De nombreuses espèces animales ont évoluées à
nos côtés. Depuis le Moyen-Age, certaines espèces
de chauve-souris se sont installées dans les constructions, les
martinets noirs également ont délaissé les falaises
pour nicher dans l’habitat humain. L’étymologie des
noms d’espèce en témoigne : moineau domestique (Passer
domesticus), effraie des clochers, lézard des murailles (Podarcis
muralis). La réouverture officielle
de la cathédrale permet d’espérer le retour de certaines
espèces protégées qui y logeaient depuis des siècles,
dont le Faucon crécerelle.
Bien plus qu’une cathédrale, Notre-Dame de Paris est un écosystème.
La taille imposante de cette falaise urbaine et ses innombrables
cachettes sont une bénédiction pour certaines espèces
qui ont su s’adapter à l’environnement de nos villes.
Préserver
l’incroyable diversité de cavités qu’offre la
cathédrale Notre-Dame est important pour la biodiversité
parisienne.
Le
Martinet noir |
Le
martinet noir est une espèce inféodée au
milieu bâti, qui ne se pose que pour pondre. Le martinet
installe un nid très sommaire dans les cavités des
édifices. Pour connaître leur site de nidification,
il faut observer les adultes en vol revenir nourrir leurs petits,
car leur présence ne laisse aucune salissure.
Le Martinet noir construit son nid dans des anfractuosités
de murs ou se trouve un trou à grande hauteur sur les immeubles
ou les monuments. Il recherche les fissures entre deux blocs de
pierre, les tous de boulins, les dessous de toit…
Le Martinet noir est l’un des oiseaux les plus représentatifs
de l’avifaune de la capitale, avec un effectif certainement
supérieur à 3000 couples (Pierre
le Maréchal & Guilhem Lesaffre, Les Oiseaux d’Ile-de-France).
Les oiseaux viennent boire sur la Seine, au-dessus de laquelle
ils se concentrent parfois en mai, lorsque le mauvais temps se
prolonge.
Préconisations
- Préserver
les cavités, trous de boulins…
-
Travailler en lien avec l’architecte le plus tôt
possible
-
Éventuellement installer des nichoirs intégrés,
à au moins 8m de haut, orentation Sud-Est. Il en
faut plusieurs car ils vivent en colonie.
- Installer
un système de repasse pour diffuser le cri du martinet.
Références
Château
de Chambord - travaux 2022
L’association SOS Martinets et la LPO Loir-et-Cher visitent
la colonie chaque été, et travaille avec le personnel
pour protéger la colonie de martinets et leurs 60 nids.
Les nids sont presque tous situés dans des trous régulièrement
espacés dans la corniche du château. Ces derniers
étaient à l'origine utilisés pour faire passer
des cordes, pour attacher des échafaudages en bois pendant
la construction et les travaux d'entretien.
Grâce à la collaboration entre les associations et
le chef des bâtiments, aucun filet dangereux ne sera utilisé.
Là où les ascenseurs de service risquent d’affecter
quelques nids, des nichoirs de remplacement, fabriqués
localement en bois, seront placés aussi près que
possible des trous.
Des nichoirs ont aussi été installé sur les
échafaudages pendant les travaux de la façade de
Chambord. sosmartinets.com
Château
de Chaumont
12 nids de compensation ont été installés
dans les mâchicoulis en 1995. Ils sont tous occupés.
Nids
de martinets dans les remparts de Guérande
Dans les fentes de la courtine nord de la Porte vannetaise, la
LPO à repéré 51 cavités que les martinets
noirs fréquentent. Sur les 51 nichoirs accrochés
aux remparts pendant les travaux de 2021, 39 sont utilisés,
et 80 % des nids ont été visités en juillet
2021. Quelques haut-parleurs diffusant des cris de martinets ont
aussi été branchés pour les attirer.
51
nichoirs ont été accrochés sur les bâches
des remparts de Guérande, en travaux de restauration
La
LPO a rencontré les entreprises du chantier, et leurs personnels
ont été très intéressés par
la démarche de protection de cette colonie d’environ
150 martinets noirs .
Les nichoirs en béton vont ensuite être incrustés
dans les pierres des remparts, et d’autres seront cachés
sous la bordure des mâchicoulis.
Centre
ancien de Toulon
La réhabilitation du centre de Toulon a fait l’objet
d’un accompagnement complet de la LPO PACA pour préserver
les colonies de martinets.
Centre
ancien de Nîmes
Gérard Gory, grand spécialiste des martinets, a
travaillé avec l’architecte des bâtiments de
France de Nîmes pour préserver les trous de boulins
du rebouchage dans le Nîmes ancien.
Nîmes
: Intégration de nichoirs Schwegler n° 25 par l’entreprise
TC BAT AZUR
Katherine Dubourg, LPO PACA
©
LPO PACA
Notre-Dame-du-Bout-des-Ponts
Une église protégée sur les bords de Loire
à Amboise. Après consultation avec l’architecte
de Bâtiments de France, M. Régis Berge, les dimensions
ont été prises pour l’installation des nichoirs
et des plans, établis par Dick Newell, de l’association
Action for Swifts. sosmartinets.com
Références d’Églises en Belgique :
martinew.canalblog.com
|
©
J. Lejeune
|
Château
de Chaumont : Mâchicoulis vu de dessous
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Emplacement
des mâchicoulis investis par
les martinets |
©
SOS Martinets |
©
LPO 41
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Notre-Dame-du-Bout-des-Ponts,
Amboise
©
SOS Martinets |
Pour
toutes les espèces
: Éclairage
- Solutions techniques - Communication - Les espaces extérieurs
- Filmographie |
|
Éclairage
Pour
toutes les espèces, revoir la période d’éclairage
nocturne et remplacer les lumières blanches au mercure
par des lumières orange au sodium.
Réduire la pollution lumineuse :
-
Adapter
l’éclairage à la tranquillité de
la faune et des riverains ;
-
Prévoir une étude photométrique pour
déterminer les solutions les plus adaptées ;
-
Diffuser les éclairages vers le bas, dans le meilleur
des cas, uniquement sur les cheminements de piétons
ou cyclables ;
-
Les lampes LED émettant une lumière ambrée
- température de couleur < à 2.200 K - sont
moins nuisibles pour les chauves-souris ;
-
N’allumer qu’au moment opportun : allumage au
coucher du soleil ;
-
Réduire l’intensité de l’éclairage
à partir de 22h ;
-
Dans l’idéal, couper l’éclairage
entre minuit et le lever du soleil ;
-
Éviter un revêtement trop réfléchissant
au sol.
Synthèse
des préconisations
- Conserver
les interstices dans les pierres de la cathédrale et
rouvrir les interstices qui ont été obstrués
: trous de boulins en trompe-l’œil.
-
Mise en plage de nichoirs artificiels sur les échafaudages
en phase chantier.
-
Mise en place de nichoirs artificiels sur les dépendances
de la cathédrale.
Phasage
du chantier en fonction du rythme biologique
Communiquer
par le chantier - stratégie
L’association
Natagora, partenaire de la LPO en Belgique, accompagne la préservation
des trous de boulins sur des églises, en proposant des
solutions techniques. Une bâche d’information est
fixée sur les échafaudages lors des travaux de couvertures
et de charpente de l’église d’Écaussinnes.
martinew.canalblog.com
Prochaine action : Informer et sensibiliser les professionnels
et les acteurs du
chantier à la prise en compte de la biodiversité
:
-
Mettre
en place une sensibilisation et une information didactique
auprès des compagnons et des entreprises pour apprendre
à repérer et identifier les espèces patrimoniales
nicheuses ;
-
Communiquer des mesures afin d’alerter en cas d’observation
d’espèces patrimoniales en danger ;
-
Identifier des solutions de sécurisation des espèces
patrimoniales pour les préserver, en cas de besoin.
Mettre
en valeur les techniques constructives du Moyen-Âge et d’aujourd’hui
L’exposition
sur les palissades de chantier ou sur les échafaudages
pourraient mettre en valeur les techniques d’échafaudages
du Moyen-Âge, avec notamment l’usage des trous de
boulins pour les travaux d’entretien et les techniques actuelles.
Les
espaces extérieurs : parvis, square, quais de Seine
Au
regard de la prise de conscience des enjeux écologiques,
l’évolution de l’ambiance paysagère
du lieu au profit de la biodiversité autant que des usagers
est envisageable. Si ce changement s’accompagne d’une
phase d’information et de sensibilisation - conférences,
ateliers, participation citoyenne, panneaux pédagogiques…
-, l’acceptation d’une plus grande liberté
de forme dans ce lieu symbolique sera possible.
En complément des préconisations spécifiques,
chacune de ces espèces, et bien d’autres encore,
pourraient bénéficier d’une gestion adaptée
de l’environnement naturel à proximité de
la Cathédrale. Ainsi, nous préconisons de conserver
l’existant, principalement les alignements d’arbres,
les arbustes et le lierre :
-
Préserver le lierre, cette espèce joue un rôle
très important pour de nombreuses espèces d’insectes
et d’oiseaux ;
-
Préserver et étoffer la strate arbustive ;
-
Préserver les branches possédant des cavités
dans le square Jean XXIII ;
-
Implanter des gîtes artificiels sur les arbres du square
: chauve-souris ;
-
Privilégier les espèces locales issues de pépinières
travaillant sur la diversité génétique
: bannir toute espèce exotique et/ou envahissante ;
-
Créer un petit espace de prairie semé d’espèces
indigènes, et mise en place d’une fauche tardive
pour laisser les fleurs monter en graines et attirer toute
une population d’insectes qui serviront à nourrir
les jeunes moineaux, les rougequeues et les chauve-souris,
au printemps ;
-
Laisser la végétation se densifier pour servir
d’abris aux passereaux et de repères aux chiroptères
;
-
Conserver les alignements arborés et particulièrement
ceux présentant des cavités ;
-
Conserver les abris identifiés ou potentiels pour la
faune et la flore suite à l’expertise naturaliste
;
-
Protéger les arbres des coupes mais aussi des risques
pendant les travaux.
Pour
la gestion, la LPO propose les mesures suivantes :
-
Ne pas élaguer ou réaliser des entretiens importants
entre le 15 mars et fin août : période de nidification
notamment ;
-
Conserver des espaces en friches ;
-
Délimiter des prairies fleuries avec fauche tardive
: la plus intéressante pour la faune est de deux passages
maximum, mi-juillet et octobre, ou tonde réduite à
2-3 passages/an maximum ;
-
Valoriser les résidus de coupe en paillage ou tas de
bois mort, pour créer de nombreux abris à la
petite faune et réduire la quantité de déchets
;
-
Laisser de la place à la flore spontanée ;
- Sensibiliser
et former les gestionnaires des espaces végétalisés.
Phase
1 :
-
Répertorier les cavités, anfractuosité,
pendant la mise en place des échafaudages ; réaliser
l’état zéro ;
-
Réaliser
un relevé photographique ;
-
Rouvrir
des cavités ;
-
Communiquer
auprès du public sur le lien entre culture constructive
et espèces du bâti.
Filmographie
Les
animaux de Notre-Dame - 1976
De l’émission Les animaux du monde, Allain
Bougrain-Dubourg
Moineaux, passereaux et même faucons crécerelles,
les hautes tours de la cathédrale parisienne constituait
depuis des années la plus haute volière de Paris,
mais l’incendie a bouleversé ce fragile écosystème.
Partons à la rencontre des locataires à plumes de
Notre-Dame de Paris tels qu’ils étaient en 1976.
Cette année-là, pour le magazine animalier Les
animaux du monde, Allain Bougrain-Dubourg proposait un reportage
sur les habitants à plumes de Notre-Dame de Paris. Le monument
religieux est alors le lieu de vie de toute une hiérarchie
d’oiseaux parfois surprenants.
Par la rédaction de l’INA - Publié le 16.04.2019
ina.fr |
.....
.Note
Les espèces du bâti de Notre-Dame
Trois
oiseaux - Quatre chiroptères
..............
Depuis
2022, la LPO accompagne l’Etablissement public
Rebâtir
Notre-Dame de Paris dans une démarche visant
à intégrer la biodiversité dans
les travaux de restauration. Dans le cadre de ce partenariat,
des visites techniques ont permis d’identifier
et d’évaluer les emplacements potentiels
pour l’accueil des nids et de proposer des mesures
d’amélioration. Les compagnons et entreprises
du chantier pourront être formés à
repérer et préserver la faune tandis
que les naturalistes de la LPO Ile-de-France effectuent
un inventaire régulier des espèces présentes
sur le site. La mairie de Paris a de son côté
émis le souhait que les squares entourant Notre-Dame
rejoignent les Refuges LPO, premier réseau
de jardins écologiques en France.
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Les
animaux sauvages ont logiquement déserté
les alentours à la suite de l’incendie
du 15 avril 2019. Leur réinstallation sera sans
doute progressive car le dérangement demeure
important en raison des travaux qui se poursuivent.
En 2022, un premier couple de faucons a toutefois pu
se reproduire dans un pinacle derrière la tour
Nord, mais a en revanche échoué l’an
dernier. Pourtant, en 1986, l’édifice a
accueilli jusqu’à 5 familles de faucons
crécerelles, dont les effectifs de la capitale
s’élèvent aujourd’hui à
moins de 30 couples. Des moineaux domestiques, dont
la population parisienne a décliné de
75% en à peine 20 ans, et des chauves-souris
de la famille des pipistrelles gravitent également
à proximité.
La LPO est très fière de contribuer
à la prise en compte de la biodiversité
dans la rénovation de Notre-Dame.
La culture et la nature sont deux éléments
inestimables et fragiles de notre patrimoine commun,
que nous devons impérativement protéger
de concert afin de les transmettre aux générations
futures.
Allain Bougrain Dubourg, Président de la
LPO
LPO
Île-de-France : Parc Montsouris, 26 boulevard
Jourdan, Paris (XIVe) e-mail
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