Livre blanc
Énergies renouvelables : s'inscrire dans l'élan mondial

(3)
Solaire thermique : Faire valoir les atouts de l’énergie solaire thermique
Valoriser tous les potentiels de la biomasse
Bois énergie : Poursuivre l’essor de la filière
Chauffage domestique au bois : Soutenir l’installation d’appareils performants


Pour illustrer la révolution mondiale des énergies renouvelables, rappelons quelques chiffres de l’Agence internationale de l’énergie (AIÉ) :
les énergies renouvelables électriques représentent plus de 23 % du mix électrique mondial avec un parc de 1 969 gw. L’AIÉ prévoit
une capacité de 825 gw supplémentaires installés en 2021 : + 42 % de croissance. Cette tendance générale est portée
par la compétitivité de ces formes de production d’énergie.
Depuis la publication du précédent Livre blanc
du Syndicat des énergies renouvelables fin 2011, le contexte des énergies renouvelables
en France et dans le monde a profondément évolué.

Solaire thermique : Faire valoir les atouts de l’énergie solaire thermique

Le marché du solaire thermique français a besoin d’être relancé. Pour cela, les professionnels prônent une valorisation de ses atouts auprès des maîtres d’ouvrage et des particuliers, accompagnée d’une montée en compétences des installateurs. La multiplication des bâtiments à énergie positive sera un vecteur clé de progression.

Un contexte difficile

Un marché divisé par 3 entre 2008 et 2015
L’utilisation de la chaleur solaire s’est développée au cours des années 2000, mais depuis 2008, le marché du solaire thermique décroît fortement du fait de plusieurs facteurs : la crise du secteur du bâtiment, la concurrence des chauffe-eau thermodynamiques favorisés dans leur prise en compte réglementaire et la dérogation de 15 % de consommation d’énergie supplémentaire accordée, depuis 2012, aux maîtres d’ouvrages pour le résidentiel collectif. Le marché annuel métropolitain des capteurs solaires thermiques s’est ainsi établi à moins de 100 000 m2 en 2015 contre plus de 300 000 m2 en 2008.

Des garanties de performance
La production d’eau chaude solaire a besoin aujourd’hui d’accroître sa notoriété tant auprès du grand public que des différents maîtres d’ouvrages. La montée en compétence et l’obligation de qualification des installateurs à travers le dispositif RGE (1), la mise en place de plateformes permettant un suivi des performances des installations solaires thermiques de plusieurs organismes dont l’INES (2), offrent aujourd’hui toutes les garanties aux utilisateurs de cette forme d’énergie. Afin de redonner sa place à cette filière, qui a su démontrer ses atouts, le ser propose la mise en place de plusieurs mesures.

Quatre mesures pour relancer la filière

  • 1. Valoriser le crédit d’impôt transition énergétique alloué à des solutions solaires thermiques pour les particuliers
    Pour la rénovation des bâtiments, ces solutions sont en concurrence directe avec les énergies fossiles, qui nécessitent moins d’investissement, mais se révèlent plus chères sur le long terme. Afin d’accélérer le développement de cette énergie renouvelable, notamment dans un contexte de prix très bas des énergies fossiles, le crédit d’impôt transition énergétique favorisant les équipements solaires thermiques par rapport aux solutions fossiles rendrait cette solution plus attractive.
  • 2. Fixer des objectifs ambitieux aux bâtiments à énergie positive (BEPOS) facilitant l’intégration du solaire thermique dans les constructions neuves
    La construction de bâtiments performants est un vecteur important pour l’atteinte des objectifs d’efficacité énergétique et de développement des énergies renouvelables. Le bilan BEPOS et notamment le bilan Énergie 3, actuellement défini dans l’expérimentation en cours des labels réglementaires, intègre à la fois des objectifs d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables satisfaisants pour la promotion de ces dernières. Ces niveaux, une fois confirmés par l’expérimentation, préfigureront la future réglementation environnementale pour les bâtiments applicable dès la fin 2018 pour certains bâtiments, puis généralisée en 2020. Choisir le bon niveau d’exigence sera particulièrement impactant pour les filières EnR et notamment pour le solaire thermique.
  • 3. Mettre en place une campagne d’information auprès des maîtres d’ouvrage pour promouvoir l’utilisation du Fonds chaleur pour le solaire thermique
    Le Fonds chaleur est un outil pertinent pour le développement de la chaleur renouvelable. Il est cependant largement sous-utilisé par les maîtres d’ouvrages des projets de résidentiel collectif et dans les procédés industriels. Une campagne d’information servira plusieurs objectifs :
  • accroître la notoriété de cette technologie et expliquer sa pertinence économique ;
  • rappeler aux maîtres d’ouvrages que cette source de production de chaleur est soutenue par les pouvoirs publics ;
  • promouvoir les aides du Fonds chaleur qui lui sont associées.
  • 4. Mettre en place une formation solaire thermique auprès des prescripteurs des solutions énergétiques du bâtiment
    Bien souvent, les prescripteurs réalisant les audits énergétiques n’incluent pas le solaire thermique dans les choix possibles qu’ils proposent au maître d’ouvrage. Cela peut être dû à des outils de dimensionnement techniques et économiques internes qui prennent mal en compte cette forme de production d’énergie. Par manque de connaissance, le solaire thermique est ainsi peu souvent intégré au comparatif des différentes solutions énergétiques. Un module de formation spécifique à destination de ces acteurs permettrait de pallier ce manque d’information.


© P. Avavian

(1) RGE : Reconnu Garant de l’Environnement

(2) INES : Institut National de l’Énergie Solaire
Valoriser tous les potentiels de la biomasse

Première puissance agricole européenne, et disposant de la troisième forêt d’Europe, la France possède d’importantes ressources : l’agriculture et la forêt couvrent respectivement près de 50 % et 30 % du territoire. Cette richesse offre un potentiel de valorisations énergétiques de la biomasse conséquentes, que ce soit sous forme de production de chaleur, d’électricité, de gaz ou de carburant. De multiples procédés entrent en jeu comme la fermentation, la gazéification, la combustion, la cogénération.

Situation actuelle

La biomasse est la première des énergies renouvelables avec près de 60 % du mix EnR actuel. Les degrés de maturité et de développement des filières de production d’énergies renouvelables à partir de biomasse diffèrent.

Quatre grandes filières de production peuvent être distinguées
:

  • le bois énergie
  • le biogaz
  • les biocarburants
  • la part renouvelable des déchets

D’autres, émergentes, viendront compléter le mix des bioénergies : pyrogazéification, Power to Gas, combustibles solides de récupération.

Accélérer la dynamique

Au regard des objectifs ambitieux de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie, il sera indispensable d’accélérer la dynamique de développement de l’ensemble des filières des bioénergies, aux nombreux atouts :

  • amélioration de l’autonomie énergétique du pays
  • lutte contre les émissions de gaz à effet de serre
  • valorisation des ressources naturelles locales et des déchets
  • moteur de territoires à énergie positive et de développement de l’économie circulaire
  • facteur de développement industriel
  • complément de revenu pour les acteurs de l’ensemble des filières agricoles et forestières
  • création et maintien d’emplois locaux non délocalisables : près de
    80 000 emplois directs et indirects dans ces filières
Bois énergie : Poursuivre l’essor de la filière

Au sein des filières de la chaleur renouvelable, le bois énergie collectif, industriel et tertiaire est celui qui s’est vu fixer l’objectif de développement le plus important dans la politique énergétique du pays. La croissance de ces secteurs est donc essentielle pour atteindre les objectifs énergies renouvelables et permettre à la France de contribuer à la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.

Lever les freins au développement

Le faible prix des énergies fossiles et la clémence des derniers hivers altèrent la compétitivité des unités de production bois énergie. Le montage des projets des industriels s’en trouve déséquilibré et empêche leur concrétisation. Il est nécessaire d’activer les leviers pour rétablir la situation et pérenniser les compétences de cette filière qui poursuit sa structuration.

Améliorer la gestion forestière et favoriser la complémentarité des usages

L’amélioration de la gestion forestière passe par une meilleure mobilisation de la ressource et par des programmes de replantation cohérents. Dans ce cadre, toute action engagée devra se faire en assurant une accessibilité aux parcelles concernées car ce point constitue, à ce jour, l’un des principaux freins à la récolte de peuplements peu valorisés.

  • Productivité de la filière forêt bois, certification de la ressource et complémentarité des usages
  • Inciter les propriétaires à mieux mobiliser les potentiels
  • Soutenir les investissements en forêt pour mieux l’exploiter
  • Valorisation d’un maximum de ressource dans des conditions durables

Développer les marchés et améliorer la compétitivité de la filière

Pour favoriser les investissements, il faudra convaincre les financeurs par des mécanismes clairs, prévisibles et évitant la volatilité des prix, tout en ayant des niveaux de prix suffisants pour permettre une économie équilibrée - charges/produits - de la gestion en forêt :

  • Lissage par rapport au prix des énergies fossiles
  • Lissage de la comptabilisation EnR d’une chaufferie bois – approvisionnement en biomasse
  • Lissage par la contribution climat énergie

Contractualisation Fournisseurs - Exploitants

Toute action allant dans le sens d’une contractualisation pluriannuelle doit être privilégiée puisqu’elle contribue à éviter la volatilité des prix.

Disposer des bons outils de soutien

Le mécanisme du Fonds chaleur devra être pérennisé, mais ses règles de fonctionnement devront évoluer pour accompagner davantage de projets.

Ne pas pénaliser la compétitivité des outils de production
De manière générale, il faut simplifier l’exécution des chantiers sylvicoles et activer tous les leviers pour améliorer,
à toutes les étapes, la compétitivité des sites valorisant le bois énergie.

Chauffage domestique au bois : Soutenir l’installation d’appareils performants


Convoyeur de poêles à bois sur une unité de peinture

Réduire l'impact environnemental des activités humaines : une urgence

Le chauffage domestique, à partir d’énergies fossiles, contribue aux émissions polluantes et aux émissions de gaz à effet de serre. C’est pourquoi il est important d’inciter les particuliers à choisir le bois énergie pour le chauffage de leur logement. À condition, toutefois, de faire le choix d’un appareil performant. En effet, les appareils modernes émettent très peu de polluants atmosphériques. Les pouvoirs publics doivent promouvoir et soutenir le renouvellement des appareils anciens.

Le chauffage domestique au bois est la 1ère source d’énergie renouvelable utilisée en France. Le chauffage au bois est un dispositif performant qui intervient bien souvent en appoint d’autres sources d’énergie, et notamment, dans les logements individuels chauffés à l’électricité, au fioul ou au gaz.

Une filière industrielle française compétitive

Des acteurs industriels
L’industrie française regroupe plus de trente acteurs. L’ensemble de la filière, depuis la fabrication des produits jusqu’à la commercialisation de combustibles bois, en passant par les professions liées à l’installation et à l’entretien, représente 20 000 emplois directs et indirects, dont la totalité sont non-délocalisables.

Le premier marché d’Europe
Le marché français constitue le premier marché européen. Aujourd’hui, plus de 200 marques ont une activité économique en France. Fin 2013, près de 7,5 millions de ménages se chauffaient totalement ou partiellement avec un foyer fermé/insert, poêle, cuisinière ou une chaudière fonctionnant au bois bûche ou aux granulés de bois. On estime, en 2016, à 8 millions le nombre de ménages utilisant cette énergie renouvelable, tout à la fois performante, économique, écologique et pérenne.

Un recul des ventes conjoncturel
Néanmoins, avec un prix du pétrole particulièrement bas et une température hivernale historiquement clémente depuis plusieurs années, la filière se trouve dans une situation inédite. À ces phénomènes s’ajoutent une réglementation thermique complexe dans son application, et des messages négatifs sur la part du chauffage au bois dans la pollution atmosphérique. Ce contexte met à mal le tissu industriel qui compose la filière et les emplois associés : depuis deux ans, on constate un important recul des ventes des appareils puisqu’elles se sont réduites de 28 % (1), pour revenir à un volume des ventes similaire aux années 2004 et 2005. Les professionnels proposent des mesures pour faire face à ces difficultés conjoncturelles et soutenir tout à la fois la filière industrielle et le développement des équipements de chauffage au bois.

Trois leviers pour relancer la filière

  • 1. Le soutien financier des pouvoirs publics
  • soutien plus important aux énergies renouvelables dans le cadre des aides nationales comme le Crédit d’impôt pour la transition énergétique ou l’éco-prêt à taux zéro disponibles auprès du grand public mais également des aides locales : régions et départements.
  • intégration du conduit de fumée dans les travaux éligibles aux aides publiques pour les contribuables.
  • réduction du taux de tva sur les combustibles bois à 5,5 %. 85 % de la consommation totale en bois énergie est commercialisée de façon informelle.
  • 2. La promotion du bois énergie dans le bâtiment
  • 3. La généralisation des mesures publiques en matière d’amélioration de la qualité de l’air

    (1)
    Source : enquêtes annuelles Observ’ER pour les années 2013 et 2015
Le Syndicat des énergies renouvelables

Qui sommes-nous ?

Créé en 1993, le Syndicat des énergies renouvelables regroupe, directement ou indirectement, plusieurs milliers d’entreprises, producteurs de ressources - forestiers, agriculteurs -, concepteurs, industriels et installateurs, développeurs et exploitants de centrales de production et associations professionnelles spécialisées, représentant les différentes filières.

Quelle est notre vocation ?

Développer la part des énergies renouvelables dans la production énergétique de la France et promouvoir les intérêts des industriels et professionnels français du secteur.

Qui sont nos adhérents ?

Parmi les adhérents du SER figurent les plus grands énergéticiens mondiaux comme des groupes ou acteurs locaux des énergies renouvelables mais surtout un très grand nombre de PME et d’ETI.

Chiffres clés

360 adhérents qui représentent 80 000 emplois directs

2/3
des adhérents du SER sont composés de PME & ETI

8
filières :

  • Bioénergies : bois énergie, biocarburants, biogaz, déchets ménagers
  • Éolien
  • Énergies marines renouvelables
  • Géothermie
  • Hydroélectricité
  • Solaire photovoltaïque
  • Solaire thermique
  • Solaire thermodynamique


Livre blanc Énergies renouvelables : s'inscrire dans l'élan mondial
Janvier 2017

Rédaction : Syndicat des énergies renouvelables

Le Livre blanc des énergies renouvelables expose les grandes orientations stratégiques visant à donner de la visibilité aux énergies renouvelables, consolider leur cadre réglementaire
et impulser de nouvelles dynamiques industrielles tout en soutenant l’initiative locale. Parallèlement, il détaille des mesures très opérationnelles, filière par filière.
La France dispose des ressources pour participer à l’élan mondial des énergies renouvelables et s’inscrire pleinement dans la révolution énergétique en cours.

 

Livre blanc
Énergies renouvelables : s'inscrire dans l'élan mondial


Directeur de publication : Jean-Louis BAL, Président du SER
Rédaction : Syndicat des énergies renouvelables
Ses permanents : Robin APOLIT, Nicolas AUDIGANE, Élodie BILLEREY, Céline BORTOLOTTI, Ony BURIE,
Cyril CARABOT, Stéphanie CONAN, Paul DUCLOS, Sabrina FUSELIEZ, Louis de GAULMYN, Mathieu GONDOLO, Françoise JOUET, Marlène KIERSNOWSKI, Claire Le GUEN, Delphine LEQUATRE, Marion LETTRY,
Mathilde MATHIEU, Damien MATHON, Catherine MOLTON, Romain POUBEAU, Axel RICHARD.
Ses conseillers : Philippe CHARTIER et Éric GUIGNARD, et ses adhérents.
Conception et réalisation graphique : Atelier Marge Design
Secrétariat de rédaction : Atelier Marge Design

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