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Ouvrage Les bois de Boulogne et de Vincennes :
1840 hectares de nature à revisiter

Le bois de Boulogne :
(1-1) Paysage et environnement

Un site chargé d’histoire : chasses royales, grands travaux d’Alphand
et plan de gestion d’un bois-forêt
Le patrimoine



Les bois de Boulogne et de Vincennes sont deux espaces de respiration uniques, situés au cœur du Grand Paris. Représentant à eux deux près du quart de la surface du Paris urbanisé, les deux bois occupent un espace équivalent aux huit premiers arrondissements. Ils sont fréquentés
par des habitués mais sont encore méconnus par beaucoup d’habitants. Une grande diversité d’usages existe : pour certains, ils représentent des axes de circulation rapide, pour d’autres le plaisir du footing dans les allées, de la promenade et pique-nique sous les arbres, du canotage sur les plans d’eau… Les Charte du bois de Vincennes et de Boulogne, signées en 2003, ont constitué un cadre précieux, en définissant quatre axes majeurs pour structurer un projet ambitieux d’aménagement durable des bois : réhabiliter les paysages et restaurer les milieux naturels ; réduire fortement la circulation automobile pour une promenade tranquille ; reconquérir l’espace public des bois, et gérer
les activités dans la cohérence et la transparence ; et enfin innover dans les modes de gestion et de gouvernance.

Un site chargé d’histoire : chasses royales, grands travaux d’Alphand et plan de gestion d’un bois-forêt

1730 : la forêt et les chasses royales

1850 : les travaux d’Alphand
Le bois de Boulogne est, à la fin du XIe siècle, une forêt royale appelée forêt de Rouvre, ou du Rouvray, du fait des nombreux chênes rouvres qui la composaient.
Au XVIe siècle, François 1er fait construire le château de Madrid, qui sera la résidence royale, en lisière de la forêt. Il enceint plus de 1 000 ha de cette forêt d’un mur disposant de 12 portes pour constituer le parc de Boulogne.
À la demande de Napoléon III, Alphand aménage le bois, de 1853 à 1858, pour le transformer en promenade publique. Il devient alors le bois de Boulogne. Les allées rectilignes des chasses royales sont transformées en allées courbes et sinueuses, à l’anglaise, à l’exception de l’allée de la Reine Marguerite et de l’allée de Longchamp, qui sont maintenues dans leurs tracés originels. Le massif forestier et ses lisières sont travaillés pour accueillir un ensemble de clairières et percées visuelles, ainsi que le vaste réseau de lacs et rivières qui composent le paysage de ce bois, et constituent le support privilégié des promenades et activités de loisirs. Le jardin du Pré Catelan, l’hippodrome, et de nombreuses concessions sont également aménagés. Le mur a été remplacé par des grilles et un saut-de-loup. Les portes ont été remplacées par des pavillons d’entrée dessinés par l’architecte Gabriel Davioud.
L’hippodrome d’Auteuil est construit en 1873, de même que le Racing Club de France, le Polo et les clubs de pétanque. En 1935, le comblement d’un bras de la Seine transforme la berge. L’actuel camping de Paris y prendra place.
Après la seconde guerre mondiale, le développement de l’automobile impacte fortement le bois. Les principales allées des bois deviennent de grands axes routiers - allée de Longchamp, allée du Bord de l’eau, allée de la Reine Marguerite… -, et en 1965 le Boulevard périphérique est creusé, amputant le bois de 25 ha. Le bois de Boulogne occupe alors une surface totale de 845 ha.
Fin 1999, les dégâts occasionnés par la tempête Lothar ont profondément bouleversé la cohérence des ensembles forestiers et la perception des continuités paysagères. Les 120 ha de massif forestier détruits - 14 % de la superficie du bois - seront progressivement reconstitués par plantation ou régénération naturelle. 2,7 km de voies ont été fermés à la circulation, des promenades piétonnes et des itinéraires cyclables ont été aménagés à l’intérieur et en périphérie du bois. Il s’en est suivi la mise en œuvre d’un programme de plantations qui prend appui sur le plan de gestion arboricole élaboré par la DEVE pour la période 2006-2020.

2006-2009 : vers un bois-forêt
 
Le massif forestier et ses lisières sont travaillés pour accueillir un ensemble de clairières et percées visuelles, ainsi que le vaste réseau de lacs et rivières qui composent le paysage de ce bois.  

Le patrimoine

Les caractéristiques du patrimoine paysager

Le patrimoine paysager du bois de Boulogne est celui d’une promenade paysagère dans un écrin forestier hérité de la forêt du Rouvray. Cette promenade, unique par ses dimensions, ses paysages et sa cohérence stylistique encore visible, présente une grande diversité d’ambiances et de paysages qui sont, pour leur grande majorité, l’héritage des travaux menés par Alphand à la demande de Napoléon III. Ces ambiances se décomposent comme suit :

Les massifs forestiers du cœur du bois s’étendent sur 312 ha, soit 37 % de la surface totale du bois.

Remaniés et replantés à plusieurs reprises au fil des siècles, ils conservent aujourd’hui encore l’esthétique et l’imaginaire de la forêt du Rouvray, et un caractère naturel prononcé. Relativement dense au sud, bien qu’encadré par les deux hippodromes, le massif forestier est morcelé au nord par les voies de circulation et de nombreuses concessions. Ce massif est constitué majoritairement d’essences forestières régionales. La chênaie est encore une dominante du massif, avec une présence marquée du chêne rouvre et du chêne pubescent, auxquels se mêlent des essences spontanées à croissance rapide comme l’érable plane, l’érable sycomore, le frêne, le tilleul, le robinier, et des sujets plus exotiques issus des replantations, qui participent de la diversité floristique et paysagère du bois. D’autres essences participent à la diversification des peuplements, comme le châtaignier sur les secteurs acides, et le hêtre, dont il existe quelques très beaux sujets, bien qu’il soit en limite de ses aptitudes écologiques.
Touché par la tempête de décembre 1999, le massif fait l’objet d’un programme exceptionnel de dégagement des arbres tombés, de densification du massif par régénération naturelle et/ou plantations, à l’origine du renouvellement forcé de plus de 120 hectares, alors qu’au cours des 70 années précédentes, 144 hectares seulement avaient été rajeunis. Ce programme de plantation s’est appuyé sur le plan de gestion arboricole établi par la Ville de Paris pour la période 2006-2020. Ce plan détaille les objectifs d’évolution des différents massifs attendue d’ici 2020, ainsi que les modes de gestion et moyens pour y parvenir. La gestion appliquée à cet espace utilise des techniques purement forestières - plantation de plants forestiers, protections collectives, dépressages, éclaircies -, hormis à proximité des secteurs de forte fréquentation - bords d’allées, de sites de manifestations… -, pour lesquels des techniques plus horticoles ont été adaptées : plantation de jeunes arbres, protection individuelle, tailles de formations, arrosages. La carte de comparaison des hauteurs de végétation 2005-2015 (ci-dessous à droite) illustre parfaitement les effets significatifs de cette gestion.
Une autre conséquence de la tempête de 1999 a été la fermeture de 2,7 km de voies à la circulation automobile, et leur restitution à la promenade piétonne et cyclable. Cependant, cet espace à vocation naturelle est encore traversé par trois voies de transit au trafic important : les allées de Longchamp et de la Reine Marguerite, et l’avenue de l’Hippodrome. Ces voies fragmentent le massif et sont sources de pollutions sonores, atmosphériques et lumineuses. De plus, elles augmentent la desserte, donc la fréquentation du cœur de massif, notamment les week-ends. Bien que la fréquentation soit moindre que dans les autres secteurs du bois, il est essentiel d’établir un équilibre entre la nécessité de renforcer la fonctionnalité écologique du massif, et le maintien de la fréquentation actuelle qui est parfois importante.

Les massifs forestiers clairiérés couvrent 44 hectares, soit 5,2 % de la surface du bois.

Ce type de massif se caractérise par la juxtaposition de zones boisées denses et de zones ouvertes, constituées de pelouses rustiques plus ou moins vastes comportant des arbres isolés ou en bouquets. Ils se concentrent majoritairement en lisière ouest du massif forestier dense. Deux massifs principaux sont à signaler : celui situé aux abords de l’étang et des réservoirs alimentant la grande cascade située au carrefour de Longchamp, et celui de la pelouse de Madrid sur laquelle s’est implantée, en 1864, la concession du Tir aux Pigeons.
Les essences sont majoritairement forestières et participent de l’unité paysagère du bois. On y retrouve des chênaies pubescentes qui forment souvent de vieux taillis sur souche. Ces reliquats de l’ancien parc royal forment la moitié de ce type de massifs. L’érable, le marronnier et le platane dominent dans la plaine de Longchamp, qui ne fut replantée en partie qu’à partir de son annexion au bois en 1855, formant parfois des ensembles remarquables. Le pin noir et le pin zelkova sont également bien représentés.
La gestion de ce type de massif est forestière, mais peut faire appel à des techniques de plantation plus horticoles - plantation de jeunes arbres, protection individuelle, tailles de formation, arrosages - dans les clairières et en lisières.
Si les clairières permettent d’atténuer l’impact de la fréquentation de ces espaces naturels, certains massifs appellent une attention particulière, notamment la pelouse de Madrid et les emprises longeant l’hippodrome de Longchamp, qui accueillent des activités, des centres aérés l’été...

Les massifs forestiers clairsemés, totalisent une surface de 36 hectares, soit 4,3 % de la surface du bois.

Ces massifs sont les lieux de promenade privilégiés des riverains du bois. Ils se caractérisent par la présence d’une grande pelouse rustique régulièrement entretenue, ou d’un espace dégagé de nature horticole surmonté de peuplements arborés hétérogènes mais continus où cohabitent encore quelques îlots de l’ancien massif forestier. Ces massifs se situent principalement à proximité de lieux très fréquentés comme les rives en vis-à-vis de Neuilly-sur-Seine, ou sur des emprises accueillant des activités particulières comme les pelouses de la Muette et de Saint-Cloud. Ils constituent une transition entre le massif forestier et les espaces arborés.
La gestion de ces espaces utilise principalement des techniques horticoles dans les zones ouvertes - plantations de hautes tiges, arrosages, fauchages -, complétées parfois par des techniques forestières pour les bosquets plus denses, qui sont souvent soumis à de fortes fréquentations. Ces espaces font l’objet d’un certain travail paysager débuté il y a quelques années, complété par une densification des plantations, arbustives et arborescentes, en veillant à redonner une unité à des espaces associant l’horticole et le forestier. Les essences indigènes sont privilégiées, mêlées d’essences plus horticoles adaptées.
La fréquentation des massifs forestiers clairsemés est relativement élevée, le public appréciant particulièrement l’ambiance claire et dépaysante de certains sous-bois, la vue portant plus loin qu’à l’intérieur du massif forestier dense.

Fauche tardive de la strate herbacée dans un massif clairsemé
© Guillaume Bontemps - Ville de Paris

Les espaces arborés s’étendent sur 75 hectares soit 9 % environ de la surface du bois.

Ces espaces sont des lieux ouverts et dégagés plantés de pelouses rustiques, sur lesquels se développent des arbres de grand développement, isolés ou en bouquets peu denses, à l’exception de la bande arborée en rive de Seine, au nord de la Pompe à Feu de Bagatelle.
Ces peuplements sont composés d’essences variées souvent à croissance rapide - marronniers, tilleuls, érables -, dont il existe quelques sujets remarquables par leurs dimensions, témoins des travaux d’Alphand. Les espaces arborés sont appréciés pour la diversité des usages qu’ils peuvent accueillir. Ils occupent principalement la périphérie du bois, et notamment la frange ouest, dans l’ancienne plaine de Longchamp.
Ces espaces, partiellement replantés à partir de 1855, ont été traités en prairies arborées, et agrémentés de pièces d’eau aux berges naturelles. Les autres espaces constituent une étroite bande en bordure du XVIe arrondissement, délimitée par les tracés du Boulevard périphérique et des anciennes fortifications, coupée du reste du massif.
La gestion horticole de ces espaces intègre le remplacement pied à pied des arbres pour assurer un renouvellement régulier du patrimoine, d’où la présence de classes d’âges très variées. Les prairies font l’objet d’un fauchage différencié afin d’allier l’accueil du public à la vocation écologique du bois.
La situation du bois au contact de la Seine constitue indéniablement pour cet espace à vocation de détente et de promenade un atout exceptionnel, même si la berge apparaît parfois comme un espace de qualité limitée, dont il faut poursuivre la mise en valeur.

Gestion écologique de la ripisylve des plans d’eau
© Apur

Les espaces paysagers couvrent environ 73 hectares soit 8,6 % de la surface du bois.

Ces espaces sont conçus par Alphand pour être des espaces de représentation plus soignés à l’intérieur du bois. Ils sont disséminés sur l’ensemble du bois.
Le parc de Bagatelle, construit au XVIIIe siècle, est le plus grand avec ses 24 ha ; le jardin du Pré Catelan, créé par Alphand, est le plus central ; et le jardin des serres d’Auteuil, à vocation botanique, avec ses nombreuses collections végétales à l’abri de serres monumentales, présente un paysage singulier.
D’autres espaces paysagers sont traités en jardins thématiques : le jardin des Poètes, le square de la Photo Hippique, le square de la Porte de Passy… Les pièces et jeux d’eau créés dès 1853 sont mis en valeur par des compositions paysagères, notamment les deux lacs, la Grande Cascade, la mare Saint-James. Ces secteurs sont encore aujourd’hui très fréquentés par le public. Les peuplements arborés qui les structurent sont très mélangés, allant du registre forestier, comme le reliquat des vieilles chênaies du parc de Bagatelle, du jardin du Pré Catelan et des îles du lac Inférieur, à la collection de résineux exotiques et aux espèces rares des serres d’Auteuil. La gestion des arbres est particulièrement soignée, leur place dans le paysage étant fondamentale. De nombreux arbres remarquables sont répertoriés et font l’objet de soins spécifiques. Ils sont pour la plupart les témoins des aménagements d’Alphand. Le remplacement ponctuel des arbres fait que toutes les classes d’âges sont présentes, donnant une structure assez irrégulière au patrimoine arboré.
Des aménagements d’Alphand, on retient aujourd’hui principalement les compositions paysagères exceptionnelles par leur dimension et leur cohérence stylistique, faites de vastes clairières, de bosquets et de chemins sinueux ; articulées à un vaste réseau hydrographique composé de rivières, de lacs et de cascades qui parcourent et ponctuent l’ensemble du bois ; et des systèmes de perspectives établies à la fois pour relier le bois aux grands marqueurs du paysage parisien, tels que le Mont-Valérien, pour donner de la profondeur et de l’agrément à ses aménagements, et pour mettre en scène les bâtiments et ouvrages construits dans le bois.
Si les compositions paysagères d’Alphand persistent, elles sont affectées dans leur qualité par la sur-fréquentation, qui détériore parfois les paysages ouverts, les abords des plans d’eau, et les rives de Seine, tant du fait du piétinement intense de ces espaces, que de la pollution liée aux activités humaines, et de la présence massive de véhicules stationnés le long des voies. Ces compositions sont également fragilisées dans leur cohérence par la densification des plantations et le renfermement du massif boisé, dont l’effet principal est la disparition progressive de l’axe paysager reliant la porte de la Muette à la porte de Madrid, ainsi que la discontinuité du grand arc paysager reliant la porte de Boulogne à la porte de Neuilly, en passant par les lacs Supérieur et Inférieur, et le Tir aux Pigeons. Le troisième facteur fragilisant le patrimoine d’Alphand est le développement des concessions qui tendent à modifier les principes d’alternance de pleins et de vides, de massifs et de clairières, effaçant ainsi les perspectives pittoresques alternant une succession de plans allant jusqu’au grand paysage : Mont Valérien, tour Eiffel, la Défense…

Séquoia planté en 1845 dans le parc de Bagatelle, près de la pagode chinoise
© Apur

Les arbres d’alignement sont l’héritage de Louis XIV qui, au XVIIIe siècle, fit percer des avenues rectilignes adaptées à la chasse à courre, larges et bordées de plantations, ce qui permit d’insérer le parc de Boulogne dans le réseau de voies joignant Paris à Saint-Germain-en-Laye et Versailles. À l’occasion des travaux de transformation du bois de Boulogne, de nombreux arbres d’alignement furent plantés le long des nouveaux boulevards extérieurs et des deux seules voies rectilignes conservées.
Aujourd’hui, les 4 381 arbres d’alignement sont répartis sur un linéaire de 33 kilomètres - linéaire d’alignement et non de voirie - avec un écartement moyen compris entre 6 et 11 mètres, localisés principalement en bordure des voies circulées. La diversification des essences peut être importante, la richesse allant de 1 à 16 espèces et variétés différentes par alignement. Les principales essences sont : les marronniers (1 704), les platanes (764), les noisetiers de Byzance (632), les tilleuls (525), les érables (404), les frênes (139) et divers (213).

Les arbres remarquables sont distingués soit pour leur intérêt paysager, soit pour leur silhouette, soit pour leurs dimensions exceptionnelles, soit pour leur intérêt horticole ou pour leur rareté. Ils font l’objet d’un suivi rigoureux, d’interventions d’entretien spécifique : élagage, haubanage, chirurgie arboricole. Actuellement, 50 arbres remarquables sont répertoriés dans le bois de Boulogne. Particulièrement appréciés du public, leur fragilité potentielle fait que des périmètres de protection peuvent être mis en place ponctuellement.

L’identification en cours des unités et armatures paysagères est également essentielle pour la gestion du bois. Cette démarche a permis de définir un protocole d’étude commun aux deux bois, en distinguant l’armature végétale - l’alternance des boisements et clairières et les perspectives -, le réseau hydrographique - l’eau comme fil conducteur de promenades et source de biodiversité - , le réseau de circulations : promenades, hiérarchie des voies, îlots de tranquillité. Les unités paysagères distinguent la zone forestière, les unités paysagères non clôturées - rives de Seine, plaine de Longchamp, lisière de Longchamp, massif forestier, percée de Boulogne, grands lacs, clairière de Madrid, mare Saint-James ainsi que les lisières urbaines -, et les unités paysagères clôturées : hippodrome d’Auteuil, Pré Catelan, et Jardin d’Acclimatation.
Une fois validés avec les services de l’État, les plans de références et les grandes unités paysagères devraient pouvoir être intégrés dans tous les projets à venir afin de conforter les trois armatures retenues et les enjeux associés : Armature végétale : maintenir et/ou restituer l’alternance des boisements et des clairières pour répondre au besoin de nature mais aussi d’espace du citadin.
Réseau hydrographique : restaurer l’eau comme fil conducteur de la promenade et valoriser ses différentes formes et son potentiel écologique.
Réseau de circulations : conforter les bois comme lieu de promenade et de circulation douces et réduire la place de la voiture et les nuisances induites (bruit, pollution atmosphérique, visuelle, dangerosité…).
(source : DEVE/SPA, mai 2019).

Le croisement entre la préservation du patrimoine et celle de la biodiversité invite à reconsidérer l’héritage d’Alphand qui soulignait que pour donner au bois l’aspect d’une forêt touffue et pittoresque, les coupes régulières d’exploitation sont abandonnées et que l’on se borne donc aujourd’hui à abattre les bois morts, à faire aux tiges et aux futaies les élagages que nécessite leur développement ; et l’on conserve avec soin les taillis, les ronces, les épines et les arbustes qui cachent les troncs des arbres, et forment, au printemps surtout, un fourré de verdure et de fleurs d’un aspect charmant.
Dans ce système, les arbres placés loin des routes ne prennent pas le développement qu’ils acquerraient jadis […] mais il suffit, pour les promeneurs, que les arbres rapprochés des allées soient bien tenus.
(Les Promenades de Paris, p. 40).
L’œuvre de son éminent successeur Jean-Claude-Nicolas Forestier mériterait aussi d’être rappelée, tant en ce qui concerne la préservation d’un sol vivant, que l’enjeu des systèmes de parcs à l’échelle métropolitaine. Pour le bois de Boulogne, il contribue, en 1904, à sauver le domaine de Bagatelle, en empêchant son lotissement, et soutenant son rachat par la Ville. Il se charge aussi de son réaménagement, et crée, en 1908, le concours de roses. Dès lors, le parc est devenu un lieu de collections végétales soutenu par la maîtrise et la générosité d’horticulteurs et de collectionneurs de toute la région parisienne. Avec ces jardins, c’est toute une histoire métropolitaine, paysagère et botanique qui invite à repenser des liens aussi bien à l’échelle du Grand Paris que, plus localement, avec le jardin et les collections Albert Kahn.

 
Les lacs, Neuilly-sur-Seine, la Défense et la plaine de Longchamp © Christophe Jacquet - Ville de Paris
 
Vue vers la Défense depuis la plaine de Longchamp © Apur – Patalagoïty

Mise en scène de la présence de l’eau dans le bois par la grande cascade © Apur
 
Paysage de pinède monospécifique dense
© Apur - Vincent Nouailhat

Parterres à la française devant le pavillon du parc de Bagatelle © Apur
 
Hauteur de la végétation en 2005 Sources : Apur, Image proche-infrarouge, MNE - MNT - 2015 © Aérodata


Hauteur de la végétation en 2015 Sources : Apur, Image proche-infrarouge, MNE - MNT - 2015 © Aérodata





 
Massif forestier dense : 312 ha © Apur
 
Massif forestier clairiéré : 44 ha © Apur

Massif forestier clairsemé : 36 ha © Apur
 
Espace arboré : 75 ha © Apur

Espace paysager : 73 ha © Apur
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Ouvrage Les bois de Boulogne et de Vincennes : 1840 hectares de nature à revisiter

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Atelier parisien d’urbanisme

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Les deux bois restent encore des espaces fragmentés, à la fois par les infrastructures routières et par les concessions qui les morcellent. L’enjeu est d’atteindre un juste équilibre entre les différents usages, les activités économiques, la préservation et la valorisation du patrimoine paysager et bâti et le développement de la biodiversité.
L'ouvrage présente, 17 ans après les Chartes des bois, un diagnostic mettant en avant, dans une vision holistique, les actions réalisées, et esquisse des pistes d’évolutions. Aujourd’hui, à la fois l’urgence climatique, les nouvelles attentes des citadins, et l’exigence patrimoniale nous invitent à engager une nouvelle étape de développement des deux bois. Ce diagnostic prospectif peut constituer un socle commun pour nourrir les échanges et choix à venir par la Ville de Paris et les collectivités riveraines.

 
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Bois de Vincennes © Apur

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© Atelier parisien d’urbanisme, Paris 2020

Directrice de la publication : Dominique ALBA, directrice générale de l’Apur
Directrice de la rédaction
: Patricia PELLOUX, directrice adjointe - Rédacteurs en chef : Patricia PELLOUX et Frédéric BERTRAND
Étude réalisée par : Frédéric BERTRAND, Florence HANAPPE, Vincent NOUAILHAT, Yann-Fanch VAULÉON
Avec le concours de : Anne-Marie VILLOT
Cartographie et traitement statistique : Marie-Thérèse BESSE, Christine DELAHAYE, Tristan LAITHIER, Nathan PAULOT
Photographies et illustrations : Apur sauf mention contraire

Dépôt légal : mai 2020 - ISBN : 978-2-36089-017-0 - ISSN : 1773-7974

apur.org