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Ouvrage Les bois de Boulogne et de Vincennes :
1840 hectares de nature à revisiter

(4) Les territoires à enjeux spécifiques
Les lisières du bois
Les hauts lieux du bois



Les bois de Boulogne et de Vincennes sont deux espaces de respiration uniques, situés au cœur du Grand Paris. Représentant à eux deux près du quart de la surface du Paris urbanisé, les deux bois occupent un espace équivalent aux huit premiers arrondissements. Ils sont fréquentés par des habitués mais sont encore méconnus par beaucoup d’habitants. Une grande diversité d’usages existe : pour certains, ils représentent des axes de circulation rapide, pour d’autres le plaisir du footing dans les allées, de la promenade et pique-nique sous les arbres, du canotage sur les plans d’eau… Les Charte du bois de Vincennes et de Boulogne, signées en 2003, ont constitué un cadre précieux, en définissant quatre axes majeurs pour structurer un projet ambitieux d’aménagement durable des bois : réhabiliter les paysages et restaurer les milieux naturels ;
réduire fortement la circulation automobile pour une promenade tranquille ; reconquérir l’espace public des bois et gérer les activités
dans la cohérence et la transparence ; et enfin innover dans les modes de gestion et de gouvernance.

Les lisières du bois

Les lisières forment une transition entre le bois et la ville. Elles se caractérisent par des proximités marquées par les parcelles plus ou moins bâties ou plantées, et des espaces publics de natures différentes : avenue, route, périphérique, autoroute. Selon les situations, la porosité de ces lisières pourrait être renforcée, notamment avenue de la Belle Gabrielle, de Vincennes à Nogent-sur-Marne, et avenue de Gravelle à Charenton-le-Pont. La situation de corniche de l’avenue de Gravelle en limite avec Saint-Maurice invite à préserver et renforcer les vues vers le sud de la métropole.

Les lisières sont aussi caractérisées par des profondeurs liées aux grandes continuités piétonnes et paysagères des portes du bois. Ces entrées, qu’elles soient principales - porte Dorée, esplanade Saint-Louis, carrefour de l’avenue de Nogent et de l’avenue de la Belle Gabrielle - ou secondaires - porte de Charenton, avenue du Bel Air à Saint-Mandé, avenues de Fontenay et de la Belle Gabrielle, carrefour de Beauté, avenues de Gravelle et de Saint-Maurice -, pourraient faire l’objet d’aménagements invitant à la promenade et à la découverte du site : qualité des espaces publics, services de mobilités, kiosques et pavillons, signalétique.

Les profondeurs sont aussi celles des vues en lien avec le territoire - plateau de Gravelle, pelouse sud du lac Daumesnil, carrefour de Beauté - ou avec les points de repère au sein du bois : la Cipale, le rocher du Zoo, le rond-point de l’allée Royale en lien avec le château de Vincennes et le sud de Paris, le lac de Gravelle et l’hippodrome, et le front nord de la métropole. Ces vues sont déterminantes dans les relations du bois à la ville, un nouveau velum, voire un seul édifice, peut en altérer la beauté.

Les lisières sont aussi marquées par des seuils aux qualités et potentiels différents. C’est le cas du triangle dominé par le lac de Saint-Mandé et bordé par l’avenue Daumesnil, dont l’accroche au bois doit être préservée et renforcée. C’est aussi celui des clairières de Fontenay, dont l’ampleur est à retrouver. Au sud, des liens avec le site des hôpitaux de Saint-Maurice pourraient contribuer à mettre en valeur les qualités paysagères d’une limite avec la Marne.

Plus ponctuellement, des secteurs d’entrée dans le bois mériteraient d’être requalifiés. C’est le cas dans Paris de la séquence de la porte Dorée à la pointe du lac Daumesnil. À proximité, une grande emprise articule Paris, Charenton- le-Pont et le lac. Dominée par la pelouse de Reuilly, elle comprend la Cipale qui reste à valoriser. Ce secteur pourrait être favorable à la création de nouvelles ZIEP, et à des programmations en lien avec le bois, liées à la nature, l’agriculture, le sport, la culture…
Au nord, l’accroche du bois avec Vincennes est fortement liée à l’évolution du cours des Maréchaux et de la gare multimodale. De nouveaux paysages - découverte des douves du château - et organisations des mobilités - piéton, vélo, navette - pourraient mieux qualifier les futurs liens avec des emprises récemment aménagées : esplanade Saint-Louis, avenue des Minimes.
À l’est, le
Jardin d’Agronomie Tropicale et sa proximité avec une entrée principale du bois avenue de Fontenay offrent la possibilité de traiter une séquence avec Nogent-sur-Marne. Outre la lisière de l’avenue de la Belle Gabrielle, il pourrait être traversé et ainsi plus ouvert sur le bois et sur la ville.
Au sud-est, les infrastructures routières - A4, carrefours… - pourraient être apaisées en travaillant les accès au bois depuis Joinville-le-Pont et Saint-Maurice - carrefour de Beauté, route de la Pyramide/avenue des Canadiens -, les grandes perspectives vers et depuis le bois, la continuité des promenades depuis la Marne et le développement de la biodiversité : ZIEP pour les emprises inaccessibles, trame d’eau du lac des Minimes et du JAT au lac de Gravelle.

Des lisières à valoriser et à réaménager
 
Saint-Mandé et Vincennes
© Jacques Leroy - Ville de Paris
Vincennes, Fontenay-sous-Bois et avenue de Nogent © ph.guignard@air-images.net
Cimetière Ancien de Charenton-le-Pont
© Apur - Benoît Grimbert
Fontenay-sous-Bois et Nogent-sur-Marne
© ph.guignard@air-images.net
Autoroute A4, Joinville-le-Pont et
Saint-Maurice
© ph.guignard@air-images.net
Avenue Daumesnil, Saint-Mandé/Paris XIIe
© Apur - Vincent Nouailhat
 
Les hauts lieux du bois 

Des hauts lieux d’excellence, nature, sport, patrimoine…

Les hauts lieux prennent en compte les sites remarquables et reconnus, ainsi que ceux dont les qualités mériteraient d’être davantage préservées et mises en valeur. Ils relèvent souvent de programmes spécifiques et de patrimoine architectural et paysager.
Aux côtés d’édifices de grande ampleur en limite du bois - château de Vincennes, palais de la Porte Dorée et hôpital de Saint-Maurice -, plusieurs bâtiments de qualités, bien identifiés et entretenus, servent à la fois de repères dans le bois et de lieux de pratiques diversifiées : chalets des îles, Grande Pagode, pyramide, rocher…
D’autres, plus confidentiels, gagneraient à être préservés et valorisés, tant pour leurs qualités architecturale et paysagère que pour leur potentiel d’usages en lien avec le bois : la Cipale, la caserne Carnot, le Jardin d’Agronomie Tropicale, l’hippodrome. Leur localisation - dans le bois ou sur ses rives, dans des concessions -, leur niveau d’équipement - restaurants, sanitaires, vestiaires, volumes bâtis, résistance des sols… -, leur confère une capacité d’accueil et diversification d’usages qui mériteraient d’être étudiées.
Les hauts lieux concernent aussi les espaces paysagers qui font l’essence du bois : les massifs forestiers et les grandes clairières. Ces derniers doivent être préservés, restaurés voire étendus… en équilibrant les impératifs patrimoniaux - héritage du XIXe siècle -, écologiques - faune, flore, qualité des milieux -, et environnementaux : îlots de fraîcheur…
Ces enjeux se traduisent par le renforcement des liens entre les deux massifs forestiers, grâce à l’évolution des emprises sportives, à la création de continuités plantées accompagnant de nouvelles promenades, au développement d’espaces de biodiversité protégés (ZIEP). Les grandes clairières de Fontenay doivent aussi être préservées d’un renfermement trop important des boisements. Le patrimoine des jardins est considéré à la fois comme paysage patrimonial mais également comme espaces didactiques liés au vivant : Parc Floral, JAT, Arboretum, zoo, Ferme de Paris. L’enrichissement des rapports à l’eau - promenade, jeux et pratiques aquatiques, biodiversité -, offre toute une gamme de lieux dont la répartition et le caractère permanent ou éphémère peuvent guider les aménagements et les usages : rivières, lacs, mares, bain, baignade, jeux d’eau.
Leur situation en limite du bois en fait aussi des lieux potentiels de qualification des entrées, des espaces qui mériteraient d’être davantage traversés et mis en relation : Parc Floral/Cartoucherie, JAT/Cirad, Zoo/lac Daumesnil. Cette situation se retrouve à une autre échelle au sud du bois, dans les liens à chercher d’un massif forestier à l’autre, de l’École Du Breuil à la Ferme de Paris, en lien avec l’Arboretum et l’hippodrome.
Les merveilles des bois naissent de la rencontre de ces caractéristiques paysagères, architecturales, programmatiques, de la proximité des lieux singuliers et du territoire environnant - porte Dorée/lac Daumesnil/Zoo ; esplanade du château/Parc Floral/Cartoucherie ; Porte Jaune/lac des Minimes/chalet et pavillons ; JAT ; secteur de Gravelle -, des synergies et mutualisations possibles - autour du vivant, de la nature, de l’agriculture, de la culture -, des capacités et disponibilités des lieux : bâtiments abandonnés ou sous-occupés.
L’opportunité de lancer par exemple des appels à projet groupés, pour développer des usages et réhabiliter certains sites, est à explorer pour ces hauts lieux qui sont en capacité de réinventer les bois.


Le Parc zoologique de Paris
© Jacques Leroy -Ville de Paris

Le Parc Floral et la Cartoucherie
© ph.guignard@air-images.net


Le château de Vincennes
© Jacques Leroy -Ville de Paris

La pelouse de Reuilly

© ph.guignard@air-images.net

Des hauts lieux à révéler, à rénover

Travail du sol avec cheval de trait,
Ferme de Paris
© Clément Dorval – Ville de Paris
L’École Du Breuil
© Apur
Les serres historiques du Jardin d’Agronomie Tropicale à restaurer © Apur - JC Bonijol
Le vélodrome de la Cipale
© Apur
© doc Apur in : L’art des Jardins/A. Alphand, baron Ernouf

La rotonde, la grotte de l’île de Reuilly et le lac Daumesnil en 1886…
sd [1886], p 123

...et aujourd’hui, une vue pittoresque préservée © Apur
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Ouvrage Les bois de Boulogne et de Vincennes : 1840 hectares de nature à revisiter

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Atelier parisien d’urbanisme

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Les deux bois restent encore des espaces fragmentés, à la fois par les infrastructures routières et par les concessions qui les morcellent. L’enjeu est d’atteindre un juste équilibre entre les différents usages, les activités économiques, la préservation et la valorisation du patrimoine paysager et bâti et le développement de la biodiversité.
L'ouvrage présente, 17 ans après les Chartes des bois, un diagnostic mettant en avant, dans une vision holistique, les actions réalisées, et esquisse des pistes d’évolutions. Aujourd’hui, à la fois l’urgence climatique, les nouvelles attentes des citadins, et l’exigence patrimoniale nous invitent à engager une nouvelle étape de développement des deux bois. Ce diagnostic prospectif peut constituer un socle commun pour nourrir les échanges et choix à venir par la Ville de Paris et les collectivités riveraines..
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© Apur - Bois de Vincennes

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© Atelier parisien d’urbanisme, Paris 2020

Directrice de la publication : Dominique ALBA, directrice générale de l’Apur
Directrice de la rédaction
: Patricia PELLOUX, directrice adjointe - Rédacteurs en chef : Patricia PELLOUX et Frédéric BERTRAND
Étude réalisée par : Frédéric BERTRAND, Florence HANAPPE, Vincent NOUAILHAT, Yann-Fanch VAULÉON - Avec le concours de : Anne-Marie VILLOT
Cartographie et traitement statistique : Marie-Thérèse BESSE, Christine DELAHAYE, Tristan LAITHIER, Nathan PAULOT
Photographies et illustrations : Apur sauf mention contraire

Dépôt légal : mai 2020 - ISBN : 978-2-36089-017-0 - ISSN : 1773-7974

apur.org