...
.
Tiers-lieu Les Cinq Toits,
La caserne des possibles

...
(2) La mixité au service de l’insertion :
Des partenaires engagés - Une gouvernance partagée - L’implication bénévole

La vie collective, levier pour l’inclusion :
Activités internes - Espaces dédiés - Ouverture sur la ville

...


Au sein d’une ancienne caserne de gendarmerie, le projet des Cinq Toits favorisait le vivre-ensemble en expérimentant la mixité des publics
et des activités. Dans le cadre d’une occupation temporaire initiée en 2018, la caserne Chalvidan, propriété de la Ville de Paris via Paris Habitat,
a été investie durant toute la durée de l’étude de reconversion afin de porter un projet d’innovation sociale au cœur du XVIe arrondissement
de Paris. Ce nouvel exemple de l’urbanisme transitoire au service du social était porté par l’association Aurore,
en partenariat avec la coopérative Plateau Urbain. Le projet des Cinq Toits s’est achevé en avril 2023.

La mixité au service de l’insertion

Des partenaires engagés

Dans le cadre du partenariat avec l’association Aurore, Plateau Urbain a coordonné la mise à disposition d’espaces de travail en échange d’une contribution aux charges de 10 à 20 euros le m², versée par la trentaine de structures partenaires installées aux Cinq Toits. Les structures retenues à la suite d’un appel à candidatures porté par Plateau Urbain en novembre 2018, conjuguaient plusieurs critères : le besoin réel de locaux, le lien avec le secteur social ou l’économie sociale et solidaire, leur provenance - les acteurs du territoire étaient encouragés à candidater -, mais également la volonté des candidats à s’impliquer dans le projet des Cinq Toits, en proposant par exemple des activités avec les résidents des centres d’hébergement. 105 candidats se sont manifestés, représentant une demande exprimée de 2580 m².
Des visites collectives et des entretiens individuels ont permis d’affiner les propositions des candidats et leurs souhaits. Cette méthodologie a permis :

  • d’attribuer rapidement des espaces à des prix en dessous de ceux du marché à des porteurs de projets de l’ESS ou du secteur associatif ainsi qu’à des artisans et artistes ;
  • de favoriser la mixité d’usages et d’initier rapidement une dynamique avec les résidents des centres d’hébergement et les équipes sociales de l’association Aurore ;
  • de soutenir le modèle économique du projet grâce aux redevances ;
  • de trouver un usage à des locaux très atypiques tels que les anciens cachots de la gendarmerie, aujourd’hui transformés en champignonnière avec Biofield - Les Pleurotes de Paris

Une gouvernance partagée

L’ensemble des acteurs du projet des Cinq Toits était invité à s’impliquer et à participer aux projets communs. Cette gouvernance de projet passait par une réunion mensuelle, le Conseil de l’Horloge. Dès l’installation des 40 artisans, artistes, entrepreneurs sociaux et acteurs associatifs dans les locaux des Cinq Toits en janvier 2019, ce Conseil a été mis en place afin de faciliter les rencontres, les échanges, et aborder collectivement les sujets propres au fonctionnement du lieu et au vivre-ensemble.

Conseil de l’Horloge

Cette instance rassemblait notamment les équipes sociales des centres d’hébergement et les occupants des locaux. La présence du plus grand nombre à cette réunion de gouvernance mensuelle était encouragée. Le format était variable et évoluait en fonction des apports de chacun. Au bout de plusieurs mois est ressorti le besoin d’alterner entre un format plénière et un format session de travail suivant trois grandes thématiques, qui ont émergé avec le temps : l’inclusion et l’implication collective, la programmation et l’aménagement des espaces.

Dès janvier 2020, cette alternance a donc été mise en place :

  • Le format plénière fut propice à la transmission d’informations, la discussion et la prise de décisions d’ordre général : les grandes orientations du projet plutôt que les questions purement opérationnelles.
  • Le format groupe de travail, quant à lui, eut vocation à produire du contenu, résoudre des problèmes qui relèvent du collectif, travailler concrètement à la réalisation de projets. Chaque groupe de travail s’organisait comme il le souhaite.

Un pot commun, porté par le budget global du site, permit de faciliter la création de projets rassemblant les différents publics des Cinq Toits : résidents des centres d’hébergement, équipes sociales, structures partenaires, riverains. Les projets financés devaient être en adéquation avec les objectifs des Cinq Toits et ses valeurs, et permettre :

  • de renforcer les liens entre les publics qui fréquentent le site ;
  • d'amplifier la participation active de tous ;
  • de rapprocher les opportunités qu’offrent les Cinq Toits à des personnes qui en ont besoin ;
  • de favoriser l’accès à l’éducation, la formation et l’emploi ;
  • d'améliorer les relations avec le voisinage ;
  • le plaidoyer et la sensibilisation aux causes que défendent les Cinq Toits.

Les projets étaient présentés et soumis au vote collectif lors des Conseils de l’Horloge.

Ont ainsi pu être financés : du matériel pour la mise en place d’un pôle textile à La Bricole, à destination des résidents des centres d’hébergement et/ou du public extérieur ; des ateliers de médiation dans le quartier pour récolter des données sur l’impact du projet des Cinq Toits ; la création de carnets de bords pour retracer des histoires et des projets nés sur le site...

Toutes les semaines, La Lettre du Lundi présentait les activités passées et à venir. Elle était diffusée par affichage et envoi par mail.

Toujours dans le but de favoriser les rencontres dans un cadre convivial, un petit déjeuner était organisé tous les vendredis matin, permettant d’échanger sur les différentes actualités et ressources proposées aux Cinq Toits et d’en faciliter l’accès aux personnes les plus isolées.


L’implication bénévole

Les bénévoles jouèrent un rôle clef pour soutenir l’animation de nombreuses activités : cours de français, épicerie et vestiaire solidaires, ateliers culturels et sportifs... Ils étaient plus de 40 à intervenir sur le site chaque semaine, dont plus de la moitié venait du XVIe arrondissement. En 2 ans et demi, ce sont 450 bénévoles qui se sont investis aux Cinq Toits. Pour les résidents des centres d’hébergement, le bénévolat constitua également l’opportunité de s’impliquer dans le projet et d’y valoriser leurs compétences. Quelle que soit leur activité - formation, proposition d’activités et d’animations - par leur énergie et leur personnalité, ces volontaires enrichirent le projet global.

© Gaelle Magder / MAIF © Gaelle Magder / MAIF

La vie collective, levier pour l’inclusion

 

Afin de donner vie à son ambition de mixité des publics et des usages et de favoriser l’ouverture au public extérieur, l’association Aurore développa un panel d’activités. Celles-ci visaient à répondre aux besoins des résidents des centres d’hébergement, mais également à ceux des riverains du XVIe arrondissement, tout en permettant la rencontre et l’échange avec les structures partenaires installées sur le site.
L’ensemble des acteurs des Cinq Toits était invité à prendre part aux projets menés et à s’impliquer sur la conception comme sur la mise en œuvre de chacun d’eux.

Activités internes

Proposées par l’équipe de coordination ou des bénévoles, de nombreuses activités eurent lieu chaque semaine, dédiées aux résidents des centres d’hébergement : cours d’alphabétisation et de français : 20 heures de cours hebdomadaires collectifs au bénéfice d’une soixantaine de résidents en demande d’asile ; ateliers de conversation ; tandems linguistiques ; alphabétisation par le chant ; théâtre ; boxe ; arts plastiques ; jeux d’échecs ; accompagnement à la recherche d’emploi ; foot ; balades à vélo ; pratique musicale ; accompagnement à la création de projets culturels.
Afin de favoriser les rencontres et les échanges informels, ces activités étaient aussi accessibles aux autres acteurs des Cinq Toits, salariés de l’association Aurore et structures partenaires installées dans des locaux du site.

Espaces dédiés

Plusieurs espaces sur le site étaient dédiés aux acteurs des Cinq Toits, et parfois plus particulièrement aux résidents des centres d’hébergement :

  • La Cafète
    Lieu de convivialité, d’échange, de rencontres et de diffusion d’information dédié aux usagers quotidiens des Cinq Toits : les résidents des centres mais aussi les salariés, bénévoles et travailleurs des structures partenaires installées sur le site. Elle jouait ainsi le rôle de foyer, de salon, de café et de salle de jeux.
  • L’Épicerie solidaire
    Ouverte lors de deux permanences hebdomadaires, l’épicerie permit à tous les résidents des centres d’hébergement d’avoir accès à des denrées de base : alimentation, hygiène et produits ménagers. Ces denrées étaient collectées chaque semaine grâce au partenariat mis en place avec la Banque Alimentaire Paris et Île-de-France. Afin de répartir les denrées entre tous de façon équitable et pédagogique, un système de points a été mis en œuvre. Chaque semaine, environ 150 résidents des centres d’hébergement des Cinq Toits en bénéficia !
  • Le Vestiaire solidaire
    Ouvert lors d’une permanence hebdomadaire, le vestiaire était alimenté par les dons de particuliers, et permit aux résidents des centres de se vêtir gratuitement.
  • L’Espace femmes
    24 femmes étaient hébergées au Centre d’Hébergement d’Urgence (CHU), sur les 350 personnes résidant aux Cinq Toits. La plupart des espaces collectifs étaient en grande partie investis par des hommes, et les femmes ont fait sentir le besoin d’avoir un espace qui leur soit dédié. Ainsi, une grande pièce au rez-de-chaussée du CHU a été choisie pour qu’elles puissent avoir leur lieu de rassemblement. Un coin enfants permettait aux femmes de se rassembler tout en ayant un œil sur les plus petits. Des cours de français à leur attention y étaient proposés, ainsi que des ateliers en lien avec les partenaires installés aux Cinq Toits. Elles profitèrent également de cet espace pour partager des moments conviviaux, autour du thé ou de goûters d’anniversaire.
  • La Salle de sport
    Equipée de machines et accueillant également des activités hebdomadaires, cette salle était ouverte tous les jours en accès libre. Une trentaine de résidents des centres d’hébergement en bénéficièrent chaque semaine.

Ouverture sur la ville

D’autres activités avaient pour objectif de favoriser la rencontre entre les résidents des centres, les structures partenaires installées dans les locaux du site et les visiteurs extérieurs, notamment les riverains du XVIe arrondissement.

Restauration - La Table du Recho

Les associations Le Recho et Aurore proposèrent, au cœur même des Cinq Toits, une offre de restauration ouverte au public. Le Recho est un projet solidaire mené par des cuisinières professionnelles, qui a pour but de créer du lien et développer le vivre-ensemble par la cuisine. À travers le langage universel, dynamique et inclusif de la cuisine, le Recho entend rapprocher les populations accueillies et accueillantes afin de restaurer nos sociétés contemporaines.

Ouvert 5 jours par semaine depuis juin 2019, La Table du Recho employa des réfugiés hébergés aux Cinq Toits, en insertion dans le cadre du Dispositif Premières Heures (DPH), en lien avec l’association Aurore. Depuis le 1er novembre 2020, La Table du Recho est officiellement une entreprise d’insertion et a pu embaucher trois des salariés issus du DPH, à temps plein, en Contrat à Durée Déterminée d’Insertion.
En plus de la restauration, La Table du Recho propose une programmation ouverte à tous : des ateliers de cuisine collaboratifs conclus par un buffet à prix libre ; des tables ouvertes avec un chef invité ; des projections, conférences, débats… Il y est également possible de suspendre un café ou un repas. Pour cela, le client règle une commande qu’il ne consomme pas. Celle-ci pourra être consommée plus tard gratuitement par une autre personne. Ce geste anonyme et bienveillant permet à chacun, quels que soient ses moyens, de profiter des bons produits du restaurant.

Ateliers partagés - La Bricole

Espace de 130m² dédié à l’apprentissage manuel collectif, La Bricole est un lieu ouvert à tous qui a pour ambition de générer du lien social par la pratique d’activités artisanales, en favorisant le réemploi et la transmission des connaissances et des savoir-faire. Depuis mars 2021, La Bricole propose des espaces de travail du bois, du métal et du textile, ainsi qu’un atelier consacré à la réparation de petit électroménager ouverts à tous, sur adhésion. Sans but lucratif, ce lieu a pour objectif la création de rencontres autour des savoir-faire, et la revalorisation de biens dans une logique d’économie circulaire.
La Bricole est un lieu ressource dans le quartier, et est également un support favorisant l’insertion de personnes en situation de grande précarité, employées via le Dispositif Premières Heures.
Les ateliers partagés de La Bricole ont été construits avec la contribution de plusieurs partenaires :
• L’association d’architectes A+1, maîtres d’œuvre du projet ;
• Le bureau d’étude technique LM Ingénieur ;
• un charpentier traditionnel, Le charpentier Volant ;
• Gautier Jeannerod, menuisier ;
• Construire en chanvre : choleur.

Le réemploi est au cœur de cette construction. La Bricole a été conçue comme un laboratoire d’expérimentation des matériaux réutilisés, réemployés ou recyclés. De très anciennes poutres en chêne composent la charpente, du parquet, des menuiseries, du granit, des planches ont été récupérés sur des chantiers. Du chanvre isole les ateliers, recyclé d’un premier usage aux Grands Voisins. Ce réemploi est soutenu par l’ADEME, sous le motif de l’apport scientifique de la revalorisation de matériaux bio-sourcés. Le chantier est devenu un temps d’apprentissage, de formation et de transmission pour des demandeurs d’asiles, résidents de l’Hébergement d’Urgence pour Demandeurs d’Asile des Cinq Toits. La compagnie Dassyne, installée alors aux Cinq Toits, a également proposé des cours de français ludiques pour les résidents étrangers participant aux travaux, autour de la thématique du chantier.

Le Pôle Vélo

Grâce à l’action conjointe d’acteurs clefs du vélo, Les Cinq Toits se sont enrichis d’un espace dédié à la mobilité douce. Fondé en partenariat avec la Fédération des Usagers de la Bicyclette, le collectif des Boîtes à Vélo et le chantier d’insertion Solicycle, le Pôle Vélo était depuis juin 2020 porté conjointement par l’association Aurore et l’entreprise Ridy, professionnelle de la mécanique cycles. Il proposait les activités suivantes : ateliers d’auto-réparation ; prestations de réparation ; séances d’apprentissage de la mécanique cycle, et proposition de monter son propre vélo ; flotte de vélos mise gratuitement à la disposition des résidents des centres.
La personne référente du Pôle Vélo pour l’association Aurore proposait également des ateliers à destination des résidents des centres d’hébergement, pour apprendre à fabriquer des sacoches à vélos à partir de bidons en plastique, des séjours à vélos, ou encore des cours d’alphabétisation autour du vocabulaire du vélo.
Cet espace répondit à un double enjeu : favoriser la mobilité des personnes hébergées tout en promouvant un mode de transport écologique et économique. Le Pôle Vélo permit ainsi de mobiliser les résidents et les riverains et de créer une attractivité nouvelle autour de cette thématique, au plus proche de la piste cyclable longeant la Seine.

Événements

La vie des Cinq Toits était rythmée par une programmation événementielle familiale et engagée ouverte au public extérieur : stands de créateurs, ateliers, expositions, spectacles, activités pour enfants, concerts, conférences, débats, projections…
...
Des espaces extérieurs accueillants

  • Aménagements, mobilier et signalétique
    Les aménagements extérieurs, conçus en majorité par l’association Yes We Camp, avaient une double vocation de praticité et d’inclusion. Ils étaient à destination de tous, et favorisaient la convivialité et la rencontre, contribuant à l’objectif de mixité des Cinq Toits. Par beau temps, du matériel de sport et des jeux en plein air - badminton, ping pong, baby-foot - étaient installés dans la cour. Un espace de jeux pour enfants était aussi présent dans le jardin.
    Un travail de signalétique a été mené par Yes We Camp puis par le collectif Les Gens Géniaux, dont les locaux se trouvaient aux Cinq Toits, pour permettre de se repérer sur le site et d’identifier les différents espaces.
  • L’agriculture urbaine
    L’agriculture urbaine faisait partie intégrante du projet depuis ses débuts, notamment grâce à la présence d’un jardin : mise en œuvre d’un potager et culture hors sol ; aménagement d’espaces à semis ; création d’un poulailler ; installation de ruches avec l’association Espero ; compost en libre accès - formation incluse - ; journées de jardinage collectif : potagers partagés, végétalisation des pieds d’arbres du boulevard Exelmans ; actions menées avec le quartier, dont les écoles ; pépinière.
...........
Tiers-lieu Les Cinq Toits - La caserne des possibles

.................
Objectifs

Inclusion sociale et professionnelle

  • Créer des espaces et activités propices à la rencontre entre résidents des centres d’hébergement, structures partenaires installées sur le site et riverains,
  • Inviter à la découverte des cultures de chacun et favoriser la compréhension mutuelle,
  • Favoriser l’accès à la formation professionnelle et à l’emploi des personnes réfugiées hébergées aux Cinq Toits ;

Ouverture sur la ville

  • Participer à la construction de la ville de demain; en mobilisant le patrimoine vacant au service d’un urbanisme solidaire; créant des espaces de mixité; et favoriser l’émergence de projets d’urbanisme transitoire,
  • Sensibiliser les visiteurs à la problématique migratoire : parcours d’exil, demande d’asile, statut de réfugié,
  • Sensibiliser l’ensemble des publics des Cinq Toits aux enjeux de l’écologie et du développement durable.
   
 
......
.
 

......
Coordination

Créée en 1871, l’association Aurore lutte contre l’exclusion par l’accès à l’hébergement, aux soins, et par l’insertion professionnelle. Elle s’appuie sur son expérience pour expérimenter des formes innovantes de prises en charge, qui s’adaptent à l’évolution des phénomènes de précarité et d’exclusion.

La coopérative d’urbanisme solidaire Plateau Urbain propose la mise à disposition d’espaces vacants au prix des charges pour des acteurs culturels, associatifs et de l’économie sociale et solidaire.

Avec la participation de l’association Yes We Camp pour la réalisation de la signalétique et des aménagements d’espace et en appui à la conception et à l’ingénierie de projet.

lescinqtoits.fr