièche
grise, Lanius excubitor
Ces oiseaux sont des résidents permanents des oasis sahariennes,
où ils trouvent de quoi assurer à la fois leur subsistance
et leur reproduction. Ils ont su s’adapter et tirer parti
de cet environnement élaboré par les humains.
Pie-grièche
pâle © MNHN - J.-C. Domenech |
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Menaces
pesant sur le nomadisme
Partout,
le nomadisme régresse. La plupart des peuples des déserts
anciennement nomades sont devenus sédentaires au cours
du XXe siècle. Les causes en sont multiples : déplacements
entravés par les frontières, conflits armés,
concurrence des concessions minières, sécheresses,
surexploitation de l’eau et des pâturages, pressions
étatiques, désir d’une vie moins dure…
En réponse, les humains changent de mode de vie et d’activité,
beaucoup viennent grossir la population des villes. Le nomadisme
serait-il en voie de disparition ? Saura-t-il se transformer pour
perdurer ? |
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Menaces
de l’exploitation intensive
Encouragée
par les politiques nationales, la création de nouvelles
palmeraies industrielles entraîne une explosion de la consommation
d'eau pour l'irrigation dans les régions désertiques.
Partout, les nappes d’eau s’épuisent ou leur
qualité se dégrade. On recourt alors à des
forages dans des réserves plus profondes qui périclitent
à leur tour. |
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Partie
4 : Carnets de terrain |
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Les
déserts sont des terrains d’exploration privilégiés
pour les scientifiques de disciplines variées. Ils peuvent
y étudier des espèces animales et végétales
remarquables, parfaitement adaptées à ces environnements
extrêmes. Ils peuvent aussi y récolter de précieuses
données sur les événements passés,
grâce au climat sec favorable à la conservation
des météorites, des fossiles et des objets archéologiques.
La dernière partie de l’exposition est l’occasion
de donner la parole à ces scientifiques, qui témoignent
grâce à un dispositif sonore de leur expérience
du désert, et présentent chacun un objet emblématique
de leur terrain de recherche. L’occasion également
de revenir sur une figure emblématique du Muséum
: Théodore Monod, grand amoureux du désert.
Terrains
d'exploration des scientifiques témoignant dans l'exposition
©
Atelier Pentagon
Brigitte
Senut
Paléontologue
dans le désert du Namib
Depuis une trentaine d'années, Brigitte Senut, chercheuse
au Muséum, étudie les dunes fossiles du désert
du Namib. Ces dunes, stabilisées depuis de longues périodes,
sont une aubaine pour les paléontologues, car elles renferment
des restes fossiles insoupçonnés de plantes et
d’animaux, datant de plusieurs millions d'années.
On y trouve notamment des œufs d’oiseaux géants
apparentés aux autruches actuelles.
Son objet emblématique ?
Fragment d'œuf d'un oiseau proche d'une autruche, Diamantornis
wardi
Désert du Namib -12 à -10 millions d’années
Mathieu
Gournelle
Chercheur
de météorites dans le désert d’Atacama,
astrophysicien
Mathieu Gounelle, chercheur au Muséum, travaille depuis
plusieurs années dans le désert d’Atacama,
où il retourne régulièrement. Bien que
les météorites tombent indifféremment sur
toute la Terre, les déserts chauds et froids sont des
lieux privilégiés de collecte : en raison du climat
sec, les météorites peuvent s’y accumuler
pendant des dizaines, voire des centaines de milliers d’années.
Elles sont aussi plus faciles à trouver en l’absence
de végétation. Le désert d’Atacama,
très ancien et particulièrement aride, est considéré
comme une mine de météorites.
Welwitschia
mirabilis, Namibia © Derek Keats - CC BY-SA 2.0
Son objet emblématique ?
Météorite El Médano 086 Désert d’Atacama,
Chili
Arctique,
Svalbard - Domaine public
Aude
Lalis
Spécialiste
de la faune polaire dans le désert arctique
Aude Lalis, biologiste généticienne dans le désert
arctique, travaille au Nunavut sur des populations de renard
arctique, une espèce particulièrement bien adaptée
aux conditions désertiques polaires, mais aussi particulièrement
menacée par le réchauffement climatique. Elle
participe à un suivi écologique, qui consiste
à observer et à capturer les renards pour les
équiper de balises satellitaires. Sa recherche se fait
en étroite collaboration avec les populations inuites
locales. Un amauti, manteau traditionnel porté par les
femmes au Nunavut, lui a été offert par une femme
de la communauté de Pond Inlet ; il témoigne du
lien de confiance qu’elle a progressivement tissé
avec les habitants du Grand Nord.
Son objet emblématique ?
Manteau inuit traditionnel appelé l’amauti
Désert arctique, Pond Inlet, Nunavut, Canada
Vincent
Battesti
Anthropologue
dans les déserts du Sahara et d’Arabie
Chercheur CNRS au Muséum, Vincent Battesti étudie
depuis 30 ans les interrelations entre les sociétés
humaines et leurs environnements, et de façon privilégiée
les oasis, ces espaces habités et cultivés au
cœur des déserts, façonnés et entretenus
par des générations d’agriculteurs. Sa recherche,
ancrée dans le temps long, repose sur une ethnographie
en immersion. La faucille est pour lui un emblème du
savoir-faire agricole local, utilisée pour travailler
les plantes herbacées et arborescentes. Cet outil est
un marqueur d’identité pour son propriétaire.
Son objet emblématique ?
Faucille à dents, asars Djanet, Algérie
Désert
d’Hisma, Arabie saoudite © Neom / Unsplash
Maël
Crépy
Géoarchéologue
dans le désert égyptien
Maël Crépy est géographe et géoarchéologue
au CNRS. Il travaille depuis 14 ans dans les déserts
égyptiens. Le milieu désertique est particulièrement
intéressant pour lui, car, du fait de son aridité,
il préserve particulièrement bien les paysages,
les reliefs, des restes d'animaux, de végétaux
et d'objets humains. Maël Crépy cherche à
comprendre sur le terrain les interactions entre les sociétés
anciennes et leur milieu. Il effectue pour cela des prélèvements
de sédiments qui, une fois analysés en laboratoire,
livrent des informations précieuses sur les environnements
passés. Le désert est un milieu particulièrement
propice à sa recherche : l’absence de végétation
et l’érosion intense rendent facilement accessibles
des dépôts témoins de différentes
époques. Sa truelle est son objet de prédilection,
il l’a toujours avec lui !
Son objet emblématique ?
Sédiments et truelle Région de Kilwa, nord de
l’Arabie saoudite
Théodore
Monod (1902-2000)
Naturaliste
amoureux du désert
Figure emblématique du Muséum, Théodore
Monod était aussi un grand spécialiste des déserts.
Dès 1923, il se passionne en particulier pour le Sahara,
qu’il arpentera pendant près de 70 ans à
dos de dromadaire ou à pied. C’est au cours de
ces expéditions qu’il rédige ses journaux
de route. Il y consigne tous les spécimens botaniques,
zoologiques ou géologiques qu’il récolte
ou observe. Il trace ses itinéraires, exécute
des relevés de paysages, et dessine les peintures rupestres
ou inscriptions qu’il découvre. Jusqu’à
sa dernière méharée en 1994, Théodore
Monod continuera à tenir ses journaux de route sur les
mêmes cahiers d’écolier.
Son
objet emblématique ?
Son journal de route rédigé dans le Sahara occidental,
entre 1934 et 1936,
et sa loupe
Silene
acaulis, Barentsøya, Svalbard © Hermanhi
- CC BY-SA 3.0
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.Exposition
Déserts
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Aujourd’hui, la communauté
scientifique étudie le désert dans toutes
ses dimensions, et ce sont les fruits de ces recherches
qui vous sont présentées dans cette
exposition, qui a pris ses quartiers dans la Grande
Galerie de l’Évolution. Quels sont les
caractéristiques d’un désert ?
Quelle biodiversité abritent-ils ? Comment
les hommes s’y sont adaptés ? Derrière
la notion de désert viennent se nicher autant
de métaphores de l’immensité comme
de la vulnérabilité de notre environnement.
En proposant cette réflexion sur le temps long,
le Muséum est au cœur de sa mission de
service public : celle de susciter l’émerveillement
et la curiosité pour ces écosystèmes
complexes, mais également de transmettre des
connaissances fiables pour défendre une véritable
éthique pour la planète. Gilles
Bloch, Président du Muséum national
d’Histoire naturelle
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Commissariat scientifique : Aude Lalis,
chercheuse en biologie de l’évolution de la
biodiversité au Muséum.
Anthony Herrel, directeur de recherche CNRS, spécialiste
en anatomie comparée, morphologie fonctionnelle et
biologie de l’évolution au Muséum.
Denis Larpin, responsable scientifique des collections végétales
tropicales des jardins botaniques du Muséum.
Vincent Battesti, chercheur CNRS en anthropologie sociale,
ethnoécologue au Muséum.
Maël Crépy, chercheur en géoarchéologie
au CNRS (HiSoMA).
Quelques chiffres : 850 m²
d’exposition - 191 spécimens et objets dont
: 75 naturalisations, spécimens secs ou en fluide,
81 objets d’anthropologie, 30 échantillons
de géologie. Des collections essentiellement issues
du MnHn.
Jusqu'au 30 novembre 2025 - Grande Galerie de l’Évolution
- Jardin des Plantes - 36, rue Geoffroy Saint-Hilaire, Paris
(Ve)
Tarifs : 16 € / 13 € - À partir de 5 ans
- Bilingue français-anglais - Ouvert de 10h à
18h tous les jours, sauf le mardi.
jardindesplantesdeparis.fr |
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