....
.
Livre blanc Mon vélo dans le train
...
L’accessibilité des vélos dans les transports collectifs
nécessite un choc d’offre et un choc de simplification

.
(2) Comment faciliter l’intermodalité vélo / transports en commun :
Les demandes du Collectif Mon vélo dans le train

En conclusion
...


La complémentarité entre vélo et transports collectifs permet de remplacer des trajets en voiture par l’intermodalité entre le vélo - non démonté évidemment -, bien adapté à la desserte des premiers ou derniers kilomètres, et les transports publics, plus rapides mais qui ne sauraient aller partout*. Cette intermodalité doit être la colonne vertébrale de la mobilité alternative. Elle ne doit pas opposer les voyageurs aux cyclistes
alors que le vrai problème est l’insuffisance de l’offre en France. On doit pouvoir mettre son vélo dans les transports collectifs si besoin,
en complément d’autres solutions. Les investissements pour le ferroviaire doivent intégrer un volet
intermodalité vélo et
les Services Express Régionaux Métropolitains, dont la loi de cadrage intègre le vélo en gare et autour des gares,
doivent également intégrer un emport largement dimensionné des vélos non démontés.
*Selon une étude allemande, la complémentarité transport public + vélo permet une alternative possible à la voiture
de bout en bout, ce qui peut réduire d’un quart les émissions de gaz à effet de serre du transport personnel.

Vélos et transports collectifs en France ? La situation a tendance à se compliquer !  

1) Informations et achat de billets

Les cyclistes recherchent des informations fiables, simplifiées et complètes sur les possibilités et modalités de transport du vélo non démonté avant d’acheter leur billet :

  • L’embarquement des vélos dans tous les types de trains - TER, Transiliens, Intercités, TGV - SNCF et autres transporteurs, doit être clairement indiqué quelque soit le support : différents sites SNCF et des agences de voyages en ligne comme Trainline, les applis, fiches horaires.
  • Les moteurs de recherche sur les sites et les applis doivent disposer de modalités permettant de connaître quels trajets sont possibles en train avec un vélo, y compris avec plus que deux correspondances, ainsi que d’un paramétrage possible des temps de correspondance.
  • L’achat du billet doit être global, vélo inclus, et possible sur tous supports y compris en gare. Le vélo doit être inscrit sur le billet de manière visible.
  • En cas de changement de matériel réaffectant les places réservées, il appartient à l’exploitant d’affecter des places pour les vélos.
  • Le cycliste et son vélo doivent être considérés comme une entité unique. En cas de rupture de correspondances ou de suppressions de trains, il appartient aux exploitants d’assurer la continuité du voyage du cycliste et de son vélo jusqu’à sa destination finale, en le replaçant dans les trains suivants, si besoin incluant l’hébergement.

2) Accueil et accessibilité des cyclistes dans les gares

Une bonne accessibilité jusqu’au train est par ailleurs l’un des points majeurs pour les cyclistes usagers du train.

Le collectif insiste tout particulièrement sur la situation des voyageurs porteurs de handicaps, qui sont assignés à résidence faute de pouvoir voyager avec leurs vélos adaptés.

Il est important de :

  • Concevoir des installations à quai et à bord autorisant tous types de vélos et vélos à assistance électrique ainsi que les vélos couchés, tandems, handi-cycles, tricycles, remorques enfants.
  • Faciliter l’accès aux quais via des rampes, des ascenseurs aux dimensions adaptées - permettant l’accueil de deux fauteuils roulants -, ou à défaut en attendant, des goulottes le long des escaliers ; une assistance à la traversée des voies en l’absence de ces éléments ; préférer les gares accessibles par la voirie de part et d’autre de la voie ferrée : gares bifaces.
  • Rendre très visible le marquage vélo par pictogramme indiquant les espaces vélos sur les voitures - voire au sol sur le quai -, relayés par une information sur les autres rames, les quais, les panneaux d’affichage de composition des trains, et les applis informatiques.
  • En descendant du train, la gare devenant porte d’accès vers la ville doit indiquer le fléchage et/ou une cartographie vers les principaux itinéraires vélos disponibles.
  • Enfin, la gare doit s’équiper avec des services vélos incluant réparation et vente d’accessoires, location de vélos, consignes, sur le modèle des vélostations.
 
La rampe idéale aussi pour les autres usagers. Une goulotte assez large
évite de coincer guidon et sachoches dans la main courante.
 


Exemple d’une vélostation à Maastricht (NL) : on peut y stationner et y faire réparer son vélo.


Le fait de cocher l’option
ajouter un vélo conduit SNCF Connect à répondre dans certaines régions aucun train avec un espace vélo disponible alors que tous les trains régionaux le permettent !

 


Contrairement à une idée répandue, la remorque pour enfants, nécessaire pour les jeunes parents cyclistes, peut se ranger sans prendre de place : ci-contre, la remorque bleue est rangée sous les vélos suspendus. Il n’y a pas de raison de les interdire à bord des TER.

3) Mise en œuvre des emplacements vélos dans les trains

Les trains régionaux sont surtout utilisés par des navetteurs ou par des randonneurs cyclistes pour commencer ou boucler un trajet. L’usage doit donc être simple et fluide. Il est donc indispensable de voir large - y compris avec des espaces modulables -, comme c’est par exemple le cas en Allemagne, où on est plus proches des 8 vélos par voiture que des 8 vélos par train : 72 places vélos par rame de cinq voitures à deux niveaux récemment commandées pour des liaisons entre Berlin et la mer Baltique !.
Ces places doivent pouvoir être horizontales - vélo trop lourd pour être accroché - ou verticales, adaptées pour des vélos légers de navetteurs. Les remorques pliées, souvent utilisées par les familles avec enfants, doivent aussi être autorisées, comme c’est déjà le cas sur plusieurs régions.

Une attention particulière est à porter aux personnes à mobilité réduite pour leur permettre d’emporter leur vélo. En outre, les opérateurs doivent chercher la possibilité d’emport de vélos plus encombrants de type tricycle adapté aux seniors, tandem, vélo couché, et doivent le proposer chaque fois que possible.
La problématique des trajets en trains régionaux - trajets courts, souplesse d’utilisation -, est différente de celle des trains à long parcours : réservable à l’avance sur un train fixé comme le billet du passager. Encore faut-il que cette réservation soit aisée : trop souvent les systèmes de réservation ne permettent pas facilement une recherche voyageur + vélo. La SNCF augmente le nombre des TGV acceptant les vélos, par contre il est rare que des trains internationaux le permettent - Eurostar… - et cette lacune reste à combler.


En attendant les matériels neufs et rénovés, il est nécessaire de disposer :

  • D’emplacements vélos dans tous les types de trains - TGV, Intercités, TER, Transiliens -, y compris de manière provisoire .
  • D’un minimum de 5 places vélo dans tous les cars TER et dans les cars de substitution d’un train supprimé, programmés à l’avance, hors situation d’urgence.
  • D’une offre augmentée sur les lignes desservant des itinéraires vélo, ou très fréquentées par les cyclistes, sur le modèle de la Loire à vélo.

Par ailleurs il est nécessaire de :

  • Faciliter l’accès du quai jusqu’aux places vélo dans les rames, condition pour réduire les pertes de temps en gare : prévoir des ouvertures suffisamment larges, placer les emplacements vélos au plus près des portes avec un marquage dédié bien visible, dans la mesure du possible indiquer sur le quai l’emplacement des voitures avec places vélos en généralisant, par exemple, à quai les écrans de composition des trains où apparaîtraient un logo vélo sur les voitures concernées.
  • Prévoir un espace intérieur permettant la manipulation d’un vélo avec bagages. Dans l’intérêt de tous les voyageurs, il est souhaitable que le vélo, avec les bagages, puisse être entré ou sorti du train en une seule fois, le montage ou le démontage des bagages s’opérant dans un espace intérieur ayant des dimensions suffisantes. D’autant plus qu’un vélo de randonnée - long cours -, c’est le plus souvent au minimum quatre sacoches, deux à l’avant et deux à l’arrière.
  • Informer du côté de descente avant les arrêts ;
  • Assurer des emplacements vélos bien identifiés et distincts des autres emplacements bagages.
  • Mettre en place des actions à bord de la part des contrôleurs, afin de garantir les places vélos trop souvent inaccessibles : encombrées de bagages, de strapontins occupés…
  • Homogénéiser le service TER au niveau national, avec obligation d’avoir des offres équivalentes d’une région à l’autre.

Un grand classique : l’espace vélo, parfois payant, encombré de bagages… gratuits !

Face à l’inadaptation de l’offre à la demande, des mesures provisoires et exceptionnelles peuvent être mises en place.

L’offre ferroviaire doit accompagner la demande, de nouvelles capacités doivent être mises en place pour accueillir confortablement toutes les clientèles. Le collectif Mon vélo dans le train prend acte des insuffisances d’investissements dans le matériel roulant et les infrastructures, et qu’une sous-utilisation des capacités existantes conduisent à des situations de saturation qui peuvent imposer des mesures de régulation, dont la réservation obligatoire des vélos dans certains trains. Mais celle-ci doit être :

  • Provisoire : des mesures doivent être prises pour remédier dans les meilleurs délais à ces situations de suroccupation, notamment en augmentant les circulations des matériels existants.
  • Exceptionnelle : elle doit être limitée aux trains dont il est avéré qu’ils sont en suroccupation régulière, en concertation avec les associations d’usagers et des associations de cyclistes.

© Adobe Stock

Le collectif demande donc aux Régions ainsi qu’aux opérateurs de se mobiliser pour mettre fin à ces freins inacceptables aux voyages à vélo en train.

Comment réguler la demande ?

La question se pose d’un besoin de régulation sur certaines lignes de trains ou d’autocars connaissant une forte demande, afin que l’emport du vélo non démonté soit une possibilité mais pas le premier choix, sous peine d’arriver à saturation : le développement du stationnement en gare figure parmi les solutions privilégiées.
Concernant l’emport des vélos dans les trains, faciliter les vélos pliants est un moyen d’accès direct à tous les trains sans avoir à les porter.

Sous réserve des conditions posées plus haut, deux solutions apparaissent possibles :

  • Soit un ticket vélo payant aux heures de pointe - plutôt qu’une interdiction - laissant libre le choix du train - système en place dans la plupart des pays -, avec des abonnements mensuels ou annuels possibles ; cela concernerait notamment les zones denses : Île-de-France, futurs Services Express Régionaux Métropolitains.
  • Soit une réservation obligatoire sur un train imposé, sur certains trains et/ou à certaines périodes de l’année, à condition qu’un emport supplémentaire y soit prévu, après consultation des associations d’usagers des transports, dont les associations cyclistes : cela concernerait notamment les secteurs touristiques. Cette réservation est contraignante, avec l’obligation de reporter une réservation sur un autre train en cas d’imprévu durant son voyage à vélo. Elle entraîne des effets pervers - réservations sur plusieurs trains par précaution -, ou à l’inverse fermeture à la réservation vélo de trains déclarés complet alors que de nombreux témoignages de voyageurs décrivent les voitures ou les emplacements vélos vides. Cette réservation vélo doit impérativement être achetable de manière simple par tous les canaux de vente, et couplée au billet du voyageur.

Le train meilleur allié du vélo et réciproquement !

 
En conclusion

Le vélo constitue un moyen très efficace de parcourir les petits trajets et d’assurer le dernier kilomètre en intermodalité avec les transports publics. C’est une brique de base fondamentale de l’écomobilité.
Le développement d’un système vélo complet, venant en complément du transport public incluant la possibilité d’y transporter son vélo, est nécessaire pour permettre la complémentarité des deux systèmes, permettant un report modal efficace pour diminuer significativement l’usage de l’automobile.
Ce ne sont pas les vélos qui sont trop nombreux, mais les transports publics qui sont insuffisants. Les décideurs commettent une erreur en considérant que le stationnement des vélos en gares, ou la disponibilité de Vélos en Libre Service - loin d’être suffisants par ailleurs -, ou encore le choix de vélos pliants, résoudront tout. En particulier pour les usages touristiques, mais pas seulement, le transport des vélos dans les transports collectifs répond à d’autres besoins, c’est un enjeu majeur de l’intermodalité. Le système ferroviaire devrait y avoir un rôle central qu’il ne veut pas jouer, et sans cela il n’y aura ni abandon massif de l’automobile pour les déplacements ni France première destination touristique cyclable en 2030 (Olivia Grégoire, Ministre chargée du Tourisme).Adobe Stock

.....
.
Livre blanc Mon vélo dans le train
....
L’accessibilité des vélos dans les transports collectifs nécessite un choc d’offre et un choc de simplification
...
Le collectif Mon Vélo Dans Le Train.
..
L'accessibilité des vélos dans les transports collectifs nécessite un choc d'offre et de simplification. Le collectif Mon Vélo Dans Le Train,
qui réunit 12 organisations de promotion du vélo et du train, publie ce Livre Blanc sur l'inadéquation entre les besoins des cyclistes et l'offre vélo dans les trains.
Qu’il s’agisse de rejoindre une randonnée avec un vélo chargé de bagages, ou de réaliser le dernier kilomètre d’un trajet local, mettre son vélo dans les transports publics est l’évidente alternative décarbonée à la mobilité tout-automobile.
Encore faut-il que cela soit possible et facile.
Crédits photos : Copenhagenize, Collectif Villeneuvois à vélo, Véronique Crespin, Cyclo TransEurope, Pascale Hérault, Yannick Menet, Laëtitia,
Bernard Laizé, Gilles Laurent, Isabelle Lesens, Mizu Loeb, Transbus / BreizhGo.

 

. ......

....
L'enjeu
Le vélo constitue un moyen très efficace de parcourir les petits trajets et d’assurer
le dernier kilomètre en intermodalité avec les transports publics. C’est une brique de base fondamentale de l’écomobilité. Le développement d’un système vélo complet, venant en complément
du transport public, et incluant la possibilité d’y transporter son vélo, est nécessaire pour permettre la complémentarité des
deux systèmes, permettant un report modal efficace pour diminuer significativement l’usage de l’automobile.