Étude Les landes d’Île-de-France

La notion de lande - Conditions stationnelles
*
Origine et dynamique évolutive des landes

*stationnelle : qui appatient à la région


Ces milieux naturels originaux, qui concernent plusieurs habitats d’intérêt communautaire, sont diversifiés sur le territoire francilien,
représentés au sein de nombreux sites Natura 2000 et sujet à de nombreuses interrogations, tant dans leur caractérisation que du point
de vue de leur gestion. Ce document vise à dresser un état des lieux des landes de la Région. Il permet d’appréhender la diversité des végétations de lande, et constitue une base de réflexion en vue de définir une stratégie régionale de conservation cohérente de
ces habitats ayant pour finalité la préservation des landes du territoire d’étude dans toute leur diversité.

La notion de lande - Conditions stationnelles

Lande broussailleuse - © J. WEGNEZ © CBNBP/MNHN

La notion de lande

Le terme de lande est issu du celte landa qui signifie terre couverte... de plantes sauvages. Il désigne donc un espace géographique constitué par des étendues de terres où ne croissent que certaines plantes sauvages telles les Ajoncs, Bruyères, Genêts... (Petit Robert). Ce terme fait référence, sous cette vision, à un type d’occupation du sol correspondant à des terres incultes car peu fertiles et par conséquent délaissées durablement ou périodiquement de toute mise en culture, laissant place au développement d’espèces sauvages. Sous cette définition large, ce terme a été largement utilisé pour qualifier des milieux naturels très divers tant dans leurs structures que dans leurs compositions floristiques. On parle ainsi communément de lande à fougères, de lande à genêt, de lande broussailleuse - garrigues -, ou de lande à bruyères.

Lande à bruyères - © J. WEGNEZ © CBNBP/MNHN

D’un point de vue scientifique ce terme est beaucoup plus restrictif. Il correspond à un habitat naturel ou une formation végétale qui présente, de fait, une physionomie et une composition floristique bien précise. Les phytosociologues désignent ainsi communément les landes comme une végétation ligneuse basse des terrains pauvres à dominante acide dont la structure est caractérisée par l’abondance de sous-arbrisseaux - chaméphytes - et d’arbrisseaux - nanophanérophytes pro parte - appartenant essentiellement aux familles des Éricacées - Callune, Bruyère cendrée, Bruyère à quatre angles... - et des Fabacées : Ajonc nain, Ajonc d’Europe, Genêt poilu, Genêt Anglais, Genêt à balais...

Ce sont sous ces termes que les landes sont étudiées dans cette étude. Les autres types de landes, précédemment citées - particulièrement les landes à fougères qui sont des ourlets en nappe des clairières et les landes à Genêt qui sont des pré-manteaux - sont de fait exclus de cette vision.

Conjointement, certains faciès de pelouses calcicoles, qualifiées par certains de landines peuvent être dominées par un arbrisseau de la famille des Cistacées : l’Hélianthéme jaune (Helianthemum nummularium). Ces végétations, qui présentent une structure proche aux landes proprement dites ne doivent pas être confondues avec ces dernières.

Lande à fougères - © J. WEGNEZ © CBNBP/MNHN

Conditions stationnelles

Les landes sont des végétations à flore très spécialisée, inféodées à des substrats pauvres en nutriments - oligotrophes - et souvent acides. La teneur en eau du sol ne contraint pas leur développement mais constitue l’un des paramètres majeurs de leur déterminisme. Ces caractéristiques édaphiques résultent de :

  • La nature de la couche superficielle du sol : elle est presque systématiquement de type siliceux : grès, sables ou cailloutis. Ces sables peuvent être de nature et d’origine diverses. Ils peuvent être fins - sables stampiens par exemple -, ou grossiers lorsqu’ils sont d’origine alluviale : cailloutis de Sénart ou sables de Lozère par exemple. La fraction argileuse du sol est très variable, et parfois importante. Il peut également comporter occasionnellement des graviers et des limons. La teneur de ces différents éléments conditionne en grande partie la disponibilité en eau du sol. Localement, les landes peuvent également se développer sur des substrats organiques.
  • La présence à faible profondeur, d’une assise inférieure : la couche superficielle du sol peut reposer sur des substrats divers. Elle peut influencer fortement, suivant sa profondeur et sa nature, plusieurs paramètres environnementaux et de fait, le type de lande qui se développe en surface. Ainsi, la présence d’une assise argileuse influencera le niveau hydrique du sol - formation possible d’une nappe perchée - quand une assise calcaire, jouera davantage sur le pH.
  • Le type de sol en place : Sur des sols superficiels - dalles gréseuses -, les sols sont systématiquement des rankosols. Sur des sols plus profonds, ceux-ci sont le plus souvent très lessivés, voire podzoliques ou podzolisés. Ils peuvent présenter des traces d’hydromophie plus ou moins profondes et former des horizons réductiques ou rédoxiques en fonction de la durée d’engorgement du sol. L’humus, est le plus souvent un mor ou un anmoor lié à la faible activité biologique de l’humus due à son acididté. La disponibilité en nutriments est de fait extrêmement faible (très faible minéralisation). Il est également avéré que la disponibilité en phosphore dans le sol est l’un des principaux facteurs limitant des espèces végétales au sein des landes. Elle est considérée 30 fois plus faible que dans un sol brun forestier.

Les bruyères sont particulièrement bien adaptées à ces fortes contraintes environnementales grâce à leur système racinaire important et à leur symbiose mycorhizienne. De plus, la fréquente nature sableuse du substrat peut engendrer des contraintes hydriques très prononcées. Les sous-arbrisseaux landicoles ont la particularité de posséder des feuilles persistantes, étroites et à paroi épaisse - feuilles sclérophylles - particulièrement adaptées au stress hydrique. L’ensemble de ces caractéristiques rend de fait les espèces landicoles bien adaptées à cet environnement très contraignant.
Tout type de position topographique peut être occupé par des landes dès lors que les conditions édaphiques leurs correspondent. On retrouve ainsi des landes, autant sur plaine ou plateau, que sur versants, vallons et vallées - sèches principalement - voire au sein de certaines cuvettes naturelles ou artificielles.

Landines - © J. WEGNEZ © CBNBP/MNHN

Les landes sont indéniablement associées aux substrats siliceux ou à fraction sableuse. L’Île-de-France, située au cœur du bassin tertiaire parisien, possède un nombre important de terrains sédimentaires sableux : sables de Fontainebleau en place ou soufflés, sables des terrasses alluviales du couloir séquanien ou de la Loire, sables de Lozère. La région francilienne constitue de fait un territoire très favorable à l’expression des milieux landicoles.

Origine et dynamique évolutive des landes

Petite histoire des landes

Les landes non littorales et non montagnardes peuvent être, sur les substrats les plus squelettiques, d’origine primaire, donc non issue de la main de l’homme. Ces cas de figure se restreindraient, dans la région, à certains chaos de grès voire à certaines platières. Cette origine n’explique donc qu’une part infime de la formation des landes franciliennes.
Dans les autres contextes, les landes franciliennes sont anthropogènes et résultent des défrichements intenses exercés depu
is le néolithique dans les forêts originelles qui ont été suivis par un usage agraire plus ou moins intensif. Les landes sont donc considérées généralement comme des végétations d’origine régressive, dites secondaires. Ce processus de formation de lande est extrêmement lent car il impose un appauvrissement considérable du sol forestier en place. Ce phénomène, dit de podzolisation, s’opère sous l’effet conjugué d’une exploitation récurrente et brutale de la végétation et de l’entraînement en profondeur, par les eaux météoriques, de la matière organique. Ces modifications profondes des caractéristiques originelles des sols forestiers, une fois opérée, ne permettent plus la reconstitution de la forêt originelle ; la lande s’installe alors de manière plus ou moins pérenne.
Les données bibliographiques relatives à l’usage des systèmes landicoles par l’homme sont peu nombreuses sur le territoire francilien mais il est fort probable qu’elles étaient vouées à des pratiques analogues à celles avérées dans d’autres régions limitrophes. Pendant très longtemps les landes ont ainsi été intégrées dans l'économie rurale car elles représentaient la possibilité d'élever du bétail. Certaines œuvres d’artistes de l’école de Barbizon témoignent de ces pratiques sur le massif de Fontainebleau au cours du XIXème siècle (Figures ci-contre). La vocation pastorale de ces étendues est attestée en Île-de-France jusqu’au milieu du XXème siècle. Des droits de pacages étaient ainsi délivrés sur demande. Les traces physiques de cet usage pastoral passé sont rares. Plusieurs indices peuvent néanmoins témoigner de cette pratique historique :

  • la présence ponctuelle de dépressions de forme géométrique au sein de certains systèmes landicoles constituerait ainsi des témoins d’anciens abreuvoirs façonnés par l’homme tel qu’au Carrefour des bruyères de Neuville à Gambaiseuil.
  • la présence, parfois abondante du Genévrier commun (Juniperus communis), en particulier dans des localités où les conditions écologiques ne lui sont pas favorables ; exemple : les Petites Ventes à Rambouillet.
  • la présence de Chênes à branches basses qui témoignent de l’existence passée d’un environnement plus ouvert.

Exemple de pastoralisme en forêt de Fontainebleau
immortalisé par quelques peintres de l’école de Barbizon.

La mise en culture périodique de ces landes est également fortement suspectée sur le territoire francilien, en particulier sur certaines plaines et plateaux tels que dans la boucle de Moisson. La pauvreté des sols ne permet cependant pas une mise en culture pérenne et les parcelles étaient donc rapidement abandonnées ou laissées en pâture. Néanmoins, la remise en culture temporaire de ces terres pouvait être, à plus ou moins long terme envisageable :

  • Après un enrichissement du sol par certaines Fabacées fixatrices d’azote atmosphérique, localement dynamiques : Genêt à balais et/ou Ajonc d’Europe,
  • Après brûlage de ces landes - écobuage - qui permettait également un enrichissement temporaire du sol.

Lande pionnière en cours de formation : Domaine présidentiel – Rambouillet (78)
© J. WEGNEZ © CBNBP/MNHN

Ainsi, les landes franciliennes ont localement joué un rôle important dans l’économie agraire de la région au même titre que les landes littorales. D’autres ressources pouvaient également être tirées de ces systèmes landicoles et contribuaient donc à leur entretien ou leur régénération :

  • L’exploitation des Callunes comme balais ou palissade,
  • L’exploitation des recrus de bouleau comme piquet ou bois de chauffe,
  • L’exploitation des Ajoncs d’Europe comme fourrage,
  • L’exploitation de la Fougère aigle ou des bruyères comme litière pour les bêtes ou paillage,
  • L’exploitation de l’humus par étrépage.

Aussi, les landes franciliennes résultent en grande partie d’une action anthropique très ancienne. Celles-ci n’atteignirent leur apogée et leur caractère de massif qu'au Moyen Âge, caractère qu’elles ont conservé jusqu’à la fin du XIXème siècle. Les landes ont ainsi occupé une place importante, tant dans l’économie rurale que dans les paysages franciliens comme en témoigne la toponymie récurrente de certains lieux-dits ou de communes :

  • Communes : Bruyères-le-Châtel (91) et Bruyères-sur-Oise (95)
  • Lieux dits récurrents évoquant les landes ou un usage évoquant leur exploitation : Buttes rouges, Les Bruyères, Les landes, Route des bruyères, Les brûlis, Les brûlins, La butte brulée, Bois brulé, Saint-Rémy-les-landes, Bois des hautes bruyères, Les Uselles ou Uzelles : pâturage appartenant à une communauté d'habitants au Moyen Âge...

Lande dans son début de phase d’édification : Petit Mont-Chauvet – Fontainebleau (77)
© J. WEGNEZ © CBNBP/MNHN

Il est à noter que nombre de ces dénominations ne trouvent plus de sens à présent, les landes ayant totalement disparu de certaines des localités ainsi dénommées.

Au regard de ces éléments, les landes ont existé sur le territoire francilien, bien avant l’intervention de l’homme. Ces dernières devaient néanmoins être relativement rares, restreintes à certains contextes particuliers et localement favorisées par les grands herbivores sauvages historiquement présents dans la région. L’homme reste néanmoins le principal responsable de leur expression et a su tirer profit de ces espaces considérés incultes jusqu’au début du XXème siècle.

Dynamique évolutive

Devant la diversité des types de landes de notre Région, il est difficile de dresser une image globale et fidèle de leur dynamique évolutive. Néanmoins, elles présentent, dans leur majorité, des caractéristiques communes qui permettent de décrire de manière très schématique leur évolution, tant progressive que régressive même si la dynamique, la genèse et l’évolution des landes ne sont pas faciles à cerner.

Lande mature : Vallée-Chaude – Noisy-sur-École (77)
© J. WEGNEZ © CBNBP/MNHN

Quel que soit leurs origines, primaire ou secondaire, les landes franciliennes tendent toutes à évoluer progressivement vers un état boisé, stade ultime de leur évolution. La trajectoire et la vitesse évolutive de cette dynamique sont variables en fonction de l‘historique de la lande et/ou du contexte dans lequel elle s’implante. Nous pouvons considérer schématiquement, trois types de cas
très différents :

  • Type 1 : Les landes très anciennes, issues d’un entretien de longue date : elles sont souvent considérées comme très stables
  • Type 2 : Les landes restaurées, issues d’un état boisé immature - boulaie principalement -, qui retrouvent leur état boisé rapidement par rejet de souche
  • Type 3 : Les landes instables qui succèdent de manière transitoire à la forêt détruite dans les clairières et préparent son retour. Au bout de cinq à dix ans les recrus forestiers dominent et les espèces landicoles disparaissent peu à peu. Nous nous bornerons ci-dessous à la description de la dynamique des landes du premier type.

Lande dégénérative : Forêt de la Commanderie – Grez-sur-Loing (77)
© J. WEGNEZ © CBNBP/MNHN

Dynamique progressive

La dynamique d’une lande est étroitement corrélée à l’une des espèces caractéristiques et quasi systématique des landes, la Callune (Calluna vulgaris). Suivant son port et son recouvrement, quatre phases évolutives ont été identifiées :

  • Phase pionnière (0 à 6 ans): La lande se forme, elle est basse et se compose d’une mosaïque d’Éricacées et de plages herbacées ou décapées, parfois dominantes. Elle résulte d’une mise à nu du sol engendré par des travaux sylvicoles, un étrepage ou un abroutissement extrême exercé par les lapins. La diversité floristique est forte et la Bruyère cendrée (Erica cinerea) ou à quatre angles (Erica tetralix) peuvent dominer le milieu.
  • Phase édificatrice (6 à 16 ans) : la Callune prend une forme de coupole fermée haute d’une cinquantaine de centimètre maximum. Les Éricacées tendent à recouvrir l’intégralité du sol dans les stades ultimes, faisant disparaître progressivement les espèces graminéennes. La Callune est systématiquement l’espèce dominante et supplante les autres sous-arbrisseaux. Le cortège floristique s’appauvrit considérablement.
  • Phase mature (15 à 25 ans): La Callune ne croit plus en hauteur, elle peut atteindre plus d’un mètre de hauteur et commence à présenter des signes de dépérissement. La partie centrale s’ouvre, ses rameaux commencent progressivement à s’affaisser et la strate bryolichénique se densifie pour former un feutrage. Les bruyères (Erica cinerea et/ou Erica tetralix) tendent à disparaître. Le cortège floristique est extrêmement pauvre et la lande présente une physionomie relativement homogène.
  • Phase dégénérative (25 à 35 ans) : la lande dépérit. Les pieds de Callune présentent des couronnes discontinues de rameaux dressés aux extrémités et des tiges enfouies dans les mousses et dans l’humus où elles sont ancrées par d’abondantes racines adventives. Les espèces arbustives et/ou forestières se diversifient et annoncent l’implantation prochaine d’un fourré et/ou de la forêt.

Aspect de la Callune lors de la phase dégénérative : Golf de Mortefontaine (60)
© J. WEGNEZ © CBNBP/MNHN

Au cours de cette série théorique, le cortège floristique évolue de manière significative. Les landes rases à Erica cinerea ou Erica tetralix traduisent un stade pionnier tandis que les phases mûres prennent l'aspect de Callunaies.

Cette série dynamique reste assez théorique. On constate en effet une colonisation arborée souvent précoce, principalement sur les zones de contact ou à proximité de la lisière forestière. On parle d’effet de bordure. Cette dynamique pré-sylvatique est d’autant plus forte si des porte-graines d’essences pionnières anémochores, tels les pins ou les bouleaux, sont à proximité.
Suivant le type de lande et/ou son contexte environnemental, les landes peuvent, en absence d’intervention humaine, prendre plusieurs trajectoires évolutives avant le retour à la forêt. Elles peuvent ainsi former :

  • un fourré lorsque les espèces arbustives dominent. Le développement de Fabacées - Ajonc d’Europe et/ou Genêt à balais - est relativement fréquent et favorise un enrichissement progressif du sol par fixation de l’azote atmosphérique.
  • un pré-bois landicole qui peut persister pendant de très nombreuses années en fonction de la dynamique arborée et de l’espèce dominante. La densification du couvert engendre néanmoins une fragmentation de la lande qui disparaît progressivement. Cette trajectoire évolutive est la plus fréquente sur le territoire francilien.
  • un ourlet à Fougère aigle - Ptéridaie - par colonisation progressive d’un foyer connexe ou sous l’effet d’une perturbation : incendie, passage d’engins...

Colonisation progressive d’une lande sèche par les bouleaux et la Fougère aigle
© J. WEGNEZ © CBNBP/MNHN

Le développement de ces espèces - mis à part celle des pins - favorise progressivement la reconstitution d’un sol brun au-dessus des horizons podzolisés, ce qui rend la restauration des landes plus aléatoire ou moins pérenne.

Dynamique régressive ou anthropogène

Différentes pressions ou perturbations peuvent conduire à d’autres trajectoires évolutives que celles précédemment présentées. Elles sont d’origine anthropique ou naturelle et conduisent à l’entretien de la lande, sa régénération ou sa dégradation, réversible ou non.

Les facteurs principaux identifiés sont :

  • Le feu : Nous pouvons supposer qu’il a occupé une place importante dans la formation et la conservation des landes. Nombre de lieux-dits peuvent témoigner ainsi de pratiques ancestrales d’écobuages - les Brulins, les brûlis, bois brulé... -, certainement effectuées afin de fertiliser temporairement les sols avant leur mise en culture. Ces pratiques existent encore dans de nombreuses régions du monde. Son impact sur la lande est très différent en fonction de son intensité et/ou de sa fréquence. Si le feu n’est pas trop violent, on assiste à une réduction provisoire du nombre et de l’importance des Ajoncs et des Bruyères au bénéfice des herbacées, en particulier la Molinie, fortement dominante si les feux sont fréquents. Les incendies violents et répétés sont catastrophiques. La lande, détruite durablement, fait place, au sein des landes fraîches à humides, à une Molinaie pure dans laquelle le bouleau s’installe facilement. Le Genêt à balais et/ou la Fougère aigle peuvent également être très dynamiques et se substituer définitivement à la lande. La résilience des landes après incendie est donc très différente en fonction des caractéristiques du feu : feu courant, feu d’humus, périodicité...
  • L’action des lapins : Les lapins sont des habitants récurrents des systèmes landicoles. Ils jouaient, avant la venue de la myxomatose, un rôle central dans la régénération et le maintien de ces systèmes par pression d’herbivorie. Ils favorisent l’émergence de sols nus, le développement d’espèces herbacées - vivaces ou pérennes - et la constitution de complexes de végétations - pelouse/lande - propices à l’expression d’une riche biodiversité.
  • Le pâturage : Le pâturage a un impact sur la lande, tant par abroutissement que par piétinement. Les effets respectifs de ces deux paramètres sont difficiles à dissocier. Suivant son intensité, le pâturage a un impact plus ou moins fort sur la lande. Extensif, il favorise son maintien. Son intensification favorise les espèces herbacées et la constitution de landes herbeuses : mosaïque de landes et de pelouses. En cas de pression trop forte, la lande peut disparaître de manière plus ou moins durable au profit d’une pelouse. Un piétinement excessif, lié à une affluence touristique par exemple, conduit à un impact relativement semblable.
  • L’étrépage : dans certaines régions, l’étrépage était une pratique courante au sein des systèmes landicoles. Il a pour effet de régénérer la lande en passant de manière plus ou moins durable, par un stade de pelouse. Ce rajeunissement ou décapage du substrat peut également être généré lors d’une exploitation sylvicole, en particulier sur des sols très sableux.
  • L’enrésinement : la plantation de Pin au sein des landes fraîches ou humides, a un impact relativement similaire aux feux intenses et/ou répété. On constate une substitution progressive des espèces arbustives au profit de la Molinie. Une molinaie pure peut ainsi se substituer de manière durable à la lande, y compris après exploitation des résineux.

Schématisation de la dynamique des landes non tourbeuses de la région francilienne. Les informations spécifiées concernent avant tout les facteurs potentiels de dynamique régressive.
© J. WEGNEZ © CBNBP/MNHN


Théodore Rousseau - Les Chênes d'Apremont, vers 1850

Jean-Baptiste Camille Corot - Le Rageur, vers 1830
Colonisation progressive d’une lande sèche par le Genêt à balais - © J. WEGNEZ © CBNBP/MNHN

Remise à nu d’un sol après exploitation sylvicole permettant une reconquête progressive de la lande : Les Béorlots ; Fontainebleau - © J. WEGNEZ © CBNBP/MNHN

Lande dégradée à Molinie résultant certainement d’incendies ancien ou d’un enrésinnement (Saint-Léger-en-Yvelines) - © J. WEGNEZ © CBNBP/MNHN

Conservatoire botanique national du Bassin parisien
Unité Inventaire et suivi de la biodiversité - Muséum national d’Histoire naturelle

Le Conservatoire botanique national du Bassin parisien, un service scientifique du Muséum national d'Histoire naturelle, a quatre missions :

  • Une mission de connaissance de l’état et de l’évolution de la flore sauvage et des habitats naturels et semi-naturels.
    À ce titre, il réalise un inventaire de la flore - non seulement les espèces protégées, mais aussi la flore ordinaire - et un inventaire des végétations.
  • Une mission de conservation des espèces les plus menacées. Les espèces particulièrement en danger font ensuite l'objet d'une conservation in situ - propositions de mesures de gestion - et ex situ : constitution d'une banque de gènes.
  • Une mission d’assistance technique et scientifique auprès de l’Etat, de ses établissements publics, des collectivités territoriales et de leurs groupements, en matière de flore sauvage et des habitats naturels et semi-naturels.
  • Une mission d’information et d’éducation du public à la connaissance et à la préservation de la diversité végétale.
    Cette mission s'exerce suivant quatre axes :
    • publications scientifiques,
    • muséologie et sensibilisation du public,
    • expertises,
    • enseignement et vie universitaire.

Le Conservatoire botanique développe donc deux types d'activités : les unes en relation avec le Ministère en charge de l'Écologie et du Développement Durable et les autres en relation avec le Ministère en charge de l'Enseignement supérieur et de la recherche.

Les activités en liaison avec le Ministère en charge de l'Écologie et du Développement Durable concernent :

  • les inventaires de terrain,
  • la gestion d'une base de données factuelles liée à un Système d'Informations Géographique,
  • la mise au point de mesures de gestion des espèces les plus menacées in situ,
  • la constitution de collections de sauvegarde : banques de gènes,
  • l'organisation de l'information sur les espèces en voie de disparition.

Les activités en liaison avec le Ministère en charge de l'Enseignement supérieur et de la recherche sont complémentaires des précédentes. Elles portent sur la Biologie de la conservation :

  • étude de l'évolution des espèces à faibles nombres de populations et/ou faibles effectifs,
  • stratégies associées de gestion : renforcements des populations, réintroductions d'espèces et conservation des milieux.

Au plan régional, le Conservatoire est inséré dans le réseau des structures liées à la conservation de la nature par des conventions qu'il a tissées avec :

  • des établissements publics,
  • des collectivités et agences territoriales,
  • des parcs naturels régionaux,
  • des Conservatoires des sites,
  • des bureaux d'études.

Au plan national, depuis le 1er janvier 2017, l'Agence française pour la biodiversité assure la coordination technique des Conservatoires botaniques nationaux.

Au plan international, le Conservatoire botanique national du Bassin parisien est appelé à jouer un rôle certain dans les grands programmes internationaux de conservation du patrimoine végétal de par la position de référence que souhaite voir jouer le Muséum et de par ses liens avec les autres grands centres de conservation étrangers.


. Étude Les landes d’Île-de-France


cbnbp.mnhn.fr

Ce document a été réalisé par le Conservatoire botanique national du Bassin parisien, délégation Île-de-France.
Sous la responsabilité de :

Frédéric Hendoux, directeur du CBNBP ; Jeanne Vallet, Responsable de la délégation Île-de-France
Auteur du rapport : Jérôme Wegnez, CBNBP, délégation Île-de-France, septembre 2016
Inventaires de terrain : Jérôme Wegnez, Thierry Fernez et Leslie Ferreira
Cartographie : Jérôme Wegnez.
Gestion des données, analyses : Jérôme Wegnez, Thierry Fernez et Gaël Causse
Relecture : Thierry Fernez, Gaël Causse et Jeanne Vallet
Saisie des données : Jérôme Wegnez et Thierry Fernez
Le partenaire de cette étude est :
Direction régionale et interdépartementale de l’environnement et de l’énergie d’Île-de-France (DRIEE-IF)