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Ouvrage Les bois de Boulogne et de Vincennes :
1840 hectares de nature à revisiter
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Le bois de Boulogne : Accessibilité et mobilités
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L’évolution du stationnement
L’accessibilité en transport en commun

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Les bois de Boulogne et de Vincennes sont deux espaces de respiration uniques, situés au cœur du Grand Paris. Représentant à eux deux près du quart de la surface du Paris urbanisé, les deux bois occupent un espace équivalent aux huit premiers arrondissements. Ils sont fréquentés
par des habitués mais sont encore méconnus par beaucoup d’habitants. Une grande diversité d’usages existe : pour certains, ils représentent des axes de circulation rapide, pour d’autres le plaisir du footing dans les allées, de la promenade et pique-nique sous les arbres, du canotage sur les plans d’eau… Les Charte du bois de Vincennes et de Boulogne, signées en 2003, ont constitué un cadre précieux, en définissant quatre axes majeurs pour structurer un projet ambitieux d’aménagement durable des bois : réhabiliter les paysages et restaurer les milieux naturels ; réduire fortement la circulation automobile pour une promenade tranquille ; reconquérir l’espace public des bois, et gérer
les activités dans la cohérence et la transparence ; et enfin innover dans les modes de gestion et de gouvernance.

L’évolution du stationnement

Le stationnement sur voirie
Offre et demande en stationnement

Stationnement route de Sèvres à Neuilly devant le château de Bagatelle © Apur

Réglementation du stationnement route de la Muette à Neuilly © Apur - Vincent Nouailhat

Un réservoir en offre gratuite

Le bois de Boulogne dispose d’une offre considérable en stationnement sur voirie pour les voitures, en très grande majorité gratuite : 4 952 places gratuites et 787 places payantes mixtes, ainsi que 576 places motos et 135 places vélos.

Le stationnement gratuit du bois est réglementé par un dispositif particulier puisqu’il est interdit la nuit, sauf au droit des concessions et des équipements. Dans la pratique, le stationnement est toléré la nuit et peu contrôlé. Du stationnement ventouse s’observe dans toutes les zones les plus fréquentées, notamment au niveau des portes, de l’allée de la Reine Marguerite, du boulevard Anatole France ou du boulevard Richard Wallace, avec pour effet de réduire l’offre pour les visiteurs.

Par ailleurs, l’offre en lisière a évolué vers des régimes payants ou résidentiels, dans les communes riveraines de Neuilly-sur-Seine ou de Boulogne-Billancourt. Avec ces évolutions, les voies à l’intérieur du bois sont devenues un réservoir de stationnement gratuit pour les riverains, voire une offre en stationnement de rabattement proche des stations de métro et RER.

Une demande en stationnement des visiteurs en diminution

Les résultats des enquêtes sur les usages des visiteurs du bois montrent que de moins en moins de visiteurs utilisent la voiture pour se rendre au bois : ils étaient 42 % en 2019 contre 67 % en 2002.

Hors évènements exceptionnels, le dimanche constitue le jour où le stationnement dans le bois est le plus sollicité. Pour autant, l’offre est tellement importante que la demande reste globalement satisfaite.

Les zones de forte fréquentation sont plus vite saturées, comme les abords des lacs, le parc de Bagatelle, ainsi qu’autour de certaines concessions, comme le Racing et la Fondation Louis Vuitton. Une forte sollicitation du stationnement existe également lors des manifestations à l’hippodrome d’Auteuil, à la pelouse de la Muette ou à la pelouse de Saint-Cloud. Par ailleurs, les voies fermées sont réouvertes et stationnées pour répondre à la demande lors du tournoi de Roland-Garros.


Sources : Apur, DEVE, DVD, Open Data Ville de Paris 2020

Dans le même temps, les parkings de surface et en ouvrage - parkings publics et parkings commerciaux - situés aux abords du bois sont nombreux et proposent une offre importante, qui reste peu utilisée les dimanches.
Un stationnement important aux abords du Racing © Apur - Vincent Nouailhat

Pistes pour l’évolution du stationnement

Harmoniser les réglementations et organiser le stationnement

En accord avec les propositions des Comités des bois, la réduction de l’usage de la voiture pour se rendre au bois passe en premier lieu par une régulation de l’offre en stationnement, en lien avec le renforcement des modes actifs et des transports collectifs. Les propositions consistent ainsi à assurer une plus grande rotation du stationnement en faveur des besoins des visiteurs, de favoriser l’usage des parkings de surface, et de mieux valoriser l’offre des concessions et des parkings en ouvrage. Il s’agit aussi de mieux contrôler le stationnement illicite dans le bois, en particulier la nuit.

Augmenter la rotation des places sur voirie en faveur des visiteurs du bois

Le passage en stationnement payant rotatif de l’ensemble de l’offre actuellement gratuite permettrait d’augmenter le taux de rotation des places et d’avoir une harmonisation avec les réglementations des communes riveraines. Ce régime permettrait de dissuader le stationnement ventouse et les reports de stationnement des riverains du bois.
Les fermetures des voies entraîneraient la suppression de 1 200 places, conservant une offre encore considérable d’environ 4 500 places. Ces suppressions seraient par ailleurs compensées par de nouvelles places sur voirie à étudier, comme sur l’allée de Longchamp.
La suppression du stationnement autour des lieux emblématiques - Grande Cascade, parc de Bagatelle, Tir aux Pigeons et mare Saint-James- participe des projets de paysage et de promenades sur ces sites, et serait réorientée sur l’allée de Longchamp. À terme, la suppression des 200 places de stationnement du chemin de Ceinture du Lac Inférieur pourrait être compensée par une valorisation du stationnement du parking en sous-sol du Racing, et par l’aménagement en parkings visiteurs au sud du lac Supérieur, en lien avec de nouveaux services et stations de mobilité : navettes, voituriers, vélos-taxis.

Valoriser l’offre en parking de surface et en ouvrage

À l’instar des parkings des grands parcs naturels, il s’agit d’orienter le visiteur vers des parkings paysagers payants, dédiés aux visiteurs. Une attention particulière devra être portée aux aménagements paysagers de ces emprises, afin de les intégrer aux espaces boisés : plantations, arbres, revêtements poreux type dalles engazonnées. Plusieurs réalisations contemporaines, en France et à l’étranger, prouvent que des réponses environnementales et paysagères de qualité sont possibles. La demande en stationnement pourrait par ailleurs être compensée par une meilleure utilisation des parkings publics de surface - berges de Seine, route de Boulogne à Passy -, et par la création d’un parking sur la pelouse de Saint-Cloud en dehors des activités événementielles.
Une autre piste d’optimisation de l’offre en stationnement consiste à valoriser voire à mutualiser les parkings de concessions, sous-utilisés certains jours, notamment celui de l’hippodrome de Longchamp (5 000 places).
Les abords du bois comportent par ailleurs une offre importante en parkings publics et commerciaux en ouvrage, ouverts les week-ends, mais peu attractifs du fait de leurs tarifs peu compétitifs par rapport à la gratuité de l’offre sur voirie. Le développement des applications smartphones et une meilleure communication sur le stationnement visiteurs permettraient d’orienter les visiteurs vers des parkings situés à moins de 400 m du bois, comme les parkings de la porte Maillot ou de la porte d’Auteuil.

L’entrée de Bagatelle, un lieu historique à valoriser © Apur

Réguler le stationnement dans le bois de Boulogne


Requalifier le site de la Grande Cascade
et son stationnement
© Apur - Vincent Nouailhat


Restaurer les abords du Tir aux Pigeons avec le projet de promenade de la mare Saint-James
© Apur - Vincent Nouailhat

Des parkings à valoriser au niveau de l’hippodrome et du Boulevard périphérique
© Apur
L’accessibilité en transport en commun


Une desserte limitée aux lisières du bois

Bilan de l’accessibilité en transports en commun

L’accessibilité en transports ferrés

La desserte du bois par les transports collectifs ferroviaires, bien que périphérique, résulte d’une diversité de lignes et d’offres. Sur les franges nord et est du bois, cette desserte est relativement bonne, avec plusieurs lignes de métro et RER desservant les différentes portes du bois. À l’est, le tramway T2 et la ligne Transilien permettent de rejoindre le bois via le pont de Suresnes, mais la distance à parcourir et le franchissement de la Seine rendent cet accès dissuasif. Au sud, la ligne 10, assez éloignée, joue un rôle marginal dans la desserte du bois.

Le lac Supérieur, le restaurant du Chalet des Îles, la pelouse de la Muette, la Fondation Louis Vuitton, ou le Jardin d’Acclimatation, sont ainsi accessibles par des trajets de 8 à 10 minutes à pied depuis les stations de métro ou RER.

Les projets de transport viendront renforcer cette desserte. La porte Maillot, qui constitue un pôle intermodal majeur - RER A, RER C, Ligne 1, bus -, est appelée à monter en importance avec le prolongement d’Eole depuis 2022 à l’ouest vers Nanterre, puis Mantes-la-Jolie en 2024, et avec son réaménagement en cours. Le prolongement du tramway des Maréchaux permet de desservir la porte Dauphine depuis 2024.

L’amélioration de l’accessibilité en bus

Le renforcement du réseau de bus à l’intérieur du bois a été considérable en avril 2019, avec les prolongements de trois lignes, pour desservir le bois et les concessions (lignes 43, 63 et 70). Des renforts de fréquences les week-ends ont par ailleurs été envisagés.

La ligne 70, prolongée jusqu’à Suresnes, fonctionne toute la semaine sauf le dimanche du fait de Paris Respire et de la fermeture de l’avenue de l’Hippodrome. Le prolongement de la ligne 43, initialement envisagé jusqu’à l’hôpital de Boulogne, a été réalisé le week-end uniquement de manière à desservir l’hippodrome de Longchamp, le camping et la plaine de jeux de Bagatelle. Enfin, la ligne 63 a été prolongée les week-ends également jusqu’au Jardin d’Acclimatation.

Par ailleurs, l’ouverture de la Fondation Louis Vuitton s’est traduite par une modification du trajet de la ligne 244 passant par l’allée de Longchamp, les samedis, dimanches et jours fériés, ainsi que par la mise en place de navettes électriques depuis la porte Maillot-Arc de Triomphe, exploitées par la fondation elle-même.

Sources : Apur, Open Data Ile-de-France Mobilités

La desserte du bois lors des grands évènements

La question de la desserte du bois se pose pour les grandes manifestations et les équipements. La mise en place de navettes électriques depuis les pôles de transport en commun s’est par exemple développée du côté des organisateurs d’évènements - cirques, festivals… - et de l’hippodrome de Longchamp.


Aménager des stations de mobilité intermodales aux portes du bois © Apur

Navette électrique reliant la porte Maillot et la Fondation Louis Vuitton © Apur
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Ouvrage Les bois de Boulogne et de Vincennes : 1840 hectares de nature à revisiter

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Atelier parisien d’urbanisme

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Les deux bois restent encore des espaces fragmentés, à la fois par les infrastructures routières et par les concessions qui les morcellent. L’enjeu est d’atteindre un juste équilibre entre les différents usages, les activités économiques, la préservation et la valorisation du patrimoine paysager et bâti et le développement de la biodiversité.
L'ouvrage présente, 17 ans après les Chartes des bois, un diagnostic mettant en avant, dans une vision holistique, les actions réalisées, et esquisse des pistes d’évolutions. Aujourd’hui, à la fois l’urgence climatique, les nouvelles attentes des citadins, et l’exigence patrimoniale nous invitent à engager une nouvelle étape de développement des deux bois. Ce diagnostic prospectif peut constituer un socle commun pour nourrir les échanges et choix à venir par la Ville de Paris et les collectivités riveraines.

 
 
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Bois de Vincennes © Apur

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© Atelier parisien d’urbanisme, Paris 2020

Directrice de la publication : Dominique ALBA, directrice générale de l’Apur
Directrice de la rédaction
: Patricia PELLOUX, directrice adjointe - Rédacteurs en chef : Patricia PELLOUX et Frédéric BERTRAND
Étude réalisée par : Frédéric BERTRAND, Florence HANAPPE, Vincent NOUAILHAT, Yann-Fanch VAULÉON
Avec le concours de : Anne-Marie VILLOT
Cartographie et traitement statistique : Marie-Thérèse BESSE, Christine DELAHAYE, Tristan LAITHIER, Nathan PAULOT
Photographies et illustrations : Apur sauf mention contraire

Dépôt légal : mai 2020 - ISBN : 978-2-36089-017-0 - ISSN : 1773-7974

apur.org